Le Multi50 Groupe GCA – Mille et un sourires skippé par Gilles Lamiré et Antoine Carpentier finit de passer le Pot-au-noir qui aura été assez clément avec eux. Ils disposent de 90 milles d’avance sur Thibaut Vauchel-Camus et Fred Duthill qui vont avoir du mal à revenir sur eux. Mais il reste encore 1000 milles à parcourir. Rien n’est joué. Pour Primonial, skippé par Sébastien Rogues et Matthieu Souben difficile d’espérer un retour alors qu’ils sont distancés de 340 milles du premier et que le Pot au Noir semble se refermer devant eux.
En IMOCA, Charal a accéléré avant de s’engluer dans le Pot au noir. Il est suivi par Apivia à 100 milles lui-même sous la coupe d’11th Hour Racing qui se rapproche dangereusement voire le dépasser par l’ouest tandis PRB et Banque Populaire se bagarrent comme des fous avec 2 milles d’écart par rapport à la route directe. L’incroyable remontée de Thomas Ruyant et Antoine Koch sur Advens for Cybersecurity leur permet de raccrocher le wagon des 5 IMOCA positionnés dans l’ouest des îles du sud de l’archipel du Cap Vert. On notera également la belle trajectoire de Newrest – Arts & Fenêtres qui reprend des milles après son passage à l’intérieur des îles. A plus de 1000 milles de Charal, Ariel 2, mené par l’équipage norvégien Huusela/Fergusson, pénalisé par une grand-voile très abîmée depuis le golfe de Gascogne, fait du mieux qu’il peut !
Class40 : Le grand écart
600 milles séparent ce matin le leader de la flotte Crédit Mutuel, du dernier Equipe Voile Parkinson qui recommence à peine à accélérer à 7 nœuds sous l’île de Madère. Dans l’ouest des îles Canaries, des duels et des bagarres ont lieu, la régate ne s’arrête décidément jamais ! Chocolats Pariès – Coriolis Composites et Prendre la mer Agir pour la forêt ont à peine 3 milles d’écart. A la 9e place Edenred et Vogue avec un Crohn 8e, ne se lâchent plus d’une semelle à 1 mille, et Crosscall Chamonix-Mont Blanc ne doit surtout pas laisser passer Linkt s’il veut conserver sa 5eme position. Devant, c’est toujours le tandem Lipinski/Hardy qui tient la dragée haute toujours avec le même écart d’une bonne trentaine de milles devant Leyton et Aïna Enfance & Avenir. Sur ce long bord bâbord amures cap plein sud, pas de grande stratégie mais du placement et surtout de la vitesse max ! Le nouveau Class40 Crédit Mutuel est une vraie petite fusée.
Les 4 Ultimes ont embarqué un mediaman à bord afin de faire vivre la course de manière immersive le plus possible. Partis dans des conditions musclées à 30 nds, la vie à bord des Ultimes pour ces premières 24h s’annonce difficile.
L’écurie de course au large BE Racing, créée par Servane Escoffier et Louis Burton, lance l’appel à candidature des Sélections Espoir 2020. Pour la 6ème année consécutive, l’objectif de ces sélections est de permettre à un(e) jeune talent de se lancer dans l’univers de la course au large. Depuis sa création en 2013, le Projet Espoir est soutenu par Mer Entreprendre, un réseau de plus de 90 entreprises bretonnes.
Les conditions de participation aux Sélections Espoir 2020 sont les suivantes :
. Ces Sélections sont nationales.
.. Avoir entre 18 et 25 ans.
.. Etre licencié(e) FFVoile.
. Envoyer avant le 21 janvier 2020 à info@be-racing.fr :
. Une lettre de motivation.
. Un CV nautique.
. Un CV professionnel.
Les épreuves des Sélections Espoir 2020 :
. 1er tour (8 candidats) :
. Sur l’eau à Saint-Malo, régate sous observation de la Société Nautique de la Baie de Saint-Malo (SNBSM).
. Epreuve de sport et de résistance physique.
. Théorie : météo, navigation, culture générale course au large.
. Entretien individuel.
. Finale (3 candidats) :
. Vidéo de présentation personnelle, réalisée par chaque finaliste.
. Media training (interview vidéo).
. Navigation en solitaire.
BREST ATLANTIQUES 2019, de Brest à Brest, via Rio de Janeiro & Cap-Town, sans escale. Mardi 5 novembre, Départ de la Brest Atlantiques. @ Y. Zedda
Brest renoue avec la course au large et pas n’importe laquelle ! Brest Atlantiques est une course hors norme. Les quatre trimarans sont des monstres de carbone et de technologie de 30 mètres. Et pour la première fois dans la course au large, un troisième homme sera témoin de ce demi tour du monde en équipage. La décision a pu crisper certains membres d’équipages mais ces médiamans ont la chance d’être les témoins directs de cette confrontation unique au monde. Et nous d’en profiter aussi et au sec.
Dimanche 3 novembre.
La tempête Amélie, qui s’est mouchée sur la côte ouest, a contraint les quatre cathédrales de carbone à rester à quai. Côté météo, ambiance de fin du monde au bout du monde. 29è jour de pluie consécutif sur le Finistère et rafales de vent à plus de 30 nœuds.
