dimanche 16 novembre 2025
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Route du Rhum. Jérémie Beyou : “L’écart est rattrapable, c’est loin d’être fini !

A 1000 milles de l’arrivée, Jérémie Beyou sur son nouvel Imoca Charal 2 évolue à la 3e place et sait qu’il peut encore se passer plein de choses.

Le week-end dernier et en début de semaine, le skipper a pourtant eu à résister à des conditions particulièrement virulentes. « Ce sont des conditions que j’avais déjà rencontré mais jamais avec ce bateau puisqu’on l’a mis à l’eau l’été dernier, explique-t-il. Forcément, il y a toujours des doutes, de l’appréhension à ‘tirer dessus’. Lors des passages de front, j’ai vraiment essayé de faire attention, d’avoir une attitude protectrice ». Jérémie reconnaît « de petites frayeurs », ces moments où « tu te demandes si ça ne va pas casser ».

« Ce sont des bateaux qui vont très vite avec beaucoup de charge, on est toujours à la limite ». Pourtant, le breton a tenu bon et a pu atteindre les alizés, ces vents porteurs qui mènent vers les Antilles. Les alizés promettent toujours un grand coup d’accélérateur sauf lorsqu’ils sont mal établis. Ce qui a été le cas ces dernières heures : il faut donc composer avec des variations de vent, des grains, des zones de ‘molles’. Une phase périlleuse, d’autant que tout compte à l’heure où les cinq premiers se tiennent dans un rayon de moins de 80 milles.

« Ce n’est pas une situation évidente, confiait Jérémie ce vendredi midi. C’est très instable pour trouver le bon flux, pour garder des vitesses constantes ». Jeudi vers midi, il s’est « fait coincer » par un énorme grain. Conséquence : Charlie Dalin (APIVIA) et Thomas Ruyant (LinkedOut) ont pris 20 milles d’avance.

Jérémie n’est pas du genre à manier la langue de bois. « C’est pas de chance de m’être fait coincer dans ce grain hier, ça m’a mis un coup de pompe ». Après une nuit où il a pu dormir un peu, il est reparti d’attaque. Et ça se voit : le skipper de Charal 2 a repris 20 milles sur les deux premiers en bataillant sans relâche aux côtés de Kevin Escoffier (Holcim-PRB) et Paul Meilhat (Biotherm). En somme, Jérémie est loin d’avoir relâché la pression, bien au contraire.

« L’écart est rattrapable, c’est loin d’être fini », prévient-il. On pense notamment au tour de la Guadeloupe qui est toujours très piégeux et peut bouleverser la hiérarchie. Jérémie conclut, comme une promesse : « il peut encore se passer plein de choses ! »

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Route du Rhum. Du match jusqu’à l’arrivée !

Erwan Le Roux - Koesio - Ocean Fifty © LE ROUX Erwan / Koesio

Alors qu’Arthur Le Vaillant est en approche de l’arrivée pour une 6e place en Ultime, de belles batailles continuent dans les autre classes. En Ocean Fifty, les premiers sont attendus ce dimanche et les Imoca lundi. Une fin de course pas simple où les concurrents continuent d’enchaîner les manœuvres et tentent de se frayer le meilleur chemin vers la Région Guadeloupe au gré des grains et des incessantes petites oscillations du vent.

24 milles séparent ce samedi matin Arkema et Koesio, les deux premiers Ocean Fifty qui ne se lâchent plus. Les dernières longueurs s’annoncent sous haute-tension pour les deux marins, ce qui n’est évidemment pas pour déplaire aux observateurs. « C’est un peu énervant d’avoir Erwan sur les talons d’autant que la météo est compliquée. Depuis quelques heures, les grains sont très réguliers. Toutes les demi-heures, il y en a un qui passe. Ça rajoute beaucoup de manœuvres. La navigation dans les alizés n’est vraiment pas simple. J’essaie de me reposer tant bien que mal et surtout, je contrôle mon adversaire. Pas question de le laisser partir dans un coin », a commenté Quentin Vlamynck qui compte ainsi conserver l’avantage d’ici à l’atterrissage sur la Guadeloupe, mais qui redoute naturellement le tour de l’île prévu dans la journée de demain. « La trajectoire est assez claire pour rejoindre les Antilles. Dans la matinée, on va empanner et filer plein sud vers la pointe nord de Grande Terre. Ensuite, il faudra être patient et faire gaffe. Il va y avoir du match jusqu’à l’arrivée. Ces dernières 30 heures, il va falloir y aller à fond ! », a complété le skipper d’Arkema qui rêve plus que jamais de la victoire à Pointe-à-Pitre, mais qui va devoir contenir les attaques de son rival jusque dans les derniers milles.

