L’heure des comptes

Nicolas Troussel à Concarneau Solitaire 2006
DR

Fin de l’aventure. A 16h43, 6h30 après le vainqueur, Jimmy Le Baut (Port-Olona) prenait l’ultime place au ponton de Concarneau. Ce dernier acte a été particulièrement intense, comme en témoignent les mines exténuées des marins à l’arrivée. Crevés, usés, beaucoup avouaient ne pas avoir vraiment dormi pendant 67 heures. C’était la dernière, alors ils ont tout donné pour tenter un coup d’éclat, que ce soit dans la ‘baston’ des trente premières heures de course ou dans la pétole, la veille de l’arrivée.
 
Veniard, l’homme aux (presque) trois victoires
Nicolas Troussel et Gérald Veniard resteront les deux hommes qui ont marqué de leur sceau cette 37e édition. Le premier pour son coup fumant entre l’Espagne et Saint-Gilles-Croix-de-Vie, le second pour ses (presque) trois victoires.
Presque. Car à Santander, à l’issue de la première et la plus longue des quatre étapes, Gérald Veniard se voyait déclassé suite à une pénalité de 24 minutes infligée pour cause d’excédant de poids embarqué (pesés trois heures avant le départ et retirés illico). Il n’empêche que dans les esprits, il restera celui qui a coupé le premier la ligne d’arrivée en Espagne. Par deux fois, le skipper de Scutum a réitéré l’exploit. Lors de la troisième manche à Dingle après un finish hallucinant dans la pétole à 10 milles de l’arrivée. Et il y a quelques heures à Concarneau après un parcours exténuant.
Le Rochelais a toujours très bien navigué et en plus, il est rapide, « il va même trop vite » selon les mots de son dauphin du jour Oliver Krauss. Cette avalanche de succès, l’intéressé en revient à peine : « je suis le premier surpris de toutes ces bonnes choses accumulées. Je suis super heureux, tout me réussit, je vais vite, au portant, au près, et j’ai toujours choisi les bonnes options. Avec toute cette réussite, j’aurais pu gagner La Solitaire. »
Seulement voilà, il ne s’agit pas d’un classement au point, mais bien au temps, une particularité qui fait le charme de celle que l’on nomme « la reine des courses en solitaire ».
 
Troussel, l’homme de l’ouest
Cette année, il fallait être bon entre Santander et Saint-Gilles-Croix-de-Vie, pendant les 314 milles de l’étape 2, la plus courte mais aussi la plus punitive. Troussel a été l’homme de la situation. Il s’engouffre d’abord sur les traces de son copain Thierry Chabagny (Littoral), premier concurrent à tenter sa chance dans l’ouest lors de la remontée du golfe de Gascogne. Ils vont y trouver fortune. Le navigateur de Financo pousse l’option à l’extrême et y déniche du vent frais pendant que le reste de la flotte s’est encalminée. C’est lui qui pointe en tête au petit matin sur les côtes vendéennes, à 1h31 de son compagnon de route Chabagny. Grâce à leur expédition au large, ces deux-là parviennent à creuser des écarts impressionnants avec le reste des concurrents (plus de 4 heures avec le troisième Armel Le Cléac’h, 5 heures et au-delà sur la plupart des favoris). Ils réussiront à conserver leur avance jusqu’au bout.
« Je suis très fier, pour tout le monde qui est là. Je suis heureux. Je ne réalise pas encore, je crois. Mais je suis comblé. C’est énorme, énorme. C’est pour des moments comme celui-là qu’on fait ça… c’est magique. Quand je vois le niveau qu’il y a ici, c’est un peu bizarre de me dire que je suis devant. Si on m’avait dit qu’un jour je participerai à cette course et que je la gagnerai, je ne l’aurais jamais cru ! » déclarait Troussel à son arrivée à Concarneau.
 
Question niveau, le Finistérien n’a pas tort. Ce plateau 2006 était particulièrement relevé et très homogène pour une grande moitié de la flotte. Les Le Cléac’h (Brit Air), Eliès (Groupe Generali assurances), Caudrelier (Bostik), Tabarly (Iceberg Finance), Krauss (AXA Plaisance), Drouglazet (PIXmania.com), de Pavant (Groupe Bel) ou Duthil (Brossard) ont été très réguliers sans que cela n’éclate au classement général. De nombreux coureurs ont eu leur heure de gloire à commencer par les bizuths qui formaient un groupe très solide : Erwan Israël (Delta Dore), Gildas Mahé (Le Comptoir Immobilier), Corentin Douguet (E.Leclerc–Bouygues Telecom) sans oublier leur lauréat Christopher Pratt (Espoir Crédit Agricole). D’autres encore ont marqué ces quatre étapes pour avoir mené la danse ou être longtemps resté dans le trio de tête : Jeanne Grégoire (Banque Populaire), Liz Wardley (Sojasun), Laurent Pellecuer (Cliptol Sport), Nicolas Berenger (Koné Ascenseurs), Marc Emig (A.ST Groupe)… pour ne citer qu’eux.

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Cet après-midi, une fois posé le pied à terre, ils ont refait leurs dernières heures course, ceux qui ont dû mouiller l’ancre, connu des soucis techniques, attendu sans oser dormir de retrouver du vent. Demain viendra le temps de l’analyse. En attendant, il est temps d’aller dormir…

Source Solitaire Afflelou Le Figaro