Golden Globe Race. Kirsten Neuschäfer, la seule femme de la course est en tête !

Kirsten Neuschäfer (39) / South Africa / Cape George 36 - " MINNEHAHA" onboard picture during #GGR2022 Credit: Kirsten Neuschäfer / GGR2022

L’étonnante Kirsten Neuschäfer a pris la tête de la Golden Globe race après l’abandon du leader Simon Curwen qui a cassé son régulateur d’allure. Il ne reste plus que 4 bateaux en course.

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Après avoir plongé trois fois la semaine dernière pour un total de 8 heures afin d’enlever les berniques de la coque de Minnehaha, Kirsten Neushafer (ZAF) a réalisé la meilleure performance de la semaine sur la distance en 24 heures avec 185,6 miles, mais aussi ce matin la meilleure distance hebdomadaire avec 1129,5 miles en 7 jours. Cela lui a permis de rattraper samedi Abhilash Tomy, qui se reposait, et de prendre la tête de la Golden Globe Race !

Incapable de réparer son système de régulateur d’allure Hydrovane endommagé en mer, le leader de la course Simon Curwen (GBR) est passé en classe Chichester, et se dirige vers le nord-est, en direction d’un port chilien pour effectuer les réparations. Avec 70% de la distance parcourue à son actif et un écart de mille milles avec ses plus proches rivaux, Simon Curwen (GBR) semblait intouchable la semaine dernière alors qu’il dévalait les 50° hurlants en route vers le Cap Horn, au point que ses poursuivants avaient abandonné tout espoir de le rattraper ! Hélas, la GGR est cruelle, et une pièce cruciale de son Hydrovane s’est brisée lorsque le bateau a été couché par une vague le vendredi 27 janvier dernier. Simon a essayé d’émuler son héros, Sir Robin Knox Johnston, qui a mené Suhaili sans régulateur durant la dernière partie du voyage de 1968 jusqu’à l’arrivée et à la victoire. L’équilibrage des voiles s’avère toutefois plus difficile sur son Biscay 36 gréé en côtre que sur le Suhaili gréé en ketch et Simon progresse lentement. Il s’expose ainsi à de nouvelles tempêtes dans les semaines à venir, alors qu’il tente de doubler le Cap Horn. Écoutez son rapport ICI.

J’ai essayé toutes sortes d’options pendant des jours pour que ce bateau avance au portant et il ne veut pas. J’étais optimiste hier avec le vent de sud-ouest mais maintenant je n’arrive pas à le faire aller dans la bonne direction. Avec tous ces systèmes météo qui passent dans la zone et l’impossibilité de maintenir mon cap, je dois penser à la sécurité. En plus du risque pour moi et le bateau, il y a aussi un risque potentiel pour toute personne qui pourrait venir me sauver.

Le PC Course lui a proposé une liste de ports sur la côte ouest du Chili, où le Britannique pourrait s’amarrer en toute sécurité, recevoir la pièce et la remplacer en un temps minimum. A l’approche d’une côte sous le vent, le contrôle de la course surveille sa progression et lui transmet des mises à jour régulières de la météo. Simon a reçu une dérogation spéciale pour utiliser son GPS de secours afin d’assurer une sécurité maximale dans les jours à venir. C’est une décision déchirante pour le charismatique marin qui a mené la flotte depuis le Cap Finisterre, mais une décision sage. Son partenaire Howden’s lui apporte tout son soutien dans cette épreuve difficile.

Nous sommes surtout soulagés que Simon soit sain et sauf après l’incident de vendredi dernier. Nous sommes en discussion avec l’équipe de Simon et les organisateurs de la course pour savoir comment fournir un soutien logistique utile pour aider aux réparations pendant qu’il se dirige vers un port Chilien. Simon a été remarquable jusqu’à présent dans la course et bien que la catégorie de compétition ait changé, son aventure continue, tout comme notre soutien.

Abhilash Tomy est un solide second, mais il doit maintenant s’occuper de lui et de son bateau.

Abhilash Tomy (IND) a été victime d’un grave accident pendant la GGR 2018. Son voilier Thuriya, une réplique ERIC 32 du Suhaili original, a été renversé et démâté dans l’océan Indien, ce qui a impliqué un sauvetage dans les règles de l’art impliquant les gouvernements indien et français. Abhilash s’est gravement endommagé le dos et, après une lourde opération chirurgicale, a mis des années à remarcher, à naviguer et finalement à piloter à nouveau des avions dans la marine indienne.

Abhilash est tombé sur le dos dans l’océan Indien, et a passé douze heures à la barre la semaine dernière lors d’un coup de vent, avant de subir peu après de fortes douleurs dorsales et à des engourdissements des membres. Il en a parlé à ses médecins en Inde qui lui ont donné des exercices pour retrouver le contrôle de sa jambe, ainsi qu’aux médecins officiels de la course MSOS pour le traitement de la douleur. Il lui a été conseillé de se reposer et de se soigner pendant quelques jours avant de s’occuper de la liste d’entretien et la réparation sur Bayanat et plonger vers le Cap Horn, notamment au niveau du gréement et du rail de grand-voile.

