C’est la guerre des nerfs pour les concurrents encore en course. Le vent joue les filles de l’air. Les vitesses sont lentes. L’espoir revient lorsque l’alizé semble se stabiliser, puis tout s’effondre à nouveau lorsque la pétole se réinstalle encore, et encore… Anne Liardet (Roxy) et Marc Guillemot (Safran) attendent chaque classement avec impatience pour savoir si l’autre a repris ou perdu des milles. Bien revenu ces dernières 24 heures – jusqu’à 18 milles derrière ce matin – Marc Guillemot a reperdu quelques milles dans la matinée. « La situation n’est pas simple, avouait-il d’une voix lasse aujourd’hui. J’avançais correctement hier, jusque dans la soirée. Puis le vent est complètement retombé. La nuit a été très difficile. Et maintenant, j’ai un vent faible de direction variable ! »
Même son de cloche du côté d’Anne Liardet : « je suis un peu fatiguée de la pétole. Ce n’est vraiment pas drôle. Le vent de nord-est est un peu revenu maintenant. Comme il y a une grosse patate (zone sans vent, ndlr) dans mon sud-est, j’essaye d’aller dans l’ouest pour ne pas me faire à nouveau empétoler. » Hier encore, les deux solitaires pouvaient espérer en terminer dans la nuit de lundi à mardi. A 246 milles de l’arrivée lundi midi, l’ETA des deux prochains 60 pieds monos n’est plus avant mardi soir, voire mercredi si le vent refuse toujours de les soutenir.
La position de leader n’a pas que des côtés confortables. En tête de la Velux 5 Oceans depuis plus de 20 jours, c’est à Bernard Stamm de donner le rythme. C’est à lui que revient le choix de la route, de définir une stratégie pour rejoindre la latitude des quarantièmes rugissants. Derrière, Mike Golding suit " Stamm le défricheur " et s’adapte aux mouvements du leader, tout en continuant bien entendu de lui mettre la pression. Sur la dernière demi-journée Mike Golding avait repris 40 milles à Stamm. Ecover était pointé ce matin à 280 milles dans le Nord-Ouest de Cheminées Poujoulat. " Je sais que Bernard est un bon, confiait Mike Golding à son équipe. Il doit tramer quelque chose pour que je continue a toujours lui prendre des milles… "
Même si Bernard jette des coups d’œil inquiets dans son rétroviseur, c’est surtout sur la situation météo qui l’attend que se concentre le leader. " C’est complexe par devant, confie le skipper de Cheminées Poujoulat. Je vais très vite être amené à prendre des décisions extrêmement importantes. Je me concentre sur la manière d’aborder un petit système météo qui me permettrait de rejoindre rapidement la latitude des 40e rugissants. " Cheminées Poujoulat avance à 6 nœuds vers une bande de vent de Nord-Ouest qui pourrait l’emmener, seul, directement vers le Sud. La situation est tendue. L’enjeu est d’importance, et va exiger une synchronisation parfaite. Le petit front que vise Bernard s’éloigne, mais si Cheminées Poujoulat arrivait à prendre le train en route et à s’engouffrer dans cette petite fenêtre météo, il claquerait la porte du Sud derrière lui. A suivre…
Même si Bernard jette des coups d’œil inquiets dans son rétroviseur, c’est surtout sur la situation météo qui l’attend que se concentre le leader. " C’est complexe par devant, confie le skipper de Cheminées Poujoulat. Je vais très vite être amené à prendre des décisions extrêmement importantes. Je me concentre sur la manière d’aborder un petit système météo qui me permettrait de rejoindre rapidement la latitude des 40e rugissants. " Cheminées Poujoulat avance à 6 nœuds vers une bande de vent de Nord-Ouest qui pourrait l’emmener, seul, directement vers le Sud. La situation est tendue. L’enjeu est d’importance, et va exiger une synchronisation parfaite. Le petit front que vise Bernard s’éloigne, mais si Cheminées Poujoulat arrivait à prendre le train en route et à s’engouffrer dans cette petite fenêtre météo, il claquerait la porte du Sud derrière lui. A suivre…
Cheminées Poujoulat avance à 6 nœuds vers une bande de vent de Nord-Ouest qui pourrait l’emmener, seul, directement vers le Sud. La situation est tendue. L’enjeu est d’importance, et va exiger une synchronisation parfaite. Le petit front que vise Bernard s’éloigne, mais si Cheminées Poujoulat arrivait à prendre le train en route et à s’engouffrer dans cette petite fenêtre météo, il claquerait la porte du Sud derrière lui. A suivre…
A 23 ans, il a fait preuve d’un sang froid et d’une maîtrise sans faille qui lui ont permis de s’extraire en tête et avec 16 victoires sur 18 matches des manches qualificatives. Accroché en demi -finale face au Brestois Cloarec, il est revenu au score pour gagner sa place en finale. C’est le sociétaire du SRV Annecy Alex Littoz-Baritel qui lui était proposé en finale. Menant 2 victoires à rien, le Morbihanais se dirigeait vers un succès complet mais la révolte des représentants du bassin "Méditerranée" l’a contraint à puiser en ses ressources et en celle de ses quatre équipiers pour finalement l’emporter au bout du suspens par 3 victoires à deux.
Le surprise Littoz-Baritel Après le coup de vent de la journée d’hier, le plan d’eau de la baie de Seine bouillonnait encore aujourd’hui sous la double influence du jusant et d’un vent soutenu de secteur Nord Ouest. La direction de course suggérait aux jeunes coureurs de naviguer aujourd’hui avec un ris dans la grand voile et petit solent. Les demi finales entamées hier pouvaient se poursuivre dans une lumière à éblouir un maître impressionniste. En difficulté hier soir, Victor Lanier remettait les pendules à l’heure dans son match contre le Brestois Paul Cloarec. Deux matches, deux victoires et Victor entrait en finale. Son adversaire supposé, au regard de ses formidables résultats du week-end, Damien Cozic et son équipage Havrais, subissait contre toute attente la loi des "montagnards" de Val Thorens emmenés par Alex Littoz Baritel. Le bateau estampillé "Méditerranée" poursuivait sa montée en puissance et infligeait un cinglant deux à zéro pour gagner le droit d’affronter Lanier pour la grande finale.
