Jérémie Beyou (BPI) n’est plus en tête de la quatrième étape depuis le classement de 8 heures ce matin. Il a passé le témoin à Erwan Tabarly (Nacarat) qui ouvre la voie au niveau du raz Blanchard avec quelques centaines de mètres de marge seulement sur Paul Meilhat (Macif 2011) et Nicolas Jossier (Entreprendre en Pays Granvillais). Oubliez donc la hiérarchie de la veille, tout a changé aujourd’hui entre l’île de Batz et les anglo-normandes.
Ce matin au large de Bréhat, la flotte, prise dans les mailles du centre de la dépression s’est retrouvée encalminée pendant deux bonnes heures. Ces 120 minutes ont suffi pour semer la zizanie dans les positions. Les concurrents situés au large des côtes ont toujours gardé un peu de vent et ont pris l’ascendant, pour ne pas dire l’ascenseur, exécutant quelques bonds spectaculaires au classement. C’est le cas de Nicolas Jossier (Entreprendre en Pays Granvillais) qui gagne 20 places entre le pointage de 4 heures et celui de 10h30, d’Eric Péron (Macif 2009) qui n’a pas hésité à traverser toute la flotte pour venir se repositionner. Bien lui en a pris : il grimpe de 15 places. Idem pour Alexis Littoz (Savoie Mont-Blanc) et dans une moindre mesure pour le nouveau bizuth de tête Thomas Ruyant (Destination Dunkerque) qui monte de 9 places, quand Isabelle Joschke (Galettes Saint Michel) était bonifiée de 7 rangs.
Mais le jack pot de la journée est à mettre sur le compte de deux échappés qui ont pris la poudre d’escampette après le passage de l’île de Batz, n’hésitant pas à mettre 10 milles de latéral entre eux et la meute : Michel Bothuon (Les Recycleurs Bretons) et Laurent Gouézigoux (Valorisons). En s’évadant au large et en passant au nord de Guernesey, les deux hommes ont fait coup double : ils ont d’abord esquivé le premier épisode de pétole puis les dévents des reliefs de Guernesey. Résultat des courses : ils ont toujours avancé, parfois deux fois plus vite que leurs 42 autres adversaires.
Faîtes vos jeux
Au final, tout ce beau monde s’est retrouvé sous Aurigny (à laisser à bâbord). Laurent Gouezigoux, actuel 6e, a gagné 35 places dans l’opération et celui que tout le monde appelle « Michboth » en a empoché 32 ! La horde s’est donc reconstituée, elle est très compacte et progresse dans un vent de nord-nord-est d’une douzaine de nœuds vers la pointe du Cotentin, dans une brume épaisse. Le courant sera favorable pour une grande majorité d’entre eux au moment de franchir le raz Blanchard, mais attention aux retardataires qui l’auront dans le nez à partir de 19h30 !
Passé ce dernier piège, les 100 derniers milles vers Dieppe vont s’apparenter à une course de vitesse sous spi, dans un vent qui tournera à l’ouest en fraîchissant. Pour le moment, le suspense est total quant au classement de cette étape. Erwan Tabarly (Nacarat) ne devance Paul Meilhat (Macif 2011) que de 0,2 mille. Nicolas Jossier (Entreprendre en Pays Granvillais) est à 0,5 mille. En quatrième et cinquième position, on trouve les deux premiers du classement général après trois étapes : Jérémie Beyou (BPI) et Fabien Delahaye (Port de Caen Ouistreham). Bord à bord, les deux hommes ne se quittent plus et naviguent à vue, même si l’expression est franchement usurpée compte tenue de la visibilité extrêmement médiocre sur zone. Jérémie qui dispose de 34 minutes et 15 secondes d’avance contient sans véritable problème (pour l’instant) les assauts de son jeune dauphin. La troisième marche du podium sera en revanche très chèrement payée. En tête à ce stade de la course, Erwan Tabarly (Nacarat) a pris une sérieuse option sur une médaille de bronze que Nicolas Lunven (Generali) avait jusque-là autour du cou. Ce dernier est pour l’instant relégué en trentième position. Et tout risque de se jouer pour une poignée de minutes.
Ils ont dit :
Jérémie Beyou (BPI) « J’oscille entre rire et pleurer ! Un orage m’est tombé dessus : on est passé du portant au près : ça occasionne des regroupements avec des calmes et des bascules imprévisibles. Je fais le « marqueur » et c’est plus facile pour ceux qui sont derrière… Le vent bascule du Nord-Est au Nord-Ouest. Et juste à côté, je vois Fabien (Delahaye) qui vient de se planter dans un calme. J’essaye tout de même de le surveiller parce que dans ces conditions, il pourrait se créer des écarts. Comme tout le monde, j’attends que le vent s’installe vraiment au Nord-Ouest. »
Michel Bothuon (Les Recycleurs Bretons) : « Je navigue au vent de Guernesey avec de la brise de Nord dix nœuds et le courant de marée montante est avec moi. La météo indiquait que le vent allait tourner vers le Nord à Nord-Est et en sus, le fait d’être sur la route directe fait faire moins de distance. Laurent (Gouezigoux) est le seul avec moi ! Je crois qu’on est dans le vrai si tous les autres sont sous le vent de l’île de Guernesey. Je pense qu’on va arriver vers 17h au raz Blanchard, mais on va refouler le jusant à Barfleur. »
Nicolas Jossier (Entreprendre en Pays Granvillais) : « Cette nuit, j’ai voulu me décaler dans le Nord après l’île de Batz : je suis parti avant tout le monde… Je suis bord à bord avec Fabien Delahaye et devant Jérémie Beyou : il va falloir tenir la cadence ! Il y a eu un coup tordu sous Guernesey : il a fallu affaler le spinnaker. Maintenant, le vent est plus stable en direction mais le passage du raz Blanchard s’annonce délicat. »
Classement de 16h
1 TABARLY Erwan NACARAT à 132,70 nm
2 MEILHAT Paul MACIF 2011 à 0,20 nm
3 JOSSIER Nicolas Entreprendre en Pays Granvillais à 0,50 nm
4 BEYOU Jérémie BPI à 0,60 nm
5 DELAHAYE Fabien PORT DE CAEN OUISTREHAM à 0,60 nm
6 GOUEZIGOUX Laurent VALORISONS à 0,70 nm
7 HARDY Adrien AGIR Recouvrement à 0,90 nm
8 PERON Eric MACIF 2009 à 1 mille
9 JOSCHKE Isabelle Galettes Saint Michel à 1,60 nm
10 BOTHUON Michel LES RECYCLEURS BRETONS à 1,60 nm