Même si les conditions ne sont pas encore idéales pour tous, la flotte bénéficie enfin des régimes de vents portants typiques des mers du sud. Pour certains, c’est la voie royale : ainsi Jean-Pierre Dick et Loïck Peyron, solides leaders à bord de Virbac-Paprec 3 profitent de conditions parfaites pour creuser à nouveau l’écart avec leurs dauphins Iker Martinez et Xabi Fernandez (MAPFRE). C’est un Jean-Pierre Dick parfaitement reposé et lucide qui pouvait répondre à la vacation du jour, évoquant la nécessaire vigilance qu’il convient de garder malgré un avantage estimé à une grosse journée de mer. Les deux hommes apprécient visiblement de pouvoir un peu lâcher la bride, après un début de course qui ne leur a guère laissé de répit.
Dans ce type de conditions, le moindre pépin peut vite tourner à la catastrophe. L’équipage de Neutrogena en a fait l’amère expérience hier. A la lutte avec Mirabaud, Ryan Breymaier et Boris Hermann s’apprêtaient à changer de spinnaker, quand lors de la manœuvre, un ballast s’est vidé complètement sous le vent. Immédiatement, le bateau a enfourné et s’est couché juste quand un des deux équipiers s’affairait à rentrer le code zéro dans le bateau. La voile partait sous le vent, arrachait un chandelier et passait à l’eau. Le temps d’affaler le petit spinnaker, de faire demi-tour contre le vent, de suivre la trace du GPS grâce à la fonction homme à la mer (qui fonctionne aussi bien pour une voile d’avant) et le tandem perdait plus d’une heure à revenir sur le lieu du crime. Mais comment retrouver un gennaker passé à l’eau dans une mer aussi formée ? C’est une concentration anormale d’oiseaux de mer qui donnait la piste ; Boris et Ryan pouvait localiser leur voile d’avant sur laquelle un albatros avait élu domicile. Dans l’affaire, les deux hommes ont récupéré leur code zéro, mais ont abandonné près de quarante milles à leur plus proche adversaire et laissé beaucoup d’énergie.
Les dames de GAES Centros Auditivos goûtaient aussi particulièrement cette rotation des vents. En bordure de l’anticyclone, elles bénéficient d’un gradient de pression suffisant pour avancer poussées par un vent d’ouest soutenu, tout en étant gratifiées de rayons de soleil particulièrement réconfortants. Dee Caffari, elle-même, dont on sait à quel point elle est dure au mal, reconnaissait que ces derniers jours avaient été les pires rencontrés depuis le départ de la course, ajoutant même qu’elle avait rarement rencontré des conditions aussi dures.
Seul équipage à être encore confronté à des conditions particulièrement difficile le tandem de MAPFRE, qui navigue juste en bordure de l’activité frontale générée par le talweg, perd non seulement sur les leaders mais voit son avance grignotée par ses compatriotes d’Estrella Damm. Les deux navigateurs attendent avec impatience de franchir la porte de la Nouvelle Amsterdam pour mettre du sud dans leur cap et bénéficier de conditions plus stables.
Classement de 15 heures
1 VIRBAC-PAPREC 3 à 15 143,3 milles de l’arrivée
2 MAPFRE à 515,3 milles du leader
3 ESTRELLA DAMM à 604,4 milles
4 GROUPE BEL à 658,3 milles
5 RENAULT Z.E à 938,1 milles
6 MIRABAUD à 1454,1 milles
7 NEUTROGENA à 1482,1 milles
8 GAES CENTROS AUDITIVOS à 2177,3 milles
9 HUGO BOSS à 2359,6 milles
10 FORUM MARITIM CATALA à 2851,4 milles
11 WE ARE WATER à 2976,8 milles
12 CENTRAL LECHERA ASTURIANA à 3158,4 milles