19/11/22 – 05h12 : Vacation / Ocean 50 – Quentin Vlamynck / Arkema – © 6ème Sens

Si le jeu est serré en Ocean Fifty, il l’est tout autant du côté des IMOCA où, en tête de flotte, Thomas Ruyant (LinkedOut) et Charlie Dalin (Apivia) se rendent coup pour coup avec un léger avantage pour le nordiste qui compte, ce matin, un bonus de quinze milles sur son principal concurrent et un matelas de 70 milles sur la paire Jérémie Beyou (Charal) – Kévin Escoffier (Holcim – PRB), en embuscade. « Ça continue de tirer des bords. Une chose est sûre : on va être au point sur les empannages en arrivant à Pointe-à-Pitre ! », a plaisanté Beyou lors de la vacation matinale. Comme les autres, ce dernier tente de se frayer la meilleure trajectoire possible vers les Caraïbes mais l’exercice reste complexe, à l’image des jours précédents. « On essaie de trouver le bon chemin dans les alizés mais ils sont très changeants. Ils sont montés d’un cran en termes d’intensité, mais ils ne sont toujours pas super stables. On joue à prendre les petites bascules, les petites accélérations, les nuages… Il y a de quoi faire ! », a relaté le skipper de Charal qui continue de rivaliser dans le trio de tête et joue des coudes, ce matin, avec Kévin Escoffier. « Je suis à vue avec lui. Je viens d’empanner, il a suivi. Il est à une petite dizaine de milles. C’est stimulant mais ça oblige à pousser fort pour essayer de le distancer », a ajouté le marin de la baie de Morlaix tout de suite très à l’aise lorsque le vent devient un peu plus consistant. « Dans le medium, j’ai du mal à trouver la vitesse mais ça va mieux à mesure que la brise rentre. Le bateau devient plus facile », a concédé Jérémie Beyou qui compose, dans l’immédiat, avec un flux oscillant entre 16 et 18 nœuds sur une mer relativement désordonnée, mais qui s’attend à un renforcement du vent dans les prochaines heures. « Il va falloir continuer de faire attention au bateau car il ne faudrait pas tout gâcher en faisant une bêtise, en tirant trop dessus ou en réglant mal le mât, notamment lors du dernier bord tout droit, demain, qui s’annonce capital. En attendant, il reste un peu de travail, avec des derniers recalages à faire. Ça n’a rien d’évident », a terminé le navigateur.

Continuer d’y croire

Même constat du côté d’Antoine Carpentier (Redman) en Class40, pourtant situé bien plus au nord. « C’est très instable en force et en direction depuis quelques jours. Même à quelques milles d’écart, on n’a pas forcément les mêmes vents. Chacun fait avec ce qu’il a », a commenté le vainqueur en titre de la Transat Jacques Vabre, alors pointé en 5e position avec un écart au leader, Yoann Richomme (Paprec Arkea), qui ne cesse de s’accentuer, pour lui comme pour les autres. « Ça fait mal de le voir se barrer comme ça. On est un peu impuissant. J’ai tout essayé aujourd’hui, avec plein de combinaisons de voiles différentes. Je me suis bien pris la tête mais le fait est qu’il y a plus de pression devant », a expliqué le marin. « C’est un peu frustrant d’être dans cette situation où la course semble nous échapper », a ajouté Antoine Carpentier. D’ici à l’arrivée, les perspectives de recoller au score ne sont pas flagrantes même si tout reste toujours possible. C’est d’autant plus vrai que sur les 1 400 milles qu’ils restent à parcourir, la vitesse va primer sur la stratégie. « Comme on est très nord, on va rester en bâbord amure jusqu’à l’arrivée. On est sur un long bord un peu tout droit qui va durer quatre jours, tantôt sous spi, tantôt sous gennaker en fonction des petites variations du vent. Dans ce contexte, le but est de faire marcher le bateau le plus rapidement possible, en espérant que ça s’effondre un peu devant et qu’on puisse revenir. Les fichiers ne sont pas exacts et si ça se trouve, demain ou après-demain, ce sera à notre tour d’avoir plus d’air !», a conclu le skipper de Redman.

