Lemonchois garde son avance C’est ce qu’il nous a confié d’une voix claire et enjouée lors d’une liaison téléphonique en fin de nuit. Interrogé sur l’état de son trimaran, il s’est félicité de ne pas avoir sorti un outil depuis le départ dimanche de Saint-Malo. Tout juste a-t-il dû changer un fusible sur le standard C. « Le bateau est comme neuf, le bonhomme aussi, ou presque ». Des petits bouts de sommeil d’1h à 1h30 lui ont permis de récupérer tout son potentiel physique. « Donc, je suis au taquet, a-t-il poursuivi. Je pensais avoir moins de vent. Mais celui-ci souffle plus que je l’avais imaginé, à plus de 20 nœuds, de secteur nord-est. » Le Normand profite d’instants qu’il qualifie de « magiques ». « Encore trois jours de mer, lâche-t-il. Je suis étonné, je n’ai pas de gros coups de barre et j’ai l’impression d’être parfaitement lucide. On va établir un record hallucinant. Je prends mon pied royalement ». Lemonchois n’ignore rien de la ténacité de son plus proche poursuivant, Pascal Bidégorry. Les deux hommes ont remporté ensemble la Transat Jacques Vabre l’année dernière. « Pascal ne lâchera rien », prédit Lemonchois. Franck Cammas (Groupama) estime que ce dernier est allé « vite au bon endroit ».
Une position fragile Quelques 28 milles séparent le trio de tête des monocoques IMOCA. Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) a repris le commandement mais n’ignore rien de la fragilité de sa position. Il est passé au nord des Açores pour éviter le dévent des îles. Pour lui, actuellement, la course est dure, « dans une ambiance très aquatique ». Selon lui, au terme d’une ultime et longue régate, la course devrait désormais se jouer dans sa classe entre trois marins, Jean Le Cam, Roland Jourdain et lui-même et, puisque chacun semble bien dans sa tête, le vainqueur sera le plus motivé. Pour sa part, il est toujours dans une phase d’attaque. « La machine est fabuleuse et l’océan est attachant », a-t-il conclu.
Vittet / Morvan à 4 milles Dominic Vittet (Atao Audio System), dans le sillage de Gildas Morvan (Oyster Funds) chez les monocoques de classe 40 est tout aussi satisfait de sa machine. « Les safrans sifflent et le bateau, qui avance entre 12 et 18 nœuds. Nous avons du portant depuis trois jours. Le près, c’est ch… mais plus facile. Le portant c’est sympa mais stressant. Vittet avait lâché les chevaux et se rapprochait des Açores, propulsé par ses 200 m² de toile.
Si les premiers multicoques parviennent à garder une moyenne de 500 milles par jour, ils seront à Pointe-à-Pitre lundi en fin de journée. Les estimations d’arrivée laissent toutefois penser que le premier multicoque franchira la ligne mardi dans le journée (heure française)
Côté compétition, la journée fut importante chez les trimarans Orma, avec un Lionel Lemonchois impérial. En état de gâce, le skipper de Gitana 11 a réalisé un empannage optimal sous les Açores et glisse toujours sur des moyennes frisant les 25 noeuds. Il s’est constitué un matelas de 110 à 160 milles d’avance sur ses quatre plus proches rivaux : Pascal Bidégorry (Banque Populaire), Michel Desjoyeaux (Géant), Yvan Bourgnon (Brossard) et Thomas Coville (Sodeb’O), ce dernier étant le seul à être véritablement décalé dans le nord. Et au bout de seulement quatre jours de runs de vitesse, Gitana 11 est déjà à mi-course! Alors que les premiers poissons-volants atterrissent dans les trampolines, il se confirme clairement que le record de Laurent Bourgnon (12 jours et 8h) va être pulvérisé, peut-être dès mardi.
Chez les grands monocoques Imoca, le leadership est plus aléatoire et on assiste à un joli mano à mano entre Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec, leader ce soir) et Sill & Veolia, duel que pourrait bien arbitrer Jean Le Cam (VM Matériaux), qui a réduit de moitié son retard en 24 heures, et qui vient de reprendre la seconde place. Chez les Classe 40, outre le duel Vittet/Morvan, trois bateaux ont décidé de s’arrêter aux Açores pour réparer diverses avaries.
Multicoques 60′ Orma : 110 milles d’avance pour Gitana 11 Au pointage de 16h, Lionel Lemonchois affiche une moyenne qui frise les 25 noeuds sur 4 heures. "On va vite, là je suis à 31,32,33 noeuds…dans deux trois jours on y verra plus clair mais rien n’est fait : en multicoques, 80 milles c’est quatre heures et il en reste 1780 à faire, c’est énorme." Rien n’est joué bien sûr, mais mieux vaut avoir comme Lionel Lemonchois 110 milles d’avance que l’inverse. D’autant qu’hormis encore un empannage à gérer pour enrouler l’anticyclone avant de descendre sur la Guadeloupe, "ça va être une course de vitesse". C’est ce qu’estime Michel Desjoyeaux, 3e à 113 milles sur. De vitesse et de rythme, dans des alizés maintenant tous proches. "On verra qui tiendra le coup", complète le skipper de Géant. Deuxième, Pascal Bidégorry a, lui, un peu moins de 109 milles de retard sur ce même Lionel Lemonchois avec qui il gagna la Transat Jacques Vabre l’an dernier sur son Banque Populaire, et dont il demeure ce soir le plus proche rival. Victime d’un petit souci de pilote automatique, Yvan Bourgnon (Brossard) a perdu un peu de terrain aux Açores la nuit dernière et pointe en 4e position à 154 milles. Mais tous sont sur des route peu ou prou similaires à Gitana 11. Thomas Coville, d’une certaine manière, est le seul à être potentiellement dangereux à moyen terme d’un point de vue stratégique: à l’inverse des pré-cités, il s’est créé un décalage dans le nord qui peut être intéressant, dans l’idéal pour avoir un meilleur angle au vent à un instant T et refaire tout ou partie de ses 157 milles de retard.
