La Transgascogne est une épreuve phare du circuit 6.50. Elle tient lieu, tous les deux ans, de dernier match avant la Transat 6.50. Nombreux sont ceux qui viennent s’y jauger et caler leur jeu de jambes avant le grand départ. Elle était, cette année, doublement attendue du fait de l’annulation du Fastnet. Elle a, à sa manière, tenu ses promesses.
Il faut dire que lors du premier round le golfe de Gascogne nous a décoché sa botte secrète. Que la flotte a reçu plus ou moins au niveau de la ceinture…
Pour tout vous dire, trois ris-solent arisé, j’ai fini par passer tourmentin quand le bateau est resté couché. Comme beaucoup, j’ai alors choisi de naviguer de manière conservatrice. Ce qui m’a permis de me placer 5ème à Santander, conservant mes chances pour le retour et ne déplorant que l’envol de ma girouette. Qui a dû, de concert avec ses congénères sur zone, partir vers des climats plus hospitaliers. Les ships espagnols ont été surpris de nos achats en nombre, mais je vous laisse leur expliquer que c’est la saison des grandes migrations.
Inévitablement, pour des bateaux en course dans ces conditions, il y a eu démâtages et avaries. Les plus sérieuses principalement dues à des vagues dopées par le plateau continental. Malgré tout, il faut retenir la capacité de la flotte à « passer » des ces conditions. Je crois d’ailleurs bien avoir entendu un skipper de class 40’ qui accompagnait la course, et ancien ministe, quasiment avouer qu’il aurait préféré son mini dans ces conditions. Qu’ajouter ?
Si ce n’est que c’est une confirmation du travail de la classe, qui est déjà en train de décortiquer les rapports de mer, pour améliorer encore notre sécurité. Que, tous saufs, l’étape à Santander n’en a été que plus appréciée. Et, enfin, que l’avantage d’arriver déphasé par une nav en solo c’est que l’on se met facilement à l’heure espagnole…
Les précédentes éditions allaient à Gijon, et l’accueil m’avait été vanté par tous comme exceptionnel. A peine débarqués, nous avons certes investi, en caleçons longs et bottes, la salle à manger du RCM de Santander. Mais, ce moment d’égarement n’était pas voué à durer. Dès le point du jour, les coureurs qui se présentaient en short et tongs au cerbère se sont heurtés à l’étiquette toute britannique qui sied à ces lieux : pantalon et chaussures fermées. Le blazer est dur à caser dans un mini et ce décalage manifeste a fini par être comique. Sauf quand, sortant juste de l’hopital après son hélitreuillage, bateau quasi coulé, le malchanceux qui expliquait tout cela et aussi souhaiter se rendre au bureau du comité de course, a lui aussi été refoulé parce que ne satisfaisant pas au dressing code. Accueil : Bourgenay 1- Santander 0.
La seconde étape, dans des conditions bien plus maniables, a permis à la compétition de reprendre ses droits. La pétole de la première nuit est même venue nous interdire de fermer l’œil et remettre en jeu les avantages acquis au match aller.
Au matin, je ne vois plus aucun de mes concurrents directs. J’ai le sentiment d’avoir fait une bonne opération. Je suis seulement au contact avec un autre bateau, futur vainqueur en double, qui s’échappera un peu à chaque fois que je prendrais quelques minutes de repos sous pilote en prévision de la nuit à venir. Tout le reste de la course se passera à changer spi pour genaker, pour spi médium, pour genaker…au moins, on est sur la route directe.
J’ai parlé trop vite. A 5 milles de l’arrivée, toujours sous genaker, grosse bascule à droite, je le roule, vire et rentre dans le refus. Mais ça va s’arrêter quand? Quand le vent sera pile dans l’axe du parcours. Je m’en serais bien passé, et coupe la ligne, 3ème, aux premières lueurs du jour. Avec suffisamment d’écart pour prendre la même place au général.
Tous les marins arriveront à bon port, avec tous leurs canots cette fois, tous ensemble vainqueurs aux points de ce nouvel épisode d’une saison 2007 décidément…exceptionnelle.
Matthieu Girolet