LE CAP, AFRIQUE DU SUD - 5 DECEMBRE: Skipper Sebastien Simon, Arkea Paprec, est photographié en train de discuter avec Sam Davies, Initiatives Coeur, à son arrivée au ponton avant d’abandonner après avoir subi des avaries majeures lors du tour du monde à la voile du Vendee Globe, au Cap, Afrique du Sud, le 5 décembre 2020. (Photo by Nikki Behrens/4DGS photo/Alea)
Sébastien Simon a rallié Le cap avec son bateau Arkea Paprec. Sam Davie était là contrainte elle aussi à l’abandon sur le tour du monde. Les deux marins, qui vivent la même déception, ont échangé quelques mots dès l’arrivée de Sébastien au ponton.
Alors que sa propre équipe est en transit pour rejoindre l’Afrique du Sud, Sébastien a pu profiter de la solidarité légendaire entre les gens de mer. Les teams Hugo Boss et Initiatives-Cœur étaient, en effet, présents pour amarrer ARKEA PAPREC au ponton du port sud-africain.
Dès demain, Sébastien sera rejoint par une partie de son équipe technique afin d’établir un premier état des lieux des dégâts causés lors de l’avarie. Pour rappel, un choc avec un OFNI a fortement endommagé le foil tribord et son puits. Une cloison ainsi que le soufflet de palonnier de safran sont également dégradés. En fonction des préconisations des experts qui font également le déplacement en Afrique du Sud, le team ARKEA PAPREC pourra évaluer le niveau des travaux à effectuer sur place puis prendra la décision de ramener l’Imoca en France, par la mer ou en cargo.
Sébastien Simon, à son arrivée à Cape Town « Me voilà à Cape Town ! Je suis forcément un peu déçu d’abandonner ce Vendée Globe, c’est très frustrant. Je voulais aller au bout de cette course mais ça fait clairement partie du jeu. J’ai eu le temps pendant les trois jours pour venir ici de relativiser un peu, de prendre du recul. J’ai vu tout le soutien qui m’était accordé de la part de mes partenaires, de mes proches et tous mes supporters. Et c’est quelque chose qui me touche énormément. Je suis finalement assez satisfait. Même si c’est un coup du sort, j’ai envie de revenir, de refaire un Vendée Globe en 2024. J’ai envie d’arriver encore mieux préparé, encore plus déterminé, encore plus fort. Ça me servira d’expérience. C’est une aventure extraordinaire. J’ai eu la chance d’y participer. Je n’aurais pas rêvé mieux. Ce qui m’intéressait, c’était le projet sportif plutôt que l’aventure. Pour autant, je me suis fait carrément bouffer par l’aventure. On est pris dedans, c’est passionnant.
La veille de mon avarie, j’ai été dérouté pour aller sauver Kevin. C’est Jean Le Cam qui l’a trouvé. Ça a été une expérience inédite, incroyable. Honnêtement, j’ai eu très peur, j’ai eu peur de perdre Kevin. Les conditions étaient dantesques. Heureusement, on l’a retrouvé. J’ai pu reprendre ma course. J’étais 4e. J’essayais de maîtriser mon bateau pour l’emmener au bout de ce Vendée Globe et pouvoir accélérer après. Mon bateau a un super potentiel et je suis persuadé que j’aurais pu faire une super place. Ça fait partie du jeu. A moi de reconstruire le projet, de remobiliser tout le monde. Je remercie tout le monde. C’est incroyable comme course, c’est incroyable comme projet. Et j’ai hâte de revenir.
Je remercie les concurrents, j’ai reçu plein de messages. Plein de soutien. Je leur souhaite de prendre bien soin d’eux, d’aller au bout du Vendée Globe et de se faire plaisir. Il y a des moments qui sont durs mais il y a des petits moments où on se sent bien sur le bateau. Et ceux-là, il ne faut pas les oublier. Ce sont ceux-là les plus magiques. »
L’équipe de Sodebo fonce dans les mers du sud entre 35 et 45 nds en avant d’un front sur mer plate, le tout sans visibilité. Sodebo accentue son avance à 500 milles. La carte postale de Martin avec le briefing météo de Thomas.