Mais c’est derrière ces cinq leaders qu’on a le plus souffert ces dernières 24 heures. Stève Ravussin, sur son Orange Project, est le premier des prétendants à la victoire à devoir s’arrêter : safran brisé après une collision avec un container. Sous voilure réduite, il fait route vers Horta aux Açores pour tenter de réparer, avec l’aide d’une équipe de… Sodeb’O, présente sur place. Malheureux aussi, mais pour d’autres raisons : Franck Cammas et Alain Gautier. Après l’empannage pour se recaler sur une route ouest peu après les Açores, Groupama et Foncia ont tous deux connu les affres d’une dizaine d’heures dans des zones sans vent qui les ont cruellement pénalisés : Franck Cammas est ce soir 6e, mais à 255 milles de Lionel Lemonchois et Alain Gautier est 7e, mais à 322 milles du leader. "Malheureusement, j’ai peu d’espoir", confie le skipper de Groupama. "J’ai un peu les boules", image celui de Foncia. A l’arrière, le dernier tiers de la flotte avec Antoine Koch (Sopra Group), Claude Thellier (Région Guadeloupe Terre de Passions), Thierry Duprey (Gitana 12) et Gilles Lamiré (Madinina) accuse au minimum 435 milles de retard.
Monocoques Imoca Depuis le premier matin de course, Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) et Roland Jourdain (Sill et Veolia) se partagent la tête de la flotte des monocoques de 60 pieds. Aux commandes depuis mercredi matin, Jourdain s’est fait redoublé par Dick jeudi après-midi, à une centaine de milles des Açores, que les premiers atteindront vers minuit. Le passage de l’archipel n’a pas réussi à certains skippers de multicoques comme Franck Cammas et Alain Gautier, coincés plusieurs heures dans des zones de vent faible. Le trio de tête des monocoques progresse toujours dans un mouchoir de poche à plus de 15-20 nœuds par 30 nœuds de vent. Seulement 22 milles séparent Jean-Pierre Dick de Jean Le Cam (VM Matériaux), en embuscade en 3e place. Vont-ils franchir l’archipel au même endroit ? L’un des trois va-t-il larguer ses adversaires ou bien se faire décrocher ? Quatre jours auront suffi à ce trio pour avaler le premier tiers du parcours. Le rythme pourrait retomber après les Açores où la situation météo semble moins bien établie. Cela pourrait favoriser le retour des retardataires Brian Thompson (Artemis), Dominique Wavre (Temenos II) et Armel Le Cléac’h (Brit Air), classés de la 4e à la 6e place. Anne Liardet (Roxy), 7e à 184 milles, déplorait des problèmes électroniques. Son pilote principale l’a lâchée et la navigatrice est partie quatre fois à l’abattée mercredi soir, perdant une bonne demi-heure à chaque sortie de route.
Monocoques Classe 40 La course de vitesse se poursuit chez les monocoques 40′. Les deux leaders, Dominic Vittet (Atao Audio System) et Gildas Morvan (Oyster Funds), continuent de se livrer une lutte sans merci et de mener la flotte à un rythme d’enfer dans un vent d’est toujours soutenu (20-25 noeuds) qui les pousse à vitesse grand V vers les Açores – au classement de 20 heures, Gildas Morvan avait repris la tête de la flotte. Les bateaux surfent en permanence entre 20 et 22 noeuds depuis ce matin et Vittet affichait une moyenne de 14 noeuds sur les dernières 24 heures ! Il faut donc suivre le rythme et pour beaucoup, outre la fatigue, les petits pépins s’accumulent. Aujourd’hui, François Angoulvant (Fermiers de Loué – Sarthe), victime d’une fissure sur le pont et d’un problème de safran, Cécile Poujol (PACA Entreprendre) dont les voiles sont déchirées et Benoît Parnaudeau (Jardin Bio Equitable) qui a cassé son safran et son safran de secours, continuent leur descente sur les Açores où ils feront escale pour réparer. De son côté, Philippe Legros (Côtes d’Armor – Pierres et Mer), qui a récupéré à son bord Charlie Capelle après son chavirage hier après-midi, poursuit sa route vers Horta où il laissera le skipper du trimaran Switch.fr.