Une finale à suspens L’affrontement entre le Morbihanais Lanier et le sociétaire du SRV Annecy a tenu toutes ses promesses. Littoz-Baritel avait déjà infligé à Lanier une de ses deux seules défaites en match de qualification. Prévenu, Lanier attaquait sa finale avec agressivité et s’appuyait sur la cohésion de ses équipiers Nicolas Deberque, Julien Flaxa et Nicolas Luneven pour remporter de la plus faible des marges les deux premiers matches du jour. Sur une mer toujours très formée et alors que le vent mollissait sous les 12 noeuds, Littoz-Baritel sonnait l’heure de la révolte. Les phases de "circling" toujours plus impitoyables servaient de préambule à des bords à bords féroces sous l’oeil vigilant des "umpires". Le fort clapôt rendaient empannages et affalages de spis périlleux et poussaient les équipages à l’excellence. Littoz-Baritel revenait au score à l’issue de deux manches très accrochées. La dernière manche était donc décisive. Lanier parvenait à se glisser au vent de Littoz-Baritel dès le départ, et profitait d’un petit plus en vitesse au portant pour l’emporter d’une courte longueur…
Ils ont dit :
Victor Lanier, champion de France de Match Race Espoir : "Cela a été très serré. Nous étions tous peu à notre aise dans le vent fort car la moindre erreur se paie au prix cher. Je crois que nos bons départs nous ont bien aidé. La finale a été très accrochée. Littoz-Baritel et son équipe ont bien joué les coups les plus extrêmes et ont fait très peu d’erreurs. nous avions une bonne vitesse au portant pour toujours revenir dans le match et gommé nos petites erreurs. Cela s’est joué sur le dernier match et il a fallu rester maître de ses nerfs en faisant abstraction de toute idée négative. L’équipage a été très fort sur ce plan. Je suis heureux de l’emporter ici car natif d’Harfleur (près du Havre), j’aime ce plan d’eau de la Baie de Seine…"
Marc Bouet, entraîneur national chargé du Match Race "Le podium traduit parfaitement la hiérarchie et le niveau observé ce week-end au Havre ; nous n’avons pas l’habitude de courir en match race dans une si forte houle. Cela a constitué un challenge supplémentaire que les équipages ont su relever. Un superbe week-end de régates."
Classement général : 1- Victor Lanier – CN Lorient 2- Alex Littoz-Baritel – SRV Annecy 3- Damien Cozic – SN St Quay-Portrieux 4- Paul Cloarec – SR Brest 5- Antoine Macé – SR Brest 6- Baptiste Belhandouz – CN Paul Vatine 7-Jaouen Le Scanff – YCPR Marseille 8-Nicolas Heintz – YC Mèze 9- Julien Marcelet -Dunkerque Plaisance 10-Nathalie Corson -CNP Le Havre
Décalés dans l’ouest depuis les Açores, Phil Sharp (philsharpracing.com) et Gildas Morvan (Oyster Funds) ont incontestablement pris l’avantage sur le reste de la flotte depuis cinq jours. Les deux Pogo 40 bénéficient non seulement de plus de pression mais touchent également les bascules en premier. " Grâce à ça, on a réussi à accélérer tous les deux et à s’échapper. On a un peu plus de 200 milles sur les suivants. C’est un écart qui commence à devenir important et c’est bien pour la suite " a expliqué Gildas Morvan lors de la vacation ce matin. Sharp et Morvan ont effectivement pris un avantage qui pourrait bien s’avérer décisif. Entre les deux, la bagarre finale est lancée. Le Britannique comptait 130 d’avance il y a 48 heures. Au pointage de ce dimanche à 16h, 98 milles séparent les deux bateaux.
" Le requin" (surnom qu’a donné Morvan à Phil « Shark », ndlr) possède un léger avantage. Il se situe toujours plus décalé dans l’ouest par rapport à moi et touche un peu plus de vent. La situation risque néanmoins de se stabiliser dans la journée sachant que moi je suis sous gennaker et que lui est sous spi (Sharp a perdu son gennaker dans la tempête dans la nuit de lundi à mardi, ndlr). Il va donc obligatoirement se recaler dans mon axe. ce qui n’est pas forcément mal puisque après on aura exactement les mêmes conditions de vent. Normalement, on devrait progresser au reaching sous gennaker jusqu’à l’arrivée. C’est bon pour moi a priori " a annoncé le Finistérien. Sa situation pourrait être d’autant plus intéressante que le vent devrait théoriquement mollir à l’arrivée sur la Guadeloupe. Dans ce cas, un effet accordéon pourrait lui permettre de recoller l’Anglais. " Je commence à appréhender l’arrivée sur les Antilles qui risque de se faire dans les petits airs. Qui dit petits airs dit coup de mistoufle possible, on l’a d’ailleurs bien vu avec l’arrivée des Imoca " a souligné le skipper de philsharpracing.com ce matin. A noter que d’après le routage, Phil Sharp et Gildas Morvan pourraient arriver à Pointe-à-Pitre mercredi prochain dans la matinée.
Monocoques Imoca : encore quatre en mer Brian Thompson (Artemis), a pris la 6e place des monocoques 60 à 6h34 dimanche matin. Anne Liardet (Roxy) et Marc Guillemot (Safran) se disputent la 7e place. Ils sont attendus dans la nuit de lundi à mardi en Guadeloupe. Derrière, Jean-Baptiste Dejeanty (Maisonneuve Basse-Normandie) et Philippe Fiston (Adriana Karembeu Paris) devraient rester encore quatre à sept jours en mer.
Prochaines arrivées à Pointe-à-Pitre Aucune arrivée prévue dans les 24 prochaines heures en Guadeloupe. Les prochains concurrents attendus dans la nuit de lundi à mardi sont Victorien Erussard (Laiteries de St Malo) en multi classe 2, Anne Liardet (Roxy) et Marc Guillemot (Safran) en 60 pieds Imoca.
