La chronique de Capian : Sur le chemin de l’école

Matthieu Girolet Capian
DR

Si l’on considère souvent que la Transat 6.50 est le bac de la course au large, alors on peut dire que la première course 2006 est la rentrée des classes pour ce qui sera la promo 2007.

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Et cette école là on y va plutôt avec envie. C’est vrai qu’à force de lire en temps réel sur le net les exploits des pros au large et leurs pointes à mach2, l’aventure se rapproche tellement de nous qu’elle semble accessible, qu’on la pense presque facile. Et la Classe Mini, à la fois porte d’accès et déjà mythique, bénéficie à fond de cet engouement. « Puisque je les vois tous les jours le faire devant mon ordi, moi aussi j’en suis capable, et même j’y vais ! »

Et cette année en Méditerranée, la rentrée s’est opérée en deux temps :

20 mai : Triangle du soleil 2006. Et comme c’est le premier jour, un copain pouvait vous tenir la main. Ce seront donc 500 milles en double.

Et la maîtresse a été vache ! 25 bateaux au départ et 11 à l’arrivée, soit 14 abandons, dont trois démâtages et surtout beaucoup pour cause de gros coup de moins bien. Qui ont existé aussi sur les bateaux qui ont fini. Les copains ont  cafté ? ! Pleins de bateaux neufs au départ, peu à l’arrivée et beaucoup des nouveaux en ont bavé. La qualité des canotes n’est pas en cause, ni forcément celle des hommes.

Je crois simplement que le « large », même 4 jours, c’est déjà bien autre chose que 3 manches en baie. C’est déjà une autre discipline, qui peut déjà être une aventure. Et en mode à donf’ c’est bien souvent déjà chercher profond en soi. Il faut déjà vraiment se gérer : se protéger, se nourrir, dormir. Oh, bien sûr, c’est le métier qui rentre quand le casse-croûte sort. Et sur les pontons biens stables, il n’en paraît plus rien.

J’ai déjà une saison sur mon bout de bois, mais à force de sorties hivernales ne dépassant pas le week-end, j’avais un peu oublié ces fondamentaux. Il y a  quand même eu quelques séances amusantes avec du vent forcissant progressivement. Du genre : Tapis puis retapis sous grand spi. Bon, le médium alors, même résultat. Avec le ris ? Non plus ! OK, gennak, et zou 14 nœuds à bloc GV haute dans la nuit noire. Sauf qu’à un moment le bout-dehors a dit que c’était tard et que, lui, il préférait rentrer. Cela s’est terminé, à la scie à métaux et la frontale, par un manchonnage sauvage avec l’aviron par Rémi Bricol’tout et une deuxième moitié de course sur la pointe des pieds dès que la bulle était en l’air. Mais au moins je sais à quoi sert l’aviron maintenant.

La semaine dernière c’était le premier contrôle, seul devant sa feuille. Mini Solo, donc. Cette fois-ci, on s’est méfié et on a réussi à se faufiler entre deux questions surprise sur les BMS et le tourmentin. Il y a quand même eu quelques jolies figures dans la flotte quand le mistral s’est établi par l’avant à 20-25 nœuds d’un coup alors que la minute d’avant c’était la grosse molle quasi au portant. Gennaker et bout-dehors repliés en urgence et spis dans la figure au programme.

Un multi-récidiviste de la Mini m’avouait récemment qu’au début il avait tendance à pousser les gens à se lancer et qu’aujourd’hui, réflexion faite, il pense plus sage de laisser chacun se décider. Il ne s’agit pas de rebuter. Juste de livrer aussi cet aspect de la réalité. Alors, sincèrement, oui, je trouve que le Mini ça peut être dur. Et comme dans la très grande majorité, nous ne sommes pas des pros ni par le niveau, ni par le reste, les qualifs sont précieuses pour s’en rendre compte.

Peu après leur retour de la dernière transat, évoquant un autre coureur arrivé à Bahia, un ami disait  « il fait partie de la famille ! ». Et il faut bien quelques péripéties pour créer une famille !