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Départ aujourd’hui à 13h pour Dingle

pontons saint Gilles2
DR

La souris a accouché d’une montagne. La plus petite étape de cette 37e Solitaire, la plus courte, a vu se créer des écarts monstrueux. L’exploit insensé réussi par Nicolas Troussel (Financo) et Thierry Chabagny (Littoral), partis seuls dans l’ouest, laisse groggys 42 des 44 navigateurs. L’immense majorité de la flotte a la gueule de bois aujourd’hui, à Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Crucifiés chez les Gillocruciens. Jimmy Le Baut (Port Olona) a fermé la marche cette nuit hors temps, plus de vingt heures après Nicolas Troussel. Tous les grands favoris accusent des retards compris entre sept et onze heures. On fait grâce des minutes… Des exemples ? Pourtant signataire d’une belle 4e place à l’étape, Gérald Véniard (Scutum) est désormais également 4e du général, mais avec 6h33’ de retard. Gérald vient en outre d’écoper d’une pénalité de 24 minutes sur la première étape pour dépassement du poids à embarquer (lire par ailleurs). Mais il n’a pas perdu pour autant toutes ses illusions de voir briller ses couleurs orangées sur le sol irlandais. Il dit : « mon objectif est toujours de finir dans les 10 premiers au général et je vais me battre bec et ongles. »
 
Chez les grands favoris, on a déjà fait les comptes. Info ou intox, façon peut-être de mettre la pression sur les deux leaders, on leur accorde volontiers déjà les deux premières places à Concarneau. On répète à qui veut l’entendre que seule la troisième place d’Armel Le Cléac’h est éventuellement attaquable. On simplifie. C’est un peu tôt. En fouillant, on finit par dénicher des raisons d’espérer. Par trouver un Erwan Tabarly (Iceberg Finance, 7e au général à 7h32) qui tempère l’écrasement en se souvenant : « une fois, à l’arrivée à Dingle justement, j’étais juste derrière le trio de tête. Et puis le vent est tombé pile devant moi et ils m’ont mis six heures dans la vue. Six heures ! Alors même si Nico et Thierry ont une énorme avance, tout est encore du domaine du possible. » On l’a déjà écrit ici : impossible n’est pas figariste. Et si un coup tel a statistiquement peu de chances de se reproduire, son impossibilité totale n’est inscrite nulle part.
 
479 milles vers la verte Erin
 
Armel Le Cléac’h (Brit Air, 3e à 5h29) sait mieux que quiconque, qu’il ne faut jurer de rien, lui qui a déjà gagné La Solitaire pour 13 secondes. « En distance, on n’est pas encore à la moitié de l’épreuve. Il peut se passer beaucoup de choses dès cette étape, notamment après la pointe Bretagne où on va tirer des bords dans de la mer et du vent fort, sans doute 30 nœuds dans l’axe ».
Car voilà. Fourbus ou pas, revigorés ou pas par deux petites nuits de sommeil et des passages chez les kinés de la course où l’on sait que certains sont déjà allés taquiner la limite (avalanche d’hallucinations de fatigue : certains ont vu des pelleteuses en pleine mer, d’autres ont perdu 5 kg depuis le départ), ils repartent demain.
La direction et le comité de course leur ont toutefois accordé deux « faveurs », prévues par le règlement : le départ sera donné à 13h au lieu de 11h et surtout, on fera route directe vers l’Irlande, sans descendre au préalable virer la bouée du pertuis d’Antioche. « Nous les faisons partir directement vers une porte sous l’île d’Yeu, puis ils doivent laisser Ouessant et le Fastnet sur leur tribord » résume Christian Gout, directeur de course.
Raboté de 70 milles, le parcours se trouve « réduit » à 479 milles. Près de deux fois l’étape qui vient de faire tant de dégâts. C’est toujours à un Tourmalet de la voile que vont être confrontés les 44 solitaires… Et comme souvent quand on parle d’accéder à la verte Erin depuis le bas des cartes, on s’attend à ce que ce ne soit pas un concours de poésie. Le fighting spirit (l’esprit de combat, ndr) cher aux rugbymen du trèfle va s’appliquer aussi aux marins : il va falloir ferrailler ferme pour espérer, qui gagner l’étape, qui revenir au général, qui jouer le classement Bénéteau des bizuths où Christopher Pratt (Espoir Crédit Agricole) met jusqu’ici tout le monde d’accord.
Pour l’instant, on voit la flotte arriver à Ouessant 24 heures après le départ, doubler les Scilly un jour plus tard et toucher Dingle dans la nuit de lundi à mardi. Mais la dernière étape a prouvé que la météo n’était pas près d’émarger au rayon des sciences exactes. Enfin, on rappelle avec Gildas Mahé (Le Comptoir Immobilier) et Thierry Chabagny qu’il ne faut jamais perdre de vue que « la voile est d’abord et avant tout un jeu ». Et dans la plupart des jeux on peut tout perdre à tout moment. Ou tout gagner.
 