Un départ ouaté. Le départ de la Route du Rhum en ce dimanche 29 octobre ne restera pas dans l’armoire aux bons souvenirs de Jean Le Cam. Parti un peu au vent de la flotte après le Pointe du Grouin, Jean se retrouve dans la difficulté au moment de doubler la marque mouillée sous Fréhel, empétré face à un fort courant contraire. C’est en 7ème position qu’il abord la première partie très tactique de cette édition 2006 d’une Route du Rhum si peu orthodoxe. Le vent, faible à inexistant, est calé à l’ouest et c’est au près que les concurrents tentent de s’extraire de la Manche et de rejoindre les flux plus soutenus d’Atlantique Nord. La route passe par l’Angleterre et Jean se retrouve vite au cœur de la gestion problématique d’une navigation de nuit en plein brouillard au milieu des cargos et autres bateaux de p&eci rc;che. « On fait mieux comme entrée en matière…. »
2ème Jour : Dans le sillage de Dick La Route de Pointe à Pître prend en ce premier lundi de course la direction de l’Irlande. Un vaste anticyclone s’est égaré en ce début d’automne an cœur de l’Atlantique et dérive en s’étalant vers le Nord Est. Un flux soutenu de Nord Nord Est circule en sa bordure et les solitaires y voient avec anticipation les promesses d’une descente tout schuss vers les Açores. Reste à accepter de laisser à sa gauche la route de Pointe à Pître dans l’attente d’une rotation du vent à l’avant du bateau, signal qu’il sera temps de changer d’amure et de mettre enfin cap au Sud. Jean Pierre Dick est à ce moment un leader très à son affaire dans les petits airs de la Mer d’Irlande. Les écarts restent faibles mais les Nordistes tiennent la tête et accélèrent progressivement tandis que les voiliers restés près des côtes de Bretagne luttent face aux courants. Jean s’installe dans le trio de tête devant le Britannique Brian Thomson.
3ème jour : Accélération C’est un Jean Le Cam heureux comme un marin surfant à pleine vitesse sur son VM Matériaux qui entame sa troisième journée de course. Les deux marins qui le précèdent au classement général résistent fort bien à ses assauts. Le Cam choisi dorénavant d’attendre patiemment son heure. Le gros chat fuschia est bien calé dans le tableau arrière des souris Dick et Jourdain. Comme eux, il est « à fond » sur les réglages et la vitesse. Oubliés les classements et autres calculs de moyenne et de gains horaires. Le Cam est en course, en phase, en harmonie avec une Route du Rhum qualifiée ce matin avec enthousiasme de « géniale », avec ce vent, cette glisse sous les étoiles et l’enivrante vitesse d’un VM Matériaux répondant en tous points aux attentes de son skipper.
4ème jour : Changement de leaders L’ouest paie. Roland Jourdain a prolongé son bord et s’empare du commandement aux dépends de Dick plus abattu dans son sud. Le Cam partage les conceptions de son ami Bilou et reste un moment le plus nord de la flotte. VM Matériaux aime le vent puissant et c’est dans l’ouest qu’on trouve plus de pression…Les Açores sont en ligne de mire et les modèles météos tournent presque aussi vite que les cerveaux des navigateurs pour déterminer le plus en amont possible le meilleur point de passage au milieu, à l’ouest ou à l’est des îles… de ce passage découlera le bon angle de vent pour gagner au plus vite les alizés. Calé dans le sillage de Sill et Véolia, Le Cam rompt soudain l’engagement et choisi de partir à nouveau à l’ouest pour contourner l’archipel. Dick l’imite. Bilou plonge au sud et prend le risque d’aller jouer avec le dévent des îles.
5ème jour : Le combat des chefs A l’approche de la mi-parcours de cette Route du Rhum 8ème du nom, ils sont 4 monocoques de 60 pieds à se disputer férocement le commandement. Jean-Pierre Dick est un leader impressionnant. La puissance de son Virbac-Paprec s’exprime pleinement dans le vent soutenu orienté Nord Nord Est qui lui a permis de parer à toute vitesse au matin du 5ème jour l’archipel des Açores. Dans son sillage, c’est Jean Le Cam qui occupe désormais le fauteuil de dauphin. Son VM Matériaux a suivi la même trajectoire que Dick, préférant traverser l’archipel Portugais dans sa partie ouest. « Bilou est parti au sud » lâche d’un ton laconique un Le Cam apparemment peu ému des choix de son camarade de Port la Forêt, troisième au classement général. Sa concentration et son énergie sont pour l’heure entièrement dédiées à la glisse de son plan Lombard. « Je barre beaucoup, car c’est le seul moyen d’aller vraiment vite sous gennaker. Les gains comparés aux performances du pilote automatique sont de l’ordre de 3 nœuds ! » L’émulation entre ces trois hommes bat son plein. Trois ? « Wavre va très vite. Son bateau va bien » tient à souligner Le Cam qui continue de voir en Téménos un adversaire de choix toujours en lice pour la victoire à Pointe à Pitre.
L’aube du sixième jour…. Pointé la veille à une trentaine de milles de Jean Pierre Dick, Jean Le Cam, au sortir d’une sieste réparatrice, s’est installé à la barre, bien décidé à lâcher les chevaux et à faire parler la puissance de son VM Matériaux. « J’ai allumé très fort » avoue-t’il, visiblement heureux d’une démonstration de force concrétisée au tableau d’affichage par un spectaculaire retour de près de 30 milles sur la route directe, et par la satisfaction jouissive pour tout compétiteur de se trouver au cœur de l’Océan Atlantique à vue de l’un de ses principaux rivaux. Le jour s’est ainsi levé en ce sixième jour de course sur la vision assez exceptionnelle de ce bord à bord imprévu entre deux monocoques de 60 pieds lancés à pleine vitesse d ans un vent soutenu de secteur Nord Nord Est. « J’ai allumé tous mes feux » expliquait Jean lors d’une vacation avec son équipe à terre. « Virbac Paprec est exactement sous mon vent et je n’ai pas envie de me le tamponner ! » L’engagement risque de durer, au moins jusqu’au prochain empannage stratégique pour revenir sur la route directe. Roland « Bilou » Jourdain est à l’affût sous le vent des duettistes, à moins de 11 milles de l’extraordinaire mano à mano qu’il souhaite à l’évidence arbitrer. Vitesse, stratégie, engagement… la Route du Rhum version monocoque prend des accents de Solitaire du Figaro…
7ème Jour : Bilou s’échappe… Alors que Lionel Lemonchois triomphe à la satisfaction unanime et sincère de ses pairs à Pointe à pitre, la bagarre fait rage en tête de la flotte des 60 pieds Imoca quelque part au cœur de l’immensité Atlantique. Bagarre intense à laquelle la météo, loin d’éclaircir les débats, brouille au contraire la donne en se jouant semble-t’il des fichiers et des prévisions les plus sophistiquées. Ainsi cette nuit, et contre toute attente, Jean Le Cam a-t’il connu une nuit à ses propres dires, « apocalyptique », à se battre, se débattre dans des conditions totalement irrationnelles de vents tournants et de grains violents, le tout copieusement arrosé sous des trombes d’eau. Apparemment plus serein dans un environnement plus limpide, Roland Jourdain en a profité pour s’échapper en route directe vers les Antilles. Il semble aujourd’hui lorgner lui aussi plus loin dans l’ouest vers l’arrivée d’un front dépressionnaire. Bôme cassée puis réparée, Bilou pousse à fond son option et continue de progresser en route directe. Il porte son avance en quelques heures à 125 milles sur le duo Dick-Le Cam.
