Alex Thomson a finalement croisé hier devant SMA et PRB. Après une nuit passée à régler ses voiles dans un vent léger le skipper d’Hugo Boss pensait ne pas être devant au petit matin. Mais ce vendredi après-midi, c’est finalement avec 10 milles d’avance qu’il a pris la tête du trio alors que Boris Hermann au nord conservait la tête de la course. Ce samedi, après avori accéléré, il a 63 milles d’avance sur SMA et 83 mn sur PRB.
Derrière Hugo Boss, Paul Meilhat est bluffant. Il tient la cadence avec son Imoca à dérive droite. En revanche, PRB ne semble pas à la fête et suit tout juste la cadence de SMA, 11,7 nd pour SMA contre 11,3 nds pour PRB en 24h. Les propos de Jacques Caraes, directeur de course expliquant que le ralentissement brutal d’un bateau sont synonymes d’une casse se corroborent aux vitesses constatées sur PRB depuis 24h. Le bateau est loin de son potentiel que l’on a pu voir au Défi Azimut et sur son début de course. Pour des questions stratégiques de course et de com, il est fréquent que les marins et les équipes ne veuillent pas communiquer sur leur problème mais il apparaît de plus en plus clair que PRB ne peut plus compter sur l’apport de ses foils, le bâbord notamment …
4ème à 183 milles d’Alex et 62 milles de Vincent, Yann Eliès tente de recoller. Il pourrait faire la bonne affaire avec une 3ème place sur le podium.
Thomson s’échappe, Riou a cassé ?
C’est reparti pour Thibaut Vauchel-Camus !
Cela a été une escale expresse pour le Multi50 Solidaires En Peloton – ARSEP. Moins de 8 heures après son arrivée aux Açores, Thibaut Vauchel-Camus est de nouveau en mer en direction de la Guadeloupe. Le marin guadeloupéen, malouin d’adoption, est troisième au classement provisoire de la Route du Rhum et va tout faire pour rester sur le podium. C’est une véritable opération commando qui s’est mise en place dès que Thibaut a annoncé hier midi son avarie sur le rail de grand-voile et l’anneau du chariot de têtière. Très vite, l’équipe technique du Défi Voile Solidaires En Peloton a réussi à réunir les bonnes pièces et a rejoint en avion les Açores pour prêter main forte au navigateur. Six experts ont donc travaillé toute la nuit afin de remettre Solidaires En Peloton – ARSEP en ordre de marche et cela grâce notamment au soutien et à la fidélité indéfectibles des partenaires du projet, sans qui l’aventure sportive de Thibaut n’existerait pas.
???? [PHOTO DU BORD] Skipper CONTENT
????@thibautvauchel : “CE N’EST PAS LE FAIT D’AVOIR DU M’ARRETER QUI VA M’EMPECHER D’ETRE CONTENT DE REPARTIR ! ON N’A PAS FAIT LA MOITIE !!!! Escale incroyable avec une equipe et des proches de dingues !!!!”#CestRepartiMonKiki #GoThib #ABloc ❗️ pic.twitter.com/jhoxYXiOkJ— Défi Voile SEP (@DefiVoileSEP) 10 novembre 2018
Opération commando réussie !
