Météo inattendue dans l’Océan Indien

Groupama 3
DR

Ce ne sont pas Franck Cammas et ses hommes qui sont en retard, c’est la zone de confluence entre deux systèmes météo qui s’est déplacée plus rapidement que prévue puisqu’elle est arrivée avec trois heures d’avance… Conséquence : Groupama 3 a vu sa vitesse chuter à moins de vingt noeuds dès le coucher du soleil, puis la situation s’est encore dégradée vers 4h00 (heure française) quand le vent est tombé à moins de dix noeuds. Bilan : 75 milles de perdu sur le temps de référence en douze heures !

Retour à la normale
« La confluence a rattrapé Groupama 3 avant que le trimaran ne parvienne à rejoindre le flux de Nord qui se décale lentement vers l’Est. Il faudra donc attendre mardi matin pour à nouveau accélérer, du coup dans des conditions moins violentes que celles qui étaient espérées pour la nuit dernière, » analysait Sylvain Mondon de Météo France.

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Ce système météo ne fait pas les affaires de Franck Cammas et ses neuf équipiers qui vivent un paradoxe étrange : naviguer dans des vents faibles par 43° Sud en plein océan Indien ! Ce coup de frein imprévu est aussi un peu pénalisant car le flux de Nord qui va se lever avec le soleil s’annonce un peu moins puissant, mais une fois accroché dans la matinée, il va permettre au trimaran géant de reprendre sa trajectoire rectiligne vers les Kerguelen, en bordure Sud d’un gros anticyclone. Le vent régulier et la mer relativement bien organisée devraient lui permettre de revenir dans le match et de combler son retard de près de 300 milles sur le temps d’Orange 2 avant d’atteindre l’archipel austral.

Des hauts et des bas

Sylvain Mondon revient sur les conditions météo de cette dernière semaine entre les côtes brésiliennes et les caps de l’Afrique du Sud.

« La deuxième semaine de tentative de record autour du monde débute à proximité immédiate des côtes brésiliennes à des vitesses supérieures à 30 noeuds. Mais le contournement par l’ouest de la dorsale de l’anticyclone de Ste Hélène s’accompagne rapidement d’un ralentissement avec des vitesses variant entre 19 et 28nds le 9 février.

Cependant l’angle du vent est reste très favorable puisque Franck Cammas et son équipage parviennent à contourner la dorsale sur un seul bord sans empannage.

Ils atteignent ainsi la phase la plus délicate de l’Atlantique sud avec une confortable avance sur le temps de référence d’Orange (environ 1 jour et demi). A partir du 10 février, l’objectif est de rejoindre les 40èmes rugissants en gagnant au mieux vers le sud. Pour ce faire Groupama 3 doit slalomer entre plusieurs petits anticyclones venant de l’ouest (arrivant par tribord) et fusionnant avec l’anticyclone de Ste Hélène situé lui sur bâbord. Avec l’aide d’un premier front froid résiduel (mercredi 10) s’évacuant vers l’est puis d’un front chaud (jeudi 11) se décalant vers le sud, le trimaran géant parvient à se faufiler à une vitesse moyenne supérieure à 15 noeuds. Groupama 3 atteint 40 degrés Sud vendredi 12 au matin mais compte à cet instant une quinzaine d’heures de retard sur le temps de référence établi par Bruno Peyron en 2005.

C’est à ce moment que commence une course avec un front froid très rapide (32/36 noeuds de vitesse) venant de l’ouest qui produit des vents de Nord-Ouest particulièrement bien orientés avec une force idéale pour Groupama 3. Franck Cammas et son équipage exploitent au mieux ces vents et enchaînent les journées à plus de 700 milles en 24h de vendredi matin à lundi matin. La mer est peu formée et l’angle du vent est idéal pour que le potentiel du maxi trimaran s’exprime avec fluidité.
Franck Cammas et ses hommes laissent le cap de Bonne espérance sur bâbord la nuit de dimanche 14 à lundi 15 février puis atteignent l’océan indien au lundi 15 au petit matin en franchissant la longitude du cap des Aiguilles avec moins de 8 heures de retard sur Orange II. Les derniers milles en océan Atlantique ainsi que les premiers milles en océan Indien défilent rapidement puisque Groupama atteint des pointes de vitesse entre 40 et 42 noeuds lundi 15 au matin, les plus élevées depuis le départ de Brest deux semaines auparavant. »