Parmi tous les bateaux sur lesquels on peut courir en solitaire, le monocoque Imoca est le plus physique et notamment dans le petit temps quand les conditions sont variables. En effet, il y a toute une garde de robe de voiles à bord pour faire avancer le bateau à différents angles et forces de vent, et certains changements peuvent prendre plus d’une demi heure… Sur cette transat, tous les skippers se retrouveront plus d’une fois dans la situation où, entre le début et la fin de la manœuvre, la voile qu’ils viennent d’établir ne correspond plus aux besoins du moment. Le résultat est au minimum une perte de vitesse, d’énergie et sans doute, à suivre, un nouveau changement mangeur de vitesse. Sébastien Josse en faisait le témoignage mercredi matin.
Les routages de mercredi matin annonçaient un franchissement de la dorsale en fin de journée avec un empannage de tribord amures à bâbord amures vers 20h UTC. La trajectoire de la flotte cette nuit confirme un empannage entre 20h UTC et 23h30 UTC pour les sept premiers. Les derniers modèles et observations de mercredi soir indiquaient un franchissement un peu plus facile dans le Sud et effectivement, Michel Desjoyeaux est celui qui a passé le plus de temps dans la pétole !
Le fait marquant du passage de cette dorsale, c’est le gros gain par rapport au but de Seb Josse qui a collé une « raclée » à tout le monde et notamment à son voisin de plan d’eau, Vincent Riou. En étant mercredi soir trois milles en avance sur PRB, BT a été quasiment toute la nuit deux fois plus vite que PRB ! Dans le petit temps, le premier qui sort de la pétole et touche le nouveau vent encaisse du gain. Sans doute que BT est pour le moment plus optimisé pour le petit temps que PRB qui à déjà fait le choix technique (avec un mât plus court), de réduire la puissance en vue du rendez vous de fin d’année… Mais peut être aussi que Seb a été en phase avec le vent en utilisant la bonne voile au bon moment. Peut être un peu de chance ?
Cette image qui provient des services météo hollandais superpose en bleu, le vent prévu par leur modèle et en rouge, le vent réel mesuré à la surface de l’eau par un satellite à 21h30 UTC mercredi soir. Les petits ronds représentent des zones sans vent. On se rend bien compte que Foncia par rapport à BT frôle une bulle sans vent. Mais qu’en sera-t-il de la suite si on regarde plus dans l’Ouest sur cette image ? Le problème dans ce genre de conditions atmosphériques, c’est que les modèles sont moins fiables. Les ordinateurs des services météo ont plus de mal à modéliser une zone sans gradient de vent qu’une basse pression ou qu’un anticyclone robuste.
Pour les prochaines 30 heures, le vent s’annonce ce jeudi matin encore plus faible pour les bateaux les plus au Nord. Mais maintenant les jeux sont fait et les Nordistes ne peuvent plus venir chercher les conditions du Sud sans subir des pertes importantes. Il faut qu’ils exploitent ce qu’ils ont pour essayer de recoller aux leaders du Sud… Les écarts à la porte des glaces prévues ce jeudi matin ne sont pas encore énormes : cinq heures de retard pour Foncia sur BT.
Mais derrière les écarts se creusent et le prochain renforcement du vent venant de l’Ouest va favoriser les leaders. Le choix du passage dans la porte des glaces laisse peut être encore des ouvertures ?
Et le Gulf Stream là-dedans ? Demain sera un autre jour !