Pour rejoindre cette marque, les pièges sont multiples. La zone anticyclonique à traverser est instable (et donc « tordue ») et a déjà commencé à ralentir le leader de la flotte qui voit ses acquis fondrent comme neige au soleil.
Ces dernières 24 h, ABN AMRO TWO, actuellement 2ème de l’étape, avait encore repris du terrain (74 milles) et n’était plus qu’à 91 milles de ABN AMRO ONE, avec un Movistar (3ème) particulièrement en forme qui a bien l’intention de s’inviter à la fête et de jouer l’arbitre des hostilités entre les deux bateaux du Team ABN AMRO. Même Paul Cayard a repris confiance dans son plan Farr après ses soucis des derniers jours et navigue à 90% du potentiel du bateau, tenant parfaitement sa 4ème position.
Pour Sanderson et son équipage, la pression est donc maximum alors qu’Eclipse Island n’était plus, ce matin à 11 h, qu’à 473 milles nautiques.
Le système de hautes pressions qui règne actuellement sur la tête de la flotte fait de cette remontée sur le 35° parallèle Sud une partie de roulette russe et laisse présager que la progression des VO 70 vers Eclipse Island sera moins flamboyante que celle des jours derniers où les compteurs de vitesse s’étaient affolés jusqu’à enregistrer un nouveau record du monde de vitesse sur monocoque, avec 563 milles couverts en 24 h par ABN AMRO TWO, skippé par Sébastien Josse.
A 11h ce matin, Sanderson et ses Amro’s boys progressaient péniblement à 7-8 nœuds dans de petits airs de secteur nord, alors qu’à l’arrière les trois VO 70 affichaient des vitesses de progression 3 à 4 fois supérieures. Que quoi ranimer un brin de superstition sur ABNA MRO ONE en pensant aux conséquences d’un vendredi 13 calamiteux et sans vent.
Le seul avantage de ces conditions anticycloniques est que les hommes peuvent enfin sécher après leur chevauchée fantastique de ces trois derniers jours. L’apocalypse qui régnait à l’intérieur des bateaux commence à laisser place à un vernis de civilisation. Le thé et le café n’ont plus le goût de la dernière soupe aux poireaux ou du dernier chili con carne lyophilisés et les plus valeureux se sont même permis une petite douche et un rasage approximatif.
Mais à bord, ce petit intermède domestique mis à part, l’heure est grave. Les skippers et leur navigateur respectif scrutent les cartes, dissèquent les informations envoyées par l’organisation tout en gardant un œil sur le plan d’eau pour voir jusqu’où les infos satellites correspondent à la réalité terrain et échangent longuement leurs points de vue. De la synthèse de toutes ces données et de leurs analyses émerge une décision stratégique transmise aux chefs de quart, la main posée sur le moindre petit bout de bois qui traîne (au cas où…).
Alors qu’ABN AMRO ONE a déjà amorcé sa remontée vers les côtes australiennes depuis hier après-midi et n’a plus d’autre échappatoire que de poursuivre sa route directe sur Eclipse Island, ABN AMRO TWO et Movistar ont attendu le dernier moment pour mettre le cap au nord afin de tirer profit le plus longtemps possible de vents plus favorables. Cette décision va-t-elle se retourner contre eux ? Réponse demain dans la journée.
Brasil 1 qui ferme la marche de cette 4ème manche, après son arrêt au stand à Port Elizabeth, met les bouchées doubles pour combler son retard et arriver dans les temps à Melbourne afin de participer à la régate in-shore, prévue le 4 février prochain.
Source ABN AMRO