Fabien Delahaye, routeur de Thibaut et sur place cette nuit : « Dès notre arrivée, nous avons fait un point avec Thibaut puis il a été dormir afin de recharger ses batteries totalement. Nous avions chacun notre rôle spécifique de part nos spécialités et nous nous sommes mis au travail méthodiquement pour le bon déroulement des opérations. Tout s’est bien goupillé. Nous avons inspecté l’ensemble du bateau et avons changé la têtière ainsi qu’une partie du rail de grand-voile pendant que l’électronicien a réglé quelques soucis. Nous sommes intervenus également sur le moteur. Sur place, des personnes super efficaces nous ont bien aidé pour le nouveau départ et les manœuvres de port. Thibaut est reparti le couteau entre les dents. Avant l’avarie, nous cherchions un trou de souris pour franchir l’anticyclone des Açores. Le fait d’être maintenant en retard, et donc dans une nouvelle situation météo, nous permet de contourner cette grande bulle un peu plus vite et de choper les alizés un peu plus rapidement. Il sera alors temps de glisser au portant vers la Guadeloupe, ce que Thibaut mérite vraiment. Il a un beau challenge devant lui, à savoir garder une place sur le podium. »
Un skipper motivé
Thibaut, à son arrivée hier aux Açores : « Mon arrivée a été difficile à Sao Miguel et j’ai réussi à accoster grâce à l’équipe d’Erwan Le Roux. Dans mon malheur j’ai eu la chance de casser non loin de la côte car si cette avarie était arrivée en plein milieu du golfe de Gascogne ou plus tard cela n’aurait pas été la même chose. Le podium est encore jouable. Je suis très motivé et je sens que tous mes supporters sont derrière moi et que mon équipe technique va assurer, comme d’habitude. Verdict demain car, encore une fois, il faut que les réparations se passent au mieux. »
Retour en arrière
« Mon trimaran est arrivé un peu tard dans la saison après sa construction. J’ai découvert beaucoup de choses sur ce début de Route du Rhum, notamment la mer forte et le vent puissant. Il m’a manqué un peu de temps dans ma préparation mais j’ai l’impression de l’avoir rattrapé sur cette première partie de course. J’ai débuté ma Route du Rhum dans un mode « intelligent », ne voulant pas tout casser et j’étais bien conseillé par mes routeurs. Le sens marin a vite pris le dessus. Armel Tripon a été très bon depuis le début et le jeu s’est ouvert pour lui au Sud mais j’étais pas mal non plus en réalisant notamment jeudi une journée d’anthologie à des vitesses très élevées. Je voyais alors la fin du tunnel et j’étais totalement dans le match pour la gagne même si je dois avouer que je me surpris à piquer du nez à plusieurs reprises alors que j’étais à la barre. Heureusement que les paquets de mer me réveillaient ! »
L’équipe technique présente aux Açores :
Fabien DELAHAYE
Frederic DUTHIL
Benjamin LAMOTTE
Hugo DHALLENNE
Simon VASSEUR
Valentin AURIACOMBE
La cartographie
Les vacations
Images reçues à l’instant et petit mot de Thib :« Ce n’est pas le fait de mettre arrêter qui va m’empêcher d’être content et de repartir, merci à tous et à mon équipe technique. »
Vidéo du bord : AVANT et APRÈS l’avarie survenue dans la journée de vendredi.
Thibaut Vauchel-Camus
Né le 15 octobre 1978, originaire de Guadeloupe, réside à Saint-Malo, vainqueur de la Drheam Cup 2018, vainqueur de The Transat 2016 en Class40, deuxième de la Route du Rhum 2014 en Class40, double vainqueur du Championnat Class40 2015 et 2016, quatrième de la Transat Québec Saint-Malo 2016, vainqueur du circuit des Flying Phantom 2016, troisième en 2017, spécialiste reconnu du multicoque, quintuple champion de France de Formule 18 de 2005 à 2008…
A propos de la sclérose en plaques et de la Fondation ARSEP
Maladie inflammatoire du système nerveux central chronique et invalidante, la Sclérose en Plaques survient dans la majorité des cas chez de jeunes adultes, autour de 30 ans. Elle touche 100 000 personnes en France et 2,3 millions dans le monde. 4 000 nouveaux cas par an sont diagnostiqués en France, soit 1 cas toutes les 4 heures et 3 malades sur 4 sont des femmes. C’est également 800 enfants touchés.
Ni la cause, ni le remède ne sont connus actuellement. Seuls existent des traitements symptomatiques de la maladie, la recherche est l’unique espoir des patients pour que demain l’on puisse guérir.
Issue de l’ARSEP créée en 1969, la Fondation pour l’aide à la recherche sur la Sclérose en Plaques (ARSEP), née le 18 avril 2010, est la seule Fondation reconnue d’utilité publique se dévouant exclusivement à la recherche sur la Sclérose en Plaques. Elle a deux missions essentielles :
– Financer les équipes de recherche qui étudient cette pathologie
– Informer et sensibiliser le public sur les avancées médicales, thérapeutiques et scientifiques.
