vendredi 28 novembre 2025
- Publicité -
Accueil Blog Page 346

Vendée Globe. Changement de Rythme

La troisième semaine de ce Vendée Globe se termine avec la flotte qui se rapproche du cap de Bonne-Espérance emmenée par un Charlie Dalin qui vole sur l’eau devant Thomas Ruyant et Jean Le Cam.

Le cap de Bonne-Espérance approche et devrait être passé en début de semaine pour les leaders qui se posent des questions quant à la manière de négocier ce promontoire qui n’est pas des plus bienveillants. Mais c’est tout de même le premier des trois caps de ce tour du monde avec Leeuwin (Sud-Ouest de l’Australie) et le Horn (Sud de l’Amérique du Sud) ! Le rythme a déjà changé et les bateaux filent à 20 nds dans une mer formée.

C’est une première partie de ce Vendée Globe qui s’achève et qui aura laissé sur le carreau Corum L’Epargne et Hugo Boss. Deux bateaux neufs de nouvelle génération qui pouvaient prétendre à la victoire. Il reste en piste Charlie Dalin sur Apivia, solide leader qui compte 285 nm d’avance sur le reste de la flotte. Thomas Ruyant avec son bateau LinkedOut mais qui a un foil en moins. Sébastien Simon sur Arkea-Paprec qui a des problèmes de girouettes, PRB et Initiatives Coeur. Les rares bateaux qui peuvent rivaliser en vitesse avec Apivia.

Sébastien Simon

Après plus de trois semaines de mer pour contourner l’Afrique du Sud, le premier n’aura certainement pas explosé les compteurs puisque le meilleur temps entre Les Sables d’Olonne et le cap de Bonne-Espérance sera toujours détenu par Alex Thomson en 2016 (17j 22h 58’). Mais tout de même : quatre ans plus tôt en 2012, Armel Le Cléac’h avait mis près de 23 jours pour atteindre la pointe africaine…Mais avant que les portes de l’océan Indien ne s’ouvrent pour le leader (toujours Charlie Dalin avec plus de 250 milles de marge), quid des conditions de navigation dans l’Atlantique Sud ? Puisque Jérémie Beyou (Charal) est en passe de franchir l’équateur ce matin, il n’y aura plus aucun concurrent en course dans l’hémisphère Nord ce dimanche après-midi ! Une troisième semaine débute ce jour avec l’avantage, non négligeable au vu de la situation météo, de nuits plutôt courtes et fort bien éclairées.

La Lune, satellite de la Terre, offre en effet ses plus beaux atours tous les 29 jours et demi environ. Car la pleine lune éclaire aussi bien l’hémisphère Nord que le Sud, avec toujours ce décalage temporel avec l’astre suprême, Inti le dieu-soleil inca… Charles Trénet l’a chanté : la Lune se lève à l’Est et se couche à l’Ouest, miroir-lampadaire de la nuit. Et c’est un véritable bonheur en mer que de discerner ces ombres qui peuplent le monde marin, surtout quand le ciel s’illumine sans un seul nuage.

Du Brésil à l’Afrique du Sud, des conditions bien différentes !

Or c’est le cas pour les « Brésiliens » : le troisième peloton emmené par Alexia Barrier (TSE-4myplanet) sur le plus ancien des monocoques IMOCA, navigue au large de Salvador de Bahia dans des alizés qui (enfin) ont pris une composante plus Est : vent de travers, ce groupe où se retrouve Miranda Merron (Campagne de France) et Clément Giraud (Compagnie du Lit-Jiliti), mais aussi le Finlandais Ari Huusela (STARK) et Sébastien Destremau (merci) à une centaine de milles derrière, peut espérer atteindre les Quarantièmes d’ici le milieu de la semaine à venir.

