A 17h 57mn 30s ce 25 décembre 2016, Thomas Coville, seul à bord de son grand trimaran Sodebo Ultim’, a coupé la ligne d’arrivée des tours du monde en solitaire à la voile en multicoque située à six milles au large du phare du Créac’h à Ouessant (Finistère).
Il établit un nouveau record en solitaire en 49 jours 3 heures 7 minutes et 38 secondes (en attente d’homologation par le WSSRC), améliorant le précédent record de Francis Joyon de 8 jours 10 h 26 mn et 28 s. Thomas a parcouru 28 400 milles à la moyenne remarquable de 24,10 nœuds (52 596 kilomètres à 44 km/h).
Dans la pénombre d’un reste de jour obscurci par une brume qui lui cachait totalement les falaises de l’ile bretonne, le skipper âgé de 48 ans a effectué deux ultimes empannages (virements de bord vent arrière, une manœuvre aussi technique que physique) avant de connaître enfin la délivrance. Jusqu’au bout, il aura mené son trimaran de 31 mètres de long et 21 mètres de large à une cadence infernale, ne s’épargnant aucun effort et manœuvrant son énorme voilier comme s’il était entouré d’un équipage complet. Le solitaire signe au passage le troisième temps des records homologués autour du monde, qu’ils aient été disputés en solitaire ou en équipage (1).
Le 6 novembre dernier à 14h49, Thomas s’est élancé dans sa cinquième tentative contre le record établi par Francis Joyon en janvier 2008, en 57 jours et 13 heures. Cette performance était tout simplement exceptionnelle à l’époque. Le skipper du trimaran Idec avait largement amélioré le record détenu jusque là par Ellen MacArthur. Rappelons qu’ils ne sont que trois au monde à avoir osé s’attaquer au tour du monde sans escale et sans assistance en multicoque : Francis Joyon, Ellen MacArthur et Thomas Coville.
En sept semaines d’une cavalcade effrénée, Thomas Coville a remporté ce pari fou : mener en solitaire son trimaran de 31 mètres de long et 21 mètres de large, doté d’un mât de 35 mètres de haut et portant jusqu’à 680 mètres carrés de voilure, pour devenir l’homme le plus rapide autour du monde en solitaire.
Thomas Coville va passer la nuit en mer avec ses équipiers qui l’ont rejoint deux heures après la ligne. Nous l’avons joint par téléphone. Il raconte les minutes qui suivent un tel exploit:
L’arrivée
“Personne n’envisageait de passer sous la barre des 50 jours en solo. L’arrivée, c’est quelque chose qui monte en toi, quelque chose de très dense. C’est une sensation très lourde qui te submerge. J’avais l’angoisse des dernières heures, celle des derniers jours, celle de toucher quelque chose, tout ça me mettait la pression. Tout ça est mélangé à beaucoup de fatigue. Je suis en carence de sommeil. C’est un très grand jour pour moi en tant qu’athlète, en tant qu’homme. Je suis fier du chemin que j’ai parcouru pour arriver là. Je suis tombé, je me suis relevé et c’est tout ça qui fait que j’ai eu cette force mentale. L’expérience, c’est ce qu’on fait de ses échecs. Je peux dire aujourd’hui que je les ai valorisés. C’est ça ce dont je suis fier.”
Un travail de colosse pour y arriver
“S’imposer de faire autant de manœuvres, c’est ce qui fait qu’on est pas loin des records en équipage. Parfois j’avais du sang dans la bouche en transportant des voiles qui pèsent 150 kgs et qui sont pleines d’eau et que vous trainez 10 cms par 10 cms sur le trampoline mouvant. Il y a eu des nuits dehors, allongé dans le cockpit, dans le froid avec une écoute à la main prêt à larguer si le bateau monte trop haut sur une coque. Ce n’est pas un travail très élégant, mais ça marche. Avec les vitesses que tu atteins, tu es toujours sur le fil du rasoir. Tu as des hauts et des bas. L’Atlantique Sud a été très dur. J’ai réussi à me satisfaire de petites victoires au quotidien. Physiquement, je ne peux pas aller plus loin. “
Et maintenant ?