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Golden Globe Race. Tapio Lehtinen en sécurité récupéré par Kirsten Neuschäfer

Suita au naufrage de son bateau qui a coulé vendredi Tapio Lehtinen (Asteria) a été récupéré par un autre concurrent Kirsten Neuschäfer (Minnehaha) et est désormais en sécurité. La Sud-Africaine est arrivée sur site, ce samedi matin. “J’ai essayé d’aller aussi vite que j’ai pu pour le récupérer. ” Le Finlandais est maintenant à bord du navire marchand, le Darya Gayatri.
A 0805 TU Kirsten a appelé le CMT GGR et a confirmé qu’elle avait récupéré Tapio de son radeau puis effectué son transfert sur le DARYA GAYATRI. Tapio est en forme, à bord du vraquier. Kirsten, soulagée a repris la course.

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Route du Rhum. Thibaut Vauchel-Camus raconte son chavirage et le sauvetage de son bateau

Thibaut Vauchel-Camus et son voilier Solidaires En Peloton – ARSEP sont arrivés mardi 15 novembre à Ponta Delgada. Suite à son chavirage samedi dernier, alors qu’il était en tête de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe, dans la catégorie des Ocean Fifty, Thibaut, aidé par l’équipage du bateau de sauvetage le Mérida, a sauvé son trimaran de 50 pieds et a réussi à le remorquer jusqu’aux Açores. Le récit.

« Je sortais d’un front tonique de façon impeccable. Nous avions eu jusqu’à 35 à 38 nœuds en rafales. J’étais en tête de la course. Tout allait bien. Le vent avait un peu baissé et la mer était moins forte. J’évoluais avec un ris dans la grand-voile, sous trinquette et avec la dérive un peu relevée. À un moment donné, le bateau a gîté un peu plus vite par la combinaison d’une rafale et d’une vague qui a ralenti le bateau. J’ai immédiatement choqué le chariot de grand voile… qui se bloque et ne choque pas… Je reprends alors la main sur la barre en arrêtant le pilote automatique pour lofer en grand mais le bateau est déjà trop haut et ne tourne pas, c’est le point de non retour. Le mât touche l’eau et le bateau part à l’envers. Je m’accroche solidement à la queue de malet proche de mon poste de barre. Le mât finit par casser, le bateau accélère sa bascule et Je tombe dans l’eau de 2-3 mètres. Je n’y passe que quelques secondes, je me dégage et arrive à grimper rapidement de l’autre côté. Je m’engouffre dans la trappe de survie de la coque centrale. Je vais bien physiquement et n’ai aucune blessure. Je suis en sécurité.

Je prends mon bidon de survie où il y a mon téléphone satellite et appelle la direction de course afin d’avertir de ma situation et rassurer tout le monde sur mon état physique et les conditions dans lesquelles je vais être pour les heures à venir. J’allume ma balise Yellowbrick afin d’avoir un pointage de ma position toutes les 30 minutes. J’ai aussi à l’esprit que le Mérida, le bateau de sauvetage d’Adrien Hardy, n’est pas loin. Avec mon équipe à terre, l’opération d’assistance s’organise. J’accuse le coup ensuite dans un confort relatif mais je suis au sec et je peux m’alimenter. Le Mérida fait route sur ma position et j’échange régulièrement avec la direction de course et mon équipe à terre. Le bateau de secours arrive sur zone à l’aube dimanche et ce sont de véritables pros qui prennent les choses en main ! Après 7 heures d’opérations, avec un système de bouée gonflable et après avoir rempli l’un des flotteurs d’eau, ils parviennent à redresser Solidaires En Peloton – ARSEP. Magistral !

Nous faisons alors route vers les Açores, le trimaran en remorque et à l’endroit, dans des conditions maniables, avant que la météo ne se gâte à nouveau.

Je tiens à remercier profondément l’équipage du Mérida, mon équipe, mes partenaires et mes supporters… Ils m’ont permis de sauver mon bateau et de lui promettre un avenir !

Depuis notre arrivée mardi matin à Ponta Delgada, Sao Miguel, nous avons monté un gréement de fortune efficace et tenté de récupérer tout ce qui était récupérable à un point tel que je me suis presque posé la question de terminer la course ! C’était un travail remarquable !

