Le portant reste l’allure de prédilection des marins et dans ces conditions maniables, ils n’y trouvent que du plaisir. Pour certains, c’est l’occasion de mettre le pilote automatique en route et d’aller se reposer, malgré la présence menaçante des cargos du côté du rail d’Ouessant. Pietro D’Ali (Nanni Diesel) en a fait la douloureuse expérience, comme le raconte ce matin Corentin Douguet (E. Leclerc – Bouygues Telecom). « Pietro a du se faire peur cette nuit. Un cargo est passé juste entre nous deux alors que nous étions séparés d’une centaine de mètres. J’ai lofé pour passer derrière, mais lui a du passer 5 longueurs devant le bulbe de l’étrave du cargo. Je n’aurais pas aimé être à sa place. »
S’ils se régalent de ces conditions de navigation exceptionnelles, les marins restent focalisés sur cette régate au contact. Le skipper d’E. Leclerc – Bouygues Telecom a ainsi repris 5 places dans la nuit : « J’ai rectifié le tir après une première nuit désastreuse le long des côtes anglaises. Kito (de Pavant NDLR) et Pietro sont derrière moi et je suis à la poursuite des quelques feux que j’aperçois devant, en espérant que ce sont bien des Figaro Bénéteau et pas des pêcheurs ! »
Même ‘niaque’ à bord de Groupe Generali assurances : « Je suis au taquet depuis Wolf Rock. Je ne lâche rien et ça va être comme ça jusqu’au bout. Je n’ai pas envie de me laisser bouffer comme l’autre soir, je suis à l’attaque ! » explique Yann Eliès 4e, qui a lui aussi progressé de quatre places au pointage du matin. Juste devant lui, en troisième position, on imagine Nicolas Bérenger (Koné Ascenseurs) dans le même état d’esprit…
La flotte a empanné en début de nuit. Elle profite désormais d’un vent de nord-est pour descendre à fond sur un seul bord au grand largue. Les décalages latéraux (plus ou moins à l’ouest) des uns et des autres vont redistribuer les cartes entre les pointages mais pour l’heure, c’est une grande course de vitesse qui attend nos 44 marins aux abords du golfe de Gascogne. La gageure pour eux sera de gérer leur état de fatigue : où placer le curseur entre les heures de barre pour faire avancer le bateau et les temps de repos nécessaires.
Il reste encore 320 milles avant l’arrivée…
Le Gascogne au portant
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