“Tout de suite, je n’ai qu’une envie : dormir et laisser mon esprit au repos. Je veux m’endormir en me disant simplement : Tout va bien !”
Patricia Brochard, Co-Présidente de Sodebo:
Venue pour accueillir le bateau et saluer la performance de Thomas Coville, Patricia Brochard, co Présidente de Sodebo ne cachait pas sa joie au passage de la ligne : « Je ressens un grand soulagement et de la fierté. Je suis heureuse et c’est un bonheur partagé avec les équipes de Thomas, avec sa famille, avec les médias et les équipes qui s’occupent de la communication. Je suis heureuse pour l’entreprise et les salariés. Avec ce record, Thomas met en lumière les valeurs que nous partageons tous ensemble. Ce qui est beau, c’est le chemin que tu prends pour y arriver, tout ce que tu mets en œuvre pour construire une histoire. Le résultat c’est la conséquence. “
C’est un exploit incroyable que Thomas Coville a réalisé. Ce n’est pas tant d’avoir battu le record du tour du monde en solitaire et en multicoque mais la manière dont il y est parvenu. A une vitesse folle, moins de 50 jours, à bout de bras, on se souviendra de sa vingtaine d’empannages dans le sud en 24h et sa ténacité tout au long de ce tour du monde. Il fallait y aller, seul à bord de son catamaran géant et il y est parvenu, le record à la clé. C’est une grande fête qui attend Thomas demain à Brest où celui-ci est attendu en héros des temps moderne. Chapeau.
Thomas Coville : “Olivier de Kersauson m’a fait l’immense honneur de venir m’attendre à Ouessant. Ca m’a beaucoup touché. Ne vous laissez pas prendre par le climat pessimiste. Il faut croire en ces rêves.
Gabart : “Ce qu’a fait Thomas Coville est extraordinaire”
Thomas Coville a franchi la ligne d’arrivée à Ouessant ce dimanche 25 décembre à 17h 57min 30sec (heure française). Un temps canon : 49 jours 3 heures 7 minutes 38 secondes*: un temps de parcours historique, puisqu’il passe sous la barre des 50 jours. Avec ce temps exceptionnel pour un solitaire, il bat le précédent record détenu par Francis Joyon de 8 jours 10 heures, 26 minutes et 28 secondes.
Distance parcourue sur l’eau : 28 400 milles nautiques
Vitesse moyenne : 24,09 noeuds (18,32 nœuds sur l’orthodromie)
Outre le record du Tour du monde en solitaire, Thomas Coville s’adjuge trois autres records (Record de l’Océan Indien*, Record de l’Océan Pacifique* et Record Equateur/Equateur*) et huit temps de référence.
Arrivée à Ouessant : dimanche 25 décembre à 16h 57min 30 sec UTC
Temps du Tour de monde en solitaire : 49 jours 3 heures 7 minutes 38 secondes*
28 400 milles parcourus à une moyenne de 24,09 noeuds (18,32 nœuds sur l’orthodromie)
Delta avec IDEC : avance de 8 jours 10 heures 26 minutes 28 secondes
Record de l’Océan Indien* (Cap des Aiguilles/Tasmanie) : 8j 12h 19m
Record de l’Océan Pacifique* (Tasmanie/Cap Horn) : 8j 18h 28m 30s
Record Equateur/Equateur* : 35 jours 21 heures 38 min 6 sec
Training for the maxi tri SODEBO, skipper Thomas Coville, prior to his solo circumnavigation record attempt, off Belle Ile, on october 12, 2016 - Photo Jean-Marie Liot / DPPI / SODEBO
A moins de trois jours de l’arrivée à Ouessant, Thomas Coville est en route pour battre le record du tour du monde à la voile en solitaire avec une marge impressionnante et unique dans l’histoire des records. Le skipper de Sodebo Ultim’ s’est construit une avance d’environ 7 jours sur le chrono de Francis Joyon qui est de 57 jours et 13 heures.