La reconquête Pas désabusé le moins du monde mais fidèle à ce sens des réalités qui le caractérise, Jean Le Cam livre un verdict sans appel à l’issue d’une nouvelle et somptueuse passe d’armes entre les protagonistes de la tête des Monocoques Imoca : « Bilou s’en sort bien ! » Roland Jourdain continue en effet de bénéficier de son passage très à l’est lors de la traversée de l’archipel des Açores. Il a ainsi pu glisser sous la dorsale que ses adversaires ont dû contourner loin dans l’ouest, faire route directe sur l’ortho et se recaler depuis ce matin dans la veine de vent fort qui ramène à toute vitesse Jean Le Cam et son VM Matériaux. Le Cam va vite. Il contient la puissance de Virbac-Paprec en vitesse pure et a recouvré sa seconde place un moment subtilisé par le Suisse Dominique Wavre . Un long sprint dans les alizés est engagé. Avantage Jourdain. Le Cam sert la pression. » Après 9 jours de mer, jamais Jean n’a en effet semblé aussi relâché. « C’est le sprint final et je suis d’attaque ». Tous les sens en éveil, Le Cam voit et sent tout ; « Wavre n’a pas encore passé le front. Armel (Le Cléac’h) a bien joué, mais il est trop loin. Dick est derrière… » A un petit millier de milles de l’arrivée, les solitaires se livrent sans retenue. Reste pourtant une inconnue qui n’échappe à aucun de ces marins aguerris ; le contournement de la Guadeloupe est synonyme de fort ralentissement… par devant. « C’est sûr et on le dit depuis le début, l’arrivée par le Nord de la Guadeloupe peut être scabreux. On peut tous venir tamponner sous la Soufrière…» Avec cet espoir en tête, la chasse au Bilou est lancée…longtemps stabilisé à 110 milles, l’avance de Roland Jourdain va désormais commencer à fondre. Dans le même temps, la distance qui sépare VM Matériaux de Virbac-Paprec s’allonge, passant en quelques heures de 20 à près de 40 milles.
10ème Jour : L’accordéon de la Guadeloupe A 800 et quelques milles de Pointe à Pitre, Jean Le Cam continue de tirer la quintessence de son VM Matériaux. Son fidèle plan Lombard optimisé cet hiver lui a, cette nuit encore, donné de larges satisfactions en maintenant avec facilité les impressionnantes moyennes affichées au classement général par les voiliers en tête de cette route du Rhum version Imoca. Bien ancré à la seconde place, Le Cam aligne à présent des journées à plus de 320 milles vers les Antilles. Il s’est donné un peu d’air en reléguant l’accrocheur Jean-Pierre Dick à plus de 40 milles. Dominique Wavre et Armel le Cléac’h sont aussi bien présents dans le tableau d’arrivée tel que Le Cam le préfigure désormais : tassement des vitesses à l’approche des îles et retour de la flotte par derriè ;re. Roland « Bilou » Jourdain tient assurément le bon bout. Jean le philosophe n’exclut aucun scénario et concentre toute son énergie à rester le plus longtemps possible en phase et en rythme avec les pulsations de l’alizé.
11ème jour : Le break est fait. Au matin du 11ème jour de course et à la faveur d’un impressionnant rush sous gennaker, Jean Le Cam s’est définitivement débarrassé de la menace Jean-Pierre Dick. Les deux hommes ont longtemps navigué bord à bord et dans le même système météo. C’est un véritable tour de force que vient de réaliser Le Cam. 404 milles de parcourus en 24 heures au pointage de ce matin ! Il aura fallu l’arrivée d’un petit front « m…ique » pour ralentir un moment la fulgurante descente des alizés tout schuss d’un Jean Le Cam au comble de la délectation à la barre de son VM Matériaux. Des pointes à 23 noeuds, pour une moyenne supérieure à 16 noeuds par jour, Le Cam a grappillé quelques milles à son ami Jourdain. Il a surtout poussé son avance sur le troisième Jean Pierre Di ck à plus de 90 milles. Pointe à Pitre est à moins de 400 milles de son étrave. L’alizé qui a légèrement molli en début de journée reprend de la vigueur en fin de soirée et facilite l’atterrissage du grand bateau fuschia à la tête à l’anglais, cap nord de la Guadeloupe.
Un final d’anthologie « Depuis des mois, je m’insurge contre ce contournement de la Guadeloupe » râlait encore au matin du 12ème jour Jean Le Cam en approche des îles paradisiaques des Antilles. « J’arrive en position de chasseur et ce ne doit pas être drôle pour ceux qui sont devant ! » En l’occurrence son ami Bilou dont le « matelas » d’avance aura drôlement fondu dans la chaleur de l’alizé et sous les assauts d’un Jean Le Cam conquérant et plus que jamais passionné par sa machine. « Cette dernière nuit a été superbe » résume le skipper de VM Matériaux. On comprend en sous-titre combien le marin a pris plaisir à glisser ainsi à pleine vitesse et avec un maximum de confort dans les forts flux de Nord puis de Nord Est qui soufflent vers la Guadeloupe. L’approche des îles s’est naturellement signalée par un affaiblissement de l’alizé. La houle s’est aussi assagie mais VM Matériaux jamais n’a molli avant de parer la Tête à l’anglais dans le Nord de l’île. Comme prévu, le dévent de l’île puis du volcan de la Soufrière a d’abord freiné Jourdain, autorisant un retour à moins de 20 milles de Le Cam dans le goulot de Basse-Terre. L’effet d’accordéon, coup de frein par l’avant puis redémarrage lorsque ça « tamponne derrière », préserve un moment l’avantage Jourdain. Puis c’est l’arrêt total après Basse-Terre. Une voile à l’horizon. C’est Le Cam. Le bateau fuschia brille au soleil déclinant et se rapproche inexorablement. La nuit tombe. Bilou « pompe » sa grand voile. Le Cam n’est plus qu’à… 3 00 mètres quand retentit le coup de canon de la victoire.