Son Comité Médico-Scientifique, présidé par le Pr Thibault Moreau (CHU Dijon), sélectionne selon une procédure rigoureuse et impartiale les meilleurs projets de Recherche auxquels sont attribués annuellement près de 2 millions d’euros.Habilitée à recevoir des legs et donations, la Fondation ARSEP ne fait appel qu’à des dons privés et ne perçoit aucune subvention.
https://www.arsep.org/
A propos de Solidaires En Peloton
“Solidaires En Peloton” (SEP comme sclérose en plaques) est la marque sportive qui représente la Fondation ARSEP lors d’événements sportifs. Son but est de faire connaître la sclérose en plaques au plus grand nombre et de communiquer sur les bienfaits du sport dans cette maladie grâce à son implication dans de nombreux événements en donnant de la force à ceux qui n’en ont pas. C’est aussi un moyen de collecter des fonds au profit de la Fondation ARSEP et donc de la recherche sur la maladie.
A propos du Défi Voile Solidaires En Peloton
Créé en 2012 par Victorien Erussard et Thibaut Vauchel-Camus, le Défi Voile Solidaires En Peloton prend racine lors d’une discussion entre amis. Les frères d’une patiente, désemparés par la souffrance de leur soeur et ne sachant plus comme l’aider, se confient à Thibaut et Victorien. Ces derniers, affectés, décident alors de sortir du modèle du sponsoring classique de leurs projets voiles pour les mettre au service d’une cause. Des partenaires mécènes ainsi que des particuliers vont alors soutenir financièrement le budget de fonctionnement du Défi Voile afin que la Fondation ARSEP soit pleinement bénéficiaire des dons générés par cette mise en lumière.
Un important pôle de partenaires engagés se forme (Sanofi genzyme, Thelem Assurances, Delanchy, Tomate Jouno, Concept Ty…), pérennisant l’action au fil des ans.
=> 5 objectifs pour le Défi Voile Solidaires En Peloton :
• Sensibiliser le public à la sclérose en plaques
• Faire naviguer des malades
• Être une plateforme media pour la Fondation ARSEP
• Collecter des dons au profit de la Fondation ARSEP
• Partager des valeurs avec des mécènes solidaires
Photos libres de droits pour la presse et le web en navigation et portraits Pierrick Contin
Photos aériennes Pierrick Contin
Photos embarquées par Pierrick Contin
DOSSIER DE PRESSE ROUTE DU RHUM / SOLIDAIRES EN PELOTON – ARSEP
Contact presse :
Agence TB Press
Tanguy Blondel
06 88 45 35 36
Le point sur la course par Yves Le Blévec
Yves Le Blévec et Stan Thuret livrent leur analyse de la course, routage à l’appui. Le Topo Carto #5
Joyon fait de la résistance

Inexorablement Francois Gabart creuse l’écart avec Francis Joyon160 milles ce vendredi à 17h. Idec Sport résiste bien pourtant. A l’entame du cinquième jour dans cette route du Rhum-Destination Guadeloupe, Francis Joyon apporte avec la plus désarmante simplicité, les réponses à toutes ces interrogations. Oui, IDEC SPORT tient le rythme de voiliers plus sophistiqués, plus légers, plus aériens. Oui Francis, à 62 ans, demeure le Joyon des tours du monde, des plus grand records, impérial à la barre, toujours en capacité à tirer le meilleur de sa fidèle monture. Souvent à plus de 30 noeuds, constamment à la relance, rivé à sa barre, se nourrissant de ce qui passe à la volée, Francis fait du Joyon, en maîtrise, en contrôle, en mode record…
« Le sommeil, comme l’alimentation, c’est un peu n’importe quoi en ce moment ! ». La voix calme et posée, teintée d’amusement à l’évocation de la vie du navigateur solitaire entré depuis hier dans l’alizé. On retrouve un Francis Joyon tel qu’en sa légende, celle du navigateur solitaire par excellence, en phase, en symbiose avec son bateau qui lui murmure de vague en vague ses envies de vitesse, de vol sur l’écume. 5 jours déjà que Joyon est à fond, que sa pugnacité et son savoir aller vite lui permettent de ne jamais être complètement lâché par un Macif toilé pour planer sur cette Route du Rhum.
Francis Joyon est totalement investi de la mission qu’il s’est auto-confiée, faire la démonstration que son IDEC SPORT, détenteur du tour du monde en 40 jours, peut encore se montrer à son avantage face aux libellules dernier cri. Course contre le temps, course contre l’histoire peut-être, cette Route du Rhum – Destination Guadeloupe est un défi taillé pour ce qui nourrit Joyon le marin, Joyon l’homme de tous les challenges. Etre présent là où on ne l’attend plus, là où on le dit battu d’avance, voilà ce qui alimente le fourneau de ses exigences. Et Francis de relever tous les gants, celui de la stratégie dans cet alizé hésitant. Celui de la persévérance et de la résilience dans l’effort ultime de la vitesse aéro-planante d’un IDEC SPORT à qui il redonne, de coup de barre en tours de winches, toute sa vélocité, tout son panache.