Trophée Jules Verne a bord de Sodebo Photo Martin Keruzore
Charlie Dalin a les Kerguelen en ligne de mire et fait sa course seul en tête. Derrière la flotte continue de progresser et s’étale sur plus de 3 700 milles.
Si 28 skippers sont encore en lice. Trois se retrouvent dans la baie de Cape Town devenue le théâtre de la fin de leurs illusions sportives. Alex Thomson d’abord, puis Sam Davies et Sébastien Simon. Sam Davies (Initiatives-Cœur) aimerait repartir. “Repartir pour me reconstruire, pour le team et pour les enfants à sauver” : réparer, parvenir à reprendre sa route et finir ce tour du monde. “J’ai besoin de repartir pour me reconstruire”.
La veille, Alex Thomson (HUGO BOSS) était arrivé lui aussi à Cape Town après avoir affronté des rafales à plus de 50 nœuds de vent. “J’ai eu un peu de temps pour digérer ça, assure le skipper d’HUGO BOSS. C’était une conclusion brutale et terrible de ma course”. Cet après-midi, Sébastien Simon (ARKEA PAPREC), qui a annoncé son abandon hier, s’est amarré à proximité de ces deux compères d’infortune. “Je suis en contact avec Seb, on va surement pleurer ensemble et boire une bière”, confie Sam Davies.
LE CAP, AFRIQUE DU SUD – 5 DECEMBRE: Skipper Sebastien Simon, Arkea Paprec, est photographié en train de discuter avec Sam Davies, Initiatives Coeur, à son arrivée au ponton avant d’abandonner après avoir subi des avaries majeures lors du tour du monde à la voile du Vendee Globe, au Cap, Afrique du Sud, le 5 décembre 2020. (Photo by Nikki Behrens/4DGS photo/Alea)
L’histoire est aussi triste qu’ironique : là où tout s’arrête pour eux, tout avait commencé il y a 34 ans. En 1986 en effet, des marins rincés par les affres du BOC Challenge s’attablent dans un bar de Cape Town et commandent eux aussi des bières. Guy Bernardin, Bertie Reed et Philippe Jeantot rêvent à voix haute d’une course autour du monde. Le premier Vendée Globe aura lieu trois mois plus tard. À sa manière, Sam Davies a aussi convoqué l’histoire. Elle répète sa volonté de repartir, invoque pêle-mêle Isabelle Autissier – qui avait démâté au BOC Challenge 1992 avant d’être la première femme à boucler un tour du monde en solitaire -, à Nick Moloney (en 2004-2005), et Enda O’Coineen (2016-2017). “J’ai beaucoup de respect pour ceux qui ont fini hors course”, souligne la navigatrice.
Pour Charlie Dalin, “c’est quitte ou double”
Du respect, c’est ce qui transcende le spectateur à terre qui assiste par procuration à la progression de la flotte, après près d’un mois de compétition. Il y a aussi de l’admiration à voir les défricheurs de la tête de course tenir bon et résister aux caprices d’Éole et de Neptune. Et si Charlie Dalin creuse l’écart (plus de 190 milles d’avance sur Thomas Ruyant), imaginer une croisière qui s’amuse est une hérésie. Le leader raconte : “la mer est désordonnée, ça va de 30 à plus de 40 nœuds parfois. À chaque fois que j’ai essayé de mettre plus de toile, ça s’est terminé sur de gros plantés (…). Quand tu pars en surf, tu serres un peu les fesses”.
Se ménager, résister, tenir le coup et se projeter aussi. C’est la mission du moment pour le skipper d’Apivia et son premier poursuivant. Car derrière eux, une dépression se creuse, tutoie les 50 nœuds, et engendre un front dynamique qui les attend dans la nuit de mardi à mercredi. “D’un côté, Charlie peut créer un sacré écart avec le reste de la flotte s’il reste devant le front, décrypte Sébastien Josse, consultant du Vendée Globe. Mais vu l’état de la mer, il peut aussi tout perdre en prenant cette option. C’est quitte ou double”.
« C’est usant, long et mentalement, ce n’est pas facile » (Herrmann)
Dans ce premier groupe qui s’étend sur 670 milles avec Maxime Sorel (V and B – Mayenne, 11e) qui s’accroche avec ténacité, il y a aussi Boris Hermann (8e). Lui aussi confirme la dureté du moment, les variations du vent, les courants forts et la mer agitée. “Le bateau ne va pas très vite mais parfois, ça veut aller trop vite, ça se lance dans des surfs trop violents”, admet le skipper de Seaexplorer – Yacht Club de Monaco. Il faut réapprendre à naviguer. C’est usant, long et mentalement, ce n’est pas facile”.