Quant au groupe devant avec Arnaud Boissières (La Mie Câline-Artisans Artipôle), Didac Costa (One planet-One ocean), Manuel Cousin (Groupe SÉTIN) et Pip Hare (Medallia), il baigne dans le bonheur d’un Atlantique apaisé et d’une brise de secteur Nord-Est, plus stable mais légère, dans l’attente d’une nouvelle dépression formée au large de l’Uruguay. Un grand écart vis-à-vis du peloton de tête qui reste encore accroché à la première perturbation australe !

Le cap de Bonne-Espérance dès demain lundi pour le leader…

Les uns sont déjà derrière le front froid à l’image de Sam Davies (Initiatives Cœur) ou de Damien Seguin (Groupe APICIL), donc sur une mer plus agitée et dans un flux bien frais et musclé (25-30 nœuds) de secteur Sud-Ouest, imposant de glisser vers la Zone d’Exclusion Antarctique (ZEA) située autour du 45° Sud. Les autres, les leaders, sont encore en avant du front froid et donne un coup de fouet pour y rester le plus longtemps possible tel Sébastien Simon (ARKEA-PAPREC) qui « allume » fort au point d’avoir débordé Boris Herrmann (Seaexplorer-YC de Monaco) et de prendre en ligne de mire, Yannick Bestaven (Maître CoQ IV) et Kevin Escoffier (PRB) !

Jean Le Cam (Yes We Cam!) a quant à lui « perdu » sa troisième place et devrait rétrograder ces prochaines heures face à l’attaque des foilers de plus ou moins nouvelle génération, mais devant, ce sont toujours les deux plans Verdier qui donnent le rythme : malgré son foil bâbord tronqué, Thomas Ruyant (LinkedOut) tient le tempo des vingt nœuds de moyenne, tout comme Charlie Dalin (Apivia) qui contrôle toujours ses poursuivants avec une route très rectiligne en direction du cap de Bonne-Espérance. Désormais, ce sont les empannages à l’arrière de ce front froid qui vont définir le classement des heures d’après…

- Publicité -

Trophée Jules Verne. La carte postale de Martin jour 4 + 272 nm

L’équipe de l’Ultime Sodebo poursuit sa route plein sud à 32 nds et aborde le pot au noir avec 272 nm d’avance.

- Publicité -

Vendée Globe. Images du bord Jour 19

Charlie Dalin en tête en profite mais regarde déjà la météo à venir. Clarisse fait du matossage. Ca file sur PRB.

- Publicité -

Vendée Globe. Abandon d’Alex Thomson sur Hugo Boss

Alex Thomson s’entraine pour le Vendee Globe au large de Gosport, Angleterre, le 4 Aout 2020.

Suite à son avarie sur son safran tribord, Alex Thomson (Hugo Boss) a décidé d’abandonner sur le Vendée Globe et navigue désormais vers Cape Town. C’est une triste nouvelle pour le marin britannique préféré des Français et l’un des grands favoris de cette édition.

Après avoir évalué la situation aujourd’hui, le skipper et son équipe ont décidé que cela n’était pas réparable. Alex Thomson a déclaré: «Malheureusement, une réparation n’est pas possible. Nous acceptons donc que ce soit la fin de la course pour nous. Moi-même, mon équipe et nos partenaires sont bien sûr profondément déçus. Nous pensons que le meilleur reste à venir dans cette course ». Alex Thomson se trouve actuellement à environ 1 800 milles du Cap et il devrait falloir environ sept jours au skipper pour y arriver. Il le fera prudemment. L’équipe technique de Thomson se rend au Cap pour le retrouver.

Il y a 2 jours pourtant, Alex déclarait enthousiaste et très positif, the boss is Back. Il avait découvert des problèmes structurels sur son bateau et avait effectué 2 jours de réparations plus une journée de renfort. 24 h après, il se retrouvait avec un problème de safran et se décidait à abandonner.