VM Matériaux , temps de course de 12 jours 12 heures 26 minutes et 53 secondes à 11,79 nœuds de moyenne. 27 minutes et 55 secondes derrière Roland Jourdain (Sill et Véolia) www.jeanlecam.fr
Un dernier carré attendu Au terme de deux jours et demi de régates et après 24 "flights" de Round Robins, le comité de course a pu valider 90 matches disputés dans des conditions très contrastées, entre le temps medium sous le soleil et sur mer plate d’hier, et les 18 noeuds forcissants 24 de secteur Ouest Nord Ouest sur une mer formée rencontrés aujourd’hui. Sans surprise, le Morbihanais Victor Lanier accède le premier aux demi-finales, avec 16 victoires pour seulement 2 défaites. Damien Cozic (SN St Quay Portrieux) termine beau second avec 15 victoires et 3 défaites. Le Méditerranéen Alex Littoz-Baritel (SRV Annecy) se qualifie avec ses 13 victoires, en compagnie de Paul Cloarec et ses 9,5 points. Le jeune (19 ans) havrais Baptiste Belhandouz échoue pour un demi point aux portes des demi-finales. Il a cependant gagné le droit de disputer les demi-finales B en compagnie du sixième, Jaouen Le Scanff, du septième Antoine Macé (SR Brest), et du 8ème Nicolas Heintz. Au vent fort et à la grosse mer, ces concurrents ont ajouté la fougue et l’ardeur de compétiteurs déterminés à s’imposer et à conquérir de haute lutte le très convoité titre de champion de France. Le jeune espoir Dunkerquois Julien Marcelet accompagne les havraises de Nathalie Corson dans la corbelle des éliminés .
Victor Lanier malmené… Un "flight" des demi-finales A (déterminant pour la victoire finale) et un "flight" des demi-finales B (classement) ont malgré la grosse mer, pu être lancés en début d’après midi. Et ô surprise, les vainqueurs ne sont pas les favoris annoncés ; premier qualifié avec ses 16 victoires au compteur, le jeune Victor Lanier avait gagné le droit de choisir son adversaire. Il désignait le Brestois Paul Cloarec pour première "proie", à son désavantage puisqu’il devait s’incliner dans le premier des trois matches qualificatifs pour la finale. Dans l’autre demi-finale, Damien Cozic, déjà battu en qualif’ par Alex Littoz-Baritel s’inclinait à nouveau en demi-finale. En demi finale B, C’est Antoine Macé qui prend le meilleur sur Jaouen Le Scanff, tandis que le havrais Belhandouz s’impose face à Nicolas Heintz.
Interruption des régates du jour Vent soufflant du Nord Ouest à plus de 24 noeuds, mer de plus en plus formée avec 1,5 m de creux… la direction de course a sagement décidé peu avant 15 heures d’abréger les débats à la suite du premier "flight" des demi-finales". Tous les équipages rentrent à terre et reprendront les hostilités demain matin dimanche.
Car il y a tout dans cette histoire de 12 jours et 12 heures avec laquelle "Bilou" pousse la porte du panthéon de la course au large… et la retient pour qu’y pénètre avec lui son copain Jean. Lequel formule si bien que "pour qu’il y ait un vainqueur, il faut qu’il y ait un deuxième". Il y a tout. Il y a ce suspense des 13 dernières heures de course autour d’une Guadeloupe cruellement privée de vent. Où Roland Jourdain jetait ses ultimes forces dans un furieux combat de chasse-risées pour faire avancer tant bien que mal son Sill et Veolia, tandis que le VM Matériaux de Jean Le Cam revenait inexorablement sur lui et faisait fondre comme neige sur le pont ses 100 milles de retard de la veille. Il y a cette route du salut cherchée et trouvée aux Açores, dans une option au sud. Il y a cette bôme brisée et bricolée en plein océan par le futur vainqueur, vampirisant pour la cause l’intérieur de son bateau. Ce refus de la fatalité propre aux grands aventuriers et aux immenses champions. Cet improbable soulagement du top libérateur sur la ligne, gagnée mètre à mètre dans un grand ralenti artistique alors que l’étrave de VM Matériaux n’est plus qu’à 300 mètres du tableau arrière de Sill & Veolia! Trois cents mètres pour l’histoire du sport. Vingt-sept minutes pour faire 300 mètres… Le supplice chinois, cruel mais non létal. L’injustice qui va se rhabiller, penaude. Les ressorts de la légende rebondissent en tous sens. Deux copains, sur des bateaux jumeaux, construits ensemble. Deux héros du tour du monde en solitaire, trois avec Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) qui complète idéalement ce podium impérial.
Il y a donc la fameuse glorieuse incertitude du sport. On relève en cerise sur le gâteau le record de la reine Ellen MacArthur, battu de plus d’une journée. La première grande victoire en solitaire d’un Monsieur Jourdain promu héros des houles et qui accepte avec lui son copain sur la crête déferlante des honneurs. On cherche un rédacteur pour dépoussiérer les annales de la course au large. On finit par s’en remettre à la sécheresse des chiffres. Ce samedi 11 novembre 2006, à 1 h et 58 secondes, Roland Jourdain sur son Sill & Veolia a remporté la Route du Rhum des grands monocoques Imoca en 12 jours, 11 heures, 58 minutes et 58 secondes, à la vitesse moyenne de 11.81 noeuds. Il bat le record de l’épreuve d’Ellen MacArthur de 1 jour 1 heure et 32 minutes. Sur la ligne, il a devancé son complice Jean Le Cam de 27 minutes et 55 secondes. Pour l’éternité.
