« Le passage du petit front est terminé. Certains sont restés encalminés, d’autres ont contraire ont profité de couloirs de vents plus favorables, notamment dans l’ouest, comme Jérémie Beyou ou Nicolas Lunven. Toute la flotte est maintenant au-dessus de la route directe pour anticiper le refus, c’est à dire le passage du vent au secteur nord. Actuellement, nous avons encore une douzaine de noeuds de nord-ouest sur zone, mais la pluie a cessé, la mer est devenue plus facile et pour l’instant, il n’y a pas de grandes options à prendre : place à la recherche de vitesse. » Le constat du petit matin est signé Jacques Caraës, directeur de course de cette 40e Solitaire du Figaro.
Bouleversements au pointage
A 35 milles dans le nord du cap Ortegal, la pointe nord-ouest de l’Espagne, la flotte évolue à des vitesses de l’ordre de 7,5 noeuds. En tête, Laurent Pellecuer (Arnolfini.fr) pointe à 300 milles de l’arrivée à Saint Gilles Croix de Vie, juste devant Jérémie Beyou (Bernard Paoli, décalé dans l’ouest) et Nicolas Lunven (CGPI). Ces deux derniers cités, très mal placés hier soir après trois heures de course, ont réalisé une remontée spectaculaire : 42 places gagnées pour Jérémie Beyou, 47 pour Nicolas Lunven !
A l’inverse, certains ont beaucoup souffert des phénomènes de couloirs de vent annoncés hier, comme le premier bizuth Paul Meilhat (Domino’s Pizza, 49e à 11,4 milles) ou encore Gildas Morvan (Cercle Vert), qui dégringole de la première à la 37e place à 4,3 milles. Victime de soucis de pilote, Jean-Pierre Nicol (Gavottes) est 50e à 14 milles et Louis-Maurice Tannyères (Nanni Diesel) ferme la marche à 31 milles. Il y a des écarts, donc, même si les 13 premiers tiennent encore en 1,2 mille. Il y a surtout un delta latéral relativement important, par exemple 7,5 milles entre Jérémie Beyou décalé dans le nord-ouest et Yann Eliès (Generali). Le leader au général est, lui, à l’est du groupe des meneurs de cette deuxième étape mais préserve toutes ses chances à 2,3 milles de Laurent Pellecuer. La « course de sangliers » (de vitesse, ndr) annoncée est bel et bien lancée, alors qu’on s’attaque à la traversée proprement dite du golfe de Gascogne. Et les premiers bouleversements au pointage en appellent d’autres : les trois premiers sont quasiment à égalité et talonnés par d’autres gros bras de la série comme Charles Caudrelier Benac (Bostik, 4e) Erwan Tabarly (Athema, 5e) ou encore Frédéric Duthil (Bbox Bouygues Telecom, 6e).
Ils ont dit :
Jérémie Beyou (Bernard Paoli, 2e):
« Je ne peux pas être content de moi avec le départ que j’ai pris, on peut difficilement faire pire : un rappel individuel dans 3 nœuds de vent, ça coûte assez cher ! Derrière il a fallu cravacher. Je ne vois pas grand monde autour de moi mais je voulais me décaler dans l’ouest quoiqu’il arrive. »
Thierry Chabagny (Suzuki Automobiles, 28e):
« On était sous le front toute la nuit, l’air était bien humide et dense. Désormais, c’est reparti, il y a du vent et c’est plus sympa. Après le départ, il y a eu un gros tampon sur la côte espagnole et certains se sont trop approchés et se sont arrêtés. J’ai réussi à revenir un petit peu sur les premiers mais le vent n’était pas très homogène. Je viens de faire une manœuvre délicate sous spi et tout d’un coup le vent est rentré avec 15 -16 nœuds, le bateau s’est couché. Il a fallu très vite envoyer le génois, affaler le spi, remplir le ballast, tout ça en 5 minutes…. »
Laurent Gouezigoux (Trier c’est préserver, 19e):
« C’est compliqué et difficile pour les nerfs. Au niveau de la Pointe de Prior, le vent a commencé à rentrer, il était temps que ça se décoince un peu. A un moment je me suis dis « Ah tiens ça va recommencer comme l’année dernière sur l’étape Vigo-Cherbourg » on était dans le brouillard à fond avec des cargos partout ! Finalement, ça c’est vite dégagé. J’ai eu quelques problèmes notamment avec mes ballasts que j’ai passé deux heures à remplir à la main avec des seaux, mais maintenant ça va. »
Charles Caudrelier Benac (Bostik, 4e)
« Il fait noir, il fait humide mais la mer est plate et ça glisse bien. J’ai l’impression d ‘aller vite et je pense voir les deux premiers. On est dans le schéma qu’on avait envisagé au début. Maintenant, c’est une gestion de trajectoire… moi je fais marcher au plus vite à 5 degrés au dessus de la route pour pouvoir accompagner le refus lorsque le vent va monter et refuser. Je pense que ça va être une course de vitesse. Moi je suis sous pilote depuis que le front est passé : je règle et lui barre beaucoup mieux que moi. »