A l’arrivée sur Brest, les mâts de Macif, Sodebo, Actual Leader et Gitana 17 ne passent pas inaperçus… Malgré la marée basse, il dépasse de tous les immeubles du port de commerce d’une dizaine de mètres. C’est en arrivant sur le quai du village de Brest Atlantiques que l’on prend la pleine mesure de la démesure de ces bateaux !
Et pourtant les teams gardent le sourire car le départ aura bien lieu mardi à 11 heures. Enfin. Martin Keruzoré, mediaman sur Sodebo, s’est offert une petite balade sur la plage de la pointe Saint-Mathieu pour oublier son impatience : « Je ne vais pas courir pendant 30 jours alors j’en profite ! » Après cette semaine de préparation, le stress s’est atténué car il est prêt : « Tout mon matériel photo et vidéo est prêt depuis longtemps. Il est vérifier, revérifier. J’ai vraiment hâte de partir ! » Serein certes mais aussi conscient des risques d’une telle course. C’est la première fois que ces bateaux vont s’affronter sur une aussi longue distance. La casse est évidemment l’angoisse principale de tous les équipages. Sans parler du chavirage… En cas de problème technique justement, contrairement au Vendée Globe, les bateaux peuvent faire escale n’importe où et bénéficier de l’assistance de leur équipe.
Le soir venu, l’ambiance dans la tente des teams est détendue même si l’on ressent une certaine fébrilité. Dernier verre avant le démontage du village. Un peu de nostalgie aussi après une semaine intense au contact du public, des médias.
Lundi 4 novembre
Le quai est désormais interdit au public. Le village disparaît peu à peu et, de loin, on voit les équipes techniques galoper et rebondir dans tous les sens sur les trampolines des bateaux pour les derniers préparatifs. Dans les cockpits, skipper et co skipper lancent les premiers routages. Ça va secouer pendant Les dix premières heures. Une belle houle est aussi prévue pour pimenter le départ.
@ Benoit Roux
Mardi 5 novembre
7h30. Le jour se lève à peine. Le vent souffle encore mais la rade de Brest de fume plus. Quelques cumulus traînent encore et le soleil devrait accompagner les marins pour le départ.
Gwénolé Gahinet (co skipper de Macif) est le dernier arrivé de tous les membres d’équipages. Pas de stress. Tranquille. Il répond à quelques questions de journalistes alors que toute son équipe est prête à larguer les amarres. Il ne donne pas du tout l’impression de partir pour ne course hors norme. Comme s’il partait se faire une transat’ avec des copains.
Les zodiacs de sécurité ronronnent. Gitana a son feu de tête de mât allumé et sera le premier à « lever l’ancre ». Sur le ponton, c’est l’agitation des dernières minutes. Dernières interviews, dernières images, dernières embrassades et rafale d’applaudissements pour chaque bateau quittant le quai. Le timing du départ est serré car le goulet doit être libéré de tous bateaux à 11 heures car un sous-marin est sur le point de rentrer.
Au phare du petit Minou, la houle rentre comme prévue. Les surfers s’enchaînent de belles gauches d’un bon mètre cinquante et pendant ce temps là, chacun dans leur coin, les équipages hissent les GV. 2 ris et pas de voiles d’avant pour la sortie du goulet. Puis ils se regroupent et partent rejoindre le large. Macif se prend quelques belles accélérations impressionnantes vue de la côte. Incomparable avec ce qu’ils vont vivre et subir pendant les trente prochains jours. Les autres suivent et en l’espace de 15 minutes, ils ne ressemblent plus à des géants. Le premier chapitre de Brest Atlantiques vient de se fermer, les autres s’annoncent passionnants !
Les 4 Ultimes ont enfin pu lâcher les chevaux après avoir pris le départ de cette Brest Atlantiques donné ce mardi 5 novembre à 11h00 devant la Chaussée de Sein. Les quatre trimarans de la Classe Ultim 32/23 se sont élancés à plus de 30 nœuds de vitesse tribord amure, propulsés par un vent de nord-nord-ouest d’une trentaine de nœuds et dans une mer formée de 4,50 mètres.
Le Trimaran Macif (François Gabart/Gwénolé Gahinet) a été le premier à couper la ligne, légèrement décalé au nord par rapport à ses trois concurrents, devant Actual Leader (Yves Le Blevec/Alex Pella), le Maxi Edmond de Rothschild (Franck Cammas/Charles Caudrelier) et Sodebo Ultim 3 (Thomas Coville/Jean-Luc Nélias), passés à l’extrémité sud de la ligne de 2,5 milles. Au programme de la première journée de mer, une descente express du Golfe de Gascogne dans une mer formée qui va cependant peu à peu s’aplanir. Le Cap Finisterre, à la pointe nord-ouest de l’Espagne, devrait être franchi au bout d’une dizaine d’heures.
