Des pointes à plus de 50 nœuds de vents et des images impressionnantes de Thomas Ruyant sur le Vendée Globe alors qu’il laisse passer une dépression dans son Sud entre la Tasmanie et la Nouvelle-Zélande.
Très belle stratégie de préservation de l’homme et du matériel qui ont mis la course entre parenthèse 2 jours durant avant de reprendre la poursuite de plus belle !
Thomas Ruyant dans la baston
Thomas Ruyant s’en est bien sorti
Il est des moments dans un Vendée Globe où la capacité des marins solitaires à faire front face à la colossale puissance des éléments laisse le simple terrien ballant et pantois. Thomas Ruyant vient de nous offrir un de ces épisodes poignants, glaçants et au final, euphorisants. Menacé par un des plus sévère coup de vent à balayer la flotte du Vendée Globe en lutte avec les mers du Sud, le skipper du Souffle du Nord a parfaitement géré la seule stratégie envisageable face au cataclysme annoncé, vents de 60 noeuds et plus, creux supérieurs à 10 mètres. C’est par une fuite contrôlée, maîtrisée vers la bordure nord de la dépression qu’il a pu la nuit dernière esquiver le plus fort du vent. Portant la juste toile, trois ris dans la grand voile et rien à l’avant, il a maintenu le bon cap et la juste vitesse le temps nécessaire pour retrouver des conditions moins casse bateau. Et à la première occasion, le marin du « Souffle du Nord pour Le Projet Imagine » a promptement empanné, pour se caler depuis le milieu de nuit de nouveau sur la route directe vers le sud de la Nouvelle Zélande.
« Je suis là où je voulais être » explique-t’il, « un peu comme l’a fait Jean Pierre Dick il y a quelques jours. J’ai laissé passer le gros de la tempête, et je suis prêt à remettre du charbon à la première occasion. J’ai toujours ce matin 40 noeuds de vent, avec 50 à 55 noeuds en rafale, et une mer très grosse. Cette route me coûte cher, et mes prédécesseurs Le Cam, Eliès et Dick s’échappent avec de belles conditions. Mais j’ai stoppé l’hémorragie de milles avec Louis Burton, et je vais vite être en capacité de reprendre les milles perdus… » Après sa semaine de tous les bricolages et de toutes les réparations de l’impossible, Thomas est en passe de surmonter le coup de colère de ce début d’Océan si peu Pacifique. Un Vendée Globe façon Travaux d’Hercule pour le p’tit gars de Malo-les-Bains.
Thomas Coville a franchi l’Equateur avec 6 jours d’avance

Depuis le 6 novembre, Sodebo Ultim’ a décroché trois records en solitaire (sous réserve d’homologation et de ratification par le WSSRC – World Sailing Speed Record Council)
En mer depuis 40 jours et il a déjà parcouru 22 500 milles (environ 42 000 kilomètres). La ligne d’arrivée située à Ouessant au large de Brest n’est plus qu’à 4300 milles (environ 8000 kilomètres) devant lui, en ligne droite.
Actuellement positionné au nord du Brésil (par 16° sud), Thomas Coville a touché cette nuit un alizé stable et bien orienté qui va l’emmener rapidement et sans doute d’un seul bord (sans virement de bord) jusqu’à l’Equateur. Ce sera ensuite la remontée de l’Atlantique nord, le dernier océan du tour du monde à la voile avant Brest et la ligne d’arrivée des tours du monde en multicoque, qu’il doit franchir avant le 3 janvier 2017 à 04 heures 22 min et 57 sec pour battre le record de vitesse en solitaire. Le marin mesure l’engagement physique et mental qui l’attend jusqu’au dernier mille, un engagement au-delà de ce que l’imagination d’un terrien peut envisager.
