Avec la remontée et l’ajout de portes des glaces sur le 42°S, les concurrents de la Barcelona ne peuvent plus descendre en dessous du 44°S sans rallonger excessivement leur route vers les différents points de passage obligés. Les options stratégiques en sont réduites d’autant au point même que les hautes pressions qui règnent au Sud de Madagascar et de l’Australie vont devenir un gros problème tactique. Comme le train de dépressions file entre le 50°S et le 60°S, les anticyclones ne manquent pas de s’installer sur le 40°S ou étendent des dorsales comme cela va être le cas entre l’Afrique du Sud et l’archipel de Crozet.
Virbac-Paprec 3 est donc passé en mode « indien » après 26j 13h 35’ de course, mais surtout il a parcouru depuis Barcelone plus de 6 000 milles (soit 11 100 km), soit 30% de plus que la route optimale ! A une vitesse sur l’eau proche de 9,45 nœuds… Une moyenne qui peut paraître surprenante puisque Jean-Pierre Dick et Loïck Peyron sont allés très vite entre les Canaries et le Cap-Vert, et depuis qu’ils ont attrapé les vents portants au large du cap Frio. Mais la sortie de la Méditerranée et surtout le détour et l’arrêt de quinze heures à Recife ont grignoté une vitesse qui perdure encore puisque Virbac-Paprec 3 aligne encore quelques 350 milles quotidien ce jeudi.
Mais la configuration météorologique qui s’annonce devant son étrave va brutalement briser cet élan ! Une grande dorsale se met en place pour le week-end prochain et les deux marins n’auront aucun moyen de la contourner. Et comme elle se décale lentement vers l’Est, le bateau bleu va devoir batailler ferme pour la traverser… et espérer toucher des vents de Nord-Est à l’arrière du système. Dans le même temps, les poursuivants vont revenir très fort, poussés par une nouvelle dépression : au moins 200 milles vont être gagnés et MAPFRE, Estrella Damm et Groupe Bel peuvent prétendre revenir dans le même système météo que le leader. La course sera relancée…
Petits bobos et avaries
Kito de Pavant annonçait lors de la visioconférence à Barcelone qu’il avait pensé se faire remplacer : le skipper de Groupe Bel avait fait une mauvaise chute avant le Pot au Noir et, en tombant au fond du bateau alors qu’il matossait, se fêlait deux côtes. La douleur est difficilement supportable surtout sur un bateau en perpétuel mouvement, mais le Méditerranéen s’est accroché en laissant les travaux trop physiques à son co-équipier. Sébastien Audigane s’est donc beaucoup dépensé. Ils maintenaient toutefois un rythme aussi soutenu que les Espagnols Alex Pella et Pepe Ribes qui n’étaient qu’à une trentaine de milles, alors qu’ils avaient tous deux franchi la première porte des glaces. Dans une brise tournant à l’Ouest en mollissant, les deux bateaux se séparaient à l’occasion d’un empannage, Groupe Bel au Nord-Est, Estrella Damm vers le Sud-Est.
Et si Dominique Wavre et Michèle Paret n’annonçaient aucun problème technique à bord de Mirabaud, il n’en était pas de même pour Pachi Rivero et Antonio Piris qui ont dû bricoler le moteur qui ne démarrait plus (fusible), puis réparer le point d’amure d’un gennaker arraché. Les deux Espagnols de Renault ZE étaient toutefois fort contents de leur cinquième position à une centaine de milles de Groupe Bel.
Classement de 15h
1 Jean Pierre Dick – Loick Peyron VIRBAC-PAPREC 3 à 18 151,5 milles de l’arrivée
2 Iker Martinez – Xabi Fernandez MAPFRE à 587,7 milles
3 Alex Pella – Pepe Ribes ESTRELLA DAMM Sailing Team à 728,7 milles
4 Kito de Pavant – Sebastien Audigane GROUPE BEL à 770,1 milles
5 Pachi Rivero – Antonio Piris RENAULT Z.E à 866,9 milles
6 Dominique Wavre – Michele Paret MIRABAUD à 1040,5 milles
7 Boris Herrmann – Ryan Breymaier NEUTROGENA FORMULA NORUEGA à 1130,3 milles
8 Dee Caffari – Anna Corbella GAES CENTROS AUDITIVOS à 1295,4 milles
9 Juan Merediz – Fran Palacio CENTRAL LECHERA ASTURIANA à 1619,2 milles
10 Jaume Mumbru – Cali Sanmarti WE ARE WATER à 1698,4 milles
11 Wouter Verbraak – Andy Meiklejohn HUGO BOSS à 1730,7 milles
12 Gerard Marin – Ludovic Aglaor FORUM MARITIM CATALA à 1808,7 milles