Lire aussi : https://www.courseaularge.com/vendee-globe-alex-thomson-a-renforce-encore-sa-reparation-pret-pour-les-mers-australes.html

- Publicité -

Trophée Jules Verne. Sodebo dans les alizés +235 mn – Jour 4

Sodebo Ultim 3 a dépassé le Cap Vert à son 4e jour de course et continue d’augmenter son avance. Evoluant dans un régime d’alizés qui, après 48 premières heures humides, permettent à l’équipage de souffler un peu. Tout en restant concentré sur la bonne marche du bateau, en avance ce matin de 230 milles sur le tableau de marche d’Idec Sport.

Comme Jean-Luc Nélias, responsable de la cellule routage à terre, l’avait annoncé jeudi soir, Sodebo Ultim 3 a touché vendredi matin les alizés de nord-est de l’hémisphère Nord. Des conditions plus agréables que celles rencontrées depuis le départ d’Ouessant, comme le confirmait vendredi soir Matthieu Vandame : « La météo en une journée a vachement changé. Jeudi, il y avait beaucoup d’air et c’était très humide, alors que depuis ce matin, c’est estival, le bateau sèche, nous aussi. Avec un peu plus de chaleur, on a tendance à voir l’eau plus belle… »

A bord de Sodebo Ultim 3, les quarts s’enchaînent, nécessitant, selon le barreur/régleur de 38 ans beaucoup de concentration : « On fonctionne sur des quarts de deux heures pendant lesquels on est à fond pour faire avancer le bateau. Quand on ne barre pas, on vérifie tout le temps les réglages des voiles et des appendices, on essaie de voir ce qu’on peut améliorer. Ensuite, il y a la partie barre qui procure beaucoup de plaisir, mais est aussi très prenante, parce que le bateau est très fin. Le pilote automatique marche bien pour prendre le relais, ce qui est nécessaire, parce qu’au bout d’une quarantaine de minutes/une heure, on devient un peu moins précis. Autour de ces deux heures de quart, on a une heure de stand-by avant et une après pour accompagner le quart actif. Il y a vraiment une super cohésion dans l’équipage, on est tous dans l’optique de la performance, c’est très efficace, sain et agréable. »

Après plus de trois jours de mer, Sodebo Ultim 3 compte un peu plus de 230 milles d’avance sur le tableau de marche d’Idec Sport, détenteur du Trophée Jules Verne. Un Trophée Jules Verne qui est la première grande aventure au large pour Matthieu Vandame, jusqu’ici surtout spécialisé dans les formats de régates courts (Coupe de l’America, SailGP…). D’où pas mal d’émotion au moment de quitter le ponton et les siens mardi dernier :

« Ça m’est déjà arrivé de partir longtemps sans ma famille, mais j’avais accès à tous les moyens de communication, je dormais à l’hôtel, il y avait un certain confort. Alors que là, tu pars sur une quarantaine de jours, en sachant que les moyens de communication sont plus restreints, c’est plus compliqué d’échanger, notamment avec mes enfants, Nina, 12 ans, et Alec, 5 ans. Donc, oui, le moment du départ était un peu délicat à gérer, d’autant que jusqu’au bout, il y avait de l’incertitude. Mais une fois partis, on passe tout de suite dans un autre format, on ne pense qu’à faire avancer le bateau vite tout le temps. Et pour l’instant, ça marche très bien ! « 

- Publicité -

Vendée Globe. Charlie Dalin s’échappe

Photo envoyée depuis le bateau LinkedOut pendant le Vendee Globe, course autour du monde à la voile, le 27 Novembre 2020. (Photo prise par le skipper Thomas Ruyant)

Charlie Dalin est désormais à 1000 milles du Cap de Bonne Espérance, solide leader devant Thomas Ruyant et Jean Le Cam. Il aborde le sud en confiance avec un bateau qui jusqu’à maintenant n’a pas eu de problème particulier. Ce qui n’a pas été le cas d’Alex Thomson en proie hier à un souci de safran.