« Je demande tout au bateau, et à moi-même ! »
avoue-t-il, étrangement calme et reposé après cinq jours d’efforts non calculés. « Je barre beaucoup sous un chaud soleil d’alizé. Je mesure ma chance d’être là, de pouvoir naviguer comme j’aime le faire. Le bateau est en bon état et le bonhomme aussi. Nos foils, à 30 noeuds de vitesse, constituent une réserve de puissance étonnante. Ils sont faits pour la très haute vitesse. Le flotteur décolle, mais IDEC SPORT ne fait plus le fou… C’est un jeu d’équilibriste à la barre. »
Et Joyon de se projeter en permanence sur l’avenir, sur cet important empannage à déclencher très bientôt, pour un bord encore plus rapide vers la Guadeloupe. « Macif évolue dans un bon couloir de vent. On hésite à le quitter. Il y peu de coups à faire, mais tout se joue à si peu de choses… »
Croisement. Alex Thomson croise devant !
Hugo Boss, SMA et PRB sont dans un mouchoir de 10 mn. Alex Thomson leur a virer dessus vers 16h ce vendredi après-midi et compte 10 petits milles d’avance. Le top départ de la course vers l’ouest va bientôt être lancé. Chacun cherche encore la bonne latitude.
Paul Meilhat, 2e est lucide sur les différences de performances entre les bateaux.
Les mots d’Armel Le Cleac’h à son retour
Armel Le Cleac’h raconte sa course, le chavirage de son trimaran Banque Populaire IX puis son sauvetage. Les choses se mettent en place pour récupérer son bateau.
« Après Ouessant on se retrouve dans une zone de vent quelque peu compliquée.
Il y avait une transition, nous on décide d’aller chercher un peu plus de vent dans l’ouest.
Effectivement on se retrouve de nouveau à rattraper nos petits camarades qui s’étaient un peu échappés, il y a quatre bateaux devant moi et très vite on récupère quelques places, dû notamment aux avaries de deux concurrents directs Gitana et Sodebo, et puis je me retrouve en deuxième position dès le lundi soir dans le Golfe de Gascogne où on allait chercher cette deuxième dépression qu’on avait déjà bien surveillée depuis plusieurs jours à Saint-Malo à terre avec mon équipe, donc on continuait finalement notre stratégie comme prévu au départ.
On s’était vraiment donné des limites en force de vent et d’état de mer, pour pouvoir préserver le bateau.
Avant tout, l’objectif avec l’équipe était d’arriver en Guadeloupe. On savait qu’on avait le potentiel pour faire une belle place, mais d’abord l’essentiel était d’arriver. Pour ça on s’était mis des limites par rapport aux conditions météo. Malgré notre retard au départ, on n’a pas changé cette ligne de conduite avec Marcel mon routeur avec mon équipe à terre, donc on a continué cette stratégie, donc on avait un petit contre bord à faire dans l’ouest pour aller chercher une rotation de vent, dans des conditions de vent et de mer un peu plus fortes mais pas du tout dantesques. On est allé chercher jusqu’à 5 mètres de creux, il y avait des rafales à 35, 40 nœuds maximum, mais ça n’allait pas durer très longtemps.
Mardi matin, je suis tribord amure au près direction l’est des Açores et on continue notre plan de route avec notre équipe météo à terre. Les conditions se sont un peu dégradées comme prévu, on a 35 nœuds de vent, de la mer qui s’est un petit peu formée, Je suis à ce moment-là avec le minimum de voile à bord de Banque Populaire, 3 ris dans la grand-voile, le J3 ce qu’on appelle l’ORC, la plus petite voile de près, et le bateau avance normalement.
J’ai vraiment réduit la vitesse pour ne pas faire souffrir le bateau parce qu’on sait que c’est le moment un petit peu compliqué à passer que derrière les conditions dans la soirée vont nettement s’améliorer, et que finalement ensuite ce sera vraiment la descente, la glissade vers les Antilles.