Il navigue désormais de manière à maintenir le bateau stable sous des voiles réduites, plutôt que de courir au portant. Cela rend sa route plus longue et plus lente que celle du Cape George 36 de Kirsten, qui a eu bien du mal à rattraper Bayanat dans le Pacifique Sud jusqu’à présent. Cela pourrait durer encore quelques jours. Abhilash est sain et sauf, n’a pas besoin d’assistance et maîtrise parfaitement la situation. Il sait qu’il doit se reposer maintenant, afin de maîtriser les douleurs. GGR suit la situation de près.

Le départ des Sables d’Olonne a été difficile pour le marin qui a souffert de stress post

traumatique pendant les 10 premiers jours de course, ne pouvant rien manger. Il s’est rétabli mais a de nouveau souffert lors du dépôt du film au Cap, déclarant que la GGR n’était “pas une course” mais un jeu de hasard et qu’il n’était pas en course. Il pensait avoir mis ses démons derrière lui lorsqu’il a dépassé la longitude de l’Océan Indien où il avait été secouru en 2018 et il était heureux lors du dépôt de film à Hobart d’être de retour dans le jeu! Maintenant, les souvenirs sont de retour et le hantent de manière plus physique que psychologique.

Le fort mental d’Abhilash a permis de surmonter ses traumatismes de 2018, mais son corps n’a pas encore totalement récupéré. Il a passé tous les contrôles médicaux requis pour participer à la GGR 2022. Crédit : GGR 2018 / Christophe Favreau
Capitaine GUGG sur Nuri Sardines, désormais 3ème de la flotte, est impressionnant de régularité et de préparation.

La révélation du Pacifique est sans aucun doute Michael Guggenberger (AUT) qui, depuis

l’Atlantique Sud, a trouvé le mode d’emploi de son Biscay 36 Nuri Sardines, gréé en ketch, égalant les vitesses de l’autre Biscay de la flotte, le Clara, gréé en côtre, de Simon Curwen. Bien qu’ayant toujours 1200 miles de retard sur les seconds, Nuri n’a pas perdu de terrain sur les marins les plus expérimentés de la flotte, ce qui est déjà un exploit!

Nuri Sardines ne scintille pas autant que la boule à facettes de Captain Gugg, mais brille sur l’eau! Crédit : Nora Havel / GGR2022
Ce n’est pas seulement le rythme de Nuri Sardines qui force le respect. Débutant dans la voile il y a 10 ans, Michael a égalé à la fois le rythme et le niveau de préparation de marins beaucoup plus expérimentés, son voilier n’ayant souffert aucune avarie importante après 18000 miles éreintants dans la GGR. Son seul problème sont ses réserves d’eau, qu’il conserve jusqu’au 19 mars à raison d’1,5 litre/jour.

Puffin arrive en 4ème position et à toute vitesse dans le Pacifique !

GGR2022 Ian Herbert Jones (52) / UK / Tradewind 35 – ” PUFFIN ” – 6ème voilier à la porte de Hobart, maintenant 4°. Picture Crédit : GGR2022/ DD&JJ

Le dernier navigateur de la classe Suhaili qui joue le jeu de l’usure avec succès est

bien Ian Herbert-Jones (GBR). Tant de fois depuis Les Sables d’Olonne, s’est-il remis en question et a-t-il sérieusement envisagé d’abandonner. Le bateau va bien, mais l’isolement et le manque de contact avec la famille et les amis sont difficiles ! L’arrivée en 5e position à Hobart a balayé tout ceci. Il appréhende le Cap Horn, mais il est prêt et se rapproche de la ligne!
Il a quitté Hobart un jour après Jeremy Bagshaw (ZAF), maintenant en classe Chichester pour s’être arrêté quelques jours nettoyer sa coque infestée de berniques. Tous deux ont fait la traversée de la mer de Tasmanie la plus rapide de la flotte, en seulement 8 jours, soit une semaine plus vite que les autres. Ils recevront du vent de nord soutenu cette semaine, qui les enverra rapidement au nord de la zone d’exclusion et dans le Pacifique Sud.

Guy Waites (GBR) a affronté du gros temps ces quatre derniers jours sous l’Australie, et ce n’est pas fini. Il a navigué en fuite à sec de toile, le plus souvent avec les traînards. Une autre grosse dépression est en route avec une mer de 11 mètres et des vents de 50 à 60 nœuds. Guy est fatigué, mais il se prépare. Il confirme que tout va bien à bord de Sagarmatha et qu’il a hâte de faire une pause. Il ne s’est pas présenté à temps à la porte de Hobart et sera retiré de la GGR dès qu’il aura passé la longitude de Hobart.

Jeremy Bagshaw (ZAF), maintenant en classe Chichester pour s’être arrêté quelques jours nettoyer sa coque infestée de berniques.3. Crédit : GGR2022 / DD&JJ

Le skipper Guy Waites à bord du Sagarmatha. Crédit : Nora Havel/GGR2022