Après 26 500 milles (47 700 kms), les derniers 1300 milles avant l’arrivée s’annoncent difficiles et très engagés pour le skipper solitaire qui est parti depuis le 6 novembre dernier. En effet, Thomas Coville va naviguer en avant d’une dépression dans un vent fort et soutenu qui va le propulser vers Brest. Si la mer promet d’être maniable, les fichiers météo annoncent des vents entre 25 et 35 nœuds, ce qui dans la réalité signifie des claques de vent qui peuvent monter jusqu’à 45 nœuds sur l’eau.
Seul en mer depuis 47 jours, Thomas Coville reconnait ce matin qu’il met plus de temps à récupérer après les grosses manœuvres et que le stress monte avec la perspective de l’arrivée.
A 13 h 34 mn, (heure française), ce vendredi 23 décembre 2016, Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII) a doublé le cap Horn en tête du 8e Vendée Globe. Il aura mis 47 jours et 32 mn depuis les Sables d’Olonne. Il pulvérise ainsi le temps de référence de François Gabart établi en 2012… de 5 jours 5 heures et 38 mn !
Après 17 480 milles parcourus à la vitesse moyenne de 15,5 nœuds depuis les Sables d’Olonne, le skipper de Banque Populaire VIII vient de doubler le cap Horn pour la troisième fois de sa carrière de marin, mais pour la toute première fois en tête (3e en 2008 et 2e 2012) avec une avance de 762 milles sur son poursuivant Alex Thomson (Hugo Boss).
Armel Le Cléac’h, Banque Populaire VIII : « J’ai sorti le champagne pour le Horn. J’essaye à chaque fois de trinquer. Je vais profiter du paysage avec la terre pas loin. Ca fait du bien de voir un peu d’ambiance terrestre. Je vois le cap Horn, il est à l’horizon. C’est magnifique. Le ciel est varié. Il y a des éclaircies et des gros nuages. Le vent passe de 17 à 30 nœuds. »
Doubler le rocher est vécu comme une délivrance pour le marin qui ne cache pas que la traversée du grand sud n’a pas été de tout repos. Joint ce matin par son équipe, Armel nous partage son état d’esprit et sa joie de pouvoir passer cette légende aux avant-postes.
Comment vas-tu en ce jour un peu spécial ? Ça va super, j’ai empanné ce matin, juste avant les îles Diego Ramirez, elles ne sont pas très loin. Le jour vient de se lever, il y a des nuages pour l’instant et j’espère avoir quelques éclaircies pour apercevoir le cap. Ici les nuits sont très courtes, on est très sud, elles durent en moyenne 4 à 5 heures. Je suis satisfait d’être arrivé là, de passer ce cap et de sortir des mers du Sud. J’ai pu décompresser les dernières 24 heures, j’ai eu des conditions plus malléables, moins de vent et une mer plus calme. C’est agréable, ça change et je prends du plaisir. J’ai rangé le bateau, fait du ménage et j’ai surtout relâché la pression, le stress après des journées chaotiques, compliquées avec du vent et beaucoup de manœuvres. C’était dur… Là, on a du vent mais pas 50 nœuds non plus et ça n’est pas plus mal pour passer le rocher ! Il y a quatre ans, je me souviens, je n’avais pas vu grand-chose, il y avait une ambiance particulière avec beaucoup d’icebergs dans la zone. Ca va être sympa de voir la terre, c’est un moment fort. Troisième cap Horn en IMOCA mais en tête cette fois, ça représente beaucoup pour moi, quand j’y pense, il a fallu en parcourir du chemin pour en arriver là…
Sur les précédentes éditions au passage du cap, tu étais 3e (2008), 2e (2012), c’est un beau cadeau de Noël cette première fois en tête ? C’était mon objectif d’être le premier à prendre le virage à gauche pour la remontée de l’Atlantique sud, ça n’a pas été simple d’en arriver là mais ça en valait la peine, on arrive un peu en haut du sommet, même si, le parcours est encore long et que la dernière partie ne va pas être la plus simple à gérer. Je crois qu’il y a 4 ans, j’étais à peu près à deux heures d’écart de François Gabart. Aujourd’hui, d’avoir 5 jours d’avance sur ce temps de passage, c’est plutôt incroyable. J’ai un petit matelas d’avance sur les poursuivants, j’en profite ! Je me dis que ce qui est fait est fait, j’attends de savoir à quelle sauce je vais être mangé dans l’Atlantique sud.
