Petits airs et vent de changement

Erwan Tabarly au départ de la Generali Solo 2005
DR

« L’intérêt des parcours banane sur le Tour de Bretagne, c’est de compléter la panoplie des parcours côtiers », confiait volontiers Loïc Ponceau, président du Comité de Course, impatient et pressé de rencontrer des conditions favorables à la vraie régate. Toute la saveur de ce type de régate entre trois bouées est donc bien de pimenter et de relever le programme avec une bonne dose de tactique. De quoi faire le bonheur et rassasier les appétits des forts en thème, qui en connaissent un rayon dans l’art des réglages fins. Un menu pour les spécialistes et les plus fines bouches du circuit, condamnés à ronger leur frein devant la pétole généralisée qui s’est abattue sur l’épreuve depuis son coup d’envoi. A ce jeu-là, c’est Erwan Tabarly et Nicolas Bérenger de Thalès qui ont excelé aujourd’hui en remportant la manche. Mais le bon coup du jour revient au duo de Lèbre-FMI, Thierry Chabagny et Gildas Mahé, qui prend le leadership au classement général provisoire.

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«Il faudra être bon ! » expliquait Gildas Morvan le double vainqueur sur l’épreuve, qui pointait, après trois étapes côtières, le nez de son Cercle Vert à la 6è place au classement général provisoire… soit loin des places d’honneurs qu’il affectionne. Gildas comptait bien reprendre un peu de poil de la bête au classement général provisoire et se refaire une santé. Le géant vert a l’appétit d’un ogre au départ de ce type de parcours où il fait merveille. Régatier et compétiteur dans l’âme, les bananes, il en raffole ! Idem pour Jérémie Beyou, qui aux côtés de Vincent Riou a connu l’amertume de la pétole entre Perros-Guirec et Camaret. Au général provisoire, Delta Dore occupait la 9è position, ce qui n’était évidemment pas du goût de ses skippers, grands chefs réputés qui connaissent des recettes infaillibles pour occuper les meilleures places : « Pour le moment, nous ne nous sommes pas beaucoup amusés, mais maintenant, il va falloir se régaler…», disait Jérémie au saut du ponton après son étape nocturne rythmée par la molle. A bon entendeur. Aujourd’hui à Camaret, et à l’issue d’une banane arrosée de petit temps et très léger flux d’ouest instable en force et en direction, Cercle Vert chute au classement général provisoire.

Menu aléatoire

De son côté Armel Tripon savourait déjà ce Tour de Bretagne, dont il occupait la tête du classement général provisoire après trois étapes. Un grand cru que cette édition 2005 pour le co-skipper de Gédimat, bien inspiré d’avoir invité ainsi Eric Drouglazet à son bord. « Il a vraiment énormément d’expérience. Entre nous deux ça se passe super bien, le bateau va vite, j’ai encore validé de nouveaux réglages, de nouveaux repères… » Cet objectif -là – se perfectionner – était déjà atteint après les trois premières étapes. Gagner ou rester sur le podium était une autre histoire, même si on pouvait compter sur Droug’ pour tout faire pour ne surtout pas céder une miette, ou le moindre point, à ses adversaires les plus directs. Idem, les bananes et les parcours techniques, il les dévore. « Pourtant quand on voit les contre-performances de ténors deux jours de suite, comme celle de Jérèmie Beyou et Vincent Riou sur Delta Dore, on sait bien que finir 20 ou 30e est toujours possible. “Même en étant performants car dans ce petit temps et avec le niveau qu’il y a ici, ça reste très aléatoire », temporisait de son côté Armel. Il ne pouvait pas si bien dire. On connaît la suite, des parcours banane en baie de Camaret, il n’y en a eu qu’un que Gédimat aura du mal à digérer. Classé 23ème de ce parcours, le duo Tripon-Drouglazet doit céder le leadership au général provisoire au duo Chabagny-Mahé de Lèbre – FMI, toujours régulier même dans les vents les plus aléatoires.

Jeudi sur la presqu’île de Crozon, le vent n’a pas varié d’un iota dans le régime qu’il impose à tous. A la diète. A 13 heures, le Comité de Course se résigne à lancer l’aperçu de retard. Sur le plan d’eau, 38 Figaro Bénéteau se déhalent tant bien que mal : il n’y a pas un zest de zef pour leur donner du peps. Il faut s’armer de patience. A 13h45, Erwan Tabarly à bord de Thales repère 5 nds dans le 234. Voilà qui permet d’espérer. Las, c’est de nouveau de la pétole qui rentre par le large. Le vent synoptique va-t-il prendre le dessus ? Chacun lorgne la risée … celle qui doit permettre de laisser libre cours à la régate ? A 16 heures un premier départ est donné. Rappel général. Restons calmes … 16h43, cette fois c’est bon. Dans 3 nds de vent d’ouest, le trio de duos Raynal et Roquelaure (Bos-Le Déroff), Espoir Crédit Agricole (Krauss-Paul) et Thales (Tabarly-Bérenger) sont les plus prompts à s’élancer. A la bouée de dégagement, les leaders au classement général pointent en queue de flotte. C’est le foutoir sur l’eau alors que le courant de 2 nœuds impose sa loi…. C’est la gauche du plan d’eau qu’il fallait choisir, là où le courant est plus fort que le vent. Et les écarts ne font qu’empirer au passage de la bouée sous le vent. Thales est toujours en tête, suivi d’Espoir Crédit Agricole et de Lèbre – FMI. Après trois tours complets dans un vent de secteur sud-ouest et de force 2, le trio franchit, en tête et dans le même ordre, la ligne d’arrivée à 18h35´ 17″” pour le premier. Sept concurrents ont franchi la ligne hors temps, soit après 19h03´. A noter les bonnes performances du jour qui leur permettent de remonter au classement général provisoire : Raynal et Roquelaure de Christian Bos et Jean-Yves Le Déroff et Espoir Crédit Agricole d’Oliver Krauss et Maxime Paul, premier équipage bizuth.