Multicoques Classes 2 et 3
Multi Classe 2: Crêpes Whaou ! aux Açores ce matin. En 50 pieds multi, au 4ème jour de course, l’allure reste soutenue au portant, dans une mer formée. Franck Yves Escoffier (Crêpes Whaou !) continue sa progression, seul en tête de flotte, le trimaran était, à 9 heures ce matin, à proximité des Açores. Derrière, la bagarre fait rage, tandis que les plus petits multis ne sont plus que deux en course. « Je vais envoyer le gennaker pour empanner, je suis au nord de l’île Sao Miguel. Il y a 25 à 30 nœuds de vent dans une mer bien formée, mais c’est gérable, ça passe bien. Cette nuit, je me suis même offert trois fois une heure de sommeil. Le luxe. J’avais rempli de 200 litres d’eau le ballast arrière, un ris dans la grand voile et solent. Il faut être prudent. Je descends à une moyenne de 20 nœuds vers la dépression située à l’ouest des Açores » expliquait Franck Yves Escoffier ce matin à la vacation.
Multi Classe 3 : Ils ne sont plus que deux multi classe 3 en course après le chavirage de Charlie Capelle (Switch.fr) hier au large du Cap Finisterre et les deux skippers (Pierre Antoine sur Imagine et Ross Hobson sur Ideal Stelrad) sont un peu refroidis par la fortune de mer de leur ami Charlie. « C’est un sale coup pour Charlie, explique Pierre Antoine, c’est un ami proche et j’étais inquiet jusqu’à ce qu’on le récupère” confie Pierre Antoine. Ross Hobson exprime aussi son soulagement quant à l’issue de la mésaventure de Charlie. « Aujourd’hui, ça va mieux, le moral et les conditions ; La mer est moins hachée, je vais essayer de revenir sur Imagine et me concentrer sur la navigation. J’ai dû réduire hier parce je me suis fait quelques belles frayeurs ».
Monocoques Classes 1, 2 et 3: Pierre-Yves Guennec (Jeunes Dirigeants) creuse l’écart, Il va plus vite et plus régulièrement que ses petits camarades. En 24 heures, son monocoque aura parcouru 222,3 milles quand Arnaud Dhallenne (TAT Express) en réalisait 50 de moins. Michel Kleinjans (Roaring Forty) et Régis Guillemot (Charter Régis Guillemot Martinique) s’échappent en classe 3 mono, et lâchent leurs poursuivants. Derrière la bataille se poursuit entre deux bateaux, Dangerous When Wet et Fantasy Forest, Didier Levillain, skipper de A Fond Contre la Spondylarthrite ayant déclenché sa balise de détresse. Il est à bord de son bateau alourdi par une voie d’eau. Les pompes du bord n’arrivent pas à étaler cette voie d’eau, alors que le bateau de Didier Levillain est à environ 160 milles au large du Cap Finisterre, dans une zone contrôlée par le MRCC Falmouth. Un navire de commerce se porte à son secours.
Monos Classe 2 Kip Stone (Artforms) continue de faire cavalier seul, loin devant ses trois autres adversaires. Servane Escoffier (Vedettes de Bréhat Cap Marine), 2e à 113 milles, a perdu son petit spi hier soir.
L’anglais Alex Thomson qui n’a pas prévu de faire escale doit pourtant s’atteler à une tache encore moins réjouissante. Il rencontre en effet de nouveaux problèmes avec l’un de ses enrouleurs de voile d’avant et va devoir grimper en haut de son mât pour effectuer la réparation. Après la tempête des premiers jours, le jeune britannique s’était déjà arrêté à Gijon pour réparer cette avarie qui lui avait coûté une voile. Inquiet à l’idée des surprises que pourraient lui réserver cette ascension le skipper d’Hugo Boss va devoir s’y attaquer rapidement, tant que les conditions plutôt calmes le permettent.
Bernard Stamm, dont la vitesse moyenne sur les dernières 24heures est la plus rapide (14.46 nœuds) ne cesse de creuser l’écart sur son plus proche poursuivant le Japonais Shiraishi qui, aux dernières positions, pointait à 429 milles du leader suisse.
Unai Basurko, en queue du peloton met les bouchées doubles pour rattraper le retard accumulé en raison de la pénalité de 96h (deux fois 48h) que lui ont coûté ses deux escales techniques. A près de 10 nœuds de moyenne sur les derniers 24h le basque était le second bateau le plus rapide de la flotte.
Graham Dalton, A SOUTHERN MAN AGD « Il faut que je résolve le problème que j’ai avec l’un de mes safrans. Si la course faisait escale au Cap alors je continuerai comme ça mais avec des milliers de milles à parcourir avant l’Australie, il faut que je répare. Mon cœur me dit de continuer car je suis seulement à une dizaine de milles de Robin et j’arrive à bien grignoter mais ma raison me dit que je ne peux pas prendre le risque d’avoir des problèmes pour barrer le bateau dans les mers du sud. Ce ne serait pas seulement mettre le bateau en danger, ce serait aussi me mettre en péril. Il faut donc que la raison l’emporte. »
« En ce moment le temps est correct. J’ai près de 12 nœuds de vent Sud-ouest et je fais route sud. Mon soucis de safran ne me ralenti pas. Tant qu’on est là, il faut pousser ou rentrer chez soi ! Ce sont les conditions que nous allons rencontrer avec le bateau qui vont déterminer le lieu exact d’escale. Madère semble pour l’instant être une bonne option. Mais c’est un coup dur après tout ce que nous avons abattu pour arriver si près de Robin. Mais bon il faut se dire que si j’ai réussi à remonter une fois, je vais y arriver une seconde ! ».