Tout se passe bien, j’ai réussi à dormir quelques heures la nuit précédente pour justement passer ces conditions un peu difficiles, et puis le bateau avance normalement. Je suis à ce moment-là en veille au niveau du piano pour être à même de pouvoir choquer les écoutes parce qu’il y avait de temps en temps des petites surventes.
Tout d’un coup, le bateau bascule sur le côté, en quelques secondes, je ne me rends pas vraiment compte de ce qui se passe, le bateau est complètement gîté, je me rends compte qu’on est en train de chavirer. J’aperçois le flotteur sous le vent qui est détaché du bateau, donc je me dis qu’il y a dû y avoir quelque chose qui a lâché, je ne sais pas quoi, en tout cas, je suis plutôt dans l’urgence de gérer la crise, surtout pour moi d’essayer de trouver une solution pour être en sécurité et me retrouver si possible à l’intérieur du bateau dans la coque centrale quand le bateau aura fini de se retourner.
Je ne sais pas ce qui s’est passé, ça a été très rapide, le flotteur, ou quelque chose qui s’est détaché.
Là pour le coup, c’était tellement brutal et tellement rapide que j’ai été surpris, je ne m’attendais pas à ça bien sûr. Déjà il a fallu que je réussisse à rentrer dans le bateau, ça ne s’est pas fait facilement. J’ai réussi tant bien que mal à rejoindre la coque centrale et à rentrer par le hublot qui est prévu pour ça, à l’arrière, et donc me retrouver à l’intérieur du bateau, en sécurité, pour pouvoir déclencher les secours et notamment la balise de détresse. Je l’ai actionnée assez rapidement, ensuite j’ai pu ouvrir le sac de survie qui est à bord pour pouvoir avoir tout de suite les premiers outils pour pouvoir me mettre en sécurité et enfin contacter la terre.
J’ai appelé mon équipe pour leur dire que j’étais bien à bord et que ça allait même si j’avais assez mal aux côtes, j’étais un peu sonné mais j’étais dans le bateau sain et sauf et que j’attendais maintenant les secours pour venir me chercher. Ça a pris un peu de temps.
Après l’organisation du sauvetage s’est mise en place avec les différents organismes de sécurité, la Marine française, la Marine portugaise, la Direction de course et le Team Banque Populaire.
Les choses se sont faites progressivement, moi j’étais en contact avec la terre régulièrement, ils m’ont donné des nouvelles.
Déjà, ils avaient la position du bateau, ce qui était plutôt bien. Ensuite il a fallu dérouter un ou plusieurs bateaux. J’ai su plus tard qu’il y avait un cargo et un bateau de pêche qui allaient rejoindre la zone sur laquelle je me trouvais et qu’un avion français allait décoller pour pouvoir survoler ma position et qu’un deuxième avion portugais allait aussi venir sur zone. Ça a pris 6-7 heures avant l’arrivée du premier avion français, avec qui j’ai pris contact par VHF pour préciser ma position, pour dire que tout allait bien à bord, et à ce moment-là ils m’ont informé qu’un bateau de pêche portugais avait été dérouté et qu’il allait arriver sur zone en début de nuit vers 20h-21h (heure française), pour pouvoir me porter secours.
D’abord j’ai été récupéré par le bateau de pêche, c’était quand même un moment assez chaud, parce que les conditions de mer et de vent ne s’étaient pas vraiment calmées. Sur zone, c’était toujours bien agité, ça remuait pas mal dans le bateau. Le bateau de pêche est arrivé vers 20h.
On avait mis en place une organisation pour mon sauvetage : j’avais échangé avec les deux avions pour leur dire comment j’allais pouvoir sortir du trimaran et rejoindre le bateau de pêche. J’avais prévu de mettre mon radeau de survie à la mer, de monter dedans, et de rejoindre si possible le bateau de pêche à ce moment-là pour monter à bord. C’est ce que j’ai réussi à faire vers 21h.
Ça a été un petit peu compliqué parce que la mer était difficile, il faisait nuit mais heureusement, le bateau de pêche et notamment le Capitaine a très bien manœuvré, l’équipage a été formidable, ils m’ont vraiment bien aidé dans cette manœuvre.
Très vite j’ai réussi à monter à bord de ce bateau de pêche portugais où j’ai été très vite bien accueilli, ils m’ont proposé de prendre une douche de me donner des vêtements parce que j’avais uniquement ma combinaison de survie, et se sont souciés de savoir si j’allais bien. Vraiment très sympa l’équipage.