Avec plus de 300 milles de marge sur les solitaires les plus percutants (Thomas Ruyant étant handicapé par son foil bâbord tronqué, Jean Le Cam ayant quelques difficultés à glisser sous le 40° Sud), Charlie Dalin devrait augmenter encore son avance ces prochaines heures ! Son passage à la longitude du cap de Bonne-Espérance programmé pour lundi matin, devrait lui permettre de repiquer vers le Sud-Est avec le déplacement du front (bascule de la brise au secteur Sud-Ouest) avant d’aborder ce « détroit » malveillant…

Mais la mauvaise nouvelle de la nuit concerne Alex Thomson (HUGO BOSS) qui a percuté un OFNI (objet flottant non identifié) vendredi vers 20 heures (heure française) avec son safran tribord : le Britannique tente de trouver avec son équipe technique à terre, une solution à long terme car pour l’instant, c’est avec un seul safran qui, dans ce vent de secteur Nord-Ouest pour plus de 25 nœuds, n’est pas le plus à même de gouverner le monocoque IMOCA. Alex Thomson est ainsi un peu obligé de « mollir » et il s’est donc fait déborder à son Nord par l’Italien Giancarlo Pedote (Prysmian Group) et Damien Seguin (Groupe APICIL), et dans son Sud par Benjamin Dutreux (OMIA-Water Family).

Ce n’est donc pas une situation favorable pour le solitaire britannique car il ne peut exploiter à 100% le potentiel de son bateau en restant peu gîté pour conserver le contrôle de sa machine dans la première dépression australe de ces mers du Sud… D’ailleurs, la Direction de Course a quant à elle indiqué que la Zone d’Exclusion Antarctique (ZEA) avait été remontée au niveau de l’archipel de Crozet en raison de la présence de glaces détectées par CLS : stratégiquement, la « descente » après le passage de Bonne-Espérance sera limitée jusqu’au Sud de Madagascar !

- Publicité -

Vendée Globe. Avarie de safran sur Hugo Boss

Alex Thomson s’entraine pour le Vendee Globe au large de Gosport, Angleterre, le 9 Septembre 2020.

Alex Thomson a informé son équipe technique à terre ce jour à 19h00 UTC ce soir – vendredi 27 novembre – qu’il avait une avarie sur le safran tribord de son bateau HUGO BOSS. L’équipe a immédiatement conseillé à Alex Thomson de déconnecter le safran pour reprendre la direction. Il a maintenant le contrôle du bateau avec un safran et est en sécurité et sans danger à bord. L’équipe travaille pour évaluer l’étendue des dommages. Une autre mise à jour sera publié le samedi 28 Novembre.

Alex était 12e au classement de 21h et naviguait à faible allure.

- Publicité -

Trophée Jules Verne. Avarie sur Gitana, l’équipe interrompt sa tentative

Le Maxi Edmond de Rothschild interrompt sa tentative après avoir heurté un Ofni et trouve la fenêtre moyenne. Le bateau rentre à Lorient. Il compte se remettre en stand-by et à 100% de son potentiel. Explications de Franck Cammas.

« La décision de faire demi-tour n’a vraiment pas été facile à prendre. Elle a été mûrement réfléchie et concertée entre toutes les parties concernées et c’est le bord qui a tranché. Elle est motivée par deux éléments : l’incident survenu hier et les conséquences techniques découvertes cet après-midi, combinés à la qualité de la fenêtre dans laquelle nous nous inscrivons. Les observations météos confirment en effet jour après jour que l’Atlantique Sud ne présentera pas son meilleur visage avec un anticyclone de Sainte-Helène très Sud qui oblige non seulement à faire le grand tour mais aussi à plonger très Sud pour passer le cap de Bonne-Espérance. Même si les routages donnent encore des temps de passage dans les temps du record, nous savons que cela réclame d’être à 100 %, ce qui n’est malheureusement plus notre cas. Faire demi-tour aujourd’hui nous permet de revenir rapidement vers notre base technique et de réparer pour nous remettre très vite en stand-by pour repartir cet hiver à la conquête du Trophée Jules Verne », concluait Cyril Dardashti.

