L’équipage de PRIMONIAL skippé par Sébastien Rogues, Jean-Baptiste Gellée et Matthieu Souben a remporté la première édition de la Route des Terre-Neuvas de la plus belle des manière après un très beau parcours dans l’Atlantique nord et le bon décalage au nord qui a fait finalement la différence. La toute fin de course qui a vu le vent s’arrêter à quelques milles de franchir la ligne a rajouté du piment à cette course passée finalement trop vite.
À Saint-Quay-Portrieux, après avoir passé plus de deux heures encalminé, l’Ocean Fifty Primonial a bien cru voir s’échapper la victoire, voyant ses poursuivants se rapprocher dangereusement. Le suspense de ce grand final de la Route des Terre-Neuvas fut haletant. L’équipage Baulois l’emporte à 22h50mn03s dans des conditions improbables et a fait montre d’une incroyable suprématie et d’un engagement de tous les instants tout au long du parcours. Depuis le départ vendredi dernier de l’archipel de Saint-Pierre et Miquelon, Primonial, mené par Sébastien Rogues et ses équipiers Jean-Baptiste Gellee et Matthieu Souben se seront battus non-stop en tête de flotte des Ocean Fifty, leadership qu’il a perdu quelques heures hier au profit de Viabilis Océans (Baptiste Hulin, Corentin Horeau, Léonard Legrand). Le trimaran de 15 mètres noir et rose aura mis 5 jours 04 heures 40 minutes 03 secondes pour parcourir les 2 180 milles que compte le parcours de la Route des Terre-Neuvas en route directe. En réalité, il a parcouru 2 464.33 milles nautiques à la vitesse moyenne de 19,77 nœuds.
Sébastien Rogues : « On a fait le choix d’aller un peu Nord et d’aller se faire un peu trouer par la mer, mais c’était la bonne option. Il fallait accepter de se faire mal pendant 36 heures pour pouvoir ensuite faire un long bord de portant en revenant en dessous du sud de l’Irlande. On a été au bout de nos options et c’était l’important.
La vie à bord, c’est facile, on se connaît bien. Moi, ce que je retiendrais surtout, c’est l’engagement. On n’a peut-être pas tout bien fait, mais on atout fait à fond. Et c’est ça qui paye aujourd’hui. Pas une seconde, on a lâchéle truc. En fait, on met un parpaing sur l’accélérateur et puis on voit ce qui se passe. C’est ça qu’on a été chercher et on s’est fait super plaisir. Pas de casse, vraiment. Pour le coup, on a une super machine pour faire ce qu’on a fait. La machine, on a eu la chance de fêter ses un an le lendemain du départ. Donc encore toute jeune ! C’est la première transat en course terminée. Avec ces trois flotteurs, vous pouvez regarder, ils sont là tous les trois…
La Route des Terre-Neuvas, on va en faire une transat de renom. Je crois vraiment faire une transat dans ce sens-là, Atlantique Nord, c’est jouer et au final, c’est un peu pareil que l’hémisphère sud avec 15, 20 degrés de moins. C’est quand il fait beau, il y a des petits nuages d’alizés, on va chercher des bascules, des anticycloniques, en tout cas faire des courbures. Il y a les dépressions qu’il n’y a pas dans l’Atlantique Sud. Je crois que tout ce qu’on a vécu à Saint-Pierre avant le départ, on a fait de toute façon une transat particulière. Et le parcours et la dureté de ce parcours, on va en faire une course, une course de renom, j’en suis convaincu. »
De cette transat mémorielle dans le sillage des pêcheurs de l’extrême, on retiendra qu’après 24h premières heures de course très tactiques (peu de vent,du courant, de la prudence face aux cétacés), la suite a ressemblé à sprint physique et des plus engagés. Poussés par des vents portants puissants, les Ocean Fifty ont avalé les milles à toute vitesse (pointes à plus de 35 nœuds, enfournements intempestifs, équipages rincés !). Une première édition particulièrement rapide et passionnante…
52 minutes 25 secondes après l’arrivée du vainqueur Primonial, Viabilis Océans a franchi la ligne d’arrivée en deuxième position, 14 minutes 32 secondes devant Koesio. A peine pensable quand on sait que les équipages ont été à 200% depuis Saint-Pierre et Miquelon, frôlant parfois le chavirage, affichant des vitesses diaboliques aux compteurs : 35 nœuds pleine balle sur l’Atlantique Nord. D’autant que le final sans vent dans la baie de Saint-Brieuc aurait pu tout chambouler… À Saint-Quay-Portrieux, Baptiste Hulin, Corentin Horeau et Léonard Legrand (Viabilis Océans) signent-là une bien jolie deuxième place. Ce jeune équipage, nouveau-venu dans la classe Ocean Fifty, a véritablement tout donné pour rester au niveau des meilleurs.

Erwan Le Roux, Devan Le Bihan et Pablo Santurdo del Arco (Koesio) n’ont également jamais rien lâché, jouant des petits décalages de trajectoire. Cet équipage, très rodé dans la catégorie des trimarans de 15 mètres (Erwan Le Roux est double vainqueur de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe) a donné un rythme fou à la course.

Nuit compliquée à bord de Wind of Trust-Fondation pour l’Enfance « Avec du vent bien plus fort que prévu et beaucoup de mer, les conditions ont été musclées pour notre équipage. Et puis, la mauvaise nouvelle du matin… Au moment du changement de quart, le bateau a enfourné (enfoncement de l’étrave du bateau sous l’eau) et Ronan (Treussart), a chuté à l’intérieur du bateau et s’est blessé aux côtes. On va mettre la course entre parenthèses pendant la dépression pour mettre Ronan le plus en sécurité possible », raconte le skipper Christopher Pratt. L’équipage est en relation avec la Direction de course et le médecin et a surtout mis, Ronan, le local de l’étape, au repos, bien mérité ! Robin et Christopher se partagent donc les quarts à deux. Malgré la fatigue et la frustration, ils gardent le moral, preuve en sont les traditionnels œufs bacon du matin ! Concentration maximale pour éviter le plus gros du front ce soir et faire route en sécurité vers Saint-Quay.