À bord de MACSF, Isabelle Joschke reste stoïque, face à la caméra, malgré la forte houle qui secoue son bateau. La navigatrice franco-allemande démontre au quotidien ses capacités à se surpasser alors que la fatigue s’accumule et que les conditions n’arrangent rien. “Les dernières 48 heures étaient infernales, la mer difficile et le vent très instable”, lâche-t-elle alors que son bateau part au tas.
Dans ce groupe, Louis Burton (3e) a résolu le problème qui l’a fortement ralenti ces dernières heures. En cause ? Un capteur d’angle de barre affichant un message d’erreur. “Il a dû débrancher entièrement l’électronique pour réparer entre 15h et 1h30 du matin”, a précisé l’équipe de Bureau Vallée 2. Par ailleurs, Jean Le Cam (Yes We Cam!, 6e), qui a résolu des soucis de pilote automatique, a été le plus rapide des dernières 24 heures.
Chacun sa réalité, chacun ses appréhensions
La flotte s’étalant sur plus de 3 700 milles, à chacun sa réalité, ses conditions, ses doutes et ses appréhensions. Derrière le groupe de tête, Romain Attanasio (PURE-Best Western Hotels & Resort) et Clarisse Crémer (Banque Populaire X) ont enfin retrouvé un peu de vent (environ 12 nœuds depuis ce matin) après avoir passé le cap de Bonne-Espérance. « Romain a pris des milles d’avance et j’aimerais bien me rapprocher de lui, a expliqué Clarisse lors du Vendée Live ce midi. Je me sens vraiment bien, j’arrive à prendre la mesure de ce que je suis en train de faire. »
À 300 milles plus à l’Ouest, le quatuor de foilers Alan Roura (La Fabrique), Stéphane Le Diraison (Time for Oceans), Armel Tripon (L’Occitane en Provence) et Arnaud Boissières (La Mie Câline – Artisans Artipôle) se rapprochent du cap de Bonne-Espérance qu’ils devraient dépasser ce dimanche. Mais leurs préoccupations sont ailleurs : une dépression se creuse à Port-Elizabeth et descend plein Sud. Elle pourrait pousser la bande des quatre à proximité de la zone d’exclusion des glaces d’ici deux jours. « Je n’aime pas trop ça et je n’ai pas envie de tenter le diable », souligne Arnaud Boissières.
Quelques instants heureux
Pour le dernier groupe, là aussi, le quotidien diffère. Fabrice Amedeo (22e, Newrest – Art & Fenêtres) assure “se traîner dans l’anticyclone de Sainte-Hélène” et d’être dans “un espace hors du temps marqué par le calme et l’immobilité”. Alexia Barrier (TSE – 4myplanet), elle, bénéficie de conditions plus propices : « j’ai entre 18 et 20 nœuds de vent, la mer est bien rangée, ça glisse bien ! ». C’est plus délicat pour Jérémie Beyou en revanche. “Il est dans un petit couloir et n’a pas réussi à toucher de vent fort”, souligne Christian Dumard, le météorologue du Vendée Globe. Enfin, Kojiro Shiraishi (DMG MORI Global One) s’emploie avec son équipe pour réparer un problème de bout dehors.
En ce samedi où les conditions, quelles qu’elles soient, n’ont rien d’un cadeau, il reste des instants heureux, des petites bulles de bonheur qu’on savoure plus que tout. C’est le regard songeur de Damien Seguin (Groupe APICIL) alors que les vagues se fracassent contre son bateau (“je suis content que le pare-brise résiste !”). C’est le premier albatros aperçu par Manuel Cousin (Groupe SÉTIN) dans la matinée. C’est le thé chaud et réconfortant de Pip Hare (Medallia), “un vrai régal” confie-t-elle. C’est ainsi tout ce que forme le Vendée Globe : une multitude d’émotions aussi extrêmes que les conditions du moment.