Nous avons encore pas mal de choses à faire à bord mais nous serons prêts pour un convoyage retour vers la France bientôt. En attendant, je reprends mes esprits et je me rendrai en Guadeloupe en fin de semaine afin de voir mes proches, mes partenaires, les guadeloupéens et fermer la boucle de cet épisode difficile. Ma Route du Rhum 2022 est finie mais je rebondis et mes pensées se tournent vers l’avenir. »

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Golden Globe Race. Tapio Lehtinen a activé sa balise de détresse, son bateau a coulé

Tapio Lehtinen Gaia 36 ASTERIA

Le skipper Tapio Lehtinen a activé la PLB de son radeau de sauvetage, indiquant un probable abandon du navire à 460 milles nautiques au sud-est de Port Elizabeth en Afrique du Sud, alors qu’il participait à la Golden Globe Race.

L’équipe de crise de la GGR aux Sables d’Olonne et le fondateur et président de la course, Don McIntyre en Afrique du Sud, se sont coordonnés avec le MRCC Cap Town et le CROSS Griz-Nez en France. Le radeau de sauvetage contient une radio VHF et un GPS. Le MRCC Cape Town a contacté les navires de commerce à proximité afin qu’ils se déroutent vers sa position, le navire le plus proche étant à 250 milles.

Les participants à la GGR, Kirsten Neuschäfer et Abhilash Tomy, respectivement à 105 et 170 miles à son SSW, ont été informés de la position de sa PLB. Abhilash a été le premier à recevoir le message et à se dérouter vers Tapio.

À 09h22 TU, Tapio a activé la balise d’urgence YB3 de suivi par satellite et d’envoi de SMS qui fait partie du grab-bag d’urgence, et à 1002 TU a accusé réception manuellement du message envoyé par l’équipe de crise GGR, indiquant qu’il était valide et avait emporté le grab-bag avec lui

Ce sac contient de la nourriture, de l’eau et plusieurs équipements de sécurité essentiels, notamment un GPS, un transpondeur SAR, un second EPIRB 406 et une radio portable SMDSM avec batterie longue durée.

Chaque participant à la GGR 2022 dispose de deux unités de suivi/messagerie YB3. Crédit photo : Nora Havel / GGR2022
Tapio a depuis contacté l’équipe de crise expliquant que le yacht avait coulé par la poupe, l’eau envahissant le voilier au niveau du pont en 5 minutes. Il a enfilé sa combinaison de survie, et a embarqué dans le radeau, mais n’a pas de lunettes, il lui est donc difficile d’envoyer et lire les messages.

Son dernier message nous dit à 1105 UTC :

J’AI SALUÉ ASTERIA UNE DERNIÈRE FOIS, DEBOUT DANS LE RADEAU, ALORS QU’IL SOMBRAIT.

Les conditions dans la zone de Tapio sont gérables avec des vents légers et une houle de 2,5 mètres. Avec Kirsten maintenant en route et à moins de 100 milles, l’équipe GGR a libéré Abhilash de l’opération de sauvetage. Kirsten est au moteur et devrait avoir des vents favorables plus tard dans la journée pour être sur zone le samedi 19 novembre dans la matinée. Les prévisions suggèrent des conditions modérées au cours des deux prochains jours.

Le MRRC Cape Town communique avec le navire marchand DARYA GAYATRI à destination de Singapour, et lui a demandé de se dérouter et porter assistance. Le navire est actuellement à 250 milles au nord-ouest de Tapio, avec une ETA le 19 novembre à 1200 TU.

Nos pensées vont à Tapio, sa famille et ses amis pendant cette période difficile. Le centre de coordination des secours maritimes d’Afrique du Sud fait un excellent travail de coordination des efforts de sauvetage. Tapio est un marin expérimenté qui a fait ses preuves, bien préparé à ces conditions. Nous remercions tout le monde pour leurs messages de soutien à Tapio et à ceux qui participent actuellement à son sauvetage.” indiquait Don Mc Intyre

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Route du Rhum. Thomas Ruyant prend la tête en Imoca !

Thomas Ruyant - LinkedOut - Imoca © Pierre Bouras

La fin de course en Imoca s’annonce intense. Thomas Ruyant à bord de son LinkedOut devance ce vendredi Charlie Dalin sur Apivia. Un tournant sur cette course.