L’écho du Large:
 
Nicolas Troussel, (Financo, leader) : « Le temps de récupération est extrêmement court, même pas eu le temps de fêter la victoire et on repart. Franchement, j’aurais bien pris un jour de repos supplémentaire…Et encore pour moi ça va, mais j’ai une pensée pour ceux qui sont arrivés dans la nuit, ceux qui n’ont pas assez de budget pour avoir un préparateur. J’ai été dans ce cas là souvent et je sais que ce n’est pas évident. Je vais me plonger dans la météo dès ce midi et me reposer encore pour être d’attaque demain. »
 
Thierry Chabagny (Littoral, 2e à 1h31’) : « Nico et moi avons fait un bon coup, mais en ce qui me concerne je n’ai pas encore épanché ma soif de victoire d’étape. Alors bien sûr que je vais attaquer et tenter de gagner ! »
 
Armel Le Cléac’h (Brit Air, 3e à 5h29’) : « L’écart créé par Nico et Thierry n’est pas un drame. C’est la place qui compte et pour l’instant troisième c’est déjà très bien. Je suis sur le podium, avec du monde qui pousse derrière. Je vais continuer à faire ma course sans penser aux deux premiers, pour l’instant je suis dans le bon tempo. »

Le Prix Argos pour Christophe Lebas (Armor Lux)
Christophe Lebas (Armor Lux) a remporté le Prix Argos de la deuxième étape qui récompense le skipper ayant réalisé la meilleure progression entre la bouée Radio France (dernière marque du parcours côtier de Santander) et l’arrivée. Parti en 35e position, Christophe Lebas a gagné 22 places tout au long du parcours vers Saint-Gilles-Croix-de-Vie où il est arrivé 13e.
 
Record Hublot et Grand Prix Suzuki pour Nicolas Troussel (Financo)
Vainqueur à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, le skipper de Financo cumule les récompenses. Il a réalisé la plus grande distance parcourue sur 24h00 entre le 15 et le 16 août : 153 milles, à 6,4 nœuds de moyenne. Il remporte donc le prix Hublot, décerné par le chronométreur officiel de la Solitaire Afflelou le Figaro. En tête à la marque des Birvideaux, il s’adjuge également le Grand Prix Suzuki.
 
Bouleversement chez les bizuths
Cette deuxième étape a provoqué du remue-ménage dans le classement Bénéteau des bizuths. En tête, Christopher Pratt (Espoir Crédit Agricole) a pris la place de Gildas Mahé (Le Comptoir immobilier) et dispose désormais d’une confortable avance d’une heure sur ce dernier. Erwan Israel (Delta Dore), régulier, complète le podium. Ce trio se tient en 1h37 et laisse sur le carreau la plupart de ses poursuivants qui ont accusé, comme l’ensemble de la flotte, des écarts importants à l’arrivée. Les grands gagnants du parcours Santander/ Saint-Gilles-Croix-de-Vie sont Robert Nagy (Théolia) et Jean Pierre Dick (Virbac-Paprec) qui ont respectivement gagné 5 et 6 places au classement général. A l’inverse, Corentin Douguet (E.Leclerc Bouygues Telecom) a beaucoup perdu sur ces 314 milles de course. Il est passé de la deuxième à la septième position et cumule désormais 5 heures de retard sur Christopher.

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La deuxième étape pour Nicolas Troussel,

Nicolas Troussel
DR

Il fait encore nuit. Le ponton de Saint-Gilles-Croix-de-Vie a bien du mal à contenir la famille, les amis de Plougasnou, les journalistes. Nicolas Troussel arrive. Incroyablement calme. Il sourit et murmure juste son mot fétiche de Finistérien pur jus, ce mot qui est sa signature dans le monde de la course au large : « Pecab’ ! ». Et oui, pour être impeccable, c’est impeccable. Le skipper de Financo vient de frapper un coup énorme dans l’histoire de La Solitaire. Ce n’est plus un wagon comme ils disent, c’est un train d’avance. L’étape. Le général. Et la perspective d’être trois amis sur ces deux même podiums, avec Thierry Chabagny et Armel Le Cléac’h. Un rêve éveillé.

Heureux, Nicolas Troussel ?

Pecab’ ! C’est génial, une grande émotion. Je me sens très, très content pour mon partenaire Financo et pour tous ceux qui ont cru en moi, avec qui je travaille tout l’hiver. C’est à eux que je dédie cette victoire. Gagner une étape de La Solitaire, c’est un rêve qui se réalise. C’est le travail qui paie, aussi, car comme on dit au centre de Port-la-Forêt pour gagner il faut manger Figaro, penser Figaro, vivre Figaro, ce qui n’est possible qu’avec une approche professionnelle et donc un partenaire financier solide. En tous cas, je me suis fait plaisir. C’est bon de passer les bouées avant tout le monde et d’arriver en sachant que les autres sont encore en mer pour un petit moment. C’était tout de même un peu long sur la fin, avec le vent qui mollissait.

Cette grande option à l’ouest, c’était prémédité ?

Un peu. J’avais bien regardé la météo à terre et je voulais tenter d’être plus à l’ouest que les autres. Mais je n’avais pas les classements le premier jour, je ne savais pas où ils étaient et j’ai fait ma route tout seul. J’ai croisé Thierry (Chabagny, NDR) la première nuit et après on s’est quitté. Je suis content pour lui aussi. Je m’étonne que tous les autres aient choisi l’est, qu’on n’ait pas été plus nombreux à tenter ce coup-là. Pour moi c’était un risque mesuré, même si les routages au départ disaient d’aller dans l’est mais je n’y croyais pas. Je voyais que ça pouvait passer dans l’ouest et c’est ce qui s’est passé. En même temps, l’avantage d’être seul c’est que tu n’as pas à contrôler les autres. Je faisais ce que je voulais.

On ne doute pas tout de même dans ces cas-là, seul contre tous ou presque?

Bien sur que si ! Tu doutes toujours, en voile. Car si tu te plantes dans ton option, c’est sûr que tu te retrouves loin derrière. Le fait que Thierry Chabagny y soit allé aussi me rassurait un peu, et puis je n’arrivais pas à avoir de vacations, je ne savais pas trop où étaient les autres. Je n’ai pas calculé les autres, j’ai fait ma route seul. Le vent n’était pas stable et il suffisait d’une petite bascule pour tout remettre en cause. Mais je suis parvenu à aller vite et à tirer les bons bords, à ne rien lâcher, tout le temps à fond. J’ai réussi à bien dormir la deuxième nuit, mais je suis fatigué quand même. Il faut que j’aille me coucher !