Les mots ultimes :
François Gabart (Trimaran Macif) : « Il va falloir qu’on soit prudents dans le Golfe de Gascogne avec des conditions musclées, mais c’est plutôt bien pour rejoindre rapidement l’alizé. Il faut arriver à trouver d’entrée le bon rythme pour le bateau et pour nous. Pendant les premières heures, nous aurons toujours l’un de nous deux aux écoutes et pas loin de la barre pour essayer d’aller vite sans forcer sur le bateau. A priori, il n’y aura pas beaucoup de manœuvres, ce sera surtout du pilotage. »
Thomas Coville (Sodebo Ultim 3) : « La première journée dans le Golfe de Gascogne va être dense, il faut être très concentré tout de suite, il n’y a pas d’erreur possible, ça va nous prendre d’entrée beaucoup d’énergie. Je mesure l’enjeu de ces premières heures de course, ce n’est pas anodin, mais je n’ai pas d’appréhension particulière. Il faut passer assez vite ce Golfe de Gascogne, après, ça va être une glissade absolument fabuleuse jusqu’au Brésil. »
Franck Cammas (Maxi Edmond de Rothschild) : « Le départ va être venté et ce soir, ça va se calmer, donc vivement ce soir ! D’ici là, on va essayer d’être prudents, pour sortir indemnes au Cap Finisterre, il n’y a aucun intérêt à attaquer d’entrée, on n’en est qu’au début de la course. On pourra faire plus demain matin quand on sera déjà assez sud ! »
Yves Le Blevec (Actual Leader) : « Les jours de départ sont toujours des moments forts, on part confiants, c’est enfin le moment de faire du bateau ! Les dix premières heures vont être prudentes, il faudra doser entre sens marin et compétition. »
Brest Atlantiques 2019 - De Brest a Brest via Rio de Janeiro et Cap Town sans escale - Presentation des equipages le 01/11/2019
Si les conditions seront engagées avec du vent et de la mer formée, la descente du Golfe de Gascogne s’annonce extrêmement rapide, les premiers étant attendus en une dizaine d’heures au Cap Finisterre.
Au moment de se présenter lundi matin au dernier briefing des skippers à la veille du départ de Brest Atlantiques, les visages des huit marins engagés sur Brest Atlantiques étaient plus graves et concentrés que les jours précédents, preuve que l’échéance approche. C’est donc mardi à 11h que s’élanceront quatre maxi-trimarans de la Classe Ultim 32/23 pour une grande boucle de 14 000 milles, soit plus d’un demi-tour du monde, qui les emmènera, sans cependant s’arrêter, à Rio de Janeiro et au Cap, avant un retour sur Brest, où les premiers sont attendus au bout d’une trentaine de jours.
A leur bord, quatre tandems de choc (accompagnés chacun d’un media man chargé de faire partager leur quotidien), qui cumulent 21 tours du monde bouclés, des records en pagaille (tour du monde en solitaire, Trophée Jules Verne…) et des victoires sur toutes les plus grandes courses au large de la planète, du Vendée Globe à la Route du Rhum en passant par la Volvo Ocean Race ou la Transat anglaise.
Des marins extrêmement expérimentés et donc capables de trouver le bon dosage mardi entre envie d’aller vite pour jouer d’entrée aux avant-postes et nécessité de ménager les bateaux, les conditions de la première journée de course s’annonçant musclées, comme l’explique le directeur de course, Jacques Caraës : « Sur la ligne de départ, située entre la cardinale occidentale de l’île de Sein et le bateau comité Le Rhône, les prévisions donnent un vent de nord à nord-ouest moyen de 24-25 nœuds, avec des rafales jusqu’à 35-39. Le paramètre le plus délicat est l’axe de la mer, de trois-quarts avant. C’est certes engagé, mais on n’envoie pas les skippers faire les jeux du cirque, on sait qu’ils peuvent passer à condition d’avoir une attitude de bon marin, donc de faire le dos rond pendant les 8-10 premières heures. »
Ce qu’ils ont visiblement l’intention de faire, à les entendre en cette veille de départ : « On ne va pas faire de bêtises. Il ne faut pas oublier qu’on part pour un marathon, le Golfe de Gascogne n’est qu’un petit sprint de 10 heures », résume Charles Caudrelier, qui fait équipe avec Franck Cammas sur le Maxi Edmond de Rothschild. « Ça nous impose d’être tout de suite dans l’excellence, c’est ça qui rend l’exercice complexe, mais aussi très intéressant, et c’est pour ça qu’on s’entraîne depuis des années », ajoute Thomas Coville, qui dispose avec Sodebo Ultim 3 du dernier maxi-trimaran mis à l’eau, le 18 mars dernier (son co-skipper est Jean-Luc Nélias).