Alex Thomson, HUGO BOSS « Bernard est intouchable pour l’instant et je ne m’attends pas à pouvoir le rattraper avant l’Australie. Puisque les résultats de la course sont calculés en temps, ma priorité est de réduire tant que possible l’écart qui me sépare de Bernard. A moins qu’il ait un problème, je ne vois pas d’autre chance pour moi. Si je finis troisième de la course, alors je serai un homme heureux ».
« J’ai quelques problèmes à bord d’Hugo Boss sur lesquels je dois me concentrer et qui vont me forcer à monter en haut du mât. J’ai un enrouleur qui ne fonctionne plus. Les conditions sont idéales pour l’instant avec moins de cinq nœuds de vent donc il faut que je me lance d’ici demain. L’idée d’entrer dans le sud avec une voile qui ne s’enroule pas ne m’enchante vraiment pas. La seule chose qui m’inquiète c’est que le problème que j’ai pendant la tempête se reproduise avec une voile que je ne peux ni affaler ni enrouler, que je dois laisser telle quelle, qui se déchire et devient alors un problème pour le reste du gréement et du mât ».
Le cap de Bonne Espérance s’est gagné au prix de quelques souffrances. Dans un vent de 60 nœuds, des vagues de 10 mètres et le trafic maritime régulier aux parages de la pointe sud-africaine, Maud Fontenoy a vécu des heures difficiles, au plan physique mais aussi technique. « Avant le passage du cap, j’ai eu des problèmes de voile d’avant. J’ai du aller affaler, les écoutes m’ont fouetté les mains. Résultat, j’ai la main droite qui a doublé de volume avec un gros hématome et le pouce de ma main gauche, je ne sais pas s’il est cassé, mais en tout cas, il est bleu, rouge et gonflé, j’ai du mettre une atèle.»
L’éolienne, également cassée pendant le coup de tabac a pu être réparée hier (mercredi), pendant une accalmie que Maud a mise à profit pour bricoler mais aussi pour se ressourcer. « Je me suis lavée avec des seaux d’eau de mer- elle est à 18 degrés-, j‘ai fait le plein de nourriture, d’eau douce et j’ai profité des quelques rayons de soleil » expliquait-elle à la vacation du jour. Ces trois jours de mauvais temps, « il a fallu les assumer, mais ce qui est positif, c’est que le bateau a bien tenu le coup. Cette expérience m’a renforcée et m’a donné confiance en moi. Je suis très contente d’avoir franchi ce cap, ce n’est pas un tiers du parcours, mais c’est déjà une grande étape.»
Aujourd’hui, Maud évoluait au près serré, avec deux ris dans la grand-voile et son solent à l’avant. Entourée d’albatros, elle avait retrouvé le moral et sa voix était claire. « Chaque jour est une victoire sur soi-même. Il faut malgré tout tenir le coup, garder le sourire et essayer de prendre du plaisir. J’essaie toujours de regarder ce qui m’entoure avec les mêmes yeux émerveillés que ceux des enfants » philosophait-elle. Maud vogue d’obstacle en obstacle, et elle en est consciente « j’ai choisi d’être ici, donc je n’ai pas à me plaindre. » Dès aujourd’hui, elle va mettre du sud dans sa route, pour éviter le gros d’une dépression qui se dirige sur elle, ce qui ne l’empêchera pas de retrouver le gros temps avec des vents de 45 nœuds attendus dans les jours qui viennent.
Après 11 jours de mer, Bernard Stamm à bord de Cheminées Poujoulat est toujours largement leader de la première étape de la Velux 5 Oceans, entre Bilbao (Espagne) et Fremantle (Australie). Ces derniers jours, il avait légèrement marqué le pas. La faute à une dépression située dans le Nord du Cap Vert. Un petit front qui avait « tué » l’alizé. Mais depuis hier soir, le skipper touche à nouveau du vent frais. Cheminées Poujoulat allonge la foulée et creuse un peu plus l’écart avec ses poursuivants. Kojiro Shiraishi, Spirit of Yukoh, est maintenant pointé à 400 milles du leader. Mike Golding, Ecover, est relégué à 540 milles et Alex Thomson, Hugo Boss, est confronté à des problèmes de gréement à plus de 640 milles de Stamm !
Un scénario de rêve, d’autant que Bernard Stamm devrait encore accentuer son avantage ces prochaines heures. Alors que Cheminées Poujoulat a laissé derrière lui la zone sans vent, Kojiro Shiraishi est venu buter de plein fouet dans cette zone de calme. Une zone qui s’est étendue depuis le passage de Stamm qui vient quasiment de claquer la porte derrière lui… « Pour le moment, j’ai retrouvé l’alizé, confie Bernard Stamm. Je suis dans 12 nœuds de vent soutenu et stable. Des conditions idéales, avec peu de manœuvres, ce qui me permet de récupérer un peu .Cette nuit, j’ai pu me reposer et prendre plusieurs petites tranches de sommeil. C’était parfait. J’ai rechargé les batteries, c’est pas mal. »
Mais pas question de se reposer sur ses lauriers pour Bernard. « Plus je peux engranger les milles maintenant et mieux c’est. La course présente une configuration très différente de ce à quoi je m’étais préparé, et là il faut essayer de saisir sa chance. » Une chance qui sourit à Stamm. Le passage de l’Equateur, en fin de semaine, s’annonce plutôt bien. « Je pense que statistiquement je me situe plus à l’Est que le passage normal, mais pour l’instant je ne vois pas de ralentissement. » Cap plein Sud donc. Cheminées Poujoulat engrange tranquillement les milles avec un bateau remis au top. A chaque fois que son 60 pieds Open rencontrait une zone de vent plus maniable, Bernard Stamm en profitait pour bricoler, remettre en état et entretenir son plan Rolland. « Je vais attaquer l’hémisphère Sud avec un Cheminées Poujoulat tout neuf ! »
«En termes de course en solitaire, pour moi il y a deux épreuves qui tiennent le haut du pavé… Une course de fond qui est le Vendée Globe, et un sprint qui est la Route du Rhum. Le nombre de participants au Rhum est vraiment impressionnant, ce qui en fait clairement la transat de référence.