Tu as creusé des écarts considérables au général.

Thierry Chabagny n’est pas très loin, et je n’ai pas trop calculé pour les autres, je verrai ça demain, il fera jour. On me dit que je vais avoir beaucoup d’avance sur le troisième. C’est sûr que je vais être plus motivé et plus concentré que jamais pour tenter de garder cette avance. On va déjà profiter de la joie d’avoir remporté cette étape et après on verra. Mais vous savez, on vient tous pour gagner et la course n’est pas finie. Il y a déjà eu deux étapes avec des écarts. C’est à Concarneau qu’on fera les comptes. Je veux rester lucide.

As-tu conscience d’avoir réalisé une performance qui fera date?

Je ne réalise pas trop encore, les autres n’ont pas encore passé la ligne. Mais ça me fait penser à Philippe Vicariot en 1995 (lequel avait pris une avance d’une heure avant d’être battu sur le fil par un certain Philippe Poupon). On est à la moitié de la course, on a de l’avance, c’est vrai. mais je le répète, ce n’est pas fini.

Le podium d’étape et le général provisoire ce sera probablement Troussel, Chabagny et Le Cléac’h, trois copains à terre et en mer.ça fait quoi ?

Ah la la. (il soupire en souriant, les yeux dans le vague), alors là. alors là. ça tu vois, ça, ça c’est pecab’ de chez pecab’ ! On est vraiment super potes et si ça pouvait être le même podium à Concarneau. alors là. là il y aurait une fiesta énorme !

Recueilli par Bruno Ménard

Source: Solitaire Afflelou Le Figaro

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Du jamais vu sur la Solitaire

brit air 2006
DR

De mémoire de figariste, on n’a jamais vu ça. Certes en 1979, à l’époque révolue des half-tonners, et dans une flotte décimée par la tempête, Patrick Eliès s’était imposé avec un total de 14 heures d’avance. Mais à l’ère de la monotypie et de la régate océanique, celle où la flotte avance compacte, en privilégiant souvent la tactique à la stratégie, les écarts sont d’ordinaire infimes. La Solitaire 2006 fera certainement exception. Un cru qui sera marqué par l’option occidentale de Troussel et Chabagny, une option ambitieuse et dévastatrice pour le reste de la flotte. Ces deux concurrents qui partagent une amitié à terre, ont partagé les mêmes points de vue en mer et ont eu raison du reste du monde. Peu inspirés par les prévisions météorologiques avant le départ de Santander, ils ont tenté le tout pour le tout, n’hésitant pas à partir en travers de la route pour se positionner 60 milles dans l’ouest de leurs adversaires. Leur coup de poker s’est transformé en coup de maître. Ce soir, ils sont respectivement premier et deuxième du classement général provisoire après deux étapes.
 
Les options extrêmes existent mais ne payent pas toujours
« Ce qui est le plus frappant, c’est que ça a payé énormément. C’est presque miraculeux » explique Christian Le Pape, responsable du Pôle Finistère Course au Large – où s’entraînent les deux leaders-, et témoin de La Solitaire depuis plus de 15 ans. « Car il y a toujours eu des stratégies extrêmes. En 1995, Philippe Vicariot avait créé la surprise sur la première étape avec une grosse avance sur ses poursuivants. Des coureurs comme Marc Thiercelin ou Christophe Lebas ont souvent été des partisans d’options radicales. Mais ça paye rarement, donc on en parle peu. »
 
Troussel, Chabagny et Le Cléac’h à l’abri
Le podium de Saint-Gilles-Croix-de-Vie sera t-il celui de Concarneau dans moins de 15 jours ? Les espoirs des concurrents de pouvoir renverser la vapeur sont maigres, même si tout n’est pas fini. Armel le Cléac’h, lui, n’est pas le plus mal loti : « Leur avance est considérable, irrattrapable même, mais pour l’instant, je suis sur le podium et il reste encore deux longues étapes ».
 
Derrière lui, les arrivées se sont succédées, preuve que dans l’est, la bagarre a été intense. Au près, dans la brise et une mer hachée, les poursuivants ont eu droit à un finish difficile.
Gérald Veniard (Scutum) termine 4e, suivi d’Erwan Tabarly (Iceberg Finance) et de Yann Eliès (Groupe Generali assurances), trois coureurs qui réussissent ainsi deux étapes très solides. Conscient que la victoire leur a probablement échappé, leur discours s’accordent sur une chose : ils n’ont aucun regret. « Je suis en accord avec moi-même. Les infos météo que j’ai eu à disposition étaient floues. Quand c’est comme ça, je reste avec la flotte et j’essaye de lui régler son compte» déclarait Yann Eliès à l’arrivée. Septième, Eric Drouglazet (PIXmania.com) lui fait écho : « Il y a toujours des attaquants qui sont prêts à tout jouer. Je n’aurais pas fait ce qu’ils ont fait. Je pense avoir navigué intelligemment par rapport aux modèles météo américains, anglais et allemands que j’avais. »
 
Viser une victoire d’étape
Dès lors, les enjeux se déplacent vers d’autres objectifs : gagner une étape et pourquoi pas tenter de ravir la troisième place du général à son actuel occupant, Armel Le Cléac’h. Le départ de la troisième manche vers Dingle (Irlande) longue de 545 milles sera donné vendredi à 11 heures. D’ici là, les 44 figaristes, déjà bien fatigués, n’auront eu que très peu de temps pour récupérer. Cette variable pourrait être déterminante dans le déroulement de ce troisième acte.