Le skipper de Sodebo Ultim’ conforte actuellement son avance sur le temps du record de vitesse autour du monde en solitaire établi par Francis Joyon le 20 janvier 2008, un temps qui n’a encore jamais été battu. Avec 1600 milles – soit 6 jours – d’avance aujourd’hui sur le tableau de marche de Francis Joyon, Thomas Coville devrait franchir l’équateur dans la nuit de samedi à dimanche matin avec, si c’est le cas, un nouveau record entre l’Equateur “aller” et l’Equateur “retour” (pour mémoire le temps de référence d’Idec en 2008 était de 41j 9h 14min). Ce sera aussi un nouveau temps de référence entre Ouessant et le deuxième passage de l’Equateur (Idec en 48j 2h 18m).
La cellule de routage installée à terre pour suivre Thomas jour et nuit depuis le 6 novembre dernier, scrute la météo qui prend forme sur l’Atlantique nord. L’équipe de Jean-Luc Nélias qui dirige la cellule météo, surveille les mouvements du fameux anticyclone des Açores et suit avec attention le chapelet de dépressions hivernales.
L’arrivée de Sodebo Ultim’ à Brest est prévue entre Noël et le 31 décembre.
Bon départ d’IDEC déjà aux Canaries
Le départ s’est mieux passé que la dernière fois et IDEC file bon train. A l’issue de leur deuxième jour de course, Francis Joyon et ses marins du maxi-trimaran IDEC SPORT croiseront en début de matinée dans le nord de La Palma, l’île la plus occidentale de l’archipel des Canaries. Ils auront alors en 48 heures parcouru un peu plus de 1 200 milles, à plus de 29 noeuds de moyenne ! Pour tenir un tel tempo, et compte tenu des empannages réalisés depuis Ouessant, le maxi-trimaran rouge et blanc maintient en permanence une vitesse supérieure à 30 noeuds.
Sur une mer enfin rangée, les fines gâchettes du bord s’en donnent à coeur joie à la barre, dans l’exercice de haut vol qui consiste à placer les 18 tonnes du voilier en équilibre sur la crête des vagues. Un travail d’orfèvre qui vous vide un marin d’expérience en moins d’une heure. Ainsi qu’en attestait Francis hier matin, le système de rotation des quarts s’est installé sans anicroche et la saine rivalité entre barreurs constatée lors de la tentative de l’an passé s’est avec naturel et toujours la plus grande prudence réinstituée. Sur une trajectoire absolument parallèle à celle de son concurrent virtuel, le maxi-trimaran Banque Populaire V détenteur du Trophée, IDEC SPORT accuse un retard de 88 milles qu’il pourrait combler à la faveur du débordement par l’ouest de l’archipel Canarien. Joyon et ses hommes ne sont pour l’heure guère focalisés par ces calculs, concentrés sur cette course de vitesse bien réelle engagée avec les éléments et ce flux de nord nord-est en tout point idéal pour gagner très rapidement dans le sud. C’est un dimanche placé sous le signe des embruns de plus en plus chauds qui s’avance pour les Joyon, Surtel, Pella, Audigane, Stamm et Gahinet, parfaitement lancés dans cette nouvelle campagne autour de la planète.
Démâtage de Stéphane Le Diraison – “Compagnie du Lit / Ville de Boulogne-Billancourt”
On apprenait ce soir qu’à 18h42 heure française ce samedi 17 décembre, Stéphane Le Diraison a joint la direction de course du Vendée Globe pour prévenir du démâtage à bord de son Imoca « Compagnie du Lit / Ville de Boulogne-Billancourt ».
Le skipper n’est pas blessé, il avait une voix claire au téléphone au moment de l’appel. Il est actuellement en train de libérer le gréement et effectuera ensuite une vérification complète du bateau. Il évoluait dans un vent de nord-ouest de 30-35 noeuds au moment de la casse, il est situé à 770 milles des côtes australiennes.
Tous les sponsors du projet sont soulagés que Stéphane aille bien, ils restent très admiratifs de sa performance accomplie et de sa course menée avec rigueur et détermination. Plus d’informations à venir.