Photo envoyée depuis le bateau TSE - 4myPlanet pendant le Vendee Globe, course autour du monde à la voile, le 2 Décembre 2020. (Photo prise par le skipper Alexia Barrier)
Pendant un Vendée Globe, le skipper barre très peu car il est accaparé par une somme de taches importantes. Le Pilote Automatique est ainsi sollicité, pratiquement 24/24H, pendant 109 jours (premier VG) soit environ 2600 heures… Par comparaison une Route du Rhum en 1990, c’est 14 jours soit 336 heures. Une course au large en solo ne peut s’imaginer sans la présence à bord d’un pilote automatique.
Aujourd’hui cet appareil bourré d’électronique a franchi un nouveau cap pour s’adapter à la navigation en trois dimensions des Foilers. Le skipper ne barre quasiment plus son bateau mais intervient sur sa trajectoire en pianotant sa télécommande ultra sophistiquée. Explications de Jean Sans, extrait du numéro Hors Série N°1 de Course Au Large, Tout savoir des bateau du Vendée Globe
Dès les premières navigations en solitaire et notamment en course, le « pilote automatique (PA) » s’est avéré indispensable. Comme l’énergie disponible à bord des bateaux des années 60 était rare (souvent il n’y avait pas de moteur à bord), on utilisait des conservateurs d’allure (cap par rapport au vent), qui étaient des sortes de girouettes autonomes agissant sur la barre et corrigeant les écarts de route. Cette technique du conservateur d’allure remise au goût du jour lors de la Golden Globe Race 2019 (gagnée par VDH) a utilement servi les navigateurs pendant les années 60/75. Ce système, très économique, fiable et écologique, fonctionne bien, mais son temps de réponse assez grand le limite aux bateaux archimédiens pour peu qu’ils ne planent pas.
Tant que les bateaux restent en mode archimédien (moyenne 10 à 15 nœuds, soit 5 à 7 m/s, avec des vitesses possibles de 20/25 nœuds), les PA assument leurs fonctions sans trop de problème. En réalité c’est plus la partie puissance, conjonction de systèmes électriques, mécaniques, hydrauliques, qui se révèlent souvent assez fragile. Le calculateur du pilote résiste mieux bien qu’il évolue dans un milieu très humide et avec des variations de température de -5°C à 40°C.
La généralisation des quilles pendulaires vers les années 2000, et maintenant celle des foils a conduit la classe IMOCA à encadrer de manière très stricte les fonctions technologiques accordées aux contrôles et manœuvres des appendices, donc des PA. L’objectif de l’IMOCA étant de limiter exclusivement l’action du PA à la commande de barre.
En régime archimédien, on peut barrer un bateau par une nuit noire complète, sans aucun instrument et même sans compas. Le barreur se sert de ses organes sensoriels pour conserver son cap par rapport au vent apparent.
Le barreur contrôle l’assiette transversale du bateau en jouant sur les écoutes et laisse le contrôle de l’assiette longitudinale (tangage et mouvement « d’ascenseur » résultants de l’amplitude des vagues) aux lois archimédiennes.
La macro-géométrie de la surface de la mer représente, malgré les vagues, une plateforme horizontale immuable et cela même sans aucune visibilité.
En mode Vol, il est par contre impossible de piloter manuellement par une nuit d’encre, si les instruments sont éteints (black-out total).
Dans l’absolu, le barreur pourrait, comme en régime archimédien, conserver son cap par rapport au vent apparent, mais il est dans l’impossibilité totale de contrôler la 3ème dimension car il n’a aucun repère puisqu’il ne possède plus d’horizon naturel (nuit noire). Conséquence, il ne peut pas contrôler son assiette transversale (gîte), ni surtout, son assiette longitudinale (cabrer, piquer). Il termine ainsi rapidement sa trajectoire en percutant la surface de l’eau. En supposant que le capteur d’altitude fonctionne encore, il fournit une donnée (ce n’est qu’un sondeur), exacte en termes de mesure, mais fausse verticalement. En effet ette mesure doit être corrigée par l’angle de gîte et le trim : ce qui est impossible sans référence à un plan horizontal.
Les « PA basiques » ne fonctionnent donc pas pour gérer le domaine Vol, et cela même si tous les capteurs sont opérationnels, car ils n’ont aucune référence par rapport à un plan horizontal.