Je ne me suis d’ailleurs jamais, lors de ma préparation à l’édition 2002, senti réellement serein tant j’avais l’impression qu’il s’agissait là d’une épreuve mettant la barre très haut. Mais personnellement, il s’agissait surtout de pouvoir revenir sur le parcours de ma Mini Transat, qui avait été une expérience traumatisante : il fallait d’une façon ou d’une autre conjurer le sort, le Rhum était une excellente occasion de le faire – sans cela, je ne serais jamais reparti en solo… (ndlr : lors de la Mini Transat 1999 Concarneau – Guadeloupe, ayant connu un temps particulièrement violent, Nick avait été projeté par-dessus bord et avait bien failli se faire son trou dans l’eau. Il s’en était sorti miraculeusement avec une clavicule cassée, et un moral en berne).
Il était pour moi très important de repartir sur la même route, car je devais aller noyer quelques vieux démons, c’était vital pour mon avenir dans ce sport. Lorsque j’ai débuté les entraînement à bord de mon 50 pieds, c’était la première fois que je re-naviguais en solitaire depuis la Mini ! Je ne faisais pas le fier à bras, et la qualification a été très éprouvante mentalement. J’espérais également que lors de la course elle-même, nous n’allions pas avoir un temps aussi mauvais qu’en 1999… mais il a bien fallu que je me rende à l’évidence : cela allait être pire ! Lors de la conférence de presse la veille du départ, les vagues venaient frapper les vitres du bâtiment où nous étions à Saint-Malo.
J’ai donc pris le départ avec pas mal de stress, d’autant que c’était mon premier « gros » projet personnel, je souhaitais faire un bon boulot. Une fois les voiles hissées, toute l’appréhension s’est envolée, je pouvais enfin prendre la mesure de tout le travail fait en amont, c’était un sentiment de libération étrange, une confiance qui me venait d’un coup alors que jusque-là j’étais en permanence en proie au doute. Mon bateau (l’ex-CCP Cray Valley, plan Finot) était très solide, je savais cela et j’avais multiplié les sorties par gros temps – il manquait un peu de potentiel au près, mais je connaissais ses points forts. Très vite, on a appris que les avaries et chavirages ne faisaient que se succéder les uns aux autres, et pour ne pas me laisser gagner par le stress, j’ai volontairement mis de la distance entre ma course et ce qui se passait autour de moi… J’étais dans une sorte de « vision tunnel », je ne pensais qu’à gérer le bateau qui tapait lourdement à chaque vague, il était difficile à ralentir. J’étais couché en bas, sur le plancher, avec la télécommande de pilote sur la poitrine ! Au petit matin, la tempête s’était calmée, le vent était devenu portant, et à cette allure ce monocoque était incroyablement rapide. En début de course, Yannick Bestaven attaquait très fort, et je le voyais fondre sur moi, mais il fallait à tout prix que je ralentisse le bateau quand même, car je sentais bien que cela forçait trop… Yannick n’a pas tardé à casser sa quille, et j’ai eu le champ libre.
Quand je suis arrivé en Guadeloupe, l’équipe avait fêté la victoire d’Ellen la veille, et quand j’ai mis pied à terre vers 2 heures du matin, tout le monde était trop crevé pour remettre ça ! Par contre, on s’est tous bien rattrapés le lendemain, et le fait d’aligner deux victoires a été pour le team quelque chose de totalement incroyable. Le fait d’avoir, sur un plan personnel, réussi ma traversée m’a permis par la suite de m’aligner au Vendée Globe."
Alors Yvan, un petit souci cette nuit ? Oui ! J’ai un peu les boules, je ne comprends pas trop… le vérin de pilote s’est coincé dans son axe ce qui a par la même occasion bloqué la barre de direction… J’ai tourné dans tous les sens et j’ai même dû m’arrêter pour finalement réussir à le débloquer.
Au final rien de grave, tu repars de plus belle ? J’ai quand même perdu 2 heures dans l’histoire et avec les moyennes actuelles, ça me fait 50 milles de retard en plus… Mais là je suis reparti à fond, je suis à 28 noeuds !
Cela ne t’a pas trop déconcentré, énervé ? Non je ne suis pas énervé, juste un peu déçu, dégoûté que cela m’arrive maintenant alors que je me sentais super bien et que j’étais dans le match…
Malgré tout, tu restes bien positionné et ce passage des Açores s’est bien passé ? Oui c’est sûr ! De toute façon, je vais me battre… Je ne vais rien lâcher, je ne suis pas du genre à gamberger sur un problème passé. Je vais tout donner pour refaire mon retard.