Stéphane Le Diraison avait franchi la latitude du Cap Leeuwin en Australie après 39 jours 20 heures 53 minutes de course. Il devançait même de 6 heures le temps effectué par François Gabart (vainqueur de l’édition 2012) ! Quelques heures avant l’heure était aux bricolages et aux tentatives de repos : “J’ai du mal à dormir on va tellement vite vers l’Est que je ressens le décalage horaire, décalage reconduit chaque jour donc pas le temps de s’adapter.” Stéphane a profité de sa journée d’hier plus clémente (20 noeuds de vent) pour réparer, pomper, étancher, régler, empanner, changer de voiles,…
Le skipper boulonnais rencontrait des conditions plus soutenues aujourd’hui avec un puissant flux de Nord-Ouest qui se renforce, il trace désormais une route plus au sud en longeant le mur des glaces.
Yann Eliès : « Le Pacifique s’annonce assez compliqué »

Après quatre jours durant lesquels il a été confronté à une mer forte et des vents supérieurs à 50 nœuds, Yann Eliès commence à souffler un peu, ce vendredi, même s’il est obligé de ralentir un peu pour ne pas rattraper et se remettre dans les griffes de la fameuse dépression qui l’a déjà méchamment secoué. Le skipper de Quéguiner – Leucémie Espoir compose avec près de 30 nœuds et des températures qui piquent un peu. Depuis hier, il a incurvé sa route et évolue actuellement par 52° Sud, en limite de la zone interdite des glaces. Reste que son principal souci reste de parvenir à négocier au mieux le premier tiers du Pacifique qui, pour l’heure, s’annonce relativement complexe.
Comment va le moral des troupes, ce vendredi ?
« Ça va. Ça caille pas mal car l’eau est à 5°C et la température extérieure oscille entre 7 et 8°C. Je ralentis un peu pour me faire rattraper par une zone où il y justement moins de vent et moins de mer mais je ne vais toutefois pas trop tarder à renvoyer un peu de toile. Il y a quatre-cinq heures, j’ai roulé ma voile d’avant car il y avait encore plus de 40 nœuds. En fait, j’ai constamment le doigt sur le curseur pour gérer la zone de vent et de mer dans laquelle j’évolue. Pour l’heure, la zone des 50 nœuds n’est qu’à une centaine de milles devant moi car la dépression qui m’a embêté ces derniers jours n’avance pas très vite. C’est d’ailleurs chiant qu’elle soit si lente mais je devrais, heureusement, quitter son influence dans la journée, après avoir empanné. Dès lors, je ferai un peu de nord pour anticiper l’arrivée de la prochaine dépression dont je vais subir les effets à partir de demain, aux alentours de 22 heures – minuit. »
Depuis la terre, on a parfois eu l’impression que vous aviez eu un peu de répit lors des quatre derniers jours or il s’avère que ne n’était pas le cas…
« C’est vrai. J’ai juste eu un peu de calme il y a 24 heures et j’ai remis du charbon dans la machine mais, ce matin, j’ai encore pris jusqu’à 44 nœuds de vent. A présent, ça s’apaise quand même bien et je pense que j’en vois enfin le bout. Je suis assez content d’avoir repris du terrain à Jean (Le Cam) mais je ne sais pas encore si je vais recroiser devant ou derrière Jean-Pierre (Dick). Je n’ai pas fait tourner se routages à lui mais même si je croise devant maintenant, je m’attends à ce qu’il finisse par me doubler car les conditions à venir s’annoncent plus favorables pour lui qui est équipé de foils. Cela étant dit, c’est difficile de faire des pronostics surtout que l’on devrait avoir un Pacifique assez compliqué. »
Vous parlez de Jean Le Cam. Vous avez, effectivement, bien recreusé l’écart sur lui ces dernières 24 heures…
« Oui. Il a fait une route plus sud que la mienne et sans doute qu’il a été un peu gêné par la zone interdite des glaces, alors que moi, je me retrouve pile-poil lay-line avec elle. Je vais ainsi empanner à quelques milles seulement de sa limite, sans manœuvre d’ajustement, contrairement à Jean. Finalement, je n’ai pas si mal négocié cette dernière dépression même si, dans l’histoire, j’ai beaucoup perdu sur Jérémie Beyou et Paul Meilhat. A un moment donné, ils étaient à 300 milles de moi. Aujourd’hui, ils sont plus de 1 000 milles devant. Une scission est faite même si nous ne sommes qu’à la mi-parcours, et qu’il peut encore se passer plein de choses. En attendant, il va falloir essayer de se battre pour garder cette cinquième place. »
Thomas : Ne pas tout caser maintenant +1665 milles d’avance
Jour 35 : Thomas a parcouru la moitié de l’Atlantique Sud à l’heure où Francis Joyon n’avait pas encore passé le Cap Horn en 2007. La remontée est tonique, l’océan est fidèle à sa réputation. Thomas nous envoie une belle carte postale : 30 à 40 noeuds de vent, une mer hachée… Des conditions difficiles mais un paysage “sublimement beau”.
