Le ralliement de Marseille à La Seyne-sur-Mer annulé pour cause de gros temps

TFV
DR

A 9h44, c’est un bon départ pour les 28 Farr 30 du Tour de France à la Voile. Un premier bord de près pour se dégager, et c’est Courrier Dunkerque qui mène à la bouée. Il est suivi d’Ile-de-France 2010 et d’Oman Sail’s Renaissance. Cap à l’Est après l’ile Maïre. Tous glissent sous spi dans quinze nœuds d’Ouest. Ca forcit vite. Daniel Souben et ses hommes s’envolent en tête, trois milles devant leurs adversaires.

- Publicité -

On rentre dans le vif du sujet au large de La Ciotat. Le vent monte et dépasse les 25 nœuds, la mer est de plus en plus formée. Ca déferle. Les bateaux surfent depuis longtemps, mais ce planning-là n’a plus rien à voir avec celui du départ ! Au portant dans la brise, les Farr 30 plongent, puis se soulèvent jusqu’à deviner le voile de quille. Les spis de tête sont affalés et remplacés par les spis de capelage. Rois de la brise, Ile-de-France 2010 et Purflo – Les Thermes Marins – Saint Malo gardent longtemps leurs grands spis. A la barre d’Ile-de-France, Jimmy Pahun est impressionnant de sérénité. Dans ces conditions, le skipper breton explique être « concentré à 200%. Concentré sur la vague, la trajectoire du bateau, la pression du vent, les surfs. » Au ponton, son équipage parle d’une pointe à 24,3 nœuds ! Un chiffre que confirme Oman Sail’s Renaissance. Simon Shaw, barreur : « Nous sommes montés à 23, 24 nœuds. Mais quand on va vraiment très vite, le speedo est sous l’eau et on ne voit plus rien ! »

Pahun, lui, se dit « impressionné par le niveau moyen des équipages du Tour de France à la Voile. Je pense que 5% des plaisanciers sont capables de naviguer dans de telles conditions. Là, tout le monde était à peu près en confiance et en sécurité. » C’est justement pour garantir cette sécurité dans un vent forcissant et une mer de plus en plus dangereuse que le comité de course a choisi d’annuler la manche, peu après le cap Sicié. Il faut dire que deux bateaux pros avaient déjà démâté : Groovederci, projet américain mené par Deneen Demourkas, et Courrier Dunkerque, très bien placé en tête de flotte au moment de l’incident. Pas de blessé mais seulement de la casse matérielle. Tous deux ont des mâts de rechange et comptent réparer d’ici demain.

Alors, à La Seyne-sur-Mer, l’heure est aux réparations. Mâts, spis et tangons ont souffert de cette trentaine de milles ventée. Mais les marins, eux, ont malgré tout apprécié ces conditions difficiles. « Ils ont adoré ! » Hervé Gautier, skipper de CSC – HEC – Ecole Navale, parle de « conditions de marins. » Une journée qui ne compte pas au classement général mais qui restera l’un des temps forts de ce TFV 2010 !

Ils ont dit
Christopher Pratt, navigateur à bord de Groovederci :
« Le vent est monté un peu plus rapidement que ce à quoi on s’attendait. Du coup, nous nous sommes retrouvés avec du vent assez fort vers Cassis, avant le cap Sicié. Dans une grosse risée, nous avons enfourné jusqu’au mât. Le pataras a cédé et le mât s’est cassé en trois, net. Nous avons mis pas mal de temps à le récupérer et à tout sécuriser. Pendant le retour, nous avons commencé à préparer le changement de mât. Nous sommes heureux d’apprendre que la manche est annulée puisque ça nous permet de ne pas perdre de points au classement. Nous avons un mât de rechange et allons travailler tout l’après-midi pour être prêt demain. »

Laurent Mahy, régleur de grand-voile de Courrier Dunkerque :
« Avant de démâter, la manche était super : nous prenons un bon départ, passons en tête la bouée de dégagement et envoyons le grand spi avant tout le monde. On s’envole, avec facilement trois milles d’avance. Nous étions vraiment sereins et n’avons pas fait un seul vrac. Et puis, ça a forci, nous avons enfourné une première fois. Nous sommes ressortis. Mais la deuxième fois, le galhauban tribord a pété et le mât est parti tout seul. C’est juste une casse technique. On est énervé parce qu’on l’avait bien en main. C’est con, nous n’étions absolument pas stressés. Là, nous avons un mât de rechange et sommes prêts à remâter. »

Simon Shaw, barreur d’Oman Sail’s Renaissance :
« C’était la course qu’on attendait tous : une manche rapide, au portant. Nous étions prêts, et c’est bien d’avoir pu le vivre. C’était vraiment très excitant. En partant, le vent soufflait entre 18 et 20 nœuds. Nous étions dans les trois premiers à la bouée de dégagement, avec les leaders. En tirant à la côte sous spi de tête, le vent est monté. 22, 25, 28 nœuds, 30 nœuds à la fin. Une mer bien formée. L’équipage devait vraiment travailler ensemble pour faire avancer le bateau. Nous sommes passés en tête après le démâtage de Courrier Dunkerque et avons envoyé le spi de capelage. Là, nous avons appris par VHF que la course était annulée. Nous avions besoin d’un bon résultat pour revenir à la quatrième place du classement. Nous sommes donc vraiment déçus, mais également très satisfaits de notre façon de naviguer. »

Hervé Gautier, skipper et navigateur de CSC – HEC – Ecole Navale :
« Ca fait du bien d’avoir du vent ! C’est sympa d’avoir des conditions de marins. C’était sportif car les vagues n’étaient pas toujours faciles. Le barreur, Billy Besson, essayait de bien négocier les vagues. On régulait l’assiette en permanence. Tout l’équipage était à l’arrière et avait la banane ! C’était un peu tendu par moments, mais ça allait. Ils ont adoré ! »