La flotte se scinde en deux aux abords du cap Finisterre

Gahinet et Meilhat Safran Guy Cotten
DR

« C’est presque les vacances » plaisantait Thierry Chabagny (Gedimat) ce midi à la vacation. Depuis ce matin, les navigateurs s’ébrouent sous le soleil et se repaissent de glisse sous spi, au vent arrière. C’est l’occasion de faire sécher les cirés et l’intérieur des bateaux. C’est aussi le moment de rependre des forces avant quelques heures de barre « rock’n’roll » sous spi, au large de la péninsule ibérique.  

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La traversée du Golfe de Gascogne est en train de s’achever avec le passage de la pointe occidentale de l’Espagne, via le DST du cap Finisterre. Passer à l’intérieur ou à l’extérieur de cette zone interdite ? Chacun a choisi son camp depuis une bonne demi-journée, lorsque la flotte s’est nettement séparée en deux. D’un côté, les occidentaux, soit un groupe compact de 6 bateaux emmené par Generali et Interface Concept.  Guidés par une stratégie à long terme (contourner une zone sans vent au niveau des Canaries), ces hommes du large ont choisi de passer à l’extérieur du DST.

De l’autre les orientaux, Safran-Guy Cotten, Made in Midi, Scutum, la Cornouaille et 30 Corsaires, qui passeront à l’intérieur de cette zone réservée aux cargos et navires de commerce. En choisissant ce couloir plus proche des côtes espagnoles, ces derniers sont en train, dans l’immédiat, de réaliser une très belle opération. Car le vent de nord-est qui gonfle actuellement les spis est en train de fraichir près de la terre. Ce « club des 5 » affiche depuis plusieurs heures des vitesses moyennes supérieures de plus d’1,5 nœud à celles de leurs adversaires du large.

Bientôt, pourtant, cette ballade idyllique au portant va se transformer en cavalcade sauvage. 30 à 40 nœuds de vent sont attendus près de la pointe espagnole. Naviguer au vent arrière dans du vent fort est toujours un exercice délicat : surpuissant, le bateau n’est jamais loin de la sortie de route ou de l’enfournement et les spinnakers sont toujours susceptibles d’exploser en vol. Dans les heures qui viennent, l’exercice consistera à conserver le plus longtemps son spi léger (plus grand que le « lourd »), tout en évitant de le sacrifier.

Les écarts se sont creusés aujourd’hui entre la majorité de la flotte et les trois derniers concurrents qui ne sont pas sortis indemnes du passage du front il y a 36 heures. Lorientreprendre et les deux bateaux de Guadeloupe Grand Large accusent désormais plus de 40 milles de retard sur les leaders.

Ils ont dit

Fabien Delahaye : « C’est beaucoup plus agréable qu’il y a 24 heures. Là, nous sommes au portant, vent arrière, il fait grand beau, on en profite pour faire tout sécher : le bateau, les vêtements parce que tout était bien humide. Nous faisons route vers le DST du cap Finisterre. On sait que la situation pour aller à La Palma est compliquée. Nous allons passer par l’ouest du DST. On attend une rotation et une accélération du vent dans les heures à venir.  Mais il y a une zone sans vent à l’approche de la Palma et l’idée est d’essayer d’éviter cette petite bulle. »

 Thierry Chabagny : « Il y a un peu de soleil, la mer est bleue et relativement plate. Nous sommes sous spi, il y a 15 nœuds de vent. Ce sont vraiment des conditions agréables, c’est sympa par rapport au premier jour, c’est un peu les vacances. La zone de vent est pile poile sur le DST, la stratégie globale pour arriver aux Canaries est plutôt vers l’Ouest, car sur la route directe il n’y a pas de vent. Les routages nous font passer par l’extérieur du DST, on vient chercher l’accélération au cap Finisterre, mais après il y a plus de vent à l’Ouest.  Au cap Finisterre, c’est un phénomène météo qui fonctionne bien, le vent accélère sur le coin du cap, c’est comme un bon coup de pied aux fesses. Quand tu as à 20-25 nœuds, au cap Finisterre tu te retrouves à 35 nœuds. »

 

Classement de 16h

1 Safran – Guy Cotten  Gwenolé Gahinet – Paul Meilhat à 3503,45 milles de l’arrivée
2 Made in Midi Gwenael Gbick – Kito De Pavant à 5,27 milles
3 Scutum          Gérald Veniard – Jeanne Grégoire à 5,34 milles
4 30 Corsaires  Alexia Barrier – Laurent Pellecuer à 10,00 milles
5 Generali         Nicolas Lunven – Eric Peron à 10,83 milles