Echos des pontons

Nicolas Troussel (Financo), vainqueur de l’étape et 1er au général provisoire
« C’est une grande émotion. Je suis très content pour mon partenaire Financo et pour tous ceux qui ont cru en moi, avec qui je travaille tout l’hiver. Gagner une étape de La Solitaire, c’est un rêve qui se réalise. J’avais bien regardé la météo à terre et je voulais tenter d’être plus à l’ouest que les autres. Mais je n’avais pas les classements le premier jour et j’ai fait ma route tout seul. J’ai croisé Thierry Chabagny la première nuit et je suis content pour lui aussi. Je m’étonne que tous les autres aient choisi l’est, qu’on n’ait pas été plus nombreux à tenter ce coup-là. Maintenant on me dit que j’ai de l’avance au général. On va essayer de la gérer mais la course n’est pas finie. Ceci dit un podium d’étape et du général avec mes deux copains Thierry et Armel, c’est ‘pecab !’’»
 
Thierry Chabagny (Littoral), 2e de l’étape et 2e du classement général provisoire :
« Je suis allé chercher cette place à la force du poignet. Avec Nicolas, on n’a pas eu froid aux yeux. J’avais ce coup dans un coin de ma tête avant le départ. Au bout d’une heure de course, je savais que Nico et moi on allait chercher quelque chose dans l’ouest, où les autres n’iraient pas. On y a trouvé de l’or, ça a marché. Cette décision, il fallait la prendre dès le premier jour de course. Mais j’avoue que le lundi soir, j’ai eu très peur. On n’entendait pas les autres à la VHF, je n’avais ni météo, ni classement. C’était quitte ou double. Mais bon, quand il y a du risque, il y a aussi du plaisir »
 
Armel Le Cléac’h (Brit Air), 3e de l’étape et 3e du classement général provisoire :
 « C’est l’étape qui tue !  La plus courte et celle qui fait le plus mal au classement général. Ce n’était pas simple du tout. La fin était longue car le vent est monté fort dans le nez et on s’est retrouvé à tirer des bords dans une mer courte (…)  Je suis super content pour Nico et Thierry, on a souvent navigué ensemble sur les mêmes bateaux, mais là, ils ont été opportunistes et ça a payé. On rêve tous de ce schéma idéal de gagner avec 6 ou 7 heures d’avance sur le peloton,  eux l’ont fait. Il reste deux étapes, leur avance est considérable, voire irrattrapable, mais pour l’instant je suis sur le podium et la route est encore longue, il peut se passer beaucoup de choses. Une chose à prendre en compte, c’est qu’il y a très peu de temps de repos ici.»
 
Gérald Veniard (Scutum), 4e de l’étape, perd son leadership au général provisoire : « Je me doutais un peu que je n’allais pas rester en tête du classement général jusqu’à la fin. J’ai un objectif, finir dans les 10 premiers. Sur cette étape, je n’ai pas de regret parce que je n’avais aucune info me permettant de croire que leur option était la bonne. C’était osé, je ne l’aurais pas fait. En tant que leader, je me suis interdit toute prise de risque. Mais je suis très admiratif de ce qu’ont fait Nico et Thierry. Depuis le temps, ils méritaient d’y arriver. »
 
Christopher Pratt (Esprit Crédit Agricole), 12e de l’étape et 1er bizuth : « J’ignorais qu’on pouvait repousser les limites du sommeil aussi loin. Au départ, je suis bien resté dans le paquet de tête, simplement il n’y avait pas de vent dans l’est. Je suis vraiment content pour Nico (Troussel) avec qui je naviguais sur le Tour de Bretagne. De belles histoires comme celles qu’il vit en ce moment n’arrivent pas si souvent. J’ai revu à la baisse mes ambitions au général après la 1ere étape. Maintenant je vise le classement des bizuths et je suis vraiment content d’être le premier des débutants dans la course aujourd’hui. On a eu des moments magnifiques sur cette étape, avec des couchers de soleil et une mer plate incroyable, mais par moments c’était vraiment dur… Je suis complètement cassé et j’ai du mal à tenir debout. Les seules choses que je veux faire maintenant, c’est voir ma chérie, dévorer un bon steak-frites et aller dormir ! »

Source: La Solitaire Afflelou Le Figaro

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Les Danois leaders du championnat d’Europe

Lac de Come
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Les conditions météorologiques orageuses qui ont présidé tout au long des trois jours de compétition de cette étape italienne, courue dans la partie nord du lac de Côme, n’ont permis de courir que quatre manches. Entre la forte brise du vendredi qui a couché un a un les 13 bateaux engagés et l’absence du moindre souffle pour la clôture dominicale, les coureurs n’ont eu que la journée de samedi pour se confronter dans un vent soutenu en début d’après-midi puis rapidement mollissant.

A la véritable loterie que représentait le choix du bon gréement, les partisans de la surface maximum ont finalement été les plus inspirés. A bord de GP Covers, emmené par un solide équipage de brise, la chance n’était pourtant pas la seule invitée. Un sens tactique aigu et une excellente habilité à enchaîner les manœuvres ont permis aux Danois, comme souvent, de faire la différence. Sous des dehors de pères tranquilles, Flemming Clausen, Thomas Eblev et Martin Friedrichsen (qui navigue également à bord de Ler Ole, autre équipage danois vainqueur du récent Grand Prix d’Allemagne) démontrent une étonnante efficacité dès qu’ils s’agit de faire glisser leur fabuleuse monture.