Et le Mono est en bon état ? Oui il est en bon état, il y a toujours quelques petites bricoles à régler, c’est normal mais dans l’ensemble, c’est plutôt positif, je touche du bois ! Mais tout ça, c’est aussi grâce au travail du team tout au long de la saison. Ce bateau qui est aux avant-postes avec un bon temps de passage, c’est vraiment grâce à eux.
Que retiens-tu des mers du Sud ? Ça a été rythmé, un Indien tonique, un Pacifique compliqué, c’est le cas de le dire.
C’était assez engagé dans les mers du Sud mais, ça n’est pas une surprise.
Il y a quatre ans, cette traversée était plus simple, on n’avait pas eu de gros temps avec François (Gabart), nous étions passés au travers des grandes dépressions. Cette année, ça ressemble plus à ce que j’ai vécu il y a 8 ans, avec des conditions à peu près similaires, un Indien froid et humide. Content d’en avoir terminé avec cette partie du parcours en tout cas. Là, c’est toujours humide sur le pont, il y a un peu de mer, ça mouille et il ne fait pas très chaud. Cette nuit, j’ai encore eu le droit à une belle averse, un mix entre de la grêle et de la neige mais d’ici quelques jours, on va enfin retrouver des températures plus clémentes, j’ai hâte.
Est-ce que tu arrives à prendre du temps pour bien manger et te reposer ? Depuis hier, c’est un luxe d’avoir un bateau qui est stable pour dormir, c’est plus agréable, ça fait du bien. C’est même surprenant au début ! Hier, j’ai bien mangé, je profite, j’ai pu ranger, faire du tri et « faire un petit coup de propre sur soi ». Ça fait du bien d’aérer le bateau et le bonhomme (rires). Pas une douche complète mais je sors un peu de ce mode « guerrier » que nous avons depuis quelques semaines.
Comme tu le dis, tu as un bon « matelas d’avance » sur les poursuivants, tu t’attendais à ça il y a quelques jours ? Franchement, je ne me suis jamais monté de scénario, sur cette course. De toute façon, je sais très bien que tout peut arriver et que la route est encore longue. Je fonctionne au jour le jour depuis le départ. Alors oui l’écart s’est creusé avec Alex (Thomson) depuis quelques jours, tant mieux mais je suis lucide, c’est encore loin d’être gagné. Il reste plus de 3 semaines de course. Si je ne me trompe pas, lors de la dernière édition, j’avais mis 27 jours pour remonter l’Atlantique. En 27 jours, il peut se passer tout et n’importe quoi…
Un petit mot sur ton Noël à bord ? Je n’y pense pas, j’ai l’impression que c’est loin Noël pour moi.
Je sais que ça va être difficile comme à chaque fois d’être loin de ma femme et de mes enfants mais une étape après l’autre, là j’ai envie de savourer ce cap Horn… Je vais vous laisser, je vais faire le matossage, j’ai 800 kilos à basculer et je vais en profiter pour récupérer ma petite bouteille de champagne !
CLASSEMENT DE 15H :
1) Armel Le Cléac’h – BANQUE POPULAIRE à 7 010 milles de l’arrivée.
