Francis Joyon et son équipage sont dans l’attente du renforcement temporaire du vent de sud est, annonciateur de la proximité d’une nouvelle difficulté à franchir dans la soirée, et matérialisée cette fois par un centre anticyclonique.
La délivrance attend IDEC SPORT au delà de cette dernière barrière. Un temps de passage au cap Horn très proche de celui de Loïck Peyron et Banque Populaire V est toujours dans les cordes du maxi trimaran rouge. Francis Joyon n’a pourtant pas fermé l’oeil de la nuit, laissant en bon capitaine ses marins se reposer au rythme inaltérable des quarts institués depuis Brest. « Les voiles battaient et IDEC SPORT, du fait de sa grande largeur, se traine quand le vent tombe sous les 5 noeuds, comme ce fut le cas cette nuit » raconte Francis. « Nous avons gardé cap au sud dans de tout petits airs de secteur sud est, au près donc. Cette allure n’était pas un problème en soi car la mer est toujours très lisse. Mais nous avons connu des heures stressantes, car en configuration record, ces moments ont tendance à instiller le doute. Nous accélérons à présent, conformément à notre plan de bataille, et nous dirigeons vers une nouvelle zone de calme à traverser ce soir, dernière épreuve avant de toucher le sud ouest qui nous emmènera jusqu’au Horn. » Confiant en la limpidité du scenario concocté depuis la terre et en collaboration complète avec tout l’équipage par Marcel van Triest, les hommes d’DEC SPORT maintiennent un haut niveau de concentration, attentifs à l’évolution du ciel et aux variations du vent. « Une bande de ciel bleu apparait au loin, preuve que nous allons changer de système » précise Francis. Les conditions maniables, c’est le moins que l’on puisse écrire, de ces dernières heures, auront au moins offert aux marins d’excellentes conditions pour se reposer et récupérer.
« Nous mettons en oeuvre aujourd’hui un plan élaboré dès le passage sous la Tasmanie. » explique Marcel va Triest « Les vents forts circulent très sud, et pour les atteindre, il nous aurait fallu plonger par 55 °Sud, au ras de la banquise. Hors de question. Il ne nous restait qu’un compromis, bancale comme tous les compromis, avec un contournement par le nord d’un premier obstacle matérialisé par un petit centre dépressionnaire. C’est ce que nous avons réalisé hier. Et nous allons aborder aujourd’hui le second obstacle sur notre route vers les grands flux du sud, constitué cette fois d’un anticyclone. IDEC SPORT va connaitre un second ralentissement, que nous espérons le plus court possible. Il y aura alors un virement à effectuer et ce sera le boulevard vers le Horn. IDEC SPORT retrouvera de hautes vitesses qui devraient lui permettre de parer le Horn dans le temps de Loïck Peyron en 2011. »