A bord de son nouvel IMOCA Charal 2 tout juste mis à l’eau, Jérémie Beyou joue aux avant-postes depuis le départ. Un bon signe pour le skipper qui n’a eu que très peu de temps de navigation dessus.
Troisième au Cap Fréhel, Jérémie Beyou s’est employé toute la nuit à conserver ce tempo à haute intensité en contournant les côtes bretonnes et en restant dans le wagon de tête avec Thomas Ruyant sur LinkedOut et Kevin Escoffier sur Holcim-PRB en tentant de suivre Charlie Dalin impérial sur son Apivia.
Le tout récent plan Manuard équipé de safrans en forme d’empennage est dans le match pour l’instant. Il faut attendre encore 48h avant de voir ce qu’il est clairement capable de faire au reaching.
Désormais, place à la périlleuse descente du Golfe de Gascogne. Les bateaux bien placés après le passage de ce premier front seront bien positionnés pour attraper les alizés dans quelques jours.
« Le départ, c’est toujours un moment compliqué et stressant même quand on en a l’habitude », explique Pierre-François Dargnies, le directeur technique de Charal. « Jérémie a su bien gérer, il est parti sereinement et a déroulé la stratégie qu’il avait établi jusqu’au Cap Fréhel ». À 16h17, Jérémie passe donc la fameuse bouée de Fréhel. Il est le 3e skipper IMOCA le plus rapide à cet instant, à dix minutes de Charlie Dalin (APIVIA) et trois minutes de Louis Burton (Bureau Vallée). « C’était le but de pouvoir sortir de cette baie en figurant dans le paquet de tête », souligne Pierre-François Dargnies. Le ton est donc donné et le skipper de Charal n’a pas vraiment relâché la pression pendant la nuit en longeant les côtes bretonnes où « il a dû faire de nombreux changements de bords ».
Dès minuit, un quatuor s’est dégagé aux côtés de Charlie Dalin (APIVIA), Kévin Escoffier (Holcim-PRB) et Thomas Ruyant (LinkedOut). En somme, Jérémie a réussi un départ et une première nuit canon mais il ne pouvait pas vraiment relâcher la pression. « D’un point de vue stratégique, cette journée de jeudi s’annonçait compliquée », analyse Pierre-François Dargnies. Car après le contournement de la pointe bretonne, la flotte doit s’adapter à ce front d’Ouest et à veiller à la bascule de vent. « Il va falloir tirer des bords jusqu’à l’Ouest du Cap Finistère, ça va zigzaguer encore plusieurs heures afin de trouver le bon compromis ».
La route Sud semble la plus plausible mais elle reste semée d’embuches. Surtout, difficile de savoir où la flotte passera le premier front dans les prochaines heures. « C’est un choix délicat pour tous les skippers, même chez les Ultimes » assure le directeur technique. « Certains tentent de rester à l’Est du front le plus longtemps possible ». Chez Jérémie, il y a sans doute la volonté de rester au près pour le passage de ce front prévu demain dans la journée. Un second front pourrait être à traverser en milieu de journée avant de pouvoir descendre avec davantage de sérénité vers les Açores. La bataille ne fait donc que commencer mais elle redouble déjà d’intensité !