2) Alex Thomson – HUGO BOSS à 787 milles du leader
3) Jérémie Beyou – MAITRE COQ à 1 613 milles du leader
4) Jean-Pierre Dick – ST MICHEL – VIRBAC à 2 126 milles du leader
5) Yann Eliès – QUEGUIGNIER – LEUCEMIE ESPOIR à 2 210 milles du leader
Cette édition aura révélé Thomas Ruyant. Son sens marin, sa tenacité et sa capacité à poursuivre sa route malgré les problèmes rencontrés. Avec un sang froid et une maîtrise étonnante, Thomas est parvenu à maintenir à flot sur plus de 220 milles un voilier en train de se disloquer sous ses pieds. Sonné, incrédule, Thomas a réussi à ramener à bon port son bateau coupé en deux mercredi dernier, évitant un démâtage annoncé et un sauvetage en haute mer. Avec l’aide de son boat captain et ami Laurent Bourguès, venu en toute urgence le rejoindre, il se plonge depuis dans de fastidieux travaux de consolidation du bateau, sain dérivatif à la déception et à l’amertume. Durant 44 jours seul en mer, Thomas Ruyant s’est affirmé comme un marin complet, un compétiteur acharné, et un homme attachant, simple, honnête. Un homme à l’image des « humbles héros » du Projet Imagine et plus largement de tous ceux qui s’engagent, tous ceux que le collectif fédéré par Le Souffle du Nord souhaitait mettre dans la lumière, et dont Thomas a, avec fierté, porté les couleurs de l’Atlantique au Pacifique. Retour sur un mois et demi d’aventures inattendues…
Le chenal des Sables
Avant même le coup de canon, le Vendée Globe a déployé toute sa magie aux yeux de Thomas Ruyant ; « On ne sort pas indemne de cette descente du chenal des Sables. Cela n’a duré qu’un quart d’heure, mais ces 15 minutes m’ont profondément marqué. Ce n’est pas si souvent que nous marins, sommes confrontés à une telle ferveur populaire. Tout cet amour qui vous arrive par vagues ininterrompues ! J’y ai souvent repensé les jours suivants… »
Dégolfage express
« Puis la course est partie, vite, très vite, avec un dégolfage express. Je me suis tout de suite senti à l’aise. J’étais bien, placé comme je l’espérais, non pas en tête, mais dans le bon peloton, avec des marins du calibre de Jean Le Cam ou Yan Eliès. Le rythme a été difficile à suivre, et les meilleurs bateaux ont commencé à creuser les écarts. J’ai pris la mesure que j’étais en piste pour un tour du monde, et je suis entré dans ma course, bien en phase avec les éléments, vigilants à toujours porter la bonne toile, avec les bons réglages. Cette première partie de course en Atlantique a été très agréable, avec de la vitesse, au contact dans les alizés. »
La réalité du Vendée
« Avec l’entrée dans les 40èmes, on touche à la dure réalité du Vendée Globe. C’est une forme de navigation nouvelle qui a commencé. On cherche en permanence à bien se placer avec les systèmes météos qui nous arrivent par derrière. On n’est plus dans un rythme de transats, mais on vit en fonction des dépressions australes. C’est là que les marins d’expérience comme Dick et Le Cam ont fait merveille. Ils ne font pas d’erreur malgré la fatigue, ont les bons réflexes quand une situation inhabituelle surgit. J’ai beaucoup appris en ce qui me concerne, surtout suite à mes erreurs. La fatigue a commencé à se faire sentir avec l’Océan Indien. On est au taquet, mais autrement. On navigue moins toilé, mais tout aussi vite. On gère l’homme et la machine différemment. »
Le désert de l’Indien
« Cet océan entre Afrique et Australie est un désert, une immensité hostile. On a dû se restreindre à un étroit goulet entre la zone des glaces et les zones de hautes pressions descendues de Madagascar. Le froid s’installe et rend tout séjour sur le pont difficile. J’ai fait mes premières erreurs que j’ai payées cash en milles perdus, et en galère pour réparer. Mais j’ai chaque fois trouvé les solutions, bien aidé par les conseils de Laurent (Bourguès). Lattes, chariot, « mule »… les avaries se sont succédées avec la casse du schnorchel et cette effrayante voie d’eau. Cela a été une épreuve moralement très difficile. J’ai su réparer. Et je suis devenu plus contemplatif. J’avais des nuées d’oiseaux qui me suivaient en permanence, albatros et autres. Le ciel y est incomparable, avec des lumières incroyables sous les fronts. J’étais là où je voulais être. Ma fuite vers le nord m’avait mis dans une position similaire à celle de Jean-Pierre Dick après son passage dans le détroit de Bass. Le Pacifique s’annonçait clément, et j’allais m’y régaler avec un bon angle au vent. A ce moment de la course, je pensais que le plus dur était derrière moi. J’avais surmonté mes avaries, et le Pacifique s’offrait à moi, avec ce cap Horn en point d’orgue… C’est là une chose que je regrette le plus aujourd’hui, la frustration d’être privé de ces grands moments dans le Pacifique. »