Lorsque l’on connaît le degré d’exigence qu’impose cet engin extrême qu’est le 18 pieds australien, on ne peut que saluer la performance de ces trois hommes mais plus largement de tous les régatiers venus d’horizons divers, souvent prestigieux. Cet heureux mélange qui combine sport, spectacle, innovation et convivialité donne au circuit européen toute sa couleur et son originalité. Rendez-vous donc à Carnac les 15, 16 et 17 septembre prochains, pour voir d’un peu plus près le roi des skiffs débouler au portant. L’étape française avait ouvert les hostilités de très belle façon en 2005. En clôturant le circuit cette année, elle promet un incroyable final…à ne pas manquer !

Classement final du Grand Prix d’Italie :
1 – GP Covers : 3 pts
2 – Elcotec : 7 pts
3 – Wet Protect : 8 pts
4 – Flawless : 8 pts
5 – Whitestuff : 12 pts
6 – 4US : 13 pts
7 – Magic Marine : 18 pts
8 – Uti : 22 pts
9 – Geneva 18 Foot Sailing Team : 25 pts
10 – Blue Star : 27 pts
11 – Velamareskiff Team : 32 pts
12 – Ernst & Young : 39 pts
13 – RSG-SBM : 42 pts

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Record du Tour des Iles Britanniques pour Thomas Coville

Thomas Coville - Sodebo
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« Je ressens d’abord une délivrance. Cette dernière nuit était stressante. Le bateau filait à 25 nœuds à travers le champs des plateformes pétrolières de la Mer du Nord. »

« Je garderais longtemps en mémoire les images du Nord de l’Ecosse. Une contrée splendide, isolée, une nature pure, où j’ai ressenti le large et la solitude comme je ne l’avais pas vécu depuis le Trophée Jules Verne et le Vendée Globe. Avec la tension supplémentaire d’être en multicoque. »

« Ce record ressemble à l’ascension d’un sommet. Avec une montée longue et difficile, au près face au vent jusqu’aux Shetland puis cette descente, comme en ski, où l’on retrouve le plaisir de la glisse mais aussi comme en cordée avec le risque de la chute. Quand Sodeb’O a tapé contre cet objet, j’ai pensé que tout s’arrêtait mais le bateau était « safe » et nous avons terminé. »

 « J’ai dormi 15 heures en 6 jours. J’ai beaucoup parlé seul et j’ai eu des hallucinations. »

 « Cette mise à l’épreuve fait partie de la préparation de la Route du Rhum. Faire des gammes encore et encore pour ne plus être impressionné par la vitesse, gérer les situations imprévues et savoir jusqu’où peut aller le bateau. »

 « J’ai beaucoup pensé au nouveau Sodeb’O en construction actuellement en Australie et à mon futur tour du monde en solitaire qui ressemblera sûrement à cette navigation autour des Iles Britanniques. Ce record était aussi dans cette perspective. »

LE FILM du record 
Lundi 7 août :  Départ reporté de 24 heures en raison d’une dépression se creusant dans le Nord des Îles Shetlands, risquant de provoquer des vents de 30 à 35 noeuds. À trois mois du départ de la Route du Rhum, Thomas ne souhaite par prendre trop de risques pour son bateau.

Mardi 8 août :  Sodeb’O quitte Cherbourg à 8h00 et coupe la ligne de départ sous l’Ile de Wight à 14h51’13’’. Navigation au près pour le départ en Manche et la première partie du parcours.

Mercredi 9 août :  Fidèle à sa réputation, la Mer d’Irlande rend les conditions de navigation éprouvantes pour le bateau et son skipper, avec une houle courte et des creux de 2,50 mètres. Toujours au près, Thomas tire des bords jusqu’à la pointe Sud-Ouest de l‘Irlande qu’il atteint à minuit.

Jeudi 10 août :  Virement de bord. Le trimaran progresse plein Nord, route directe vers St-Kilda. Vent de 20-25 nœuds, creux de 3 mètres, l’eau et l’air sont à 15 degrés.

Vendredi 11 août :  Le trimaran reste bloqué plus de 10 heures dans une zone sans vent à partir de minuit. Il passe St-Kilda vers midi, cap vers les Shetland.

Samedi 12 août :  Thomas a retrouvé du vent (27 nœuds) et passe au Nord des Iles Shetland à 17h40. Sur une mer plate, il entame la descente vers le Pas de Calais, en zizaguant entre les plates-formes pétrolières.

Dimanche 13 août :  Dans la nuit noire, le trimaran heurte un OFNI à 4h40 du matin. Les « crash box » de l’étrave de la coque centrale et du flotteur tribord sont endommagées mais cela n’empêche pas Sodeb’O de poursuivre sa route. Il accélère à 25 nœuds au large de l’Écosse.

Lundi 14 août :  Le trimaran avance entre 10 et 20 nœuds, atteignant une pointe à 23 nœuds. Il sort du Pas de Calais vers 13h et coupe la ligne d’arrivée à 21h31’44’’. Record battu !

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Thierry Chabagny prend les commandes de la course

Thierry Chabagny
DR

Au pointage de 14h00 hier, Thierry Chabagny accusait 21 milles de retard sur les leaders (alors Le Cléac’h –Brit Air, Pellecuer – Cliptol Sport et Bérenger – Koné Ascenseurs) et était décalé à 50 milles dans l’ouest de ses concurrents. Il avançait aussi trois fois plus vite et l’on pressentait bien que sa stratégie radicale était susceptible de payer. Tôt ou tard. Le skipper de Littoral a réussi non seulement à se glisser en tête, à se recaler à proximité de la route directe, mais aussi à prendre 5 milles à son plus proche poursuivant Nicolas Troussel, lequel persiste et signe dans l’ouest (il est actuellement le plus extrême à cette position). Avec une vitesse légèrement supérieure à celle de leurs adversaires, ces deux là devraient continuer à creuser l’écart.
 