En s’élançant dans la nuit de mardi à mercredi de Ouessant, l’éventualité d’un demi-tour était clairement évoquée par Franck Cammas avant de quitter la terre ferme. Si les doutes du co-skipper du Maxi Edmond de Rothschild portaient alors plus sur la fiabilité de la fenêtre qu’avec ses équipiers il s’apprêtait à emprunter, ce scénario de casse matérielle faisait également partie des cas discutés en amont au sein du team. Cette situation n’est pas inédite sur le Trophée Jules Verne et fait même partie intégrante de l’histoire du record ! Ironie des dates, il y a 4 ans jour pour jour Idec avait choisi de rebrousser chemin alors qu’il naviguait au sud du Pot au Noir suite à la dégradation de sa fenêtre météo. Cette première tentative avortée ne l’avait pas empêché de repartir dix-neuf jours plus tard et de revenir le 26 janvier 2017, le record et un nouveau temps de référence exceptionnel en poche.

26 novembre 15h – Jeudi après-midi alors qu’il glissait au portant à plus de 30 noeuds entre les Açores et Madère, le Maxi Edmond de Rothschild a percuté un OFNI*. Le choc est violent et ralentit tout de suite le géant de 32 mètres. L’équipage de Franck Cammas et Charles Caudrelier prévient son équipe à terre et démarre les investigations. L’impact, qui est survenu au niveau du safran de flotteur bâbord et plus précisément de son élévateur, a entraîné la casse d’une pièce du système de barre. David Boileau reprend immédiatement sa casquette de boat captain et réalise rapidement la réparation. Après 1h à plus faible allure, le dernier-né des Gitana reprend la route de son record à hautes vitesses. Visuellement la pelle de safran n’est pas abîmée mais l’appendice se révèle dur à manipuler ce qui peut laisser présager un endommagement du système de montée et descente de ce safran bâbord. Pour autant, le contrôle est impossible car la zone située à l’extrémité du flotteur est trop exposée et trop dangereuse pour s’y aventurer. Le Maxi Edmond de Rothschild poursuit sa route vers l’équateur.

27 novembre 10h – Pour ajuster leur trajectoire vers l’équateur, les hommes de Gitana effectuent plusieurs empannages. Lors du deuxième, réalisé dans la matinée, et alors qu’ils naviguent désormais bâbord amure, le quart sur le pont constate que le foil bâbord est également endommagé et les traces que l’équipage découvre ne laisse pas de place aux doutes ; elles sont consécutives à un choc, probablement celui survenu hier après-midi. Malgré la motivation du bord à aller de l’avant, les échanges fournis tout au long de la journée avec leur directeur technique, Pierre Tissier, et le responsable du bureau d’études, Sébastien Sainson, concluent que l’appendice est réparable en mer mais que l’équipage ne pourra plus l’utiliser au maximum de son potentiel.

Le Gitana Team souhaite à l’équipage de Sodebo une belle réussite dans sa tentative.

*OFNI : Objet flottant non identifié

- Publicité -

Trophée Jules Verne. On enlève déjà les bottes – jour 3 +213 nm

Le trimaran Sodebo Ultim 3 continue d’avancer sur un bon rythme et compte désormais 213 nm d’avance. Il devrait dépasser très le vite le Cap Vert après 3 jours de mer.

- Publicité -

Vendée Globe. L’avis de Yann Eliès sur Charlie et les Mers du Sud : Comme un boxeur qui entre sur un ring !

Charlie Dalin
Charlie Dalin s’entraine à bord d’ Apivia, le 29 Aout 2020, au large de Groix. (Photo Jean-Marie Liot/Alea/Disobey)

Yann Eliès donne son avis sur le parcours de Charlie Dalin et du bateau Apivia sur ce début de Vendée Globe. Son expérience du Vendée Globe apporte un bel éclairage sur les Mers du Sud et sur ce qui attend Charlie et les autres. Un point de vue passionnant.