On approche de la mi-course, quel bilan fais tu de ton début de course ? Hormis ce petit souci, tout s’est bien passé jusque là. Avec Jean Luc Nélias, on a bien négocié et je reste en course pour au minimum un podium.
Et de celui de tes concurrents ? Il faut se rendre à l’évidence, Lionel (Gitana XI) fait un super début de course, il est irréprochable. Mais rien n’est joué !
Tel est le cas de Lionel Lemonchois (Gitana 11) qui, au classement des multicoques Orma établi ce matin à 08H00, possédait 93 milles d’avance sur Pascal Bidégorry (Banque Populaire). Le Normand avait, paradoxalement, accru son avantage après avoir, involontairement, dormi… quatre heures d’affilée. « C’est la première fois que j’ai l’impression d’avoir vraiment dormi », lançait-il, d’une voix enjouée ». La durée inhabituelle de ce sommeil n’avait pas été programmée, et l’entourage de Lemonchois n’a pu y mettre un terme qu’après plusieurs tentatives infructueuses. Gitana 11 était alors sous gennaker et progressait à quinze nœuds. « C’était clair. Heureusement, on avait fait de bons choix, on s’en sort bien ! ». En fin de nuit, le vent avait forci et Lemonchois était lancé à 28 nœuds sur la route. Il gardait un œil sur Yvan Bourgnon (Brossard) et Pascal Bidégorry (Banque Populaire), sur Thomas Coville (Sodeb’O, plus au nord) et imaginait un retour express de Franck Cammas (Groupama) dès l’arrivée des alizés, dans 24 heures, selon lui. Lemonchois expliquait qu’il avait pu créer un léger écart en évitant soigneusement le dévent des îles aux Açores. Mais, concluait-il, 60 milles d’avance en multicoque, ce n’est rien, ça peut changer très vite ». Il ne passe guère de temps dehors. « Mon pilote est beaucoup plus concentré que moi, je le laisse faire depuis 48 heures. »
Chez les monocoques IMOCA, la bataille fait toujours rage entre Roland Jourdain (Sill et Veolia), qui s’était porté au commandement en prolongeant un bord plus à l’ouest et Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec), contraint, pour sa part, de plonger pour se débarrasser d’un objet aussi mou qu’encombrant la nuit précédente. Roland Jourdain déplorait a posteriori d’avoir touché moins de vent un peu plus dans l’ouest mercredi soir. Il envisageait « un empannage à gérer dans la journée pour la passage des Açores ». Jourdain a par ailleurs souligné que le trio de tête, qu’il compose avec Virbac-Paprec (à 25,2 milles) et VM Matériaux (Jean Le Cam en embuscade à 40,8 milles) « risque de passer un bout de temps en tête et d’y faire l’accordéon ». Son alarme a retenti lors de la vacation matinale. « Ce n’est rien, a-t-il aussitôt rassuré. J’habite près de la caserne et les pompiers font des exercices. »
Si, en monos IMOCA, Jourdain, Dick et Le Cam ont creusé l’écart, la situation est plus compliquée chez les 40 pieds. Gildas Morvan sur Oyster Funds demeurait en tête encore au pointage de 4H00 ce matin. « Cette situation ne me surprend pas, explique-t-il, les bateaux sont très proches ». Morvan a attaqué un peu hier, avant de toucher 35 nœuds de vent la nuit dernière. Le bateau avançait à 19 nœuds lorsqu’il s’est allongé dans sa couchette. « Le bateau va bien, le bonhomme aussi », s’est-il réjoui. « La route est encore longue, il va se passer des choses. Il reste environ 2 700 milles et il y aura plein de coups à négocier. Mais je suis content de ma position. » A 08H00, C’est Dominic Vittet sur Atao Audio System qui prennait la tête avec un petit mille d’avance sur Gildas Morvan.
«Pour moi, le Rhum est naturellement quelque chose de particulier… Mon père le courait, nous habitions aux Antilles, c’était mon environnement naturel de petite fille. J’ai dû assister à toutes les arrivées en Guadeloupe. La première, j’avais 6 ans et je me souviens très bien de l’image de Malinovsky et de Mike Birch – j’étais à bord d’une vedette avec ma mère – c’est resté gravé dans ma mémoire. Même si à l’époque, je n’avais aucune idée de l’importance que cela avait… Rien que le fait de percevoir l’excitation de tous les adultes autour de cette arrivée me laissait quand même envisager qu’il se passait quelque chose de pas banal. C’est après, avec l’âge, que l’on se rend compte que l’on a vécu des moments incroyables !
Si je me souviens bien, mon père avait abandonné cette première édition sur problèmes de pilotes… Je me souviens aussi du contraste entre la chaleur des Antilles où nous vivions et la pluie et la grisaille de Saint Malo ! Ce qui a été valable pour l’Ostar aussi. A bord d’Umupro Jardin, mon père a fait une bonne place en 1982 (8ème, ndlr), et si j’ai quelques souvenirs de son arrivée, je garde surtout en mémoire la période qui a suivi : nous nous sommes baladés pas mal aux Antilles, je pense que c’est à ce moment-là que j’ai fait mes premiers bords à la barre d’un multicoque… avec la sensation de vitesse et les embruns que cela implique – même si le bateau devait plafonner à 25 nœuds, on se faisait déjà pas mal rincer !