Cette traversée du Golfe de Gascogne dans une mer qui va peu à peu devenir plus praticable devrait durer une dizaine d’heures jusqu’au Cap Finisterre, la suite s’annonce glissante, puisque les quatre maxi-trimarans devraient bénéficier de conditions idéales pour aller vite, même très vite : les routages actuels les emmènent à l’équateur en… 4 jours et demi ! « Une fois sorti du Golfe, c’est la fête ! », sourit Yves Le Blévec, skipper d’Actual Leader (il fait équipe avec l’Espagnol Alex Pella), François Gabart, associé à Gwénolé Gahinet sur le Trimaran Macif, rappelant cependant : « Certes, les conditions seront plus faciles, mais c’est loin d’être anodin de naviguer à plus de 40 nœuds, il faudra aussi faire attention. »
Les mots ultimes :
Yves Le Blévec (Actual Leader) : « Nous serons pour le départ dans des conditions d’angle et de force de vent, 120 degrés et 30 nœuds, dans lesquelles nos bateaux sont capables d’aller super vite, mais il y a deux paramètres à prendre en compte en plus : les rafales jusqu’à 40 nœuds et surtout une mer formée de travers. Nous, on va y aller tranquilles, on est partis pour 30 jours de mer, il va falloir être mesuré pendant ce petit pourcent du parcours. »
François Gabart (Trimaran Macif) : « Vu les conditions annoncées mardi, l’état d’esprit est à la concentration. Ça va être un peu sport, donc il va falloir naviguer intelligemment et en souplesse. Le bon compétiteur, c’est celui qui arrive à trouver le compromis entre attaquer et préserver son matériel, c’est le jeu même de la course au large. Sinon, je suis assez excité, j’aime bien ces moments de veille de départ, ils sont assez uniques, j’aimerais parfois qu’ils durent plus longtemps. »
Thomas Coville (Sodebo Ultim 3) : « Il va falloir d’entrée trouver ce dosage délicat entre vitesse et sécurité, ce n’est pas simple de ralentir nos machines. Après, ce sont de gros bateaux capables de passer dans de la mer forte et c’est peut-être mieux d’apprendre tout de suite que d’attendre d’être sous l’Afrique du Sud pour avoir ces conditions, je préfère voir le verre à moitié plein. »
Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild) : « C’est très musclé au niveau de la mer surtout, on va aller vite face à la mer, il va falloir calmer le jeu, on ne va pas aller à fond. J’ai hâte de partir, d’être en course sur ce bateau, ça fait sept mois que je m’entraîne et que j’en rêve, je suis super content. »
Après son escale technique de 4h peu après le départ, Thomas Ruyant et Antoine Koch n’ont cessé de revenir sur l’avant de la flotte. Le nouveau foiler signé Verdier, comme celui d’Apivia marche bien. Le duo a depuis 24 heures, avec brutalité et sans transition, changé de rythme et d’ambiance de vie, en entrant de plain pied dans l‘alizé de Nord Est. Une fois sortis de ce pénible épisode anticyclonique avec cette dorsale piégeuse qui semblait les accompagner dans leur route au Sud, les deux hommes ont, sans état d’âme, calé la poignée d’accélérateur dans le coin, et clairement lâché les chevaux de leur tout nouveau plan Verdier. Les résultats ne se sont guère fait attendre. Ils ne sont rien moins que spectaculaires. Avec 521 milles avalés sur la route ces dernières 24 heures à l’ahurissante vitesse moyenne de 20,60 noeuds, ils ont non seulement signé les plus hautes perfs de toute la flotte, mais ont en plus gagné deux places au très provisoire classement général, pour se caler en 11ème position tout en reprenant plus de 100 milles à la tête de la flotte. Des chiffres que nous devrions encore observer à similaire échelle toute la journée.
« On ne vise pas la tête de course qui nous semble aujourd’hui hors d’atteinte » précise cependant Thomas Ruyant depuis son “shaker océanique” toujours lancé à 25 noeuds dans l’alizé. « Les conditions de vie sont…. Difficiles ! » atteste-t’il avec pudeur. « Mais on ne se plaint pas car nous avons grand plaisir à filer ainsi à haute vitesse, en ligne droite plein Sud et sur la route. Le bateau nous procure énormément de satisfactions. Après ce début de course tactiquement difficile, nous avions à coeur de démontrer à un moment donné ce que Advens for Cybersecurity a dans la ventre. On revient dans le match ! »
Application, concentration et engagement maximum. La vie a radicalement changé à bord, avec ces embardées brutales du bateau sur une mer heureusement bien assagie, mais avec notamment ce niveau sonore assourdissant. « On a connu des moments de trop grand calme dans la dorsale et le changement est brutal !” poursuit Thomas. « On a mis à profit cette traversée des calmes pour effectuer une petite réparation à l’intérieur et à l’avant du bateau. Un peu de stratification cosmétique. Nous naviguons depuis à 100%, avec beaucoup de plaisir. »
LE HAVRE, FRANCE - OCTOBER 23: Imoca Charal, skippers Jeremie Beyou and Christopher Pratt, are posing during pre-start of the Transat Jacques Vabre 2019, duo sailing race from Le Havre, France, to Salvador de Bahia, Brazil, on October 23, 2019 in Le Havre, France. (Photo by Jean-Marie Liot/Alea)
A l’arrivée au Brésil, les hommes qui auront traversé l’Atlantique auront vécu une vraie aventure humaine. Mais comment ces duos sont-ils construits ? sur quels critères ? qui valide finalement leur constitution ? quel partage entre les anciens et les jeunes ? et qui décide à bord ?
Marc Guillemot co-skipper du Class40 Beijaflore de William Mathelin-Moreaux, Kito de Pavant skipper du Class40 « Made in Midi » avec Achille Nebout, Armel Le Cléac’h co-skipper de l’IMOCA « Banque Populaire » de Clarisse Cremer, Vincent Rioux co-skipper de l’IMOCA « Arkea-Paprec » de Sébastien Simon, Christopher Pratt co-skipper de l’IMOCA Charal de Jérémie Beyou et enfin Yann Elies co-skipper de l’IMOCA Apivia de Charlie Dalin, quarante-deux participations déjà cumulées sur cette Transat, nous ont livré leurs explications avant de prendre le départ.