Quel est ton regard sur ce début de Vendée Globe ?
Yann Eliès : Il y a eu quand même un gros écrémage au niveau de la catégorie des favoris, si l’on parle de celle où se situe APIVIA, avec le premier retour au port d’un des principaux favoris avec Jérémie (Beyou sur Charal), puis l’avarie d’Alex (Thomson sur Hugo Boss). Je pense que cela a fait prendre conscience à Charlie que cela allait être long, qu’il fallait ménager sa monture et que cela allait être dur. Ce qui m’a impressionné chez Charlie, c’est cette capacité à ne pas subir la pression. Il n’a pas eu par exemple cette difficulté à partir… Je l’ai trouvé très fort. On a vu pas mal de marins et pas des moindres, dont moi aussi de par le passé, à avoir du mal à partir. Car, d’un coup d’un seul, tu prends conscience que tu pars pour faire le Vendée Globe. Il y a le préparer et partir le faire. Ce n’est pas pareil !

Je l’ai trouvé avant le départ assez frais, assez serein et ça, c’est clairement un atout. Il n’avait pas de tristesse, de peur, d’angoisse lié à l’événement. Du coup, il est plutôt dans la maîtrise des choses même s’il a eu un petit moment de flottement dans le contournement de la dépression tropicale Thêta, où il a pris de la marge, sur la marge. Je pense qu’il n’avait pas imaginé que des coureurs allaient tenter la route optimum qui était assez engagée, mais il s’est vite rattrapé… et son classement le prouve !

Vous avez gagné la Transat Jacques Vabre ensemble, quel est ton avis sur APIVIA ?
YE : C’est un bateau intéressant, car il va vite tout le temps. Il est très polyvalent, avec quand même une petite inconnue au moment de la Transat Jacques Vabre, qui était le comportement du bateau au portant, dans de la mer. On avait eu du mal à trouver les clés sur la traversée. Il semble que c’est mieux lors des dernières navigations faites ensemble. Mais, ce qui m’impressionne surtout, c’est le niveau de préparation avec toute l’équipe de MerConcept. S’il y a un bateau qui est pour l’instant épargné par les avaries, qui est dans la maîtrise technique des choses, c’est bien APIVIA. Quand on fait le décompte, il y a quasiment que lui qui n’a pas eu de problèmes techniques. Ou alors, à la vue de ses trajectoires et du rythme imposé, il ne fait rien transparaître. Pour moi, il est clair qu’il n’a pas été obligé de ralentir pour réparer quoi que ce soit. Et ça, c’est un point très positif !

Dans quel état d’esprit est-on avant d’entrer dans les mers du Sud ? Te rappelles-tu de ta toute première fois ?
YE : Ma première entrée dans les mers du Sud était avec Orange lors du Trophée Jules Verne. On a tous, au début, pas mal d’anxiété car on te décrit ces mers comme compliquées et difficiles. Tu essayes de t’y projeter, de préparer ton bateau au mieux, de tout vérifier… mais rien ne remplace cette première entrée dans l’arène !

C’est un peu comme un boxeur qui entre sur un ring. Tu en prends plein la tronche la première semaine.

Quoi qu’il arrive cet océan Indien, il est dur. Tu passes une semaine ou quinze jours dans des conditions presque idylliques en tee-shirt, avec du beau temps, de la chaleur et des poissons volants et là, tu sens que tu mets les pieds dans un endroit hostile. Il y a un choc de températures, un choc de terrain de jeu, le corps n’est pas préparé à ce changement de milieu… Tout est fait pour que tu prennes des coups.

Après, avec le temps, on bout de quinze jours, tu trouves tes marques. Et quand tu sors au bout de trois semaines, un mois, ton corps s’y est habitué. Tu as trouvé le rythme… Mais les premiers jours sont violents. Je pense que Charlie a réfléchi à cela, même s’il va prendre cette nouvelle étape avec beaucoup d’humilité… Mais néanmoins, cela va lui demander un temps d’adaptation. L’avantage, c’est qu’ils devraient sortir avec Thomas, de la situation actuelle, avec un bon matelas d’avance sur les autres. Donc du coup, ils vont pouvoir y aller par paliers.

Navigue t’on différemment dans les mers du Sud ?
YE : Oui. Pourquoi ? Parce que les mers du Sud sont une partie où il va falloir commencer à apprendre à faire sans… C’est à dire que potentiellement, Charlie va voir que petit à petit le potentiel de son bateau risque de se dégrader très légèrement. On souhaite que ce soit le plus légèrement possible, mais il y a des choses qui peuvent commencer à dysfonctionner, à casser… Tout va être moins huilé, moins parfait et il va falloir apprendre, ainsi, à faire sans ou moins bien. Il va devoir faire avancer le bateau le plus vite possible, mais potentiellement en mode légèrement dégradé. Ce qui n’est pas forcément facile à accepter pour tout marin, et encore plus pour Charlie qui est perfectionniste et cartésien. Il va falloir qu’il apprenne à faire avec… Mais cela s’apprend, petit à petit, et je lui fais entièrement confiance !

Yann Eliès et Charlie Dalin
Yann Eliès et Charlie Dalin

Et le sentiment quand on quitte – enfin – les mers du Sud ?
YE : Quand on sort de ces mers-là, on les quitte avec du soulagement parce que l’on rentre vers la maison… Mais, on les quitte aussi avec nostalgie, car on quitte un endroit où dans une vie de marin on n’a que très peu l’occasion d’aller. Et que ce soit la fin d’un Vendée Globe ou la fin d’un record autour du monde, on a cette petite pensée… On laisse derrière nous des contrées sauvages et vierges que l’on ne reverra peut-être jamais. Cela reste un sentiment et une expérience exceptionnels…

Cela fait relativement peu de temps que Charlie dit être dans le rythme sur APIVIA. Est-ce étonnant ?
YE : Non. Charlie et la plupart des marins novices dans un Vendée Globe n’ont en fait, et entre guillemets, que traverser l’Atlantique. Même s’ils l’ont fait plusieurs fois… Dans notre dernière Transat Jacques Vabre, on avait dû mettre quatorze ou quinze jours pour rallier Salvador de Bahia. On est, sur ce type de course, sur un demi-fond et pas un sprint. On est sur de l’intense et tout est fait à bord pour cela. Là, on part sur un marathon et Charlie est sur le point de dépasser, je pense, son record de temps sur APIVIA. Il vient de prendre la mesure du temps qui passe et de ce que cela va représenter. Il faut savoir qu’ils ont fait 1/5e du temps de course et ça, à bord, tu y penses en ce moment.

C’est là, que tu prends la mesure du temps, de ce qu’il t’attend et du rythme qu’il va falloir trouver pour aller jusqu’au bout. Du coup, tu apprends personnellement à fonctionner différemment. Tu prends un peu plus de temps pour faire les manœuvres, tu t’assures qu’il n’y a pas de problème technique… Il faut savoir que chaque problème technique rencontré va te fatiguer et te prendre du temps. Et ce moment passé à résoudre un problème technique va te prendre du temps sur celui qui te sert à avancer et à te rapprocher du but. Un problème technique, c’est comme un boulet qui t’empêche de te rapprocher de la ligne d’arrivée. Donc, il vaut mieux perdre dix minutes et faire ralentir le bateau pour être sûr que tout se passe bien, avant de remettre en route sur un même bord pour plusieurs heures… Aussi, je ne suis pas étonné que Charlie dise être, maintenant, dans le rythme de son Vendée Globe.

Ton regard sur Charlie depuis le départ ?
YE : Sur cette première partie, Charlie force le respect. Vu de mon canapé, je trouve que sa performance et sa prestation sont super propres. Il faut qu’il se fasse confiance, car ce qu’il fait est bien ! Ça aussi, quand tu es en mer, tu ne t’en rends toujours pas compte… Franchement, tout va bien en ce moment, rien à dire !

Source : Apivia

- Publicité -
- Publicité -