Interview de Francis Joyon

Francis Joyon
DR

Repartir pour un tour du monde en solitaire sur un multicoque géant, cela n’a rien d’anodin…
Non, c’est certain ! Et il est vrai que même si d’autres défis sont au programme du futur bateau, le tour du monde reste l’objectif principal. La fin de construction est ciblée pour le milieu du printemps 2007, ce qui va nous permettre de disposer d’une bonne période de mise au point et de montée en puissance. Quant au grand départ, je le prévois, pour l’heure, ve2007, c’est un mois qui avait parfaitement convenu au niveau de la météo lors de mon premier tour.

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Le premier effort a été conséquent et pour autant, il faut déjà y retourner car ton titre a été repris ! Comment l’envisages-tu ?
C’est très motivant de repartir à l’assaut d’un tel défi. Les conditions sont cette fois très différentes, car en 2003, le temps de référence était ancien, il avait été réalisé avec des escales… Aujourd’hui naturellement, ma volonté de compétition est plus grande : le temps d’Ellen MacArthur est assez « béton » et il ne faut pas oublier que d’autres concurrents s’activent sur le même projet à l’heure actuelle !

Parlons un peu du nouveau bateau et de ta collaboration avec Nigel Irens et Benoît Cabaret…
J’aime l’approche de Nigel. Il a ce côté « artiste » qui me parle beaucoup. A titre d’exemple, après avoir dessiné les flotteurs sur son ordinateur, il a demandé quelques jours de délai pour en réaliser une maquette en bois et bien la regarder pendant quelques jours, y réfléchir et se laisser la possibilité de faire évoluer la forme. A la suite de cela, il a d’ailleurs modifié ses plans. C’est une démarche qui me touche beaucoup.

Comment avez-vous fonctionné ?
J’ai livré un cahier des charges assez précis, mais un avant-projet existait dans les cartons de Nigel et de Benoît, et nous avons en réalité mené une réflexion commune. J’ajouterais que l’ancien Idec a également servi de référence. Nous avons ressorti la maquette pour voir ce qui était bon et donc à conserver et au contraire, les points sur lesquels il était important de travailler.

Penses-tu que c’est un bateau qui va surprendre ?
Je crois que oui ! Mais il faut encore patienter un peu…

Avez-vous cherché à conserver une certaine polyvalence, pour qu’il soit également exploitable en équipage ?
Oui, c’était un des points du cahier des charges, j’ai voulu réserver cette possibilité.
On imagine que la fidélité de ton partenaire est importante à tes yeux…
Bien sûr, et il a tout de même fallu que Patrice Lafargue (Président de la société IDEC) fasse preuve d’une foi certaine pour se relancer dans une telle aventure ! La réappropriation du record du tour du monde lui tenait à cœur, l’idée d’un bateau neuf le séduisait et il a eu le cran de franchir le pas, ce qui est tout à son honneur.