LE HAVRE, FRANCE – OCTOBER 25: Imoca Arkea Paprec skippers Sebastien Simon and Vincent Riou are posing for an exhibition portrait during pre-start of the Transat Jacques Vabre 2019, duo sailing race from Le Havre, France, to Salvador de Bahia, Brazil, on October 25, 2019 in Le Havre, France. (Photo by Vincent Curutchet/Alea)
1. Le choix
Marc Guillemot : « Habituellement toutes les transats en double se font sur le choix du skipper. Le président de Beijaflore m’avait demandé de coacher William pour la route du Rhum et ensuite de trouver un bateau. C’est donc un choix du sponsor. C’est une première pour moi, cela ne va dire que cela ne va pas fonctionner. »
Kito de Pavant : « Notre rencontre avec Achille ? sur Meetic ! plus sérieusement nous avons une structure « Made in Midi » qui favorise non seulement les entreprises mais aussi ceux qui savent faire du bateau. Achille s’est décidé à se lancer vers la course en large avec un diplôme d’ingénieur en poche. Il a déjà fait le Tour Voile avec le team et le choix était une évidence pour moi. »
Armel Le Cléac’h : « Banque populaire souhaitait combler le vide de deux saisons, lié à la construction du nouvel Ultim avec une absence potentielle sur les événements médiatiquement importants. Ils ont souhaité faire le Vendée globe et la décision a été de monter un projet « première chance » pour un jeune avec le choix de Clarisse Cremer. Il m’a été demandé de l’accompagner pour sa première saison. Je n’ai pas contribué au choix. Cela change de ce que j’ai vécu, j’ai toujours choisi mon skipper ou bien j’ai été choisi par affinité ou pour mon expérience »
Vincent Riou : « Je connais Sébastien Simon depuis plusieurs années, nous avons un excellent souvenir du Tour de Bretagne. Il m’a sollicité pour intégrer l’équipe de son projet Vendée Globe, Nous avons conçu le bateau ensemble et il semblait assez naturel de l’utiliser à deux pour aller au bout de l’histoire. Ainsi nous poursuivons l’aventure technique. L’objectif du projet Arkea Paprec reste de faire une première course de mise au point, nous ne serons pas dans le domaine de la compétition »
Christopher Pratt : « On a encore tellement à apprendre sur le bateau que l’idée c’est de ne pas perdre de temps à savoir comment fonctionner avec le coéquipier. Avec Jérémie Beyou, nous sommes sur un duo de facilité et de fiabilité comme Yann Elies et Charlie Dalin. Ils sont complémentaires avec le même concept d’avoir déjà navigué ensemble. Nous, nous voulions être focus sur la performance du bateau et la façon de l’utiliser sans se prendre la tête sur le duo. »
LE HAVRE, FRANCE – OCTOBER 24: Class 40 Beijaflore skippers William Mathelin-Moreaux and Marc Guillemot are posing for exhibition portraits during pre-start of the Transat Jacques Vabre 2019, duo sailing race from Le Havre, France, to Salvador de Bahia, Brazil, on October 24, 2019 in Le Havre, France. (Photo by Jean-Marie Liot/Alea)
2. La transmission
Marc Guillemot : « Avec Jean Le cam nous étions autrefois les mickeys au départ et sommes devenus les plus vieux. La différence est que nous naviguons toujours sur des bateaux performants. Les anciens auparavant n’avaient pas forcement cette chance. Notre génération a fait toute sa carrière dans la voile, nous sommes la première génération professionnalisée et rémunérée. Aujourd’hui nous arrivons vraiment à un passage de témoin générationnel. Notre expérience est solide, nous avons construit notre parcours avec nos hauts et nos bas et nous arrivons au temps de la transmission. Et si nous n’avons pas nos projets, nous partageons avec les jeunes. La transmission est, il faut bien le dire, un moyen de naviguer sur des beaux bateaux. Je n’ai pas de partenaire me permettant de faire cette Transat et d’assouvir ma passion. Ça tape, ça n’est pas confort, on dort dans le fond du bateau, il y a tout ce qu’il faut pour que cela soit nul et pourtant on y retourne ! Transmettre c’est aussi valorisant, c’est donner un peu de soi. Il y a toujours un peu de fierté, c’est sympa de se retrouver en mode Jedi – Padawan. »
Kito de Pavant : « Cette transat est le meilleur moment pour mon coéquipier pour apprendre plein de choses, je me retrouve dans mon rôle pour transmettre ce que je sais. Attention on y va pour la gagne ! Plein de jeunes ont envie avec beaucoup de talent. Ils sont malins, la tête bien faite avec envie de faire ce que nous faisons depuis trente ans. Ils ont les crocs, ils rêvent de nous mettre à la porte et ils vont y arriver assez rapidement. »
Vincent Riou : « Nous avions navigué ensemble pour préparer la Route du Rhum et sur une tentative de record. Ce programme de transmission s’achève avec cette dernière course IMOCA en double d’ici le Vendée Globe. C’était le bon moment, mon expérience actuelle est valide car je connais bien la classe. Dans deux trois ans, j’aurai perdu le fil de l’histoire. »
Yann Elies : « Au début, il y a cinq ans, Charlie était vraiment junior et la transmission était forte mais cela est beaucoup plus réduit aujourd’hui. Sur l’utilisation d’un bateau en mode Vendée Globe avec un focus sur l’intégrité du bateau, je peux encore lui apporter car j’ai cette expérience. »
LE HAVRE, FRANCE – OCTOBER 22: Kito de Pavant and Achille Nebout, skippers of the Class 40 Made in Midi, are posing during pre-start of the Transat Jacques Vabre 2019, duo sailing race from Le Havre, France, to Salvador de Bahia, Brazil, on October 22, 2019 in Le Havre, France. (Photo by Jean-Marie Liot/Alea)