Calme blanc, nuit blanche
La grande majorité de la flotte s’est regroupée à droite de la route et prend son mal en patience dans cette nuit sans vent. « La mer est d’un lisse un peu agaçant » commentait Nicolas Bérenger (Koné ascenseurs), classé 16e ce matin, à 12 milles de Chabagny. Au-dessus d’eux, les skippers évoquaient le plafond étoilé et devant, les myriades de lumières, celles de leurs concurrents mais parfois celles des cargos ou des bateaux de pêche. Ce calme blanc contraste avec l’agitation intérieure. Pratiquement aucun d’entre eux n’a eu le temps de se reposer, un exercice d’ailleurs impossible avec le bruit des voiles faseyantes et surtout l’obligation de réguler à la moindre veine de vent. « Je n’ai pas le temps de m’ennuyer, je ne vois pas le temps passer, c’est parfois un peu aléatoire, mais il n’est pas question de dormir » confiait Charles Caudrelier (Bostik), placé au milieu du paquet.
 
Hormis les deux premiers concurrents, ça passe un peu dans tous les sens. Christophe Lebas (Armor Lux) était signalé en troisième position, suivi d’Erwan Tabarly (Iceberg Finance), Armel Le Cléac’h (Brit Air), Eric Peron (Cigo) et Jeanne Grégoire (Banque Populaire)… et pratiquement aucun d’entre eux ne naviguait sur le même axe. Entre stress et résignation, tous attendent le retour d’un souffle salvateur pour y voir plus clair. Peut-être en fin de matinée.

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La chronique de Capian : Baptème du feu !

Départ Les Sables - Les Açores
DR

Et pour apprendre, sur cette première étape, j’ai appris!
J’en ai pas mal pris aussi. Car autant, d’une part, j’ai explosé mon record sous spi dans la grosse houle Atlantique, autant, d’autre part, j’ai nettement perfectionné ma technique des paquets cadeaux en toile à spi et petit noeuds d’écoute (et bras et drisse aussi). Il ne restait plus qu’à aposer l’étiquette plaisir d’offrir!
Celà se termine invariablement en croix au fond du cockpit, trop content de n’avoir rien éclaté ni trop tordu, en jurant qu’on ne m’y reprendrait plus! Soit mollo pendant quelques heures, le temps de se refaire une santé,… jusqu’à la prochaine.
 
Cette première étape au aussi clairement mis en évidence pour moi qu’un format différent demande des aptitudes différentes ou tout au moins une autre facette des mêmes aptitudes.Par exemple, prévoir la bascule pour dans trois jours demande de s’inscrire dans une autre échelle de temps, un autre système, plus large que celui rencontré habituellement. pareil pour la gestion du bonhomme en course, sur la durée.
 
Apprentissage inestimable pour l’année prochaine.
Bien sûr il se passe pas mal de choses en solo et au large, avec toujours quelques surprises. Il y en a qui ont tapé une baleine, d’autres qui ont dématé ou passé une semaine sans pilote. pour ma part j’ai été plutôt chanceux sans grosse casse. Une frayeur quand même, la nuit où j’ai été réveillé en sursaut par un gros "Bang" sur le bateau et immédiatement une odeur de cramé, quelque chose de métallique, je ne sais pas trop quoi. Pour en avoir croisé plusieurs qui n’ont pas bougé d’un pouce, je pense immédiatement que je viens de taper un cargo, ou quelque chose du genre. J’attends un autre bruit, rien. Je sors la tête, rien. J’allume la frontale, le mat est là. Je ne comprends plus. Retour à l’intérieur. L’odeur de cramé est toujours là.
En fait ce n’était pas pour dormir que j’étais rentré mais pour me faire chuffer à manger au bain marie. je me suis endormi et l’eau épuisée, la bouilloire a été chauffée à blanc ainsi que le sachet qu’elle contenait, voilà pour l’odeur. Pour le bang, c’est mon fusible de hale-bas qui a lâché et projetée la poulie sur le roof, qui m’a réveillé. Finalement, j’ai été chanceux, j’aurai pu tout cramer…
Les travaux pratiques reprennent le 15 à 11h02 TU. à bientôt, de retour aux Sables.
Matthieu Girolet

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Troussel et Chabagny attendus dans la nuit …

Thierry Chabagny 2006
DR

Nicolas Troussel sera sans doute le premier à virer Les Birvideaux ce soir, peut-être vers 19 ou 20h. Sur son Financo, le Finistérien est à 100 milles de l’arrivée et avance à 6 nœuds. Il a réussi à se tricoter un matelas de 12,5 milles d’avance sur Thierry Chabagny (Littoral). Derrière eux, le désert. Du leader au troisième (Eric Drouglazet sur Pixmania.com) l’écart est énorme : près de 33 milles. Des favoris comme Charles Caudrelier (Bostik) et Gildas Morvan (Cercle Vert) sont à plus de 44 milles. Le leader du général provisoire Gérald Véniard (Scutum), pourtant 7e, est relégué à plus de 37 milles, soit l’équivalent de la moitié du chemin qu’il restera à parcourir entre Belle-île et Saint-Gilles-Croix-de-Vie, que les deux leaders devraient atteindre dans le milieu de la nuit, au pire à l’aube.
Car sauf accident, on a du mal à voir quel improbable scénario pourrait empêcher ces deux-là de monter sur les deux plus belles marches du podium de l’étape et pourquoi pas d’en faire autant au classement général où ils n’ont respectivement que 1h54’ (Troussel) et 1h11’ de retard (Chabagny). Or, avec plus de 32 milles de débours au minimum – 76 milles pour le dernier ! –  les 42 autres marins risquent fort d’accuser un retard à Saint-Gilles se comptant en heures. Au pluriel.
 