J’ai pu à ce moment-là prévenir mon équipe et les différents moyens de sauvetage pour dire que j’étais bien à bord et que l’opération de sauvetage s’était bien passée et qu’ensuite on allait rejoindre Vigo (Espagne), mais que ça allait prendre un petit peu de temps parce qu’il fallait deux jours et demi pour rejoindre le port de destination.
Toute l’équipe est mobilisée pour essayer de récupérer le bateau, aujourd’hui les choses se mettent en place.
C’est pas simple, parce que le bateau est entre les Açores et le Cap Finisterre, les conditions de mer et de vent sont un peu agitées en ce moment, il faut trouver les bons bateaux, il y a normalement un bateau qui va partir dans les heures qui viennent avec une partie du team Banque Populaire pour aller récupérer le bateau le plus vite possible. »
Analyse de la course Imoca par Morgan Lagravière
La moitié de la flotte s’est arrêtée et l’autre continue vers les Antilles. Yannick Bestaven a malheureusement dû abandonner, Jérémie Beyou, Alexia Barrier, Fabrice Amedeo, Manuel Cousin et Romain Attanasio comptent bien reprendre la mer après leurs escales respectives. En tête, un quatuor navigue dans les alizés et va se livrer une formidable bataille pour la victoire. Sauf coups de théâtre successifs, Alex Thomson, Paul Meilhat, Vincent Riou et Yann Eliès vont jouer la victoire. Derrière, d’autres batailles pour de belles places d’honneur se mettent en place. Morgan Lagravière nous fait part de son analyse de la Route du Rhum en IMOCA.
« Comme on pouvait s’y attendre, Alex Thomson, Paul Meilhat, Vincent Riou et Yann Eliès ont réussi à se faufiler au Sud de la dorsale anticyclonique qui va barrer la route de leurs poursuivants. Les leaders vont commencer à rentrer dans l’alizé profond de Nord-Est et donc s’échapper.
Pour ces marins, les plus au Sud, le confort à bord s’est clairement amélioré. C’est un beau moment de délivrance. Mais même dans l’alizé, il faut garder un niveau de vigilance très élevé pour éviter la sortie de route. La régate peut s’arrêter en un claquement de doigts, il suffit d’un départ au lof ou à l’abattée… D’un point de vue sportif, il reste des choses importantes à faire, et les quatre leaders vont se mettre la pression les uns les autres. Ils vont donc pousser les bateaux à fond et repousser leurs limites physiques. Mais attention car le début de course a laissé des traces sur les bateaux et les bonhommes.
« Paul Meilhat, loin d’être un outsider ! »
Je ne suis absolument pas surpris par les performances de Paul Meilhat. Depuis le début de la Route du Rhum, les concurrents ont souvent progressé dans des conditions plutôt à l’avantage d’un IMOCA avec des dérives droites. Il y a eu beaucoup de près et depuis peu, les premiers font du VMG (compromis cap/vitesse) portant. C’est encore une configuration favorable pour un bateau à dérives. C’est presque une surprise que des IMOCA à foils, notamment celui d’Alex, pas du tout typé pour le près, puissent s’en être sortis aussi bien.
Paul connaît bien la route pour avoir déjà gagné la Transat AG2R en Figaro (sur un parcours entre Concarneau et Saint-Barth). Il est aussi l’un des skippers IMOCA qui a parcouru le plus de milles ces dernières années. C’est tout à fait légitime qu’il se retrouve dans cette situation. Il est bien placé pour percer dans les alizés et remporter la Route du Rhum. Paul est loin d’être un outsider ! La situation est très ouverte et tous les espoirs sont également permis pour Alex Thomson, Vincent Riou et Yann Eliès.
« Une histoire de compromis »
La stratégie sur la suite du parcours va être intéressante à suivre. La route pour aller à Pointe-à-Pitre est plein vent arrière, il va donc y avoir des empannages à prévoir. Globalement, plus on est au Sud, plus on s’éloigne de l’influence de l’anticyclone et plus l’alizé est installé. Différentes trajectoires sont donc possibles. Pour résumer, soit on peut choisir de plonger plus au Sud, en faisant donc plus de route mais en touchant un alizé plus fort ; soit on peut essayer de « couper le fromage » par le Nord, mais ayant moins de pression. Ca doit commencer à mouliner dans les cerveaux des premiers car le choix va devoir se faire assez rapidement. Tout va être une histoire de compromis.