3. Quels duos pour la Transat Jacques Vabre Normandie le Havre ?
Marc Guillemot : « Tout d’abord le duo basé sur l’amitié avec complémentarité de compétence. Il y a aussi le duo transgénérationnel avec un jeune qui démarre et souvent le sponsor appuie ce genre de démarche, le duo de communication que l’on a pu voir dans le passé avec l’humoriste Francois Damien associé à Tanguy de Lamotte pour porter la cause « mécénat chirurgie cardiaque » qui ne recherche pas la performance pure. Enfin je peux citer le duo efficacité / résultat comme Yann Elies et Charlie Dalin même si l’amitié est sans doute présente. Sans atomes crochus, cela ne peut fonctionner qu’aux forceps. Même avec des champions. La complémentarité, l’envie partagée d’être ensemble sont indispensable. On l’a vu dans un autre domaine avec la gouvernance Renault où chacun avait envie d’y arriver tout seul.
Kito de Pavant : « Pour la gagne, choisir des personnes hyper compétentes, sinon on a beaucoup de couples affectifs. Traverser l’Atlantique n’est pas si simple en termes de relation humaine. En IMOCA on a souvent l’occasion de bâtir des duos et j’avais fait des listes de critères. : Age, bilan sportif, communication pour les sponsors, la stratégie avec l’analyse des situations météo pour prendre les bonnes décisions, la compétence générale, être dur au mal, la souplesse nécessaire, être tolérant car il y a des caractériels chez les skippers solitaires. Tout cela entre en ligne de compte »
Armel Le Cléac’h : « Il y a souvent des duos d’expérience, cette course est longue et il nécessaire de bien s’entendre. Il s’agit d’une solitaire à deux avec des marins habitués au solitaire ».
Vincent Riou : « Il y a de tout. Certains viennent pour découvrir, pour préparer de projets d’aventure pour le Vendée Globe. Pour la gagne, on choisit celui qui semble être le meilleur partenaire et ceux qui arrivent prennent des partenaires expérimentés pour gagner du temps et tendre vers leur ambition. Il faut une vraie envie collective, c’est bien d’accepter de ne pas avoir toujours le leadership surtout chez les très compétents. L’école de voile française est très solitaire. J’ai gagné à deux reprises sur PRB : avec Jean le Cam qui a dû me laisser décider de temps en temps et s’assoir sur son orgueil car c’était mon bateau. J’ai aussi gagné avec Sébastien Col, un excellent régleur et barreur qui est rentré dans son rôle comme un gant et nous a permis de performer. »
Christopher Pratt : « Selon moi, soit on recherche une complémentarité ou un binôme égal. Le duo reste du solo à tour de rôle. On peut avoir besoin d’être challengé sur la navigation, la stratégie, la vitesse du bateau les réglages, …. Des joueurs de foot d’une même équipe peuvent ne pas s’aimer, mais nous, nous passons douze jours l’un sur l’autre. Confiance, savoir-vivre sont importants. Je ne pourrai pas faire une transat sans avoir d’atomes crochus avec la personne »
Yann Elies : « Un jeune et un vieux vont fonctionner pour couvrir tous les spectres de compétences notamment avec l’évolution ultra rapide des technologies. Il faut un geek ! Même si je me mets à jour tous les ans, je reste en déficit par rapport à Charlie. Les anciens ont plus d’expérience mais évoluer avec un jeune permet à chacun de se nourrir et d’être un peu moins con qu’avant la collaboration »
LE HAVRE, FRANCE – OCTOBER 22: Charlie Dalin and Yann Elies, skippers of the Imoca Apivia, are posing during pre-start of the Transat Jacques Vabre 2019, duo sailing race from Le Havre, France, to Salvador de Bahia, Brazil, on October 22, 2019 in Le Havre, France. (Photo by Jean-Marie Liot/Alea)
4. Qui décide ?
Kito de Pavant : « On se croise beaucoup avec la prise de quart, certains duos n’ont aucun échange. Il y a beaucoup de solitaires dans notre monde franco-breton. Chaque décision doit donc être argumentée au coéquipier pour transmettre les éléments de prise de décision ; c’est compliqué et important. Nous les vieux loups de mer, nous ne sommes pas des gens faciles. Il m’est déjà arrivé d’être numéro deux, cela ne pose aucun problème. Sur le tour de Bretagne, Achille était le patron et je tenais à ce qu’il prenne les responsabilités. On peut toujours avoir des difficultés, j’en ai eu avec Sebastien Audigane sur une Barcelona World Race. C’était long et je ne lui pas laissé assez de place car c’était mon projet avec Bel. Cela a créé des tensions, cela a été compliqué, mais cela arrive »
Armel Le Cléac’h : « Il y a une grosse différence d’expérience avec Clarisse. Pour cette course je sais que je vais être à la fois co-skipper et chef d’orchestre. Je vais prendre toutes les décisions importantes. Officiellement Clarisse décide, officieusement c’est moi qui décide même si elle commence à prendre de plus en plus d’autonomie. C’est normal, ensuite elle ne fera que des courses en solitaire avec sans transition le convoyage retour du Brésil en solo. Elle devra se nourrir de l’apprentissage de cette course »