Seuls au monde
Troussel et Chabagny ont donc tous les atouts en mains pour se partager un gâteau énorme en terre vendéenne. On pèse nos mots. Jamais dans l’histoire du Figaro Bénéteau II, depuis 2003, jamais deux hommes seuls n’avaient réussi à creuser un écart aussi conséquent sur tous les autres. La question est davantage de savoir combien de temps ils prendront à tous. En outre, Nicolas et Thierry sont en train de réaliser le rêve absolu de tout marin. Oser envers et contre tous partir seul dans son coin chercher le vent. Le trouver. Cueillir les lauriers et goûter à ce sentiment narcissique mais jouissif d’avoir eu raison en faisant fi de l’avis général. Contre les 42 autres partis à l’est de la route directe, pourtant tous avec de bonnes raisons.
L’histoire est belle. Deux cow-boys solitaires partis chercher fortune en leur Far West sont en train d’y dénicher un fabuleux butin. « Ils ont fait preuve d’une clairvoyance assez nette », juge Jean-Paul Mouren (MarseillEntreprises).  « Ils ont été opportunistes », appuie Kito de Pavant (Groupe Bel). « Les deux se sont barrés… c’est bien vu et bien joué de leur part, ils ont réussi à contourner la bulle par l’ouest. C’est un peu inquiétant pour nous autres », admet Erwan Tabarly (Iceberg Finance). Voguant dans les profondeurs du classement hier, aux alentours des 35e et 40e places, les deux têtus Bretons sont effectivement seuls au monde depuis le pointage de 20h hier. Pendant une vingtaine d’heures, bénéficiant de vent bien plus soutenu au grand large, ils se sont ainsi autorisés des moyennes de 6 à 7 nœuds. Pendant ce temps le paquet s’engluait à l’arrêt dans une molle infernale où tourne en grinçant la roue de la fortune.
 
30 nœuds de vent cette nuit ?
Le vent qui est enfin rentré ce midi sur la zone de course, de l’ouest d’une dizaine de nœuds, devrait s’orienter sud-ouest en forcissant nettement à 20 nœuds, peut-être jusqu’à 30 dans les rafales. Cela donne un avantage supplémentaire aux deux leaders. Car ces conditions autoriseront un grand run de vitesse tout droit, peu propice à revenir. Il n’y aura sans doute pas grand chose à tenter pour la meute derrière eux.
« Je ne pensais pas que ça marcherait aussi bien », avoue Thierry Chabagny, le seul du tandem de l’extrême ouest à avoir pu être joint aujourd’hui. Le premier aussi à être parti totalement en travers de la route à peine quitté Santander. « Quand tu quittes le peloton et que tu pars tout seul dans ton coin, il y a un risque énorme. Tu te demandes si tu n’es pas un peu inconscient. Ce n’est pas évident, il faut se faire confiance ! Je crois que j’avais envie de faire un truc différent… » Et Chabagny ajoute : « celui qui passera en tête aux Birvideaux aura toutes les chances d’être aussi premier à Saint-Gilles, car ensuite c’est tout droit à fond la caisse. »

Yann Elies (Groupe Generali Assurances) confirme que la fin d’étape sera rapide et musclée :  « on va attaquer costaud. Fini les réglages fins, ça va être du lourd ». Lui se voit aux Birvideaux vers 23 h ce soir. Nicolas Troussel y sera probablement déjà passé trois heures plus tôt. Pour l’immense majorité qui ne peut plus guère prétendre à la victoire, il sera l’heure de jeter ses dernières forces dans la bataille, tenter de limiter la casse et espérer des écarts intermédiaires favorables.
Une chose est sûre. Qu’on ne vienne plus parler sempiternellement aux deux leaders de «Bretons de Panurge » et autres « chevaux de bois qui se copient les uns les autres ». Troussel et Chabagny sont en train de réussir un truc de marins. Un grand truc. Un grand truc de grands marins. Sortez la caisse à superlatifs. On va en avoir besoin.

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Les solitaires progressent laborieusement …

Generali Assurances - Yann Eliès
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Au pointage de 4h30 ce matin, Yann Elies (Groupe Generali Assurances) mène la flotte des 44 solitaires à 270 milles de l’arrivée, pour 0,2 mille d’avance devant Armel Le Cléac’h (Brit Air) et Laurent Pellecuer (Cliptol Sport). Mais les écarts sont tellement faibles, avec les sept premiers en un demi-mille et les vingt premiers en trois milles, qu’il convient de prendre les classements avec d’infinies précautions. D’autant que d’un bord sur l’autre, rapprochant ou non, on « perd » ou « gagne » artificiellement du terrain au classement.
Car voilà, la flotte de La Solitaire Afflelou Le Figaro n’a pas droit pour l’instant à l’unique bord espéré hier au départ de Santander, après consultation des augures météo. Depuis le départ, ils tirent des bords au près serré, dans un vent franchement irrégulier en force et en direction : venant du nord-nord-ouest (avec parfois un peu d’est dans son nord…) il « souffle » entre 5 et 10 nœuds et l’amplitude de ses oscillations en direction peut aller jusqu’à 40 degrés. « J’ai bien du enchaîner six virements de bord tout à l’heure pour suivre les petites bascules », explique par exemple Fred Duthil (Brossard, 10e à un mille).
Dans un clapot désagréable et sous un ciel couvert qui masque la lune, les vitesses sont forcément faibles. De l’ordre de 6 nœuds. Rivés à la barre et aux réglages incessants rendus nécessaires par l’instabilité du vent, les solitaires espèrent que le flux finira bien par prendre un peu de gauche pour que leur route puisse enfin se rapprocher du nord. « On en a à mon avis pour jusqu’à la fin de la nuit », raconte Armel Le Cléac’h (Brit Air, 2e à 0,2 mille). Dans le peloton de tête, Eric Drouglazet (PixMania.com) est toujours là, 4e à 0,3 mille, à égalité en distance au but avec deux bizuths : Erwan Israël (Delta Dore) et Christopher Pratt (Espoir Crédit Agricole), déjà auteur lui aussi d’un excellent départ.
Parmi les grands gagnants de la première étape, trois ont concédé un peu de terrain – un peu plus de 3 milles – il s’agit du vainqueur de Santander Gérald Véniard (Scutum) et de Charles Caudrelier (Bostik) et Gildas Morvan (Cercle Vert), classés respectivement 23e 24e et 25e, à 3,4 milles. Autrement dit, la relative bonne affaire pour l’instant est bel et bien pour Yann Elies et Armel Le Cléac’h, lequel assure « attendre avec impatience les prochaines infos météo ». On veut bien le croire, tant l’incertitude est ce matin la chose la mieux partagée du petit monde des marins de La Solitaire.
 