Le passage de l’anticyclone des Açores a joué un mauvais tour à Charlie Dalin qui a vu revenir ses concurrents directs dont Thomas Ruyant qui a joué parfaitement un décalage plus à l’ouest et qui ce matin pointe en tête à une allure portante où son bateau s’annonce aussi rapide qu’Apivia. Il met un terme, au moins pour l’heure, à 8 jours de domination de Charlie Dalin et son Apivia à grands foils. Depuis son entrée dans un couloir alizéen instable et en voie d’établissement, le skipper Nordiste trouve les angles et la pression de vent favoris de son plan Verdier. Il s’attache depuis à “nourrir la bête”, à appliquer à chaque instant, à chaque oscillation l’exact réglage de ses voiles et de ses appendices pour tirer la quintessence de sa monture. Il applique en cela les mille et une idées développées lors et depuis la Transat Jacques Vabre, avec son équipe technique mais aussi son complice lors de la victoire l’an passé en Martinique, Morgan Lagravière. La supériorité d’Apivia, flagrante en début de course aux allures de près dans du vent faible à médium, est ainsi mise à mal, et les deux plans Verdier sont partis pour un duel au couteau qui pourrait bien ne trouver sa conclusion qu’aux abords immédiats de la ligne de Pointe-à-Pitre. 1 100 milles les séparent de cette échéance. 1 100 milles d’un alizé tortueux, pavé de mauvais grains qui viennent comme à plaisir brouiller le plus soigneux des réglages, contraignant les solitaires à une adaptation constante de l’assiette du bateau et de l’harmonie des combinaisons de voilure. Thomas y trouve une forme de jubilation, heureux de pouvoir appliquer sa méthode et cette symbiose construite depuis 3 ans avec son foiler.

Physique, épuisante, la course tient aussi toutes ses promesses de défi tactique, l’alizé imposant un rythme d’empannage à placer à bon escient, tant la proximité et la qualité des adversaires ne tolèrent aucune approximation. C’est donc aussi sur l’écran de l’ordinateur que se joue plus que jamais la performance. Et comme si toutes ces composantes ne suffisaient pas, Thomas ne manque pas d’inclure dans son analyse stratégique la menace des autres poursuivants. Si un trou est désormais fait, de plus de 120 milles avec les étonnants Justine Mettraux et Maxime Sorel, la menace de Jérémie Beyou, Kevin Escoffier et Paul Meilhat continue de mobiliser l’attention du Dunkerquois. Les foulées s’allongent et ce sont désormais plus de 340 milles que les solitaires de tête avalent chaque 24 heures. Un rythme appelé à s’élever, pour envisager une arrivée sur l’île papillon lundi prochain dans la journée…

Derrière Kevin Escoffier, Jérémie Beyou et Paul Meilhat sont encore en embuscade. “Il y a une part de roulette russe dans ces parages avec les passages de grains ! Il faut être opportuniste et chanceux. Je suis dans le bon paquet.” soulignait Kevin Escoffier.

18/11/22 – 05h39 : Vacation / IMOCA – Kevin Escoffier / Holcim – PRB – © 6ème Sens

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Route du Rhum. Deux fissures à bord du Class40 de Xavier Macaire

Xavier Macaire - Groupe SNEF - Class40 Vincent Olivaud - RDR 202

Xavier Macaire l’un des favoris en Class40 a constaté deux fissures importantes à l’avant de son bateau Groupe SNEF, situées au niveau du bouchain et du fond de coque. Celles-ci entraînent une voie d’eau à l’intérieur du bateau. Le navigateur, qui n’est pas en danger, va tenter de réparer en faisant de la stratification avec la résine et les bandes de fibres de verre embarquées avant le départ.

Aux avant-postes depuis le départ de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe le 9 novembre dernier, Xavier Macaire a montré qu’il était un concurrent redoutable et un sérieux candidat à la victoire finale. Le Class40 Groupe SNEF a cependant beaucoup souffert lors des navigations au près durant la première partie course. Pour des raisons de sécurité, Xavier doit réduire la voilure.

Même s’il met sa course entre parenthèses, le skipper a la ferme intention de rejoindre la ligne d’arrivée à Pointe-à-Pitre et va s’en donner tous les moyens.