Je n’ai jamais eu, comme beaucoup d’autres, de posters du Rhum dans ma chambre, ce n’était pas un rêve de gosse… Les pontons, les marins, tout ça c’était ma cour d’école, et plein de tontons ! C’était ma vie, point. Plus tard, l’émotion ne s’est pas dissipée et l’arrivée de Florence en 1990 a été un grand moment. A l’époque, j’étais stagiaire dans une boîte de production (en métropole, ndlr), à 18 ans je débutais ma vie active. Ma mère m’a appelée en me disant ‘Florence arrive, elle va gagner, il faut qu’on y aille’. J’ai prévenu les gens avec qui je travaillais que je partais une semaine – pas comme si je leur avais vraiment donné le choix. En atterrissant, nous n’avons pas eu le temps d’aller sur l’eau, elle était déjà à terre… Et il y a eu un moment fabuleux : juste avant de monter sur le podium, Florence m’aperçoit dans la foule, vient me prendre la main, et s’assoit tout simplement. Ça a immédiatement calmé le jeu, car il régnait une drôle d’excitation, tout le monde disait qu’elle était malade, qu’il fallait l’emmener à l’hôpital (ndlr, peu avant son arrivée, Florence Arthaud avait en effet dû lutter contre une hémorragie) – bref, tout un tas de bruits de pontons plus ou moins fantaisistes avaient circulé. Dans cette bousculade totale, le moment de pause a permis de tout faire redescendre sur terre… Je crois que c’est mon plus beau souvenir d’arrivée.
Florence était une très bonne amie de la famille, Philou (Poupon) aussi. A cette époque-là, la voile c’était un clan… Je dirais que cela a un peu changé avec la période Bourgnon, car à la fois cela correspond à une plus grande professionnalisation, mais aussi à l’arrivée d’une nouvelle bande. Plus tard, cela a été mon tour ! Et là, tout ce qui est sympa lorsque tu es spectateur – les au revoir, le passage des écluses etc. – tout de suite c’est nettement moins drôle ! Beaucoup de préparation, un vilain trac… et un débordement d’émotion pas facile à gérer. Soit tu craques et tu pleures, soit tu tiens le choc mais à ce moment-là tu ne le vis pas vraiment. La pression est énorme. C’est un trop-plein de gens, d’amour, de tout… pour te retrouver une heure après complètement seule sur ton bateau ! La transition est violente, même si tu as hâte de partir."
Pascal Bidégorry (Banque Populaire), lui, a bataillé avec un problème de safran après avoir heurté un ofni, mésaventure sans gravité arrivée aussi au Géant de Michel Desjoyeaux. Le leader Lionel Lemonchois a avoué ce matin que dans le passage du front voilà 36 heures, il avait "bien failli se mettre sur le toit". Gilles Lamiré (Madinina) va s’arrêter aux Açores pour réparer son vît-de-mulet brisé. Autant de rappels à l’ordre. On ne traverse décidément pas l’Atlantique en solitaire comme on va chez son boulanger. Malgré des conditions inédites et idéales de vent portant, "le Rhum" reste une aventure.
Côté compétition, les pilotes des multicoques sont déjà en approche des Açores, toujours à grande vitesse : quatre bateaux sur 12 affichent des moyennes supérieures à 500 milles par jour ! En tête, le très solide Lionel Lemonchois (Gitana 11) est flashé à 28 noeuds et affiche ce soir une avance estimée à une soixantaine de milles sur ses trois plus sérieux rivaux du moment : Pascal Bidégorry (Banque Populaire), Yvan Bourgnon (Brossard) et Michel Desjoyeaux (Géant), tous trois dans un mouchoir de poche pour le fauteuil provisoire de dauphin. Mais la problématique du jour est surtout de trouver le bon dosage entre récupération, prise de risque et pilotage de haut vol. Chez les monocoques Imoca, Roland Jourdain (Sill et Veolia) tient tête à Jean-Pierre Dick et Jean Le Cam (VM Matériaux). En Classe 40, Gildas Morvan (Oyster Funds) a pris une légère avance sur Dominic Vittet (Atao Audio System). En multi 50, le Crêpes Whaou! de Franck-Yves Escoffier fait toujours cavalier seul.