Les échos du large
Fred Duthil (Brossard)  : « Je barre, je règle les voiles et je mange un peu. Le vent est irrégulier en force et en direction, ça n’arrête pas de changer. Il n’y a pas eu du tout de repos cette nuit avec ce vent irrégulier, il faut vraiment être dessus à fond. Le début d’étape est pas mal pour nous il ne faut pas se plaindre. Il va falloir être opportuniste. Tout à l’heure j’ai du faire six virements de bord de rang pour suivre les petites bascules et donc à chaque fois avec le matossage (déplacement des poids à l’intérieur, NDR), ça fait du boulot »
 
Gildas Morvan (Cercle Vert) : « Il y a deux paquets, un sous la route à l’est et nous on est à l’ouest, plus proche de la route directe. Ma priorité, c’est d’aller dormir mais pour le moment, c’est impossible le vent est trop instable alors je règle, je barre pour essayer de me rapprocher des bateaux devant. Il faut rester concentré pour faire marcher le bateau. »
 
Oliver Krauss (AXA Plaisance)
« C’est sympa, le bonheur, tout va bien. Le vent est instable, pas facile de lâcher la barre. On se croise et se recroise. La flotte est éparpillé un peu partout, on ne sait pas où ça va passer, c’est difficile à dire. On verra aux Birvideaux. Pour le moment, je reste au milieu, j’attends de voir. »
 
Eric Peron (CIGO)
« C’est un peu musclé, ça fatigue mais ça fait du bien. Je me suis recalé sur le paquet de l’ouest, j’ai sept bateaux devant moi. Il y a encore des coups à jouer et les derniers milles avant les Birvideaux feront la différence. »

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Une deuxième étape très tactique

Départ Les Sables - Les Açores
DR

Il va falloir avoir le cœur bien accroché et la tête bien claire pour gérer une trajectoire optimale entre Horta et les Sables d’Olonne. Ce lundi, veille de départ, le vent de Nord Est souffle puissamment à Faïal, à plus de 25 nœuds, levant un clapot court surtout avec les courants de marée générés par de gros coefficients. La sortie des îles, après le coup de canon libérateur mardi 15 août à 11h02 TU (13h02 heure française), s’annonce musclée puisque le vent va tourner à l’Est 20-25 nœuds et ce au moins jusqu’à mercredi midi. Un bord obligatoire tribord amure au près pendant environ cent milles dans un vent soutenu qui va progressivement mollir à une quinzaine de nœuds en tournant au secteur Nord. Les vitesses vont donc croître dès mercredi soir et il faudra cravacher pour profiter le plus longtemps possible de ce flux qui se décale vers l’Est : l’anticyclone des Açores a en effet tendance à gonfler en poussant la dépression qui va amener du mauvais temps et de la pluie sur la France en milieu de semaine.
 
Il faudra donc aller le plus vite possible (et il faut s’attendre à des vitesses moyennes supérieures à huit nœuds) pour arriver le plus tôt possible à l’entrée du golfe de Gascogne. La route directe semble la plus logique… jusqu’à ce stade. Car dès dimanche, les interrogations pleuvent : les calmes sont attendus de l’Espagne à la Bretagne avec l’installation d’une dorsale anticyclonique dans le golfe. Comment faudra-t-il aborder la fin de ce parcours de 1 270 milles ? Par le Nord en longeant les côtes bretonnes ? Par le Sud en suivant les falaises espagnoles ? Par le centre en privilégiant la route la plus courte ? Attendre qu’un flux d’Est s’installe ou aller à terre pour bénéficier des brises thermiques ?
Il faut donc s’attendre à une première journée de course laborieuse, fatigante pour le matériel, éreintante pour les corps. Priorité : préserver le bateau et gagner au maximum dans le Nord-Est. Ensuite, quatre jours de débridé travers rapide mais humide à cause d’une mer encore bien formée. Puis un arrêt buffet au large du cap Finisterre dimanche. Il est donc très difficile de prévoir quand les premiers Minis arriveront aux Sables d’Olonne mais la date du 23 août, c’est-à-dire après huit jours de mer est tout à fait envisageable !
 
Enfin, ils seront 58 solitaires pour ce parcours retour : l’Américain Clay Burkhalter (Acadia) n’a en effet pas pu trouver une solution pour réparer son mât cassé. Trente prototypes pour tenter de ravir la première place d’Adrien Hardy (Brossard) qui possède 1h23’ sur le Slovène Andraz Mihelin (Adria Mobil Too) et deux heures sur Fabien Despres (Soitec). Vingt-huit voiliers de série et une lutte qui s’annonce âpre pour départager les trois leaders séparés d’un quart d’heure : Francisco Lobato (BPI), Jean-François Quélen (Galanz) et Antoine Debled (ADD Modules).

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