Thomas Coville à moins de 5000 milles de l’arrivée

Thomas Coville a passé la barre des 5000 milles à parcourir pour franchir la ligne d’arrivée à Ouessant. Devant lui, une nouvelle porte du tour du monde à la voile avec le passage de l’Equateur “retour” prévu entre samedi soir et dimanche matin.
Joint par téléphone, il raconte cet Atlantique Sud difficile…
GESTION DE L’EFFORT
« Je savais que l’Atlantique serait difficile. Cette partie de l’Atlantique sud, il faut que je la gère, que je la contrôle, que je me contrôle. Je ne me repose pas du tout. Pour cette remontée, tu puises dans la réserve physique. Je n’ai que très peu de temps pour moi. J’ai sans doute empanné 30 fois lundi pour faire passer le gennaker (la voile d’avant qui mesure 380m²) devant l’étai, c’est un travail titanesque. Faire passer les voiles dans le petit temps est un effort colossal. Hier j’ai mis 2 heures 30 pour un changement de voiles d’avant qui pèsent entre 110 et 130 kg chacune. »
« Je suis très généreux dans l’effort et à un moment donné tu le paies. C’est la même chose que lorsque je fais 150 kms à vélo ou 50 kms de course à pied ! Il faut que je gère ça. La générosité que tu as pour bien faire le truc, c’est aussi pour ça qu’on est en avance. »
LA MOTIVATION
« Elle est alimentée par l’avance mais je ne regarde pas. Le stress est plus fort quand tu as des vitesses plus rapides, plus élevées. L’engagement est intense. Je suis tout le temps à fond. Je me projette peu. Si je me projette, ça me met la pression. A deux jours de l’arrivée, tu peux percuter quelque chose, tu peux te payer la pire tempête du tour du monde dans le golfe de Gascogne comme Peter Blake sur Enza. Tu ne sais pas de quoi sera fait l’avenir. Plus haut, tu peux passer de 30 à 2 nœuds et rester dans un système pendant plusieurs jours. Sans compter tout ce qui est technique. Sodebo Ultim’ est gros et il est fatigué comme le bonhomme. Je serai plus serein dans deux jours si on arrive à passer le front froid. Et l’Equateur sera une autre porte de délivrance. On a eu beaucoup de réussite à l’aller, le retour est difficile. Je ne sais pas dans quel état je serai à l’Equateur. »
SOLITUDE EXTREME
« Lundi c’était une journée noire. C’est comme pour un coureur à pied qui fait de l’ultra trail et ne peut pas s’arrêter parce qu’’il avance sur un tapis roulant. J’ai l’impression de vivre la même chose. Tu es à bout de sommeil et tu es obligé d’agir. Je m’accroche à mes petites victoires : une réparation, une manœuvre difficile que je réussi. J’arrive à me congratuler, j’accepte d’être content. C’est à ça que je m’accroche pour rester dans une spirale positive. Dans 2 à 3 nœuds de vent, tu dois faire au mieux avec ce que tu as et nerveusement c’est terrible. Quand je réussis, le factuel m’apporte du plaisir ! »
LE QUOTIDIEN
« Depuis un mois et demi presque, je vis dans une cabane, comme un refuge de montagne et je vis dehors. On vit très bien dehors.