Multicoques 60′ Orma : Açores et pas tous à travers Les trimarans Orma sont aux Açores, où on assiste à une première séparation de trafic, entre ceux qui vont passer à l’intérieur de l’archipel, au sud de Sao Jorge, et ceux qui vont les franchir au nord. Le premier groupe "inter-îles" est emmené par le solide leader Lionel Lemonchois (Gitana 11) à qui emboîtent le pas Yvan Bourgnon (Brossard, 3e à 59 milles) et Michel Desjoyeaux (Géant, 4e à 61 milles). Dans du vent d’est toujours soutenu de l’ordre de 20 à 25 noeuds, ça glisse fort – Lionel Lemonchois est flashé à 28 noeuds de vitesse instantanée – et parmi les quatre bateaux de tête, seul Géant affiche une moyenne légèrement inférieure à 500 milles par jour, alors que Gitana 11 n’a plus "que" 2300 milles à courir d’ici la Guadeloupe. "J’ai pris un ris car la mer s’est formée et il ne faut pas attaquer à 30 noeuds dans ces cas-là", expliquait Michel Desjoyeaux ce midi. Dans le groupe de ceux qui laisseront très probablement tout l’archipel à bâbord, on trouve le 2e de la flotte, Pascal Bidégorry (Banque Populaire), Franck Cammas (Groupama, 6e à 105 milles), et Thomas Coville (Sodeb’O, 5e à 76 milles). Sur Foncia, Alain Gautier pointe en 7e position à 148 milles et a encore le choix, même si sa route semble indiquer qu’il passera à l’intérieur des Açores. Dans une très courte liaison, Alain Gautier a indiqué que "les conditions étaient idéales pour la glisse", ce qu’Yvan Bourgnon a traduit de son côté par un révélateur : "je m’éclate comme un gamin!" Mais la problématique du jour est inhérente à la glisse et à la finesse de pilotage au bout de trois jours de mer sans avoir beaucoup dormi. Où placer le curseur-rythme sans friser la correctionnelle, comme n’a avoué qu’aujourd’hui le leader Lemonchois qui a bien "failli se mettre sur le toît" lors du passage du front mardi matin, mais n’a "pas eu le temps d’avoir peur". Côté météo, le flux d’est soutenu devrait tourner au nord-est en devenant plus instable cette nuit, imposant vraisemblablement aux trimarans un nouvel empannage vers l’ouest. Il y aura donc des décisions à prendre relativement rapidement. Rien n’est joué : à 20 noeuds de vitesse, une avance de 60 milles ne représente que 3 heures. Pas grand chose à l’échelle Atlantique. A noter encore que Gilles Lamiré, 12e et dernier des grands trimarans, va s’arrêter aux Açores pour réparer sont vît-de-mulet brisé.
Monocoques Imoca La course bat son plein chez les monos 60 pieds, actuellement bien au large du Cap Finisterre. Leader lors des deux premiers classements lundi matin, Roland Jourdain (Sill et Veolia) s’était ensuite fait subtiliser la première place par Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec), qui est resté près de 48 heures aux avant-postes. Cette nuit, Roland Jourdain a prolongé son bord plus à l’ouest que son adversaire direct qui est parti vers le sud. Conséquence, Bilou est repassé en tête et ne cesse depuis de creuser son avance. Une mésaventure survenue à Jean-Pierre Dick l’y a un peu aidé aussi. Le skipper de Virbac-Paprec a heurté un objet mou en début de soirée mardi. Stoppé de 15 à 4 nœuds, Jean-Pierre Dick n’a pas réussi dans un premier temps à se défaire de cet objet encombrant – peut-être un mammifère marin ? – et a plongé sous la coque sans résultat (voir ils ont dit). A 17-18 nœuds de moyenne, le rythme est de plus en plus élevé et les écarts se creusent rapidement. Brian Thompson (Artemis), 4e, pointe à près de 100 milles du nouveau leader alors que Philippe Fiston (Adriana Karembeu Paris), dernier des dix monocoques encore en course, accuse déjà 300 milles de retard. Le Guadeloupéen a annoncé aujourd’hui ne plus pouvoir affaler son gennaker, désormais roulé et fixé le long du mât. Il pense faire escale vendredi aux Açores pour pouvoir monter en tête de mât décoincer la voile.
Monocoques Classe 40 Ce mercredi après-midi, Gildas Morvan est toujours en tête de la flotte des Classe 40 – avec désormais 19 milles d’avance sur Dominic Vittet – qui fait actuellement route directe vers le nord des Açores, poussée par une bonne brise d’est soufflant entre 20 et 25 noeuds. Dans la soirée, les conditions devraient continuer de fraîchir. Une perspective loin de déplaire aux skippers d’Oyster Funds et Audio Atao System qui se livrent une belle bagarre depuis 24 heures. A noter par ailleurs que Marc Lepesqueux, qui avait annoncé hier soir son abandon suite à la casse de son safran bâbord, a finalement décidé de reprendre la course. Le skipper de Siegenia – Aubi quittera Brest dès que son nouvel appendice sera installé.
Multicoques Classes 2 et 3 Multi Classe 2 : Il cavale Franck Yves Escoffier sur son trimaran 50 pieds Crêpes Whaou !, le vent, trois quart arrière, le pousse sur la route directe à des vitesses atteignant 25 nœuds. Derrière, Trilogic (Eric Bruneel) ne lâche rien, même si les écarts commencent à se creuser (125 milles ce matin).
Monocoques Classes 1, 2 et 3 Mono Classe 3 : Michel Kleinjans, le skipper flamand garde le leadership Régis Guillemot (Charter Régis Guillemot Martinique) est toujours à la poursuite de Michel Kleinjans (Roaring Forty) qui le distance de peu (12,7 milles à 16 heures). Mono Classe 2 : Chez les monos Classe 2, l’Américain Kip Stone (Artforms) augmente continuellement son avance sur Servane Escoffier (Vedettes de Bréhat Cap Marine) et les deux autres concurrents de cette classe. Mono Classe 1 : Pierre Yves Guennec toujours en tête Jeunes dirigeants porte bien son nom, puisque depuis le départ de la Route du Rhum – La Banque Postale, le monocoque de Pierre Yves Guennec n’a pas quitté la tête de sa flotte. Derrière, son ami Dhallenne (TAT Express) piaffe tandis que l’écart se creuse (35,9 milles à 16 h).