Un impact traumatisant
« Puis est survenu ce choc, énorme, qui m’a projeté en plein sommeil sur le pied de mât. Les dégâts me sont apparus immédiatement dans toute leur épouvantable ampleur. Mais ce n’était que les prémices de ce qui m’attendait les heures suivantes. Naviguer avec un bateau brisé, en passe de se désintégrer est traumatisant. Je m’y suis attelé, soutenu par l’idée que je n’étais pas loin des secours. Il me suffisait d’appuyer sur le bouton de ma balise, et l’hélicoptère serait apparu. Mais je ne pouvais me résoudre à abandonner le bateau. Il fallait que je le ramène. J’ai vite vu qu’un énorme coup de vent descendait sur moi. J’ai entamé une course contre la montre, contre la dégradation de mon bateau, et contre l’arrivée de la tempête. J’étais à la cape, à sec de toile, et je me suis rendu compte qu’à cette vitesse, la tempête serait vite sur moi et que mon bateau ne résisterait pas. J’ai renvoyé de la toile, en serrant les fesses car mon gréement était mou. Je risquais le démâtage. Je ne pouvais reprendre de la bastaque au risque de plier davantage le bateau. Le vent est rentré, vite et fort. Avant que je ne comprenne, j’avais 50 noeuds. Mon bateau est parti au lof, car mon système de barre était endommagé. J’avais la balise dans les mains, et j’ai été souvent à quelques millimètres de déclencher l’alerte. Le bateau s’est remis droit à 90 degré du vent. Je suis parti au reaching à plus de 15 noeuds, avec l’avant du bateau plein d’eau. Puis, en arrivant sous les côtes de la Nouvelle Zélande, le vent a molli progressivement, 30, puis 20, puis 15 noeuds. J’ai su que c’était gagné. J’ai respiré, j’ai ouvert les yeux et là, comme un signe venu d’ailleurs, le soleil s’est couché derrière les montagnes néo zélandaises. Quel cadeau ! Un albatros est apparu. Je me suis assis et j’ai appelé ma femme. » Des homards pour cadeau d’accueil
« Les Coast Guards sont arrivés, un peu en mode cow boy, prêts à sauver le monde. Cela m’a fait sourire car je n’avais plus peur, et je savais le gros du danger derrière moi. Ils sont montés à bord, et Stuart a tout pris en charge. Il m’a dit d’aller dormir, et je ne me suis pas fait prier. A mon réveil, nous étions en approche de Bluff et le soleil se levait. Comme la veille, ce fut un moment de grâce absolument somptueux. On s’est amarré sur un bout de ponton au fin fond d’un port de pêche, un peu perdu et déroutant. J’ai mis pied à terre et ai aperçu un bateau de pêche qui approchait. Il venait vers moi et j’ai craint pour mon bateau endommagé. Je suis monté sur le pont pour surveiller sa manœuvre. Arrivé à quelques mètres, un pêcheur est sorti sur le pont du navire, une vraie tête de pirate. Il m’a regardé, puis a balancé un sac sur le pont. Il a porté deux doigts à sa visière est reparti. J’ai regardé dans le sac, il y avait 9 homards vivants ! Merci les Kiwis ! » Cette aventure me porte
« Depuis deux ans, je rencontre des tas de gens incroyables, grâce à Fred (Bedos), l’ONG Le Projet Imagine et au Souffle du Nord. Je ne les remercierai jamais assez. Ce sont des années très riches dans ma vie. L’aventure m’a porté et continue de me porter. Je prends toute la mesure aujourd’hui de son caractère unique, de l’impact profond qu’elle a sur un grand nombre de personnes et en particulier sur moi. J’espère en avoir été digne sur ce Vendée Globe… Je tiens à dire MERCI à tous nos supporters qui me soutiennent dans les bons et mauvais moments. MERCI d’avoir organisé ce Ch’ti Haka et pour ce rassemblement aujourd’hui à Dunkerque. Et puis MERCI à tous ceux qui s’engagent pour les autres, c’est une grande fierté de vous représenter. » Et maintenant…
« Laurent Bourguès est arrivé et nous nous sommes immédiatement mis au travail. Non pas pour réparer, car nous n’en avons ni les outils ni les moyens. Mais pour consolider la plateforme dans le but de pouvoir rejoindre le petit port de Dunedine qui permettra de mettre le bateau en totale sécurité. Nous utilisons tout ce qui nous tombe sous la main, bois, contreplaqué pour renforcer la structure. Une fois là-bas, on y verra plus clair et on envisagera la suite. Je pense, j’espère, regagner la France à la fin du mois, pour fêter les 4 ans de mon fils le 1er janvier… »
IDEC SPort a fait un “temps correct” jusqu’à l’Equateur selon Francis Joyon. Il lui aura fallu 5 jours, 18 heures et 59 minutes pour parcourir la distance entre la ligne de départ de Ouessant et l’équateur, soit deux heures et 59 minutes de plus que le tenant du titre Banque Populaire V. Un temps qui reste ainsi « dans les roues » du détenteur du trophée.