Il est possible que les trajectoires de Paul divergent de celles de ses trois concurrents. Le foil n’apporte pas toujours une valeur ajoutée. Dans certaines conditions c’est un frein plus qu’autre chose. Pour être efficaces et accélérer fort, les foilers doivent mettre plus d’angle dans leurs trajectoires. Toute la question est de savoir si le gain de vitesse peut compenser l’allongement de la route… Cela dépendra beaucoup de l’intensité de l’alizé. Si le vent monte beaucoup, les IMOCA à foils pourront « voler » et auront donc toutes leurs chances. C’est très intéressant car chaque bateau est différent, avec sa gamme de performances. Chaque marin navigue donc avec ses armes, avec les spécificités techniques de sa machine.
« Etre encore en course, une victoire en soi »
Derrière, Boris Herrmann a tenté une option tranchée mais je vois mal comment il va pouvoir s’en sortir car la dorsale qui barre la route est plus imposante dans l’Ouest, je ne vois pas vraiment l’alternative qui s’offre à lui. Cela dit, il est toujours en course, ce qui est déjà une victoire en soi. Beaucoup de très bons marins ont dû s’arrêter et ceux qui ont résisté à des conditions si violentes inspirent le respect, pour le dernier comme pour le premier.
Un bon petit groupe s’est formé avec Stéphane Le Diraison, Alan Roura, Damien Seguin et Arnaud Boissières. Les premiers vont buter dans la dorsale et ralentir, ce qui devrait permettre à Arnaud de revenir. Ils seront probablement tous les quatre assez proches au moment d’attraper l’alizé. Il va y avoir un match dans le match sympa à suivre. Pour eux, cela doit être stimulant de naviguer ainsi au contact. La proximité rassure et permet de se dépasser. Ils engrangent de l’expérience et prennent du plaisir. Et ils se battent pour la 5eplace sur la Route du Rhum, ce n’est pas rien ! Ils font une très belle course.
« La variété de la classe IMOCA est une force »
Je suis aussi Erik Nigon et Ari Huusela. Je ne les connais pas mais je constate que pour des bizuths de l’IMOCA, ils répondent bien présents. Cette première transat en solitaire peut être marquante pour eux. La mixité des profils, des parcours sportifs et des générations est l’une des marques de fabrique de la classe IMOCA. Les concurrents n’ont pas forcément le même niveau sportif sur l’eau mais chacun fait sa course, raconte une histoire. Cette variété est une force. »
Morgan Lagravière
Le palmarès de Morgan Lagravière en IMOCA
– Participation au Vendée Globe 2016-2017
– 2 participations à la Transat Jacques Vabre (3een 2017 avec Eric Péron)
– 9e de la Transat New York/Vendée 2016
– 4e de la Transat Saint-Barth/Port-la-Forêt 2015
– 3e de la Rolex Fastnet Race 2015
Avarie à bord du Multi50 Solidaires En Peloton – ARSEP
Depuis ce matin, la route prise par Thibaut Vauchel-Camus n’annonçait rien de bon en le voyant faire demi-tour et revenir vers les Açores qu’il avait dépassé durant la nuit. En fin de matinée, Thibaut Vauchel-Camus a annoncé à la direction de course de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe et à son équipe à terre qu’une partie du rail de la grand-voile de son trimaran s’est arraché du mât. L’anneau du chariot de têtière sur lequel est pris le lashing a explosé dans la foulée. Thibaut fait actuellement demi-tour et se dirige vers Sao Miguel aux Açores.
Solidaires En Peloton – ARSEP, alors en tête des Multi50, réalisait depuis le début de la Route du Rhum, et malgré les conditions météos dantesques, un parcours quasi sans-faute avec plus de 150 milles d’avance sur le deuxième, Armel Tripon.
Armel Le Cleac’h a rejoint Vigo
Armel a rejoint ce matin le port de Vigo où l’attendaient des membres de son équipe. Recueilli par l’équipage du Sonho de Infancia mardi soir, il va maintenant pouvoir rejoindre ses proches en Bretagne. Interview à venir dans l’après midi. La récupération du Maxi Trimaran est en cours actuellement par son équipe.

















