La deuxième étape de la Solitaire a considérablement réduit le nombre de favoris qui ont pris cher en temps en étant relégués à plus de 15h comme Guillaume Pirouelle, Alexis Loison, Tom Dolan ou Nils Palmieri. Cette édition semble se jouer entre Basile Bourgnon en tête au général devant Corentin Horeau et Lois Berrehar. Les 3 se tiennent en moins de 30 minutes. Il faudra compter également sur Benoit Tudury, 1er bizuth qui pour sa première solitaire montre de belles performances.
Le départ de la troisième et dernière étape de La Solitaire du Figaro Paprec 2023 a été donné à 14h43 en Baie de Morlaix dans un vent d’ouest d’une vingtaine de nœuds qui est vite retombé. Une étape qui s’annonce très disputée, notamment en vue de la victoire finale. Si Basile Bourgnon (Edenred), Corentin Horeau (Banque Populaire) et Loïs Berrehar (Skipper MACIF 2022) disposent d’une belle avance au classement général après deux étapes, le jeu reste ouvert. D’autant plus que le petit temps annoncé sur cette étape pourrait rebattre une nouvelle fois les cartes.
Le souvenir de la deuxième étape, au terme de laquelle le classement général de La Solitaire du Figaro Paprec a pris une tournure singulière avec des écarts rarement vus au départ de l’ultime parcours, était encore frais dans les esprits ce matin. Mais en dépit de sourires parfois timides et fatigués, les regards déterminés trahissaient, eux, une ambition partagée : celle de mettre le maximum d’engagement dans ce troisième et dernier parcours de l’édition 2023 de la course entre La Baie de Morlaix et Piriac-sur-Mer (Loire Atlantique). Pour d’adjuger les honneurs du podium final pour quelques-uns, pour tenter de remporter une étape pour d’autres, ou tout simplement de terminer sur une bonne note.
Après un premier départ à 14h30 suivi par un rappel général de la flotte, les concurrents se sont élancés à 14h43 à l’assaut de l’ultime étape de La Solitaire du Figaro Paprec. Trois marins – Gaston Morvan (Région Bretagne – CMB Performance), Romain Le Gall (Centre Excellence Voile – Secours Populaire 17) et Arthur Hubert (MonAtoutEnergie.fr) -, ont néanmoins écopé de rappels individuels pour avoir volé le départ. À peine deux milles après le top départ, la remontée vers la bouée de dégagement a été le théâtre d’une belle de bataille de virements de bords des deux côtés du plan d’eau. Alors que Basile Bourgnon (Edenred) semblait bien lancé, Corentin Horeau (Banque Populaire), qui a déboulé de l’autre côté, a croisé devant et lui a volé la vedette au passage de la marque. Pas de round d’observation qui tienne entre les deux plus solides prétendants à la victoire finale. Premier à la bouée de dégagement, le skipper de Banque Populaire s’adjuge le Trophée Windchaser by Bollé. En arrivant le premier sous spi à la bouée Paprec matérialisant la fin du parcours côtier à 16h13, il remporte également le Trophée Paprec avec une minute d’avance sur Guillaume Pirouelle (Région Normandie) et Basile Bourgnon (Edenred). Un parcours côtier qui a tenu toutes ses promesses, avec d’entrée de jeu une belle bataille sur l’eau entre les leaders au classement général, accompagnés par les outsiders qui n’ont visiblement pas dit leur dernier mot. Les Figaristes, qui longent actuellement les côtes bretonnes sous un beau soleil, sont attendus dans la soirée aux portes de la mer d’Iroise.
Une belle solidarité à terre
Quelques minutes avant le départ de cette troisième étape, une collision a eu lieu entre les bateaux : Cap Horn (Laurent Givry) et J’M Garnier (Maël Garnier). Si Maël Garnier a pu poursuivre sa route malgré deux balcons arrières endommagés ainsi qu’un petit trou sur le pont, Laurent Givry, qui déplorait un foil cassé ainsi que son bout-dehors, a été contraint de rentrer au port pour réparer. Grâce à l’aide de son équipe technique et la belle solidarité de l’ensemble des préparateurs des autres bateaux, le skipper de Cap Horn a pu repartir peu avant 16h30. A noter qu’il est reparti hors course (DNC) car il n’a pas franchi la ligne de départ avant de réparer. Or, les instructions de course indiquent qu’il est obligatoire de prendre le départ pour pouvoir repartir en course.
Ils ont dit :
Corentin Horeau (Banque Populaire), 2e au classement général après deux étapes : « Ce n’est pas moi qui ait la pression ! Avec Basile (Bourgnon) et Loïs (Berrehar), on a un peu la chance d’avoir de l’avance sur les autres. Il faut profiter de ça. Et la pression, c’est plus Basile qui peut l’avoir. Moi, j’ai 8 minutes à rattraper. Et puis c’est peut être ma dernière Solitaire. Il reste quatre jours avant qu’elle soit bouclée. J’ai l’impression que le départ de Caen était hier, cela passe tellement vite. Donc, je vais essayer d’en profiter sur un parcours le long des côtes que l’on connaît bien, qui passe devant la maison, qui plus est ! C’est sûr que cela peut attaquer dans tous les sens, mais c’est ce qui fait la beauté de ce sport. Si ça attaque, ça attaque, et peut-être que moi aussi j’attaquerai. Le petit temps, ce n’était pas trop mon fort, mais avec l’âge, on progresse, on apprend,. Et comme toujours il s’agira de faire au mieux, en sachant que je navigue mieux dans le petit temps qu’avant. »
Alexis Thomas (La Charente Maritime), 4e au classement général après deux étapes : « J’ai eu un peu de réussite sur la fin de la deuxième étape. Mais le jeu n’est pas fait. Cette dernière étape va encore être hyper compliquée. Les modèles n’arrêtent pas de changer. Hier, on a bossé sur notre météo pour tout revoir ce matin. Et cela va encore bouger. On part sur quatre jours de navigation, il faudra faire preuve d’opportunisme et de patience. Il peut y avoir pas mal de rebondissements possibles, et encore énormément d’écarts aux arrivées. J’espère que je serai dans les bons coups. J’ai 37 minutes d’avance le cinquième, mais cela ne veut absolument rien dire. Certains n’ont rien à perdre et vont aller taper dans les coins. Il faut faire attention de bien rester focus sur sa stratégie, et non pas sur les autres. Le pire truc en Figaro, c’est d’aller jouer avec les autres et de les marquer. C’est un coup à s’endormir dans une mauvaise option. Et même si à un moment donné on n’est pas bien, il faut toujours y croire. »
Pierre Daniellot (Team Vendée Formation), 12e au classement général après deux étapes : « La dernière étape m’a bien remonté le moral, je ne m’en suis pas trop mal sorti. Les conditions vont être relativement compliquées. Le passage du Four et du Raz de Sein vont être assez compliqués avec du courant de face et pas beaucoup d’air. Il y a moyen que ça creuse de beaux écarts. Ça va être un point stratégique assez important. Une fois le Raz de Sein passé, on va avoir du vent faible mais assez stable. Ça sera un peu de la ligne droite, tout le monde va suivre à la queue leu leu. Il y aura un peu moins de match. L’objectif était le podium bizuth. Pour l’instant, je suis dessus. Il y encore deux places à gagner mais il ne faudra pas non plus en perdre. Un Top 10 au général serait incroyable mais rien n’est joué ».
Nils Palmieri (Teamwork), 21e au classement général après deux étapes : « Je me sens bien mieux maintenant que ces derniers jours. La dernière étape a été tellement dure pour nous, notamment pour des marins comme Tom Dolan qui fait partie des meilleurs skippers étrangers. Je vais essayer de faire de mon mieux pour finir ma Solitaire du Figaro Paprec sur une bonne note. Je vais continuer de faire ma propre course, de naviguer à ma manière. Je ne cherche plus à faire un résultat au classement général, c’est trop tard pour moi. J’ai juste envie de terminer dans un bon état d’esprit. »
Charlotte Yven (Skipper Macif 2023), 22e au classement général après deux étapes : « La dernière fois que j’ai pris un départ de Roscoff, cela s’est plutôt bien passé pour moi. J’avais un peu une envie de revanche. Là, je n’ai pas envie de partir avec cet état d’esprit mais plutôt avec l’envie de bien faire, comme au début des deux premières courses. Au taquet pour faire ce que je sais faire (…) Et mettre la dernière nuit de la deuxième étape de côté pour partir avec des balles neuves. On ne part pas pour une étape de brise. C’est encore une étape de petit temps avec notamment des passages bien mous, des cailloux, du courant, avec potentiellement des phases bien longues. Il va falloir s’accrocher jusqu’au bout et rester zen. »
Edouard Golbery (Race For Science – Verder), 25e au classement général après deux étapes : « J’ai réglé à nouveau le mât. Sur la dernière étape, je n’avais pas du tout de vitesse parce que je l’avais trop réglé en arrière, j’étais en mode vent fort. Je suis revenu un peu à une base, j’espère que ça va aller mieux. Je suis un peu stressé par les cailloux. Je n’ai jamais fait d’étape où tu dois tirer des bords dedans. Il faut vraiment y aller pour avoir un avantage sur la flotte. J’ai pas mal d’interrogations là-dessus. Sinon, j’ai beaucoup de plaisir à aller au bout de cette Solitaire. J’ai trouvé tout ce que je voulais : beaucoup de challenge ! »
Laurent Givry (Cap Horn), 29e au classement général après deux étapes (déclaration à son retour au ponton pour réparer) : « Il y a eu un rappel général. Dommage, c’était chaud, ça envoyait. Je suis reparti vers le Comité de Course. Il y avait 17 nœuds, le brouillard est tombé d’un coup, la visibilité était de 30-40 mètres. J’étais en train de régler mon bateau, je m’apprêtais à aller prendre des tours et d’un coup, je n’ai pas vu Maël (Garnier) débouler. J’étais au vent sur bâbord amure et il est arrivé sur tribord amure. Il avait la priorité. J’ai entendu gueuler ‘Laurent’ mais j’étais déjà dessus. Ça s’est passé en 10 secondes. De suite, j’ai vu le foil qui a bougé de 20 centimètres, il s’est ouvert. Après, je ne me suis rendu compte que le bout-dehors était cassé. De suite, j’ai essayé de me mettre dans une position assez safe et j’ai vu qu’il pendait par terre. Je ne suis pas étonné de la solidarité des préparateurs. Ils sont tous là au rendez-vous. Je les connais tous et je sais qu’ils vont m’aider. C’est ça la Classe Figaro : quand on est dans la merde, tout le monde est là. »