Je suis dans l’ordinaire total. Mon quotidien est ordinaire. Les trois derniers jours ont été très difficiles psychologiquement. Et puis hier, j’ai pris ma première douche sous la bôme avec l’eau de pluie qui s’était accumulée. Je me suis même lavé les cheveux, ils sont presque soyeux (rires) ! Après cela, j’aurai voulu m’allonger et dormir, mais ce n’était pas au programme… Sinon je vous rassure, je me lave tous les deux ou trois jours avec des lingettes et je me brosse les dents tous les jours.
Au menu hier soir : des protéines pour avoir des forces, des noix et des amandes pour tenir les 15/20 heures de gros efforts devant moi. Je n’ai quasiment pas mangé de sucre depuis le départ, juste un coca à chaque cap ! »
LES JOURS ET LES NUITS SE CONFONDENT
« Il est difficile de garder un rythme régulier quand tu changes d’heures tout le temps. Le temps se décale en permanence. Si tu t’alignes sur le soleil, tu peux rapidement sauter des repas. Cette gestion n’est pas facile. Dans le sud, il faisait nuit quasiment une ou deux heures sur 24h, c’était magique.
C’est pareil quand je suis passé en 4-5 jours des gants/cagoules à torse nu pour manœuvrer. Ton quotidien change tellement vite… J’ai toujours les gants sur la table à carte, je n’ai pas encore eu le temps de tout ranger.
Allez je raccroche, il y a un nuage noir… »
Louis Burton serein à mi-parcours

Parti le 6 novembre des Sables d’Olonne avec un objectif de boucler ce Vendée Globe en 90 jours, le skippeur malouin réalise actuellement sa « course parfaite». Après avoir passé le Cap Leeuwin hier, Louis Burton dresse un premier bilan à mi-parcours de son tour du monde. Par deux fois, il s’illustre de la flotte en ayant parcouru le plus grand nombre de miles en 24 heures (son record : 447 miles le 10 décembre). Longtemps à la 11ème place, il se cramponne dorénavant à la 9ème place de ce Vendée Globe. Il reste leader du 2ème peloton au 39ème jour de course, malgré les petits problèmes techniques rencontrés depuis le départ (safran, grand spi, pilote automatique,…).
Louis Burton raconte : « J’ai la banane, un grand sourire sur les lèvres depuis que j’ai passé le Cap Leeuwin. J’ai mis un peu de sud dans ma route, les prévisions de routage me mettent dans le Pacifique dans pas longtemps. Je suis impatient d’y être. Je suis rincé mais je suis très content, je commence à y croire, on approche de la moitié. Je sais qu’il ne faut pas s’enflammer, derrière c’est encore très long, il reste au moins la même chose à faire et le Pacifique est encore plus éloigné de tout mais je regarde le ciel tous les jours en me disant pourvu qu’il n’y ait pas de problème. La bateau est très bien préparé donc je suis serein. J’essaye de tirer 100% du potentiel de Bureau Vallée. Dans l’Atlantique quand il fallait envoyer au spi pour 2 ou 3 heures, je le faisais mais la dans l’Indien je n’ai pas toujours été aussi raisonnable et ça a payé.»
Bizuth des mers du Sud, son aventure dans l’Océan Indien a tenu toutes ses promesses :
« C’était surprenant, physique, dur psychologiquement. Y a tout le temps du vent, une mer assez grosse, un temps gris, orageux, t’arrête jamais. J’ai vu des baleines tout prés du bateau, puis, Kito a eu son problème avec sa quille, j’ai été mis en alerte pour peut être aller le chercher puis ensuite il a fallu passer à côté de son épave. On m’a signalé un iceberg hors de la zone d’exclusion des glaces. On en sort à peu prés indemne avec un peu de réussite et pas mal de chance, parce que si tu passes par la avec de la malchance ça peut très mal finir» explique Louis.
