Chinoiseries
Un petit retour en arrière s’impose pour comprendre quelques chinoiseries. A l’origine, cette course avait été initiée par le conseil général du Finistère , la ville de Brest et le conseil Régional de Bretagne qui a tissé des liens étroits avec la province du Sandong. Après une annonce en grande pompe dès le salon 2004, la Bretagne avait bien avancé sur ce projet de course Brest – Qingdao jusqu’à un sacré Coup de Trafalgar en Juillet. Par un vote à bulletins secrets, les skippers et armateurs de la classe IMOCA choisissaient de confier la barre de cette nouvelle épreuve aux anglais qui avaient développé le même concept d’une course vers la Chine mais partant de Londres. Une pilule amère pour les bretons. " On était parti sur l’idée d’une course en 2007 qui avait la préférence des chinois et parce qu’on était conscient de la difficulté à réunir un beau plateau en 2006. Ayant eu vent du projet anglais on avait accéléré pour répondre au cahier des charges de l’IMOCA. On avait réuni un financement minimum de 1, 5 million d’euros qui nous permettait d’offrir des primes intéressantes et de garantir aux coureurs le rapatriement des bateaux par cargo " explique Jean Kerhoas patron de Nautisme en Finistère. Malgré ces arguments, la préférence avait été donnée au projet anglais " pour des raisons d’internationalisation de la classe." Après des négociations serrées avec Mike Golding, il avait été obtenu que la course fasse escale à Brest une semaine avant de mettre le Cap sur la Chine.
Un maigre plateau
Pour donner naissance à une course aussi séduisante soit – elle sur le papier , il faut des bateaux et des coureurs et intéressés. Ces derniers étaient pourtant motivés si l’on se réfère à leur vote sans ambiguité. " Personnellement je ne pouvais pas m’engager car je suis en discussion avec les partenaires pour continuer en 2006. Mais c’est dommage que cette course vers l’Asie ne puisse pas voir le jour. C’était un nouveau terrain de jeu très attirant " confie Bernard Stamm.
Si la destination fait rêver, les coureurs de cette classe qui a le vent en poupe ne se bousculaient pas au portillon. Seuls trois bateaux dont celui de Mike Golding étaient engagés dans cette longue navigation au lieu des dix espérés. Les raisons en sont multiples : calendrier trop chargé , financement 2006 non assuré pour des marins de premier plan comme Le Cam ou Stamm, nouveaux bateaux en construction pas assez avancés ( PRB, Delta Dore). A l’arrivée faute de combattants, cette première originale vers la Chine a avorté.
Une conjoncture défavorable
" Cette course se plaçait entre deux Vendée Globe. On est dans une période de transition. Il n’y avait pas assez de projets avec une assise forte ou implantés sur le long terme pour réagir. La situation conjoncturelle fait que nombre de marins qui étaient des candidats potentiels ne pouvaient être au rendez vous de cette première. Mais il y a une réelle volonté des coureurs de voir cette course exister" explique Luc Talbourdet président de l’IMOCA. Ce renoncement est un revers pour Mike Golding et son équipe qui ont entretenu un certain flou artistique sur l’avancement du dossier. Jean Kerhoas porteur de ce projet pour la Bretagne ne cache pas sa déception " Ce qui est dommage c’est qu’il n’y pas de possibilité de récupérer l’histoire. Cette course était un projet porteur pour le développement des relations avec la Chine. Ce qui lui donnait tout son sens. C’est un gâchis regrettable. "
Gilbert Dréan
Londres – Shangaï via Brest n’aura pas lieu
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