Roland Jourdain et son Sill & Veolia bouclent cette 8e Route du Rhum-La Banque Postale au terme de 12 jours 11 heures 58 minutes et 58 secondes de course, après un ultime tour de la Guadeloupe particulièrement éprouvant pour les nerfs des deux meneurs. Dans des vents extrêmement faibles et contraires obligeant à sans cesse tirer des bords, Roland Jourdain voyait en effet son avance sur son dauphin Jean Le Cam (VM Matériaux) fondre à vitesse Grand V : de plus de 100 milles encore jeudi à moins de 10 milles aujourd’hui, lesquels diminuaient encore dans la journée. Au point qu’un quart d’heure après le passage de Sill & Veolia, le VM Matériaux de Jean Le Cam se présentait, au ralenti lui aussi, à 300 mètres de la ligne qu’il coupait seulement 27 minutes et 55 secondes après Roland Jourdain. Ce midi à la vacation, Jean Le Cam avait prévenu "sur la fin de course, ça va chauffer". Il ne croyait probablement pas si bien dire.
Mais c’est bien "Bilou", comme on le surnomme dans le milieu de la course au large, qui a finalement réussi à préserver cette magnifique victoire, acquise à la faveur d’une option au sud en plein Atlantique. Le grand monocoque rouge et bleu de Roland Jourdain a parcouru les 3542 milles de la route théorique à la vitesse moyenne soutenue de 11,81 noeuds, contre 11,79 noeuds pour le VM Matériaux de Jean le Cam, lequel signe un temps de course de 12 jours 12 heures 26 minutes et 53 secondes.
Le record d’Ellen MacArtur battu Roland Jourdain, signe ainsi sa première grande victoire en solitaire. Il succède à Ellen MacArthur et son Kingfisher, dont il chipe le record de l’épreuve, établi en 2002, de plus d’une journée (de 1 jour 1 heure et 32 minutes exactement). Le tout avec une bôme cassée en deux au niveau des Açores, que le skipper de Sill & Veolia a réussi à réparer en fabriquant une atèle efficace avec tout ce qu’il a pu trouver à bord : de la couchette au siège de table à cartes en passant par la cambuse et des lattes de grand voile.
Un troisième circumnavigateur héros du Vendée Globe, Jean-Pierre Dick sur Virbac-Paprec, est le mieux placé pour monter sur la troisième marche de ce podium royal. A 1h37 (HF), il passait la bouée de Basse-Terre, à 24 milles de l’arrivée.
Un vainqueur en revanche, on en a déjà applaudi un beau aujourd’hui, quand le Crêpes Whaou! de Franck-Yves Escoffier a coupé la ligne à 6h30, remportant sa troisième victoire consécutive en trois participations dans la catégorie des mullticoques de 50 pieds (lire communiqué précédent). Du jamais vu. Un triomphe, on en a vu un énorme, cette nuit, quand l’enfant du pays Claude Thélier a ramené à bon port son grand trimaran. L’arrivée de Région Guadeloupe-Terres de Passion a déclenché une liesse énorme dans la baie, à la Darse et les rues de Pointe-à-Pitre. Une fête XXL comparable à celle de l’arrivée de Lionel Lemonchois!
Antoine Koch, sur son Sopra Group, a coupé la ligne plus discrètement tout à l’heure avec la satisfaction du devoir accompli, tant faire traverser l’Atlantique pour la première fois à un multi 60′ est déjà un exploit en soi. Il sera imité dès ce soir par Thierry Duprey (Gitana 12), qui méritera aussi l’accolade, pour les mêmes raisons.
Mais la plus belle des victoires de ces 24 dernières heures appartient sans conteste à deux autres hommes : un commandant de tanker des Bahamas, le Stavanger Eagle, et un autre concurrent de la course, Gwenc’hlan Catherine. Ces deux-là ont conjugué leurs efforts la nuit dernière pour arracher à une mer en furie le circumnavigateur Joé Seeten, dont le 40 pieds était victime d’une grave avarie de quille et d’une voie d’eau (lire flashs spéciaux précédents). Blessé à l’épaule, Joé est désormais à l’abri dans l’hôpital du bord de ce pétrolier qui fait route vers Sainte-Croix, dans les îles vierges américaines. On ne sait pas si le naufragé pense à Roland Jourdain et Jean le Cam, ses compagnons d’armes du Vendée Globe, en ce moment. En revanche, on imagine aisément ce qui taraude le skipper de Sill & Veolia sur son monocoque en panne d’air, à l’ombre de ce maudit volcan de La Soufrière. Où est Jean? Où est le vent? Est-ce encore possible de perdre? Voir douze jours d’efforts réduits à néant? La course au large est parfois un sport cruel. Verdict entre 19 et 21h.
Monocoques 60′ Imoca : Jourdain ou Le Cam ? Le Tour de Basse-Terre va-t-il chambouler une hiérarchie établie depuis une semaine ? En 24 heures, Jean Le Cam a réduit de 102 à 19 milles son retard sur Roland Jourdain. Fortement ralentis sous le vent de la Guadeloupe, les deux solitaires avançaient péniblement à 1,9 et 2,2 noeuds en VMG au pointage de 16h ! Roland Jourdain (Sill et Veolia) ne voulait pas évoquer hier sa probable victoire dans la Route du Rhum. Les marins ont raison d’être légèrement superstitieux. Une course n’est jamais finie avant la ligne d’arrivée. Une avarie ou un trou de vent peuvent toujours redistribuer les cartes jusqu’à la dernière minute. A la vacation de la mi-journée, Jean Le Cam (VM Matériaux) avouait s’être opposé au tour de la Guadeloupe par le nord à cause des difficultés liées au manque de vent du côté est de Basse-Terre. "Je suis fondamentalement contre tourner la Guadeloupe dans ce sens-là, mais aujourd’hui ça m’avantage", reconnaissait Jean Le Cam. L’avantage de ne rien avoir à perdre à tenter le tout pour le tout. En tamponnant sous le vent de l’île en premier, Bilou a donc vu son avance sur Jean fondre comme neige au soleil. Au pointage de 16h, le skipper de Sill et Veolia se trouvait à 32 milles de l’arrivée et comptait toujours 19 milles d’avance. Une avance toujours conséquente, mais le manque de vent doit mettre les nerfs de Bilou à rude épreuve. L’incertitude était donc de mise à quelques heures du dénouement de cette Route du Rhum pour les 60 pieds monos.