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Figaro. Victor Le Pape, vainqueur du Challenge Espoir Région Bretagne – CMB 2023

Les 3 skippers Région Bretagne – CMB © DR


Victor Le Pape est le nouveau skipper Espoir de la Filière d’excellence de course au large Région Bretagne – CMB après avoir remporté cinq des huit courses disputées dans des conditions relativement variées. Quatrième du championnat d’Europe de planche à voile RS One en 2015, champion de France d’Open 5.70 en 2017 et par ailleurs enseignant d’EPS, le Fouesnantais âgé de 24 ans succède ainsi à Gaston Morvan.

Comme prévu, la finale du Challenge Espoir Région Bretagne – Crédit Mutuel de Bretagne s’est déroulée cette semaine, en baie de Port-la-Forêt. Les trois jeunes retenus à l’issue de la phase 2 le mois dernier se sont affrontés en solitaire à bord de Figaro Bénéteau 3 sur des manches de type « banane ».

Ils ont dit :
Victor Le Pape, nouveau skipper Région Bretagne – CMB Espoir : « La troisième est donc la bonne ! On a bien enchaîné tout au long de la semaine et la fatigue a commencé à peser lourd à la fin. La bagarre a été serrée jusqu’au bout. J’ai réussi à gagner cinq manches sur les huit disputées. J’ai bien fini la régate mais j’avais eu un peu de mal à rentrer dans le match. Je pense que j’ai début en me mettant trop de pression sur les épaules mais ma première victoire de manche a été un déclic et ensuite, j’ai réussi à naviguer comme je sais le faire. Nos organismes ont été mis à rude épreuve car les conditions ont globalement été toniques. Il a par ailleurs fallu vraiment se gratter la tête sur le plan tactique. Ça a été très complet. A présent, c’est un rêve qui se réalise pour moi. J’étais venu il y a deux ans en outsider et ces deux dernières années, j’ai cherché à être le plus performant possible dans cette optique.. J’avais beaucoup misé sur ce formidable Challenge qui représente une opportunité unique de faire carrière dans le domaine de la course au large. Je suis ravi de la perspective de porter les couleurs de la Région Bretagne et du Crédit Mutuel de Bretagne dès la saison 2023. J’ai d’ores et déjà hâte d’y être. »

Anne Gallo, vice-Présidente de la Région Bretagne : « Grand bravo aux 3 skippers !
Manches serrées exigeantes avec des conditions météo qui ont mis en avant les compétences des 3 skippers. Merci à toutes les personnes qui ont contribué au succès de cette nouvelle sélection : la FFV, le comité de course, le jury, l’équipe du Pôle Finistère course au Large pour la qualité de leur travail et leur investissement dans l’ensemble des épreuves de sélection. Merci également à notre partenaire CMB d’être fidèle à ce dispositif de détection et d’être à nos côtés depuis désormais plus de 10 ans. Un dispositif de détection et de formation qui a démontré toute sa pertinence et vu naître de nombreux sportifs et sportives de haut niveau. Tous nos vœux de succès à Victor en souhaitant très sincèrement qu’il puisse trouver un plein épanouissement et le chemin des podiums à l’image de ses prédécesseurs. »
Luc Moal, vice-Président de la Fédération du Crédit Mutuel de Bretagne : « Je félicite les trois finalistes, Victor Le Pape, Thomas André et Swann Pain, qui se sont livré une belle bataille tout au long de la semaine. La décision s’est faite sur l’eau et c’est là l’une des grandes forces de ce Challenge Espoir. Je souhaite la bienvenue à Victor au sein du Team Région Bretagne-CMB. Aux côtés de Chloé Le Bars et Gaston Morvan, encadré par le Pôle Finistère Course au large, soutenu par le Crédit Mutuel de Bretagne et la Région Bretagne, notre nouveau skipper Espoir sera dans les meilleures conditions pour débuter la saison prochaine sur l’exigeant circuit Figaro. »
Jeanne Grégoire, Directrice du Pôle Finistère Course au Large : « La compétition a été extrêmement serrée, aussi bien sur l’eau que dans les points au classement.. Nous sommes vraiment très fiers de la manière dont s’est déroulée cette finale. Un corps arbitral et un comité de course fédéral était présent lors de cette finale pour garantir vraie équité sportive. Cela participe indéniablement à la qualité de cette sélection. La semaine a été longue. Un total de huit manches a été validé dans des conditions assez variées et parfois très instables, avec entre 8 et 22 nœuds de vent. Cela a permis de mettre en évidence le niveau technique des uns et des autres mais aussi leur capacité à tenir la pression. Au final, nous avons un beau vainqueur, mais aussi un deuxième et un troisième, ce qui était important pour nous. »

Classement de la finale :

  1. Victor Le Pape, 19 points
  2. Swann Pain, 15 points
  3. Thomas André, 14 points.
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Route du Rhum. Yves Le Blévec 5e : ” Heureux d’avoir fini !”

