Gitana 13 toujours bloqué par la tempête

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A l’abri de l’archipel patagonien, Gitana 13 subit cependant les effets des tempêtes qui font rage à quelques milles de là : « depuis trois jours le vent n’est jamais tombé en dessous des 28 nœuds et hier soir un nouveau passage de front a été accompagné de 37 à 38 noeuds de vent. C’est plutôt viril comme conditions (il y a même eu jusqu’à 50 noeuds moyen avec rafales à 65 quand Gitana 13 a été forcé de s’abriter voilà trois jours, ndr) . Bien que nous devions gérer un méchant clapot nous avons trouvé refuge près des rivages de la Terre de Feu. Nous progressons sous mât seul (aucune voile n’est hissée, ndlr), mais les 40 m2 de surface de l’espar suffisent déjà à nous faire avancer à petite allure…» précise Dominic Vittet. Ces conditions peu propices à la détente n’empêchent pas le navigateur embarqué de conserver son humour : « Nous avons 30 noeuds de VMG … et par là il faut comprendre Vent Minimum Garanti !»

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Faire le dos rond

La situation à laquelle se trouve aujourd’hui confronté le maxi-catamaran armé par le Baron Benjamin de Rothschild rappelle, si besoin, la complexité de ce record historique entre New York et San Francisco. Cette route commerciale, autrefois empruntée par les grands voiliers marchands, a vu bon nombre de prétendants se faire refouler aux portes du Cap Horn. Les plus tenaces croisaient des mois au large de l’Amérique du Sud avant de gagner les eaux du Pacifique, mais certains préféraient renoncer et s’engager dans un tour de l’Antarctique pour parvenir à rallier leur destination.
A bord de Gitana 13, où il est nullement question de songer à une telle éventualité, les dix marins n’ont d’autre choix que de faire le « dos rond » et de se tenir prêts à reprendre leur route à la première amélioration climatique. Un souhait qui pourrait être exaucé dans la journée de jeudi, puisque les éléments semblent enfin s’apaiser. Les hommes du Gitana Team emprunteraient ainsi une nouvelle fois – la cinquième en cinq jours – le Détroit de Le Maire pour un passage du Cap Horn dans la nuit de jeudi à vendredi. Mais là encore, la tâche sera ardue car Gitana 13 devra tirer des bords pour doubler le célèbre rocher.

(Source Gitana)

Le mot du bord, par Nicolas Raynaud :

"Aujourd’hui, à 16h38 TU, nous bouclerons notre troisième semaine de navigation, avec un cap Horn toujours devant nos étraves… D’un bon temps, nous sommes passés d’un coup à un temps moyen. L’important aujourd’hui est que le contournement du continent américain soit à nouveau au programme. En fin de nuit prochaine, soit demain jeudi en début de matinée, un front froid secondaire devrait balayer la zone du détroit de Le Maire, là où nous nous plaçons actuellement pour finir notre période de stand-by. Le vent d’ouest soufflera à 40/45 nœuds, mais nous en avons maintenant l’habitude puisque c’est le vent moyen de ces trois derniers jours ! Dès que ce front passe sur nous, nous partons derrière lui, dans une mer que nous espérons pas trop grosse et dans un vent qui devrait faiblir au fil des heures. Au programme, 110 milles de louvoyage, soit la distance entre l’entrée du détroit et l’île « Cabo de Hornos ».
Cela va donc secouer sévère dans un premier temps, puis de ce vent encore fort nous tomberons rapidement dans du vent trop faible une fois le Cap Horn passé ! Une belle zone de molle, avant l’arrivée d’une nouvelle dépression, s’installe en effet sur la zone. Mais le vent sera de secteur sud sud-est, nous offrant donc une navigation enfin au portant. Et là, dans cette période, nous allons jouer une nouvelle partie très serrée. Alors que nous amorcerons notre virage puis notre remontée vers le nord, il faudra être rapide afin de passer avant l’arrivée de la nouvelle dépression. Si celle-ci nous bloque, nous aurons droit à une nouvelle « belle » prune, avec à la clef une grosse perte de temps. Tout va se jouer donc dans cette période de molle où quelques nœuds en plus ou en moins de vent feront la différence, mais également avec la vitesse de déplacement de cette dépression. Si elle a la mauvaise idée d’aller plus vite que prévu, à coup sûr la porte vers le nord sera barrée à double tour.
En attendant l’exécution de ce joyeux programme, nous allons passer, du moins nous l’espérons (!) notre dernière journée en Terre de Feu. Cette terre hostile, désertique, aux falaises sableuses, nous aura protégés du plus gros de la mer. Reste que celle-ci nous a quand même empêché hier mardi de nous diriger vers le détroit de Magellan. Trop court, trop abrupt, nous avons du y renoncer. Alors, à la cape courante, nous avons vérifié une nouvelle fois Gitana 13 et puis, nous sommes reposés. Nous nous octroyons depuis trois jours des tranches de six heures de sommeil, les quarts de stand-by n’ayant plus de raison d’être. C’est donc en pleine forme que nous repartirons demain, direction San Francisco !"