Derrière, la régate est loin d’être terminée entre Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec), Armel Le Cléac’h (Brit Air) et le Suisse Dominique Wavre (Temenos). Ce dernier, tombé dans une zone sans vent la nuit dernière, a effectué plus d’une dizaine de changements de voile pour essayer de sortir de ce mauvais pas. Pendant ce temps-là, Armel Le Cléac’h s’emparait de la 4e place aux dépens du Suisse et revenait sur Jean-Pierre Dick, l’actuel 3e. l’angoisse de se faire doubler juste avant la ligne d’arrivée pourrait être contagieux.
Multis 60′ Orma : Guadeloupe en fête, Koch 9e, Duprey attendu…. Très marqué par une nuit de veille, un peu déçu de sa 9e place au classement des multicoques Orma, Antoine Koch (Sopra Group) a franchi la ligne d’arrivée aujourd’hui vendredi à 14 h01’41" heure de Paris. Il a effectué le trajet en 12 jours, 59 min et 41 sec à la moyenne de 12,26 noeuds. Privé de vent l’espace de longues heures, notamment sous Basse-Terre, puis aux premières heures du jour dans le canal des Saintes, Antoine Koch, 28 ans a connu "un moment de vide" à l’arrivée de son deuxième Rhum. "Une fois que tu as pris deux ris, c’est plus facile", plaisantait le directeur de la course Jean Maurel, faisant allusion à l’arrachement de la partie supérieure du rail de grand-voile, sans lequel il aurait probablement rivalisé avec le Guadeloupéen Claude Thélier, dont la 8e place la nuit dernière a rempli de bonheur tous les habitants de l’île. Koch, 28 ans, a ainsi répliqué : "C’est sûr qu’on dort mieux .. ." Cinquième des monocoques dans le Rhum 2002, il n’a pas comparé deux courses disputées dans des conditions radicalement différentes, sur deux bateaux dissemblables. Il a toutefois estimé que "même si ça ne se voit pas dans le résultat, j’étais plus dans le rythme qu’il y a quatre ans en mono". Thierry Duprey (Gitana 12), est attendu cette nuit. La dernière (nuit), elle, a été courte pour les habitants de Pointe-à-Pitre, enthousiasmés par la performance de Claude Thélier. Les cours avaient été abrégés jeudi dans les écoles du sud de l’île pour permettre aux enfants d’accueillir le héros local. A Pointe-à-Pitre, l’attente a été tout aussi longue que festive dans la soirée, rythmée par les orchestres sur la Darse et la Place de la Victoire. Mais les Guadeloupéens ont été récompensés de leur patience lorsque Thélier s’adressa à eux pour leur témoigner son affection. Le skipper a par ailleurs souhaité former en Guadeloupe de futurs routeurs et météorologues et des jeunes marins susceptibles de gagner un jour la Route du Rhum – La Banque Postale, "même s’il faut attendre vingt ans pour cela".
Monocoques Classe 40 Enfin un peu de répit pour les 24 solitaires toujours en course! Si la nuit a encore été dantesque pour certains – les bateaux les plus au sud notamment – le vent est tombé ce matin à 15-20 noeuds et la mer s’est bien aplatie. "Cette nuit a été très reposante par rapport à la précédente! Les conditions de navigation étaient assez faciles ce qui m’a permis de bien récupérer. J’ai dormi six heures d’affilée!" lâchait Phil Sharp, ce matin à la vacation. Reste que le Britannique a concédé quelques milles à Gildas Morvan, son poursuivant direct. "On est à 1000 milles de l’arrivée. C’est deux étapes du Figaro, ça vaut le coup de mettre des chevaux pour revenir!" Le skipper d’Oyster Funds accusait 130 milles de retard hier matin. Ce vendredi à 16 heures, seuls 80,4 milles séparent les deux leaders. Un écart bien faible si l’on considère la suite des évènements. Car si, pour l’heure, les concurrents font route directe vers Pointe-à-Pitre, poussés par des vents de nord nord-est entre 15 et 20 noeuds, le week-end s’annonce un peu plus complexe. Derrière la dorsale anticyclonique, une nouvelle dépression va traverser la zone de course ce week-end. Elle va apporter des vents de secteur sud-ouest à sud dans un premier temps puis elle va totalement arrêter le régime d’alizés. Deux grandes options vont alors se dessiner : partir vers l’ouest à la rencontre du nouveau vent qui s’installera peut être en début de semaine prochaine ou au contraire descendre le plus vite possible vers le sud pour essayer de conserver un peu de vent de nord-est.
Multicoques Classes 2 et 3
Multis 50 pieds Les conditions s’améliorent pour la flotte des 50 pieds multis et ce n’est pas trop tôt, parce qu’ils ont souffert et se sont fait peur comme en témoigne le chavirage de Jean Stalaven. Aujourd’hui, le plaisir de naviguer a repris ses droits et ils ont mis le cap vers la Guadeloupe en engrangeant les milles sur la route directe. C’est Trilogic qui devrait franchir la ligne en seconde position après Crêpes Whaou arrivé ce matin à 6 h 30.
Multis Classe 3 Pierre Antoine sur Imagine Institut des maladies génétiques court tout seul dans sa classe et précédait Gifi (50 pieds) de 17 milles à 16 heures ce matin. Une petite avance qui pourrait bien fondre dans les heures qui viennent, Pierre Antoine ayant à nouveau déchiré sa grand voile.
Monocoques Classes 1, 2 et 3 Les monos classes 1, 2 et 3 vont connaître une dernière "baston", moins violente que la précédente, elle pourrait néanmoins redistribuer les cartes, c’est du moins ce que les silences entendus des skippers joints cet après midi à la vacation laissent entendre.
"Joker" dit Arnaud Dhallenne (TAT Express), positionné 4ème en classe 1, à 30 milles derrière Antilles-Sails.com et à moins de 90 milles du second, Ville de Dinard. Le skipper du 17 mètres en bois moulé, n’en dira pas davantage… "Ce sera la dernière dépression avant les Antilles, après, à nous les alizés". Le leader, Pierre-Yves Guennec sur Jeunes Dirigeants lâche juste un "il ne faut pas qu’ils reviennent sur moi". "La pétole est sous moi, je suis mieux placé que Pierre-Yves pour choper le premier le vent frais" confie Bruno Rebeil (Ville de Dinard).