Conclusion : pour évoluer dans le domaine de vol, un « horizon artificiel » doit être incorporé au bateau et évidement au PA.
On s’en doutait un peu malheureusement. Sam est contrainte d’abandonner suite à la violente collision survenue mercredi soir au niveau de la quille d’Initiatives-Coeur. Elle ne peut assurer seule en mer les réparations et les vérifications pour poursuivre sa course en sécurité. Comme elle l’annonce dans une vidéo, la navigatrice prend la décision, en concertation avec son équipe, de faire escale à Cape Town (Afrique du Sud) pour sortir le bateau de l’eau et le réparer. Cela signifie son abandon du Vendée Globe. Mais Sam espère rapidement repartir pour boucler le parcours hors course pour elle et pour les enfants. L’opération 1 clic = 1 cœur continue avec pour objectif de sauver 60 enfants cardiaques.
Sam Davies a déjà témoigné de la violence de la collision survenue mercredi soir, alors qu’elle filait à une vingtaine de nœuds. Après le choc est venu le temps d’une inspection détaillée, pour évaluer les conséquences du crash. En regardant sous l’eau, Sam a constaté un impact marqué au-dessus du bulbe de quille. Par ailleurs, deux cloisons dans le puits de quille ont cassé et Sam a observé quelques fissures et décollements dans d’autres zones du bateau.
En faisant escale et en demandant assistance, Sam Davies est contrainte à l’abandon.
Après cette inspection des dommages, Sam Davies, en concertation avec son équipe technique, considère qu’il est plus prudent de faire escale à Cape Town (Afrique du Sud) pour sortir le bateau de l’eau, le déquiller et le réparer. Il n’apparaît en effet pas raisonnable d’affronter les mers du Sud avec une monture dont l’intégrité n’est pas assurée à 100 %. La règle du Vendée Globe est claire : en faisant escale et en demandant assistance, Sam Davies est contrainte à l’abandon.
Boucler le parcours et continuer à sauver des enfants Cet abandon est d’autant plus frustrant que Sam réalisait une jolie course, très rigoureuse, en mettant sur le haut de la pile le fait de préserver son bateau. L’aventure n’est toutefois pas terminée pour la navigatrice qui espère reprendre la mer au plus vite et boucler le parcours hors course. L’aspect solidaire du projet Initiatives-Cœur va donc se poursuivre, avec l’opération 1 clic = 1 cœur. Pour chaque nouveau fan ou partage sur les pages Facebook et Instagram d’Initiatives-Coeur, 1€ est reversé par les sponsors mécènes du bateau (Initiatives, K-Line et VINCI Énergies) à l’association Mécénat Chirurgie Cardiaque qui permet à des enfants atteints de malformations cardiaques et venant de pays défavorisés de se faire opérer en France. Vingt-huit enfants ont ainsi été sauvés depuis le début de ce Vendée Globe et l’objectif reste d’en sauver 60.
Jean Le Cam s’est blessé au visage mais sans gravité malgré le visage marqué. Il dit s’être fait percuter par un poisson volant des mers du Sud – c’est bien connu – à moins que ce soit un banal accident à bord d’Hubert où l’ambiance semble toujours aussi bonne avec Kevin Escoffier qui maitrise désormais le clac clac clac.
Louis Burton s'entrainant sur l'imoca Bureau Vallée 2 pour le Vendée Globe 2020 (Photo Stephane MAILLARD)
Les moyennes affichées par Louis Burton sur Bureau Vallée laissaient craindre un problème à bord. Heureusement il a été vite solutionné par Louis Burton qui est troisième à 227 mn d’Apivia.
Hier après-midi aux alentours de 15h (HF), Louis Burton a constaté que son pilote automatique ne répondait pas normalement. Le skipper de Bureau Vallée 2 a donc considérablement ralenti la cadence pour contrôler et trouver d’où venait l’incident, l’IMOCA demeurant incontrôlable dans ce vent de sud-ouest pour plus de 30 nœuds et dans des creux de 6 mètres. Balloté comme dans un shaker, Louis a travaillé toute la nuit sur l’électronique du bateau pour trouver la faille et réparer.
