Le plus grand écart depuis le début de la course

Le Cam et Stamm
DR

A bord de Neutrogena, Guillermo Altadill doit trouver que la prime à l’audace ne paie pas. Son décalage plein sud devait théoriquement lui permettre de toucher des vents plus forts que son adversaire resté au nord du front qui les accompagne. Mais les affrontements de masses d’air ont parfois des logiques qui défient les raisonnements les plus élaborés. A l’arrière du front, le vent s’est écroulé et le gradient de pression tend à se desserrer. Au point que l’équipage de GAES Centros Auditivos s’est retrouvé piégé par des calmes au sein d’un paysage digne des Quarantièm es Rugissants.  Pour Neutrogena qui devrait retrouver des vents d’ouest à nord-ouest d’ici quelques heures, il faudra de surcroit empanner pour rester sur un angle favorable par rapport au vent. L’addition devrait compter une bonne dizaine d’heures à la longitude de Bonne Espérance, mais Guillermo et José Muñoz savent que la route est longue et que les occasions de se refaire ne manqueront pas.

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Ce sera évidemment plus compliqué pour les quatre poursuivants encore aux prises avec la dorsale anticyclonique qui prolonge l’anticyclone de Sainte-Hélène. A bord de Renault Captur, Sébastien Audigane ne voulait pas se laisser aller à la désespérance, mais il reconnaissait malgré tout que ce serait particulièrement difficile d’aller chercher le trio de tête à la régulière. Même si leur plan Finot est à l’aise dès que la brise monte, ils savent aussi que dans les zones de transition, la carène de leur bateau les pénalise par rapport aux plans Farr, plus véloces dans les vents médiums.

Seule consolation pour le tandem franco-germanique, ils devraient être les premiers à toucher de nouveau du vent, en bénéficiant d’un gradient de pression de la dorsale plus favorable dans l’est. C’est peut-être ce qui incite Nandor Fa et Conrad Colman à bord de Spirit of Hungary à mettre d’emblée de l’est dans leur route, afin de tenter de se frayer un chemin dans un petit couloir de vent entre deux bulles anticycloniques. Si ce coup-là réussit, ils pourraient établir un sérieux rapproché sur leurs deux concurrents immédiats One Planet One Ocean & Pharmaton et We Are Water, mais c’est une stratégie à haut risque quand on connaît le caractère volage des masses anticycloniques. 

Ils ont dit :

Sébastien Audigane (Renault Captur): « Ce n’est pas la joie ce matin, on est retombé dans la molle. On a du mal à s’en sortir. Le vent n’est pas très loin mais c’est un peu déprimant. On n’a pas eu trop le temps de se reposer car on a eu pas mal de bricoles à faire et on avait hâte de régater. Il faut dire que notre positionnement à l’est n’arrange pas les choses. Cette position est surtout due aux réparations que l’on a dû faire. On n’a pas pu se recaler dans l’ouest et aujourd’hui on le paie. On espérait pouvoir attraper le même système que la tête de course, mais là c’est mort. Il reste encore beaucoup de milles et la zone de restriction est parfois très nord. Sur cette route, il peut y avoir des anticyclones entre les dépressions et ça peut bloquer la tête de course, même si on n’y croit pas trop. »

Willy Garcia (We Are Water) : « On descend vers les mers du Sud. On essaye d’attraper les vents d’ouest forts mais pour le moment on est toujours dans les petits airs en bordure des hautes pressions. On observe toujours Renault Captur devant nous, mais One Planet One Ocean n’a pas vocation à rester derrière, on doit donc surveiller notre avant comme notre arrière. »

Classement à 15h00
Cheminées Poujoulat (B Stamm – J Le Cam) à 18 969,0 milles de l’arrivée
Neutrogena (G Altadill – J Muñoz) à 192,8 milles
GAES Centros Auditivos (A Corbella – G Marin) à 377,7 milles
Renault Captur (J Riechers – S Audigane) à 961,6 milles
We Are Water (B Garcia – W Garcia) à 1201,3 milles
One Planet One Ocean & Pharmaton (A Gelabert – D Costa) à 1354,3 milles
Spirit of Hungary (N Fa – C Colman) à 1616,4 milles