En classe 2, l’Américain Kip Stone (Artforms) qui mène la flotte depuis plusieurs jours explique que le vent reste très irrégulier (15 nœuds de Sud Sud Ouest) et que Servane (Vedettes de Bréhat Cap Marine) est bien placée pour la suite des opérations. "On m’avait menti en me disant que la Route du Rhum – La Banque Postale c’était les Alizés, c’est faux, je suis en bottes et en ciré et j’ai l’impression de naviguer en Bretagne au mois de mars" raconte Servane.
En classe 3, Roaring Forty précède Dangerous When Wet de 304,5 milles et 830,7 milles de Fantasy Forest, le bon dernier de toute la flotte de la Route du Rhum – La Banque Postale. Alain Grinda prend cet écart avec beaucoup de philosophie d’autant plus que pour couronner le tout, le "postier" s’est arrêté 30 heures aux Açores pour réparer son safran.
Maintenant qu’il a atteint sa plus proche cible, Mike Golding va pouvoir se concentrer sur Bernard Stamm (CHEMINEES POUJOULAT) qui se trouve encore à 360 milles devant lui. Rien n’est pourtant jamais acquis et si Kojiro pense que son bateau ne fais pas le poids à côté des nouvelles générations, il ne se déclare pas pour autant vaincu. La route reste longue avant l’Australie et les jours à venir puis l’entrée des concurrents dans les 40e laissent planer le suspense.
250 milles derrière Kojiro et le peloton de tête, le Pot au Noir n’est plus qu’un mauvais souvenir pour Alex Thomson (HUGO BOSS). Lors des dernières 24h, entre 6h30 hier et 6h30 ce matin le benjamin de la course a avalé 346 milles, à une vitesse moyenne de 14.4 nœuds. Il enregistre la plus belle performance depuis le début de la course. Mais pour Alex qui détient toujours le record absolu de 468 milles parcourus en une journée (en 2003) cette performance n’est probablement qu’un avant goût de ce qu’il pourrait sortir de son chapeau. Ayant toujours des problèmes d’enrouleur, Alex Thomson ne s’est pas encore acquitté de cette visite en tête de mât qu’il avait annoncé la semaine dernière. Ce problème ne l’handicapant que lorsqu’il est au près, Alex profite des navigations vent arrière pour se concentrer sur les leaders de la course.
Retour dans l’Hémisphère Nord. Sir Robin Knox-Johnston s’est retrouvé coincé dans la pétole, au Sud du Cap Vert. La frustration était d’autant plus grande pour le doyen de la course qu’il assiste impuissant à l’échappée des leaders de la flotte. Dans un message au comité de course, il a avoué cette nuit qu’il préférait ne plus trop regarder les positions qui le faisaient rager. Perdant le contact avec le premier groupe de la flotte, il faut maintenant que Sir Robin garde les yeux rivés sur son rétroviseur où il pourrait bientôt voir apparaître les ombres du Kiwi Graham Dalton (A SOUTHERN MAN AGD) et du basque Unai Basurko (PAKEA).
Sir Robin Knox Johnston, SAGA INSURANCE « Il fait 32 degrés à l’ombre dehors mais bien plus chaud à l’intérieur. Si les saunas sont censés être bon pour nous alors je devrais me sentir bien ! Je pense qu’aujourd’hui par contre ce sera pire car il n’y a pas de vent. La cabine ne se rafraîchit pas avant 23h donc hier je me suis allongé dans le cockpit surveillant les instruments et barrant de temps en temps quand c’était nécessaire. Mais j’étais vraiment fatigué et je n’avais pas beaucoup dormi la nuit d’avant car entre les îles, l’homme à la barre s’avérait être plus prudent que le pilote ! »
« J’ai un peu perdu le fil de la course. En fait je fais exprès de ne plus trop regarder les positions. Les conditions que j’ai sont si différentes de celles qu’ont eu les quatre premiers quand ils ont passé le Pot au Noir ! C’est frustrant mais on ne peut pas faire grand-chose. Je commence à très sérieusement être inquiet à l’idée que je puisse ne pas arriver temps à Fremantle pour le cricket en décembre ! » Kojiro Shiraishi, SPIRIT OF YUKOH « J’attendais Mike depuis deux jours et j’étais presque content de le savoir puisque ça voulait dire que j’allais probablement entendre la voix de quelqu’un physiquement proche de moi. Il fait un peu plus frais dans la cabine et c’est donc plus agréable, je n’ai pas eu un grain depuis deux un moment non plus. »
« Deux bonnes nouvelles hier. La première c’est que j’ai fini par trouver ce que je cherchais depuis longtemps, un paquet de Nori. Des algues déshydratées. Mes préférées ! En fait elles avaient du tomber des filets pendant la tempête du Golfe de Gascogne. Je faisais mon tour du bateau hier quand je les ai trouvé dans un petit coin. J’ai donc écourté mon check et me suis mis aux fourneaux ! Enroulé autour de riz chaud c’était délicieux. Un vrai luxe ! La deuxième a été de recevoir un email de mon ancienne école primaire. Ca venait du professeur et des élèves qui m’avaient suivi si fidèlement pendant l’Around Alone 2001. Ca avait vraiment été une course dure pour moi. A bord d’un 40 pieds, je n’étais pas vraiment préparé et j’avais déjà du faire un demi tour du monde rien que pour le convoyage pour me rendre en europe. J’ai eu des problèmes avec la quille au départ et je ne les ai pas résolu avant le milieu de la course. Ils m’ont suivi et supporté tout au long de l’aventure. C’était fantastique de les lire de nouveau et j’étais en fait assez ému… »
Alex Thomson, HUGO BOSS: « La journée d’hier était plutôt facile pour moi dans la mesure ou le bateau marchait bien par lui-même au reaching. Je me suis presque senti de trop car HUGO BOSS se débrouillait comme un chef et comme s’il n’avait pas besoin de moi – mis à part pour quelques ponctuels réglages d’écoute de grand voile ou de voile d’avant. J’en ai donc profité pour dormir un peu et tout simplement me détendre ! »