Louis Burton s’est attelé de 15h à 1h30 du matin, sans pilote automatique, à trouver d’où venait son problème mettant un temps entre parenthèse la course. Il a fallu débrancher entièrement l’électronique, un des capteurs d’angle de barre affichant un message d’erreur depuis plusieurs heures. Alors qu’il se trouvait hier soir au classement de 22h en 2eme position à 140 milles de Charlie Dalin, Louis a perdu près de 90 milles la nuit dernière pour réparer son pilote automatique. Le voilà reparti ce matin à une allure normale, désormais à plus de 220 milles d’Apivia et à 27 milles de Thomas Ruyant, qui a repris la deuxième place. Le moral est bon et Bureau Vallée 2 est en ordre de marche !
Sodebo Ultim 3 allonge la foulée à 34 nœuds de moyenne après avoir réussi à se positionner à l’avant d’une dépression vendredi soir et prévoit un long bord à pleine vitesse jusqu’aux Kerguelen. Son avance est de 400 milles.
Jean-Luc Nélias avait résumé le programme du week-end vendredi dans son bulletin météo quotidien : « A partir de ce soir, la course de vitesse débute. » Et effectivement, depuis plusieurs heures, Sodebo Ultim 3, après en avoir terminé avec le contournement par l’ouest de l’anticyclone de Sainte-Hélène, a considérablement allongé la foulé. Ce samedi matin, sa moyenne sur les dernières 24 heures est de 34,2 nœuds et ce long bord de vitesse dans les 40e, bâbord amure à l’avant d’une dépression, va durer encore quelques jours, jusqu’aux Kerguelen. Auparavant, l’équipage aura basculé dans l’océan Indien au niveau du Cap des Aiguilles, point le plus méridional de l’Afrique du Sud situé après Bonne-Espérance, lundi matin, soit en 12 jours environ, l’objectif en partant d’Ouessant le 25 novembre.
En prévision du Grand Sud, le boat-captain François Duguet est confiant quant à la capacité de Sodebo Ultim 3 à encaisser ces journées à plein régime :« Je n’ai aucune appréhension, le bateau est prêt, l’équipage aussi, j’ai hâte d’y aller. » Chargé de veiller techniquement sur le trimaran, le marin de 39 ans n’a, de son propre aveu, pas eu grand-chose à faire de ce côté-là depuis le départ il y a un peu plus de 10 jours : « Les 4-5 premiers jours, je n’ai même pas ouvert la caisse à outils. Ensuite, on a profité de la traversée du Pot-au-noir pour faire quelques bricoles, mais c’était surtout du préventif et de la sécurité. » Ce qu’il regarde en priorité quand il fait un « check » du bateau ?
« D’abord tout ce qui est gréement : bôme, mât haubanage, ancrage. Après les bras de liaison, la structure en dessous pour voir s’il n’y a pas d’impact ; enfin les systèmes de transmission de barre et les safrans. En gros, tout ce qui n’est pas visible depuis la cellule de vie. »
A bord, celui qui confie être « toujours bien en mer », joue aussi, avec sa bonne humeur, les « ambianceurs », sans se forcer : « Je ne sais pas si je suis le boute-en-train de l’équipage, disons que je suis peut-être un peu plus expressif, que j’ai le verbe un peu plus haut que certains, même s’il y en a qui ne sont pas en reste. C’est important quand on part pour 40 jours, dans un espèce de huis clos, de garder une bonne ambiance pour que le moral reste haut, ça passe par des bons mots et des petits moments relax. »
Cette bonne ambiance est également alimentée par Thomas Coville qui donne la cadence à bord :
« Personnellement, c’est une découverte pour moi de partir aussi longtemps sur un record et de ne pas avoir de concurrent direct, poursuit François Duguet. Ce n’est pas facile, il faut parfois se faire un peu violence, se remotiver constamment, mais Thomas est là pour ça et il le fait très bien. Il nous rappelle à l’ordre, nous demande de rester focus sur les chiffres et les réglages. Sur un record, on se bat contre nous-mêmes, ça demande une concentration de tous les instants. »
Charlie Dalin mène toujours la flotte de Vendée Globe en gérant son avance de 200 milles sur ses poursuivants Thomas Ruyant et Louis Burton. A l’approche des Kerguelen, il continue a chercher son rythme imposé par les mers du sud.
