Mis à l’eau en Australie le 21 juin dernier, le maxi trimaran Sodeb’O de 32 mètres et son skipper Thomas Coville ont bouclé la nuit dernière un demi tour du monde exaltant. Soit 63 jours de tests de navigation en solitaire et en équipage à travers le Pacifique, l’Océan Indien, la Mer Rouge, la Méditerranée et l’Océan Atlantique. Deux mois et demi après sa mise à l’eau, Thomas Coville conclut aujourd’hui un voyage qui l’aura mené alternativement en équipage et en solitaire de Sydney à La Trinité sur Mer en passant par Darwin, Bali, Les Seychelles, les côtes d’Arabie Saoudite et d’Egypte, le canal de Suez, Malte, Alger et Gibraltar.
Parti le 09 juillet dernier de Newcastle dans une tempête australe, le maxi trimaran et son équipage ont fait une première escale à Nouméa. Sodeb’O a ensuite tracé sa route au milieu des récifs du détroit de Torres, la pointe nord de l’Australie « une navigation très difficile, célèbre pour sa barrière de corail et ses requins » avant d’arriver à Bali « où nous avons visité des paysages sublimes de nature vierge ou domestiquée, de montagnes ou d’escaliers ! » raconte Thomas Coville. De l’Indonésie, Thomas a rallié en solitaire les Seychelles soit « 4 500 milles d’alizés soutenus afin d’apprendre à manoeuvrer le bateau dans les conditions du tour du monde ». Le skipper a traversé l’Océan Indien en 8 jours et 23 heures à la vitesse moyenne de 21 noeuds. Thomas voulait tester ce nouveau trimaran de 32 mètres conçu pour naviguer en solitaire. Le retour vers l’Europe s’est poursuivi en équipage via la mer Rouge et Suez. Une véritable épopée au milieu des paysages désertiques et sous une chaleur écrasante. Grosse frayeur pour les Sodeboys en Méditerranée où le Maxi Sodeb’O a été arraisonné dans les eaux territoriales algériennes « Les douaniers étaient persuadés qu’à cette allure, il ne pouvait s’agir que d’un cargo! ».
A quai, équipiers et préparateurs reviennent sur cette aventure, chacun apportant une explication supplémentaire. « La dernière étape entre Cadix et La Trinité a été difficile puisque nous avons eu des calmes en remontant le long des côtes Portugaises, puis 50 nœuds de vent au Cap Finisterre ! » explique Thomas Coville. « J’ai pris un vrai et très intense plaisir à vivre toute cette aventure. Ce matin j’ai tellement d’images et de souvenirs que j’ai du mal à les mettre dans l’ordre. Certains se mélangent avec d’autres mais que ce soient les rencontres ou les paysages, que d’émotions et de moments uniques ! Nous voulions être pionniers et nous l’avons été ».
Un demi-tour du monde de mises au point techniques et sportives
Thomas ne cache pas sa satisfaction, il a gagné son premier pari, ramener son maxi trimaran en France sans rencontrer le moindre incident technique. « C’était un pari insensé de construire ce bateau si loin et de le ramener sans encombre à son port d’attache dans un délai aussi court avec la pression d’un timing serré et omniprésent » confie le skipper avant de lancer avec satisfaction : « Nous sommes arrivés au bout de la seconde étape de notre projet. La première était la mise à l’eau en Australie après plus d’un an de construction aux antipodes. Nous devions ensuite ramener le bateau en France. Nous avons réussi, même si ce n’était pas gagné puisque le parcours était difficile et que nous avons couru de gros risques sur ce qui représente un demi tour du monde ». Sur le bateau, le skipper est confiant : « le bateau est rassurant, haut sur l’eau, bien dans ses lignes, stable et équilibré. Ce ne sont pas les mêmes sensations que sur le 60 pieds, le bateau est moins réactif. Mais il va vite puisqu’il est 25 à 30% plus puissant et plus facile à manœuvrer. Il nous reste maintenant la délicate opération de mettre à profit tous les enseignements des heures de navigation de ces dernières semaines pour en retirer le plein potentiel ».
Objectif : tour du monde en solitaire
« Ce voyage n’est qu’une étape dans l’édifice global de notre record du tour du monde en solitaire » confie Thomas Coville. Le plus dur reste effectivement à venir puisque dès cet automne le skipper s’attaquera au record du tour du monde en solitaire et sans escale détenu par la jeune anglaise Ellen MacArthur qui viendra baptiser le maxi trimaran Sodeb’O samedi 29 septembre aux Sables d’Olonne.