Dona Bertarelli s’est livrée à la Tribune de Genève. Seule femme à bord de Spindrift, elle raconte comment la vie se passe à bord. On apprend également comme les routeurs d’IDEC et de Spindrift se sont mis d’accord pour ne pas descendre trop sud.
“Après la Nouvelle-Zélande, nous avons dû choisir entre deux routes pour contourner une grosse bulle anticyclonique. Notre routeur météo, jean-Yves Bernot, s’est creusé la tête pendant un moment. Même chose pour celui d’Idec Sport, Marcel Van Triest. Pour tout vous dire, ils se sont même appelés et ils sont arrivés à la conclusion que l’option sud, beaucoup plus rapide, nous faisait descendre à plus de 60?degrés sud. Là, on aurait été clairement trop près de la banquise et ce n’était pas raisonnable d’envoyer deux équipes faire du match race entre les icebergs.”
” C’est clair qu’on ne devrait pas pouvoir gagner ces deux jours comme on l’avait imaginé et espéré. C’est le jeu de ce record, la météo n’est pas toujours comme on l’imagine. Mais il n’y a pas de regret. On a pris une sage décision, Idec aussi, je pense. Et on est encore dans le match alors que plus de la moitié du parcours a été accomplie, c’est génial car il ne faut pas oublier que le temps de référence est exceptionnel. On fera un point au cap Horn. Et il y aura encore plein d’opportunités pour accélérer et essayer de faire une différence.”
Sur le bilan de Spindrift à la moitié de son Tour du Monde, l’équipe semble satisfaite de ss choix et de son parcours. “Il est très bon. Notre choix d’avoir une équipe mixte, avec des marins expérimentés et des marins plus jeunes et issus de l’olympisme et des petits bateaux, fonctionne bien. C’est deux approches qui nourrissent les discussions sur la manière de régler au mieux le bateau pour le faire avancer. C’est très riche et efficace. Pour le reste, le système des quarts mis en place fonctionne très bien. Il y a un peu de fatigue qui s’est installée à bord, mais c’est tout à fait normal.”
A l’approche du Cap Horn : ” C’est mythique. Rien que le nom renvoie à l’histoire de la voile. On devrait y passer dans une semaine (ndlr: mardi 22 décembre puisque la conversation a eu lieu il y a deux jours). On ne sait pas encore quelles seront les conditions que nous aurons et si nous passerons près ou loin du rocher. Verrons-nous la terre? Pas sûr. Mais je me réjouis, quoi qu’il puisse en être. Contrairement aux autres caps (Bonne-Espérance et Leeuwin), qui sont justes des points de passage, le Horn, c’est autre chose. C’est une délivrance après une vingtaine de jours dans le Grand-Sud. J’espère qu’il sera clément avec nous pour profiter au mieux de ce moment magique.”
Sur la vie à bord et sur son compagnon Yann Guichard, comment cela se passe : ” Yann est fidèle à lui-même. C’est-à-dire qu’il est toujours sur le pont quand il le faut. Il est aux aguets. Surtout, il reste calme. Quelle que soit la situation. Il laisse une certaine liberté au chef de quart, mais il entend tout, il voit tout. C’est sans aucun doute le plus fatigué d’entre nous car il ne dort que d’un œil. Il a mené ce bateau tout seul lors de la Route du Rhum. Cela nécessite des aptitudes physiques et mentales hors du commun. “