Yves Le Blévec sur son ultime Actual a franchi en cinquième position la ligne d’arrivée à Pointe à Pitre. Son temps de course est de 08 jours, 15 heures, 49 minutes et 1 seconde.

Dès le départ, j’étais un cran en-dessous. Je suis très admiratif des premiers. Il y a 3 jours, j’ai perdu mon genaker. En 2 heures de temps, j’ai eu 3 pannes d’un seul coup. J’au du ralentir et Francis est revenu à ce moment-là.
« Je vais aller vite, je vais tenir une belle cadence, mais mon jeu n’est pas d’essayer de les suivre. Je me prépare psychologiquement à ça » nous confiait Yves Le Blévec avant le départ de Saint-Malo. Avec un bateau performant (l’ancien Macif) mais pas autant que les quatre autres trimarans volants, le skipper d’Actual Ultim 3 avait un plan de bataille bien en tête au départ de Saint-Malo. Mais Yves n’a jamais pu s’accrocher à la roue des leaders, sans doute surpris par le rythme imprimé par Charles Caudrelier et moins inspiré dans ses choix de trajectoire à travers le Golfe de Gascogne. Et tout va très vite en Ultim 32/23. Avec 250 milles de retard au passage du premier front, Actual Ultim 3 était condamné à vivre une autre course que celle du trio de tête qui creusait son avance à chaque nouvelle frontière météo. En arrivant au ponton, le trinitain rendait hommage au trio de tête et insistait “sur le stress énorme qu’engendre la vitesse sur ces machines”.
Le duel qui a opposé le skipper à Francis Joyon aura néanmoins donné du sel à cette transat. Lorsque Actual Ultim 3 finit par doubler Idec Sport dans l’alizé, on pense que le plus dur est fait. Mais la perte du grand gennaker trois jours avant l’arrivée limite les performances du bateau et Yves Le Blévec termine finalement cinquième de sa première Route du Rhum – Destination Guadeloupe en Ultim 32/23. Un peu déçu de sa place au classement mais pas amer, il conserve la satisfaction d’avoir conduit son trimaran à bon port, ce qui sur ces machines, reste en soi une performance.

Yves Le Blevec, skipper Actual Ultim 3 : « Je ne peux pas commencer la conférence de presse sans parler de François (Naveilhan NDLR) et d’Alex (Picot NDLR) et dire à quel point je suis effondré. Tous les skippers de cette transat ont fait des stages de survie, on a disputé une course hyper engagée et le drame se passe et là, en baie. La sécurité est primordiale pour tous. C ’est très triste. Je suis effondré, comme tout le monde. »

Sa belle transat bouclée, le skipper Actual Ultim 3, accueilli par Francis Joyon et François Gabart, est heureux et fier de la mission accomplie, du travail d’équipe réalisé depuis des mois. Aucun souci technique n’a entravé la performance globale du bateau, mis à part un gennaker déchiré il y a trois jours qui lui coûte probablement sa 4e place. Mission accomplie. Il raconte ce qu’il ne dit pas en mer.

Heureux ?
Yves Le Blevec : « Je suis vraiment super content d’être arrivé ! Boucler cette course était l’objectif n°1. Arriver ici… ce sont des sensations très intenses. »

T’es-tu fait plaisir en mer ?
Yves Le Blevec : « Se faire plaisir n’est pas forcément l’objectif, mais réussir à piloter ces machines capables de traverser l’Atlantique en une semaine est sacrée satisfaction. En mer, on est entre plaisir et douleur. C’est très partagé. Ces Ultims sont hyper exigeants. Réussir à être à son niveau est un plaisir, mais c’est douloureux. »

