Tous petits airs pour l´entame

Petits airs au départ de La Corogne - Figaro
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Une paire d’heures de retard sur la feuille de route de cette deuxième étape, c’est bien un moindre mal. L’année dernière à Vigo, il avait fallu patienter pendant presque cinq heures dans un vent aux abonnés absents (avant de laisser filer les figaristes sur un départ dit « à l’anglaise »). Rien de tout cela cette fois, même s’il a fallu attendre l’établissement du vent, même si un rappel général puis le passage d’un cargo ont perturbé le timing de l’organisation sportive. Du coup, le parcours en baie sous les reliefs espagnols a été simplifié au maximum pour ne pas perdre trop de temps dans les calmes.

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A 15h59, dans un vent de nord-ouest de 5 nœuds et bercée par une douce houle, l’armada des monotypes a donc pris le départ de ce deuxième acte. Jérémie Beyou (Bernard Paoli), un peu trop pressé, doit revenir au coup de canon pour repasser la ligne, tandis qu’Eric Peron ( Skipper Macif) et Paul Meilhat (Domino’s Pizza) partent bien lancés dans un souffle de vent frais. Au près, à tout petit train, la flotte s’étale alors sur toute la largeur du plan d’eau, entre la Tour d’Hercule et le Cap de Seixo Blanco, pour laisser à tribord la bouée Radio France avant de poursuivre la route en direction du large.

Des écarts dès la première marque

A la marque, après 1,5 milles de navigation poussive, c’est le groupe parti à gauche, à terre donc, qui prend le meilleur au pointage : Armel Tripon (Gedimat) mène la danse, devant Laurent Pellecuer (Arnolfini.fr) et Armel Le Cléac’h (Brit Air). Autour des solitaires dont certains ont hissé le spi, le vent a nettement faibli et la mer est devenue lisse. Surtout, il y a beaucoup d’écart entre les 13 leaders partis à terre et les autres, ceux du bord à droite, qui ont mis quasiment deux fois plus de temps à couvrir ce premier bord de 1,5 mille ! Une heure et demie après le départ, le groupe des 13 bateaux de tête emmené par Armel Tripon avait creusé le trou sur le reste de la flotte mais les voiles fasseyantes indiquaient que la soirée risquait d’être fort, fort longue…

Ce coup d’envoi dans les petits airs présage des conditions qui risquent de régner toute la nuit au sortir des côtes espagnoles. Or, il s’agira probablement d’un des moments clé de ces 365 milles à destination de Saint-Gilles-Croix-de Vie. Encore une première nuit de veille puisque tout le jeu consiste à rester véloce – en tous cas le moins lent possible quoi qu’il advienne – pour ne pas se faire distancer. On le sait, les premières heures de course sont souvent cruciales. Elles le seront d’autant plus dans ce voyage retour vers les côtes françaises, dont le déroulé pourrait s’apparenter d’abord à une course d’escargots, tout droit sur un seul bord.

C.El

Ils ont dit après la bouée Radio France :

Armel Tripon (Gedimat), 1er à la bouée Radio France : « Oui, c’est la première fois que je passe la bouée Radio France en tête et ce n’est pas désagréable ! Je faisais partie du bon paquet, celui qui est parti sur la gauche. Parce qu’à droite, le vent s’est totalement cassé la figure et il y a déjà de gros écarts rien que sur ce petit bord. Voilà, maintenant, cette pétole est conforme aux prévisions…le vent pourrait mettre un certain temps pour revenir. »

Michel Desjoyeaux (Foncia), 33ème à la bouée Radio France : « En ce moment, je ris jaune ! J’ai raté mon départ, même si j’étais du bon côté du plan d’eau et maintenant il va falloir construire quelque chose pour revenir sur ceux de devant. Ce qui me rassure c’est qu’ils ont l’air arrêtés. Derrière, on a du vent d’Est, ce qui nous permet d’avancer à 2 nœuds. Ca va être une épreuve de patience. »

Patrice Bougard (Kogane), 51ème à la bouée Radio France : « C’est dur d’être tombé dans la pétole et de voir les autres partir. C’est l’école de la patience, il faut savoir attendre. J’aime bien le petit temps, mais là, je me suis fait piéger quand le vent a molli, j’étais du mauvais côté du plan d’eau. Je pense que cette nuit, tout le monde va aller au large. Moi, en tout cas, c’est ce que je fais. »

Thibault Houery (Viria LCN), 48ème à la bouée Radio France: « Je suis parti à droite alors qu’il fallait aller à gauche et je me retrouve dans les derniers ! Mais cette pétole est conforme aux prévisions, on s’attendait à ce que le vent tombe. C’est ma deuxième étape et oui, j’ai davantage confiance en moi. Je pense que je vais davantage écouter mon instinct que sur la première. Et pour l’instant mon instinct me dit : avance et tire au large pour toucher du vent. »