Vincent Riou : « Le projet c’est celui de Sébastien. Il veut continuer à se former sur la météo et la stratégie, il va donc prendre le leadership. C’est une première pour moi de ne pas décider les trajectoires et je dois m’assoir là-dessus et laisser faire. Mais cela va aussi me permettre de me remettre en question en voyant une autre façon de réfléchir et de faire. Pour le reste c’est de toute façon du faux solitaire, c’est 8 à 10h sur le pont où tu fais marcher ton bateau à fond »
Christopher Pratt : « ici les choses sont claires : Jérémie c’est le skipper, c’est son bateau, je suis le second »
Le mot de la fin pour Yann Elies : « L’important n’est pas d’être ami au départ mais de l’être à l’arrivée »
Miranda Merron et Halvard Mabire à bord de Campagne de France viennent de passer les Canaries et sont dans le dernier groupe d’Imoca talonnés par les premiers Class40. Message du bord :
” Pas si simple. Beaucoup d’empannages (virements de bords vent arrière) selon les variations du vent. Pour ceux qui suivent la cartographie de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre, ils doivent croire qu’il y a des distilleries géantes aux Canaries et que les effluves d’alcool qui s’échappent arrivent jusqu’aux narines des skippers et que c’est la seule explication plausible aux routes sinueuses et erratiques de tous les bateaux ivres qui se baladent autour de l’Archipel. Je trouve ça bien comme explication. On ne va pas vous embêter stratégie, tactique et météo, car finalement tout cela est éventuellement passionnant à suivre ou à vivre, mais finalement il n’y aura que le résultat à Salvador qui comptera. Pour l’Histoire, le résultat des courses c’est un peu comme le Bac, on te demande si tu l’as eu ou pas et on se fiche de savoir comment. Eventuellement certains peuvent s’aventurer à parler stratégie et à supputer sur telle ou telle option pour faire croire à la glorieuse incertitude du sport. Par exemple, entre les deux grandes options qui se sont dessinées au début de cette transat, on pouvait faire croire pendant des jours qu’il y avait du suspens entre l’Ouest et le Sud, alors qu’un simple regard sur les cartes météo laissait entrevoir assez clairement au bout de 2 jours que les tenants de l’option ouest allaient très probablement prendre cher par rapport à ceux qui se sont souvenus à temps que Salvador c’était quand même grosso modo dans le Sud. De même, au sujet des classements, en se référant à la simple et seule distance au but, sans tenir compte des vents et des positionnements, on annonce doctement des résultats que l’on sait pourtant bidons. Mais, peut-être que l’on se dit aussi que ça fera bien “pour le sport” de voir un bateau apparemment revenu du diable vauvert faire la nique à un paquet annoncé depuis plusieurs jours en tête, car bien plus proche du but sur une ligne droite “virtuelle”, mais dont la route à parcourir en fonction des vents sera obligatoirement bien plus longue que celle du bateau “derrière”. Donc le choix du commentateur n’est pas simple : ne pas se casser la tête et se référer aux classements indiqué par la distance au but, ou bien essayer de faire une vraie analyse, mais qui sera forcément complexe car ce n’est jamais simple d’expliquer que quelqu’un qui est effectivement “derrière” est en fait mieux placé et est par conséquent “devant”. Analyse savante, dont peut-être en plus tout le monde se fiche, car comme on dit asez vulgairement “c’est après la foire que l’on compte les bouses”. Une seule chose est sûre en tous cas, c’est que bien souvent il vaut quand même mieux être “devant” que “derrière”. Entre autre par ce que tout ce qui est pris n’est plus à prendre et aussi parce que là où sont passés les premiers avec des vents assez soutenus, il arrive un peu trop frequemment qu’ils ferment la barrière derrière eux et ne laissent que des miettes de vent aux poursuivants. C’est un peu ce que nous vivons en ce moment. Comme quoi, en général, dans les courses c’est comme à la Retraite de Russie, il vaut mieux être devant, car ce sont ceux de derrière qui se sont fait repasser, c’est à dire ratatiner. A part ça, si les classements et les vitesses constatées des autres bateaux ne venaient pas gâcher les choses, le moins que l’on puisse dire c’est que pour le moment nous vivons vraiment une belle transat. Les conditions sont assez clémentes et depuis que le ciel s’est un peu dégagé nous profitons en journée de températures qui ne sont pas encore caniculaires et pendant la nuit la beauté des étoiles nous rappelle que les citadins, et maintenant les “néo ruraux” aussi, feraient bien de se passer de lampadaire. En plus d’être “bon pour le Climat”, plus terre à terre, ça ferait des économies et ça aiderait tout un chacun à se resituer dans l’Univers. La Lune commence aussi à apparaître. C’est un truc dont ne tiennent d’ailleurs jamais compte les organisateurs de courses pour le choix dans la date (ce n’est pas une contrepétrie) de leurs événements. Pourtant pour les marins ça change tout une nuit avec ou sans lune. En ce moment la lune est croissante, c’est à dire que nous l’aurons de plus en plus longtemps et de plus en plus entière. Donc, que des bonnes nouvelles sur Campagne de France
A tantôt – Halvard.