Le pot au noir apprécie décidément beaucoup la présence en ses eaux perturbés du grand maxi rouge et blanc qu’il tarde à libérer, après l’avoir englué durant déjà plus de 24 heures.
Après quatre superbes journées de glisse dans l’alizé avec des pointes de vitesse enregistrées à 40 noeuds au large des îles du Cap Vert, IDEC SPORT est depuis mardi soir confiné à des vitesses indignes du plus modeste des monocoques, ne parcourant qu’un peu plus de 200 milles ces dernières 24 heures. Entre vent modéré d’un secteur très inhabituel en ces contrées, flux de nord ouest désorganisé, et franche pétole, les Joyon, Surtel, Pella, Stamm, Audigane et Gahinet tentent de se frayer un chemin vers les alizés de sud est qui leur tendent les bras. A ce moment de son chrono record, Banque Populaire V, fortement décalé dans l’ouest par rapport à IDEC SPORT, allongeait la foulée à plus de 25 noeuds. L’écart longtemps positif est désormais passé en négatif, plus de 40 milles ce matin, appelés à enfler tant que Joyon et ses hommes ne seront pas entrés franchement bâbord amure dans l’alizé.
“Virage à 90° pour s’orienter vers Brest” : Thomas a débuté son contournement de l’anticyclone des Açores, et devrait empanner dans l’après-midi. Ca bouge à bord : venez faire un tour 🙂
Juste avant le Nautic de Paris, la FIN avait annoncé son souhait de reprendre en main l’organisation de ses salons. Elle a donc créée la structure « Nautic festival sa », dédiée a l’organisation technique des salons nautiques avec à sa tête Alain Pichavant, commissaire général du Nautic qui pourra ainsi assurer la continuité.
Les salons nautiques français, au delà de l’événement, représentent un enjeu économique de 1er plan pour l’industrie nautique :
Les salons nautiques français, qui sont des événements populaires d’importance, sont également les principaux lieux de vente pour l’industrie nautique.
Celle-ci réunit plus de 5 000 entreprises et emploie plus de 40 000 personnes sur le territoire. Les grands salons (Paris, Cannes et la Rochelle) agissent comme de véritables poumons de l’activité économique. S’ils ont accueilli en 2016 près de 350 000 personnes, ils ont surtout permis de réaliser près de 70% des ventes sur le marché Français.
Dans un environnement fortement concurrentiel (près de 3 bateaux sur 4 sont exportés), leur développement est donc un élément vital. C’est pourquoi l’ensemble des fédérations nationales en Europe et aux USA sont toutes propriétaires des principaux salons qu’elles organisent ; la seule exception étant celle du BOOT de Düsseldorf (propriété de la ville).
C’est également le cas en France où la Fédération des Industries Nautiques est propriétaire des salons nautiques de Paris (le Nautic), de Cannes (Yachting Festival de Cannes), parraine celui de la Rochelle et depuis peu, également les Nauticales de la Ciotat.
