
La dernière nuit a été très dure pour la flotte IMOCA qui naviguait à 600 milles de Newport et dont une dépression violente a entrainé le démâtage de Guyot Environnement skippé par Benjamin Dutreux et des dégâts sur Biotherm.
Benjamin Dutreux joint à la vacation : “On a eu 40-45 nds de vent. On a essayé de gérer mais le mât est tombé. Il y a trop de vent pour l’instant pour mettre en place un gréement de fortune. C’est un coup dur. Tout le monde a fait beaucoup d’effort pour être au départ de cette étape. Je n’ai pas de mot. Ce n’est pas facile de rejoindre Newport. C’est compliqué. Cela fait 2 étapes que l’on abandonne. C’est dur. Le travail ne paie pas. Le moral n’est pas au top. On s’est donné à fond et finir comme cela à 2 jours de l’arrivée. On a du mal à trouver la raison. Il nous restait encore 1h pour traverser le frond froid. On a eu 40nds en moyenne. L’état de la mer était dure mais pas insurmontable. On était 3 ris sans voile devant pour rester le plus safe possible. On a entendu un gros boom. Le mat est tombé. Je ne sais pas comment l’expliquer. On n’a pas pris énormément de risque. C’est arrivé vite et brutalement. La prochaine étape est de rejoindre Newport, faire l’inventaire des dommages et voir ce que l’on peut faire. Ce n’est pas facile pour une petite équipe comme nous.”
L’équipage mené par Benjamin Dutreux, qui n’a pas été blessé lors de l’accident, s’est activé pour sécuriser le bateau puis sauver ce qui pouvait l’être. A présent, avec l’aide de son équipe à terre, il étudie les solutions pour rallier la côte mais les mauvaises conditions météorologiques sur zone ne lui facilitent pas la tâche.
« Cela faisait déjà cinq-six heures que le vent oscillait entre 35 et 45 nœuds. On était dans un mode « safe », hyper conservateur. On essayait de trouver l’angle le moins éprouvant pour la machine mais ça tapait fort malgré tout dans les vagues. Les conditions n’étaient toutefois pas si violentes. Pour preuve : on arrivait à se reposer », détaille le Sablais qui était à la bannette au moment de l’avarie afin de recharger un peu les batteries avant de déclencher un virement de bord dans le front. « A un moment, le bateau a tapé dans une vague plus forte que les autres et le mât s’est brisé en plusieurs parties. Ça a fait un gros bruit. On est sortis à l’extérieur. Tout était dans l’eau », détaille le skipper dont le premier réflexe, après s’être assuré de la bonne santé de ses membres d’équipage, a naturellement été de sécuriser le bateau. « Rapidement, il a fallu agir. Voir ce qu’on pouvait garder et en même temps ce qu’on devait couper parce que le mât était en train de commencer à perforer la coque et de traîner dans le foil. Très vite, on aurait pu se retrouver dans une situation très délicate. On a récupéré les outriggers, la bôme, le radar et quelques petits éléments comme ça. Malheureusement, on a perdu les voiles, le mât et les câbles »,déplore le marin. La suite ? « La situation n’est pas simple. On aimerait bien aller jusqu’à Newport au moteur mais actuellement les conditions sont très mauvaises. Au près, sous gréement de fortune, il apparaît en effet difficile de rallier l’état de Rhode Island », explique le marin qui étudie, avec son équipe à terre, les différentes options qui se présentent à eux. Dans l’immédiat, deux solutions semblent envisageables : rejoindre le port d’Halifax, au Canada, ou se faire assister d’un bateau remorqueur jusqu’aux Etats-Unis. « Pour l’instant, aucune décision n’a été prise. On va définir ça aujourd’hui », termine Benjamin Dutreux.




Devant, Paul Meilhat sur Biotherm a subit également la dépression : ” On a passé toute la garde-robe du bateau en terminant 3 ris sans voile d’avant pendant 5 à 6 heures. On a eu 57 nds à l’anémo qui ont cassé à la fin. On a abimé notre J2 qui est inutilisable. Il y a beaucoup de mer et pas beaucoup de vent. On essaie d’arriver le plus tout possible à Newport. La mer est très cassante et courte. Cela tape fort.”
Boris Herrmann : « Je suis triste pour Guyot qui avait tout fait pour reprendre à course. Je ne pense pas que les mâts soient en cause mais la façon dont on y fait attention. Je suis confiant dans mon bateau pour le Vendée Globe. Si nous pouvons aider Guyot Environnement nous le ferons.”