Miranda
“Enfin la vraie route des alizés pleine de nuages! Bel entraînement aux empannages hier et une partie de la nuit, en grande partie à cause de la direction du vent, mais aussi pour tenter d’éviter le cône de dévent qui s’allonge sur plus de 100 milles à l’ombre des iles Canaries. Nuit claire très étonnante que nous n’avons pas du tout pu apprécier à cause d’un pilote automatique erratique. Son habilité à conduire laisse beaucoup à désirer et par moment il part en zig zag sans raison aucune, ce qui est très énervant quand on descend au portant, surtout au beau milieu de la nuit. Après avoir failli partir à l’abattée à plusieurs reprises, son humeur s’est améliorée, au moins pour l’instant. Sur le plan de la vie domestique, il est temps de faire chauffer les bouteilles d’eau pour une bonne douche sur le pont! L’avantage d’avoir un désalinisateur à bord!“
Les favoris de cette Mini-Transat sont bien au rendez-vous de cette 2e étape. Ambrogio Beccaria (en série) et François Jambou (en proto) sont en tête. Un peu plus de 48 heures après le départ de la deuxième étape de la Mini-Transat La Boulangère (Las Palmas de Gran Canaria/Le Marin), chacun place ses pions. Avec le peu d’informations et d’outils dont ils disposent, les marins doivent déterminer quelle stratégie payera à moyen et long terme : gagner d’emblée dans l’Ouest ou investir dans le Sud. Le rythme est élevé depuis le coup d’envoi de cet Acte 2 et les concurrents les plus rapides ont déjà parcouru près de 500 milles sur l’orthodromie (route directe). Ce soir, les leaders sont Ambrogio Beccaria (en série) et François Jambou (en proto).
La navigation dans les alizés n’est pas un long fleuve tranquille. Les concurrents de la Mini-Transat La Boulangère naviguent certes à belle vitesse au portant, mais ils doivent composer avec un vent de Nord-Est instable en force et en direction (il peut osciller d’une vingtaine de degrés tout au long de la journée), sachant que les grains sont également à prendre en compte. Il faut donc exploiter au mieux ces changements et bien placer les empannages.
Option Ouest ou Option Sud ?
Deux grandes options se sont dessinées. La majeure partie de la flotte a choisi de partir vers l’Ouest. Cette route, plus proche de l’orthodromie, est plus courte mais présente davantage de risques de se faire prendre dans des zones de vent plus faibles. D’autres concurrents ont pris l’option Sud, ils rallongent la route pour chercher un alizé plus soutenu. Pour eux, tout l’enjeu, à moyen et long terme, est de savoir si la force du vent permettra de compenser la distance parcourue en plus. L’écart latéral entre les concurrents ne cesse de se croiser et la flotte s’étale sur plus de 350 milles du Nord au Sud.
Seul(e) ou accompagné(e) ?
Après un peu plus de deux jours de course, certains marins sont déjà bien esseulés, à l’instar de Raphaël Fortes (858), Georges Kick (529) ou encore Sébastien Liagre (589), le concurrent le plus au Sud. Ils vivent déjà la vraie solitude et ne peuvent parler avec qui que ce soit. D’autres évoluent au sein de groupes très compacts. On peut par exemple citer Thibault Blanchet (774), Thomas D’Estais (819), Thomas Gaschignard (539), Jean Bachèlerie (428), Pierre Casenave-Péré (857) qui naviguent probablement à vue. Au pointage de 17h, ces six skippers se tenaient en seulement 2 milles.
Jambou et Beccaria impriment le rythme
En proto, la grande explication a bien lieu entre François Jambou (865), Tanguy Bouroullec (969) et Axel Tréhin (945). Au pointage de 17h, François avait un avantage bien précaire alors, qu’il restaient plus de 2200 milles à parcourir. Erwan Le Méné (800) est en embuscade, bien décidé à se mêler à la bagarre pour gagner cette étape vers la Martinique.
Favori de l’épreuve et vainqueur de la première étape, Ambrogio Beccaria déroule parfaitement sa partition. Depuis le départ de Las Palmas, il va vite et tire les bons bords. Benjamin Ferré (902), Keni Piperol (956) et Guillaume L’Hostis (868) tentent de s’accrocher sur une route similaire à celle de l’Italien. Des poursuivants sont décalés dans le Nord, emmenés par Paul Cloarec (951), et d’autres, plus nombreux, dans le Sud, avec notamment Félix de Navacelle (916).
Les scow de série dans le match
Les concurrents naviguant sur des bateaux de série à étrave ronde profitent de conditions propices à leurs montures pour occuper les avant-postes. Keni Piperol, Paul Cloarec et Guillaume Quilfen (977) sont dans le top 10. Il faut aussi surveiller l’option Sud de Florian Quenot, très rapide depuis le départ de Las Palmas. C’est d’ailleurs lui qui a parcouru la plus grande distance sur le fond (proto et série confondus), avec 608 milles avalés depuis le départ (à 17h aujourd’hui).
Jean Lorre en escale à El Hierro
Jean Lorre est arrivé cet après-midi à El Hierro, la plus petite île des Canaries, où il fait escale pour ressouder sa cadène d’étai. Jean espère repartir au plus vite sachant que son arrêt technique devra durer au moins 12 heures, conformément au règlement de la Mini-Transat La Boulangère.
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Classement du lundi 4 novembre à 17h (heure française)
PROTO
1- François Jambou (865 – Team BFR Marée Haute Jaune) à 2203,5 milles de l’arrivée
2- Tanguy Bouroullec (969 – Cerfrance) à 5,3 milles du premier
3- Axel Tréhin (945 – Project Rescue Ocean) à 17,7 milles du premier
SERIE
1- Ambrogio Beccaria (943 – Geomag) à 2206,3 milles de l’arrivée
2- Benjamin Ferré (902 – Imago Incubateur D’aventures à 16,4 milles du premier
3- Kéni Piperol (956 – Caraïbe Course Au Large) à 34 milles du premier