A nouveaux enjeux, filiale et équipe dédiées :
La FIN avait depuis 1998 confié l’organisation de ses deux salons à la filiale d’un groupe anglo-saxon. Elle a rompu le 21 octobre dernier le contrat les liant, à l’issue de l’éviction d’un de ses dirigeants, M. Jean-Daniel Compain, en charge des salons nautiques français et après plusieurs mois de discussions infructueuses. La FIN a introduit, dès cette rupture, une action devant le Tribunal de Grande Instance de Paris, pour faire valoir ses droits. Cette situation a conduit la FIN à créer une filiale : Nautic Festival, société anonyme à conseil de surveillance et directoire qui a pour objet l’organisation technique des salons nautiques.
Nautic Festival SA a désormais comme Directeur Général M. Alain Pichavant. Alain Pichavant jouit d’une expérience de plus de 20 ans dans l’organisation technique des salons nautiques et dans le management des équipes. Il sera assisté par M. Fabien Métayer, Délégué Général de la FIN, qui possède une forte expérience professionnelle en matière de relations institutionnelles et de communication. M. Pichavant et M. Métayer forment le directoire de Nautic Festival SA. Le conseil de surveillance de Nautic Festival SA est composé de M. Yves Lyon Caen, Président de la FIN, ainsi que Messieurs Jean-Pierre Goudant et Stéphan Constance, Vice-présidents de la FIN.
Stéphane Le Diraison avance péniblement avec son mât de fortune à 600 milles d’Australie. Il s’évertue à améliorer son système de secours pour avancer un peu plus vite. Il a pu notamment mettre un peu plus de toile.
Les conditions ont molli et il est maintenant confronté à une zone compliquée pour espérer tirer profit de sa mini-voile de fortune. Il confiait hier : « Déjà que je suis à 4,5 noeuds de moyenne pendant 36 heures avec 30-35 noeuds de vent, avec 15 noeuds de vent je suis assez inquiet car je risque d’aller à 2 noeuds. Ca va commencer à devenir gênant voire critique. La météo à venir me pose un vrai souci : je ne peux pas remonter au vent comme ça et forcément le vent est très changeant. La blague pourrait bien durer et devenir de moins en moins drôle… Je ne sais pas trop encore comment je vais pouvoir me sortir de tout ça »
Stéphane subit une dorsale qui lui barre la route et les nerfs vont devoir être solides ces prochains jours dans cette zone dénuée de vent.
A bord de « Compagnie du Lit – Ville de Boulogne-Billancourt », le skipper a fait appel à ses capacités de bricoleur hors pair pour inventer un système ingénieux lui permettant de maitriser au mieux sa trajectoire :
« J’avais gardé un morceau de grand-voile d’une dizaine de mètres carré qui restait suite à la bataille du démâtage. J’ai attendu que la houle diminue et j’ai enfin pu sortir sur le pont tout en restant très attentif car je n’ai plus de filières pour me protéger. J’ai redescendu mon gréement pour hisser une drisse et tenter de me faire une voile améliorée. Je me suis transformé en maitre-voilier pour tailler une grand-voile de secours et l’adapter à mon gréement. Opération réussie ! J’ai pu rehisser mon mât de fortune et j’ai désormais un peu plus de toile. Je vais pouvoir loffer un peu plus quand j’aurais le vent de face, sinon je risquais de repartir d’où je viens et la boucle est sans fin… »
Suite à son avarie le système de relève de ses dérives était également détruit et ses deux appendices étaient dans l’eau, augmentant la trainée du bateau fortement.
Dans son opération d’aventurier, Stéphane a réfléchi pour bricoler un système fait maison : les deux dérives sont désormais hors de l’eau et ces deux installations redonnent un peu d’espoir pour tenter de mettre le cap vers l’Australie.
La route va être longue et les conditions météo risquent de lui jouer des tours, Stéphane va devoir prendre son mal en patience pour atteindre l’Australie d’ici la fin de l’année.
Stéphane devrait réussir à rejoindre l’Australie d’ici une dizaine de jours.