Avec une avance de plus de 500 miles sur son poursuivant, ce n’est pas le moment de se relâcher. Louis reste attentif et concentré :
« Je fais le tour d’usure du bateau tous les jours à l’intérieur mais à l’extérieur c’est un peu compliqué pour le moment. Je me suis fait une frayeur il y a 2 jours en faisant un check sur la quille, j’avais un des boulons qui tient le vérin sur la tête de quille qui était en train de se desserrer, on n’est pas passé loin de la correctionnel mais j’ai pu gérer ça à temps. Maintenant je vais devoir trouver une solution car j’ai des entrées d’eaux par la fausse mèche de safran qui est dans le cockpit, y a un joint qui fait défaut donc je travaille sur ce sujet la en ce moment. »
A l’orée du Pacifique, le skippeur malouin n’en oublie pas la vie à Terre :
« Si je devais commander quelque chose au Père Noel, ce serait de décaler Noel au 20 février pour être sur de pouvoir le fêter avec mes enfants (Lino et Edith 5 et 3 ans). La solitude est difficile à gérer mais heureusement je peux échanger régulièrement avec mes proches qui me donnent des nouvelles du monde sinon ce serait l’enfer d’être isolé à 100%» conclut Louis. Car même si c’est une aventure humaine incroyable, il ne faut pas oublier que l’Everest des mers reste, la course en solitaire, sans assistance et sans escale la plus difficile au monde.
IDEC SPORT a passé la ligne de départ du Trophée Jules Verne à 9h 19min

Sur le qui-vive depuis 24 heures, l’équipage d’IDEC SPORT est parti ce matin. Après s’être élancé une première fois le 20 novembre dernier et s’être résolu à faire demi-tour en approche de l’équateur, c’est avec une motivation et un enthousiasme intacts que le commando de marins s’apprête à larguer de nouveau les amarres qui retiennent le trimaran de 31 mètres au quai du port de Brest. Francis Joyon, Bernard Stamm, Alex Pella, Clément Surtel, Gwénolé Gahinet et Sébastien Audigane, le petit nouveau du bord, ont quitté tôt ce matin le port de Brest en vue de s’élancer dans une nouvelle chasse au record de vitesse absolue autour du monde (45j 13h 42mn et 53sec), qui tient bon depuis 2012.
Quelle est la situation météo pour ce nouveau départ ?
Francis Joyon : « La situation n’est pas des plus faciles, mais elle est mieux que celle qui nous a vus partir la première fois cette année. On se prépare à partir plus ou moins tôt pour aller chercher le vent de Nord à l’approche de la pointe bretonne. Après une fois, qu’on l’aura attrapé, cela déroulera jusqu’à l’équateur. Le vent s’annonce mieux établi en Atlantique Nord que lors de notre dernière tentative qui a tourné court. Le vent au sud du Cap Vert paraît bien soutenu et le Pot au Noir semble beaucoup plus clair. »
Qu’est ce qui a changé depuis votre précédente tentative ?
F.J. : « Le bateau a bénéficié d’une petite remise en état classique. On a refait un avitaillement. La principale nouveauté depuis la dernière fois reste le changement d’équipier, avec la venue de Sébastien Audigane pour remplacer Boris Herrmann. C’est un local de l’étape, puisqu’il est Brestois. Il a déjà fait plusieurs tours du monde, il connaît bien ces grands bateaux, notamment IDEC SPORT à bord duquel il a déjà navigué. Il n’arrive pas en terre inconnue. »
Comment appréhendez-vous ce deuxième départ en moins d’un mois ?
F.J : « On commence à être habitué, même si on ne va pas dire que cela devient la routine, il faut quand même s’arracher à la terre pour aller faire un tour du monde. Le fait d’avoir fait un faux départ, nous a permis d’avoir un entraînement à ce genre de situation. Concrètement, on espère être à l’équateur en 5 jours et demi. L’Atlantique sud reste encore un peu flou, tout n’est pas très bien établi. On peut espérer le meilleur comme le pire, mais au bout d’un moment, il faut y aller ! »