Sans frein dans une grande descente
Yves Le Blevec : « Quand le bateau s’emballe, à chaque vague, ça part à 40 nœuds : c’est peut-être le mode « normal », mais tu as quand même l’impression d’être dans un camion sans frein, engagé dans une grande descente avec des virages… Ces bateaux n’ont pas de limite. La limite, c’est ce que le skipper est capable d’endurer. Au-delà d’un certain niveau d’attaque, c’est hyper compliqué de débrancher le cerveau et de se dire ok je vais dormir. Ce n’est pas facile de trouver l’équilibre. »

Le match avec Francis Joyon était sympa
Yves Le Blevec : « Il y a 3 jours, à peu près au même moment, j’ai eu trois soucis techniques, sans lien entre eux. Deux ont été résolus (électronique et rotation du mât), mais pas le troisième : la déchirure de mon grand gennaker. Le temps de le remplacer par mon J1 et de réparer, Francis était revenu sur moi et j’allais désormais moins vite que lui. Je n’ai donc pas réussi à conjurer le sort de 2018, mais le match était sympa ! »

Il y a vraiment des écarts de vitesse
Yves Le Blevec : « Au près, il y a vraiment des écarts de vitesse avec les nouveaux bateaux. Et, dès le départ, je suis parti avec un ris alors que ça passait GV haute. J’ai renvoyé le ris dès le premier virement, mais j’étais un petit cran derrière et ils ont attaqué très fort. Je suis très impressionné par le niveau d’attaque qu’ils ont réussi à mettre avec ce que ça génère en stress et en fatigue.
J’ai été super fatigué à un moment de la course. Heureusement que je me connais, parce que c’est là que tu peux faire de grosses bêtises : l’urgence était de gratter quelques minutes de sommeil. »

Nous réfléchissons à de nouveaux foils
Yves Le Blevec : « Nous réfléchissons à de nouveaux foils, pour réduire ces écarts de performance au près avec les nouveaux bateaux. Et j’ai noté un certain nombre de petites choses perfectibles qui vont servir la performance globale du bateau. »

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Route du Rhum. Francis Joyon 4e : “J’ai appris à naviguer sans winch !”

Francis Joyon et son trimaran Idec Sport termine 4è de cette Route du Rhum après 8 jours, 13 heures, 41 minutes et 40 secondes de course. Il devance Yves Le Blévec à l’issue d’une course engagée.

S’il ne réalise pas le doublé après son triomphe de 2018, Francis Joyon a certainement de nouveau déjoué tous les pronostiques, qui plaçaient les 5 maxi trimarans « volants » devant les étraves de son vénérable IDEC SPORT lancé en 2006. Il a une nouvelle fois devancé le foiler Actual d’Yves le Blévec au terme d’une magnifique empoignade transatlantique. Ce trimaran aux mains de François Gabart et sous le nom de Macif avait déjà été son implacable adversaire lors de l’édition 2018 de l’épreuve. Les maxi trimarans nouvelle génération, dessinés pour voler ont tenu toutes leurs promesses dans les conditions certes musclées mais maniables de la course.

Je suis étonné qu’il y ait du monde pour un 4ème. Il y a eu beaucoup plus de manœuvres que d’habitude. C’était un peu l’enfer. Je suis vraiment fatigué avec Yves au contact. On a beaucoup régaté contre ce bateau. Pour les 3 premiers, on en pouvait pas faire grand chose. On a pris les front beaucoup plus durement que les premiers. J’ai encore appris plein de choses sur le bateau. C’est la première édition dont le départ a été retardé.

Francis et IDEC SPORT auraient peut-être eu la possibilité de jouer une autre partition si le départ du dimanche 6 novembre avait été maintenu. Reporté pour cause de très gros temps, l’épreuve s’est déroulée sous un jour propice aux bateaux volants, ne laissant aucune chance réelle à Francis de l’emporter. C’est le jeu. Le skipper de Lochmariaquer peut légitimement se satisfaire d’avoir une nouvelle fois rempli ses objectifs, naviguer « propre », au mieux des capacités de son extraordinaire bateau, triple vainqueur de la Route du Rhum. Son temps de course est d’ailleurs meilleur de plus d’une journée que celui réalisé sur ce même bateau par Franck Cammas en 2010. Francis conclut sa course en prenant le meilleur sur Yves Le Blévec, grâce à d’excellents choix tactiques, notamment lors des dernières 48 heures, et en tirant la quintessence d’un voilier qu’il connait sur le bout des doigts. A 66 ans, son enthousiasme et sa fraicheur, sa capacité à maitriser un géant des mers et à performer continuent d’impressionner.

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