Gitana 13 remet en route vers le Horn

Gitana XIII
DR

« Pour notre passage du Horn, le vent devrait avoir faibli à 25 nœuds … mais la centaine de milles qui nous sépare du Cap ne sera vraiment pas une partie de plaisir ! » explique Dominic Vittet. Car c’est au près que le maxi-catamaran de 33 mètres devra se frayer un chemin jusqu’à la pointe sud-américaine.Une allure bien peu adaptée aux multicoques… Heureusement, sitôt le légendaire promontoire paré, Lionel Lemonchois et ses neuf équipiers attendent une rotation du vent à l’Est-Sud Est ; une bascule synonyme de vents portants : « 50 milles après le Horn, le vent va tourner et s’orienter en notre faveur. Ce flux nous permettra de mettre cap à l’Ouest-Nord Ouest pour aller chercher une nouvelle dépression » précise Dominic Vittet.

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Le passage du Cap Horn est programmé dans la soirée, voire demain vendredi, dans la matinