On peut avoir soixante quatre ans ou vingt-et-un, et avoir les mêmes passions, les mêmes ambitions, les mêmes envies. Sur les pontons des Sables d’Olonne, l’éventail des professions représentées est pour le moins varié : coureurs professionnels bien sûr (même si les budgets et les rémunérations sont parmi les plus faibles du milieu nautique), mais aussi préparateurs, gréeurs, moniteurs ou convoyeurs de bateaux, ingénieurs, chefs d’entreprise, officier de marine marchande, étudiants, programmeur, consultants, architectes, commerciaux, techniciens, éducateurs sportif, professeur, organisateur d’évènement, journalistes, expert comptable, éditeur, ostéopathe, stratifieur, spécialistes composites, économiste… Une diversité qui correspond à la Classe Mini qui propose toute la saison, une large gamme de courses, en solitaire ou en double, à la journée, pour une semaine ou un mois, avec un budget qui reste raisonnable et un accès relativement facile pour qui aime la voile, la glisse, le large et la découverte.
La course Les Sables-Les Açores-Les Sables répond de ce point de vue parfaitement aux attentes de nombre de coureurs car elle se déroule en été, elle consiste en un aller-retour qui permet de diminuer sensiblement les coûts de la logistique (pas de retour par cargo), elle ne dure qu’un mois, elle fait escale à Horta (une escale peu fréquentée par les courses), elle est ouverte aux professionnels avertis comme aux amateurs éclairés, elle permet de naviguer en solitaire pendant plusieurs jours sur un parcours océanique. Un mélange des genres qui offre une grande richesse de rencontres, d’échanges, d’apprentissages avec un projet solitaire. Surtout avec un accueil comme celui réservé par les Sports Nautiques Sablais, organisateurs de l’épreuve avec le soutien de la mairie des Sables, des commerçants, des Sablais et des nombreux touristes venus en vacances. Une ambiance conviviale où chaque skipper échange les autres, coureurs ou spectateurs, ses impressions, ses espoirs, ses galères, ses joies, ses expériences…
La valeur n’attend point le nombre des années
Le plus ancien des solitaires, déjà organisateur et coureur Mini, n’est autre que Jean-Marie Vidal, troisième de la transat anglaise 1972 sur trimaran Cap 33, derrière Alain Colas et Jean-Yves Terlain, mais aussi double vainqueur de la Solitaire du Figaro à quinze années d’écart. Cet ancien responsable de la marina de Port Camargue est depuis plus de dix ans, passionné par ces Mini bolides de 6,50 mètres : « Les Minis sont une classe de bateau que j’ai toujours appréciée. Elle n’a pas encore trop évolué et naviguer avec des coureurs de tout âge, permet de se remettre en question ! Rien n’est jamais établi et c’est intéressant de voir leur approche, en même temps très décontractée et très sérieuse. Et je ne connais pas les Açores. Ce sera l’occasion de découvrir un pays, des paysages : c’est aussi l’avantage de ces courses en Mini qui nous emmènent dans des coins nouveaux… Le choix de mon bateau est aussi lié à ma façon de naviguer : c’est un ensemble de clins d’œil. C’est un peu pour offrir l’occasion à des gens que j’aime de s’exprimer, comme avec l’architecte Etienne Bertrand, je le connais depuis trente ans. Mon trimaran de la transat 1972 avait été construit à Sète, voilé par Véga, et mon Mini d’aujourd’hui aussi. Ce sont aussi des anniversaires : si je fais la Mini Transat l’an prochain, ce sera 35 ans après l’Ostar, à 65 ans sur un voilier de 6,50 mètres avec le numéro 650… »
A l’opposé, si on peut dire, l’un des plus jeunes concurrents de la course Les Sables-Les Açores-Les Sables, garde le même état d’esprit, le même enthousiasme, et finalement la même vision. Anthony Marchand, troisième lors du prologue devant Les Sables d’Olonne mercredi, à bord d’un prototype moins performant que les dernières machines mises à l’eau, est directement passé du lycée à la préparation de bateaux de compétition : « Je sors tout juste du dériveur, de la filière olympique avec le pôle France de Brest : Optimist, Laser, 470. J’ai arrêté en septembre dernier parce que mon équipier partait sous d’autres cieux. Et le Mini, cela me permet de découvrir le grand large. J’ai emprunté à la banque pour acheter le bateau qui a fait la Mini Transat 2003 et qui n’était pas trop cher parce qu’il n’a pas trop bien marché et que l’architecte, Thomas Seitz n’est pas connu. Ce n’est pas un Mini très puissant, car il est plutôt typé petit temps au portant… Mais on fera avec ! Le parcours des Sables-Les Açors-Les Sables va me permettre de naviguer au large et en solitaire pendant plusieurs jours, ce que je n’ai jamais fait. Et c’est une bonne préparation pour la Mini Transat l’an prochain. Et les Açores seront une découverte…Ce n’est pas du tout le même état d’esprit que les régates que j’ai l’habitude de faire, rester tout seul au milieu de l’océan, c’est super ! »
De tous les horizons pour un même horizon : celui du grand large, du solitaire, de la course à échelle humaine, du plaisir et de la surprise. A dimanche 30 juillet à 12h30 pour le grand départ vers l’archipel perché au milieu de l’océan Atlantique, pour Horta le port de l’île Faïal, à plus de 1 500 kilomètres du continent…
Soixante dix partants et soixante dix histoires
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