« La mer est désordonnée comme d’habitude depuis un moment, c’est un peu la même péloche. On est dans un ciel de traîne : du ciel bleu avec des grains. L’état de la mer, c’est le problème principal, c’est ça qui empêche d’accélérer. À chaque fois que j’ai essayé de mettre plus de toile, ça s’est terminé sur de gros plantés. En termes de vent, ça va de 30 à plus de 40 nœuds parfois. Ça fait un moment qu’on est dans pas mal de vent et ce n’est pas près de s’arrêter. Mais j’ai pris mon rythme ‘vent fort’. J’ai réussi à bien dormir cette nuit. Depuis quelques jours, j’avais un peu de mal à manger, là ça va mieux. Je commence à me faire à notre vie dans l’océan Indien. J’ai eu un coup de mou passager hier, mais je suis à nouveau en pleine forme. J’arrive à régler le bateau, je sais à quel angle de vent il faut que je navigue, je suis entré dans ma routine de l’océan Indien.
Le souci, c’est la mer croisée. Le vent alterne entre le Sud-Ouest et le Nord-Ouest, donc tu navigues perpendiculaire à la houle. Donc dès que tu prends une vague, la plupart du temps, ça se termine en planté. Quand tu pars en surf, tu serres un peu les fesses…
Je suis dans le compromis. Les manœuvres, ça prend du temps, ça a un prix, donc, il faut que ce soit rentable. Hier, je me suis fait piéger. Ça a molli un peu, j’ai renvoyé de la toile et juste après, c’est rentré fort. J’ai fait un beau planté. La route est longue.
Mais comme ça fait presque une semaine qu’on navigue dans ces conditions, on finit par s’habituer. L’humain a des capacités d’adaptation importantes. Je m’en rends compte aujourd’hui. Il y a deux nuits, il y a eu un moment où je ne savais pas trop quoi faire. Le bateau tapait dans tous les sens. Je me faisais secouer sur mon pouf. Impossible de me caler pour trouver le sommeil. J’ai hâte de retrouver des conditions qui permettraient d’exploiter davantage les performances du bateau.
On m’avait vendu un ciel gris… mais j’ai plutôt du soleil et c’est agréable. Comme les journées sont longues, j’ai l’impression d’avoir mon quota de luminosité. On sent qu’on se déplace vers l’Est : le soleil se couche de plus en plus tôt et il se lève aussi de plus en plus tôt. Ce matin, il a dû commencer à faire jour vers 1heure TU et la nuit dernière est arrivée vers 17h30. On a une demi-heure de décalage par jour. Les nuits sont courtes et c’est agréable.
C’est beau, il y a des oiseaux, des déferlantes, on est sur de la houle du Sud. Les vagues avancent et roulent les unes après les autres. Quand il y a un rayon de soleil, ça fait ressortir le bleu de l’eau et le blanc de l’écume. C’est un beau spectacle.
Je sors rarement. Je suis soit à l’intérieur, soit dans le cockpit pour régler et faire un tour d’horizon et je ne suis pas si souvent en ciré. Je vis aux heures des fichiers météo : 7/8 heures le matin, 19h/20h le soir. J’ajuste ma trajectoire. Voilà ma routine. Pour le reste et notamment manger, j’essaie de rester sur l’heure solaire. J’ai récupéré une carte des fuseaux horaires pour caler les repas sur l’heure solaire. J’ai décidé de ne pas rester sur l’heure française.
Il ne fait pas si froid. 9 degrés dans le cockpit. Dans le bateau, il fait presque 18°C… Je n’ai pas encore sorti de la panoplie grand-froid !
J’attends la bascule de vent (à l’Ouest) la nuit prochaine. Ça va me permettre d’empanner vers un nouveau front en approche et si tout se passe bien, c’est un bord qui pourrait nous envoyer jusqu’au cap Leeuwin. Si le timing est bon, si j’arrive à maintenir le rythme, avant la fin du week-end, je suis en bâbord amure, route directe vers le prochain cap.
Je suis en tête oui, mais il reste tellement de milles à parcourir, il peut se passer tellement de choses… Chaque chose en son temps, je prends chaque système météo l’un après l’autre. »
Alex Thomson a pris le temps de faire une vidéo de son bateau à Cap Town où il a eu des mots d’encouragements pour Kevin Escoffier et Sébastien Simon. Il a également mis à l’honneur Jean Le Cam.