Au pointage de 4h30 ce matin, Yann Elies (Groupe Generali Assurances) mène la flotte des 44 solitaires à 270 milles de l’arrivée, pour 0,2 mille d’avance devant Armel Le Cléac’h (Brit Air) et Laurent Pellecuer (Cliptol Sport). Mais les écarts sont tellement faibles, avec les sept premiers en un demi-mille et les vingt premiers en trois milles, qu’il convient de prendre les classements avec d’infinies précautions. D’autant que d’un bord sur l’autre, rapprochant ou non, on « perd » ou « gagne » artificiellement du terrain au classement.
Car voilà, la flotte de La Solitaire Afflelou Le Figaro n’a pas droit pour l’instant à l’unique bord espéré hier au départ de Santander, après consultation des augures météo. Depuis le départ, ils tirent des bords au près serré, dans un vent franchement irrégulier en force et en direction : venant du nord-nord-ouest (avec parfois un peu d’est dans son nord…) il « souffle » entre 5 et 10 nœuds et l’amplitude de ses oscillations en direction peut aller jusqu’à 40 degrés. « J’ai bien du enchaîner six virements de bord tout à l’heure pour suivre les petites bascules », explique par exemple Fred Duthil (Brossard, 10e à un mille).
Dans un clapot désagréable et sous un ciel couvert qui masque la lune, les vitesses sont forcément faibles. De l’ordre de 6 nœuds. Rivés à la barre et aux réglages incessants rendus nécessaires par l’instabilité du vent, les solitaires espèrent que le flux finira bien par prendre un peu de gauche pour que leur route puisse enfin se rapprocher du nord. « On en a à mon avis pour jusqu’à la fin de la nuit », raconte Armel Le Cléac’h (Brit Air, 2e à 0,2 mille). Dans le peloton de tête, Eric Drouglazet (PixMania.com) est toujours là, 4e à 0,3 mille, à égalité en distance au but avec deux bizuths : Erwan Israël (Delta Dore) et Christopher Pratt (Espoir Crédit Agricole), déjà auteur lui aussi d’un excellent départ.
Parmi les grands gagnants de la première étape, trois ont concédé un peu de terrain – un peu plus de 3 milles – il s’agit du vainqueur de Santander Gérald Véniard (Scutum) et de Charles Caudrelier (Bostik) et Gildas Morvan (Cercle Vert), classés respectivement 23e 24e et 25e, à 3,4 milles. Autrement dit, la relative bonne affaire pour l’instant est bel et bien pour Yann Elies et Armel Le Cléac’h, lequel assure « attendre avec impatience les prochaines infos météo ». On veut bien le croire, tant l’incertitude est ce matin la chose la mieux partagée du petit monde des marins de La Solitaire.
Les échos du large
Fred Duthil (Brossard) : « Je barre, je règle les voiles et je mange un peu. Le vent est irrégulier en force et en direction, ça n’arrête pas de changer. Il n’y a pas eu du tout de repos cette nuit avec ce vent irrégulier, il faut vraiment être dessus à fond. Le début d’étape est pas mal pour nous il ne faut pas se plaindre. Il va falloir être opportuniste. Tout à l’heure j’ai du faire six virements de bord de rang pour suivre les petites bascules et donc à chaque fois avec le matossage (déplacement des poids à l’intérieur, NDR), ça fait du boulot »
Gildas Morvan (Cercle Vert) : « Il y a deux paquets, un sous la route à l’est et nous on est à l’ouest, plus proche de la route directe. Ma priorité, c’est d’aller dormir mais pour le moment, c’est impossible le vent est trop instable alors je règle, je barre pour essayer de me rapprocher des bateaux devant. Il faut rester concentré pour faire marcher le bateau. »
Oliver Krauss (AXA Plaisance)
« C’est sympa, le bonheur, tout va bien. Le vent est instable, pas facile de lâcher la barre. On se croise et se recroise. La flotte est éparpillé un peu partout, on ne sait pas où ça va passer, c’est difficile à dire. On verra aux Birvideaux. Pour le moment, je reste au milieu, j’attends de voir. »
Eric Peron (CIGO)
« C’est un peu musclé, ça fatigue mais ça fait du bien. Je me suis recalé sur le paquet de l’ouest, j’ai sept bateaux devant moi. Il y a encore des coups à jouer et les derniers milles avant les Birvideaux feront la différence. »
Les solitaires progressent laborieusement …
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