Qu’il est long le chemin vers le Horn ! C’est précisément le sentiment que partagent aujourd’hui tous les membres de l’équipage du trimaran géant. Ainsi, les quatorze marins sont-ils toujours soumis au régime instable et très allégé instauré par la fameuse dorsale qui les entoure de ses piètres attentions. Traînant malgré eux cet indésirable compagnon de route, Loïck Peyron et ses hommes doivent tirer parti d’un vent très faible qui peine à leur faire atteindre les 20 nœuds de vitesse moyenne.
Entamée hier, la descente dans le Sud se poursuit, en quête de vents plus favorables. Un plongeon qui prend des allures de grand écart à l’échelle de la saison du Maxi Banque Populaire V, ainsi que le confirmait son skipper : " On est un petit peu lent mais on est très Sud. On sera un peu plus que 61° Sud dans peu de temps et on se faisait la réflexion qu’à quelques mois d’intervalle on avait rallié le 61°Nord en faisant le tour de l’Angleterre cet été, et que maintenant on était en train de tutoyer les latitudes franchement fraîches. L’eau est à 4° mais il y a une bonne visibilité, peu de vent et a priori pas trop de danger ".
Le passage du Horn est souvent synonyme de la fin de la "galère". Mais selon que l’on soit bizuth ou déjà familier du fameux rocher, on envisage de lui présenter ses hommages de manière plus ou moins appuyée. Des divergences de souhaits qui donnent matière à réflexion à Loïck Peyron : " Ca va franchement s’améliorer dans les 24 heures qui viennent, au Horn, ça va même être un peu violent. J’ai un petit dilemme en ce moment, parce que passer tout près du Horn, à la demande de la moitié de l’équipage qui ne l’a jamais vu, ce serait exaucer des vœux très sympas, mais en revanche, ça risque d’être dans 35/40 nœuds de vent et je ne suis pas très chaud."
Selon toute vraisemblance, l’équipage de Banque Populaire ne devrait donc pas avoir droit au spectacle attendu, mais pourra apprécier le fait de dégourdir les flotteurs dès son entrée en Atlantique qui se fera par l’Est de l’archipel des Malouines : " Pour l’instant, on a une jolie dépression qui va nous emmener au Nord de la Géorgie du Sud, un peu au large des Malouines et normalement, on va se faire "spoutniker" au moins jusqu’au Sud de Rio. Après il y a toujours une transition compliquée qui j’espère ne le sera pas trop ".
Avance à 16h00 : 654,8 milles par rapport au temps de référence