Beyou aux commandes au large du Finistère

BPI Beyou au large du Finistère
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Jusqu’ici, le déroulé de cette 4e étape est conforme aux attentes : d’abord 15 heures de louvoyage jusqu’à Belle-Île puis une fin de nuit et une matinée au reaching à alterner grand spi, petit spi et génois le long des côtes bretonnes. Ce lundi midi, après 24 heures de course, les premiers passaient le raz de Sein à contre-courant, à raser la tourelle de la Plate, devant le phare de la Vieille. Et en milieu d’après-midi, sous un ciel très couvert et un vent de nord-est d’une dizaine de nœuds, ils empruntaient le chenal du Four. « C’est une vraie bataille de virements » commente Jacques Caraës. Mais les écarts sont faibles. Tout le monde navigue à vue.

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Ce parcours très côtier a scindé la flotte en différents groupuscules. Jérémie Beyou qui a pris les rênes ce matin, emmène une troupe de 12 concurrents qui naviguent plus ou moins en ligne sur 2,5 milles et n’hésitent pas à tirer des bords à 100 mètres de la côte pour s’abriter du jus, voire à jouer dans les cailloux des Abers. Parmi les 12 apôtres de Beyou on trouve dans l’ordre Fabien Delahaye (Port de Caen Ouistreham), Morgan Lagravière (Vendée), Erwan Tabarly (Nacarat), Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls), Adrien Hardy (Agir Recouvrement) ou encore Fred Rivet (Vendée 1)… Dans leur sillage, un second groupe de 8 coureurs (d’Eric Péron à Xavier Macaire) est un peu plus étalé en latéral. Deux milles derrière, la flotte s’éparpille davantage avec quelques options plus marquées au large comme celles de Nicolas Lunven (Generali) et Thierry Chabagny (Gedimat), ou, plus extrême, celle de Michel Bothuon (Les Recycleurs Bretons). Mais rien ne pourrait inquiéter pour l’instant les hommes de tête.

Tout ce beau monde se dirige vers Ouessant dans un vent de nord-est très instable en force, où des passages de « molles » à moins de 10 nœuds succèdent à des renforcements locaux à plus de 15. Théoriquement, ce vent devrait prendre un peu de coffre après « l’enroulement » de la pointe de la Bretagne, et tourner très progressivement à gauche vers le nord-ouest puis l’ouest. Il y aura un choix stratégique à opérer au moment de mettre le cap vers les îles anglo-normandes : tirer un bord vers le large pour aller chercher la rotation …ou pas.

Ils ont dit :
Jérémie Beyou (BPI) « Je ne me lasse pas de passer ce raz de Sein, parce qu’à chaque fois, tu essayes de raser le phare de La Plate de plus en plus près ! Il a fallu affronter le courant de jusant contraire, puis rester tribord amure pour traverser afin de ne pas se remettre dans le jus. C’est un classique que nous sommes quelques-uns à connaître et je suis ressorti en tête en gagnant quelques longueurs. La Solitaire du Figaro cette année, c’est vraiment au contact… alors je suis content d’avoir pris quelques mètres. La suite s’annonce un peu plus virile quand on aura passé le Four : il va y avoir de la mer, avec vingt bons nœuds de vent. En plus on attend une rotation de la brise vers la gauche (vers le Nord-Ouest) : il y a le choix entre tirer un grand bord vers le large ou louvoyer à la côte, et puis faudra-t-il naviguer son foc solent ou sous génois ? Pour l’instant, la brise est plutôt d’Est et c’est pour cela que j’ai privilégié le bord près de la terre. Pour m’engager dans le chenal du Four sur un seul bord. Après, c’est le gymkhana ! »

Marc Emig (Ensemble autour du monde) « La pointe du Raz, je connais même si je suis de Marseille ! Je l’ai déjà passée douze fois avec le Tour de France à la Voile… Mais habituellement, c’est dans l’autre sens. Je n’ai pas la meilleure vitesse du monde, mais j’arrive quand même à tenir la cadence des dix premiers. Et j’ai envie de démontrer que ma place actuelle au classement général ne correspond pas à mon réel niveau. »

Adrien Hardy (Agir Recouvrement) « La fin de nuit a été plutôt facile avec un vent de travers de quinze nœuds : on en a tous profité pour dormir en traversant la baie d’Audierne. J’ai fait trois siestes de 20 minutes : il n’y avait pas grand-chose à faire. On a enchaîné avec le raz de Sein où il y avait quand même trois nœuds de courant contraire : j’ai dû gagner une ou deux places et ça marche bien en ce moment. Le prochain point névralgique est le virage à droite au phare du Four : il y aura la renverse de courant et donc des choix pas forcément faciles à faire pour optionner sur les bords à tirer.»

Classement de 16h

1 Jérémie Beyou BPI à 261.30 nm
2 Fabien Delahaye PORT DE CAEN OUISTREHAM à 0.50 nm
3 B Morgan Lagravière VENDEE à 0.60 nm
4 Erwan Tabarly NACARAT à 1.00 nm
5 Jean-Pierre Nicol BERNARD CONTROLS à 1.00 nm
6 Adrien Hardy AGIR RECOUVREMENT à 1.10 nm
7 Frédéric Rivet VENDEE 1 à 1.30 nm
8 Paul Meilhat MACIF 2011 à 1.50 nm
9 Eric Drouglazet LUISINA à 1.70 nm
10 Anthony Marchand BRETAGNE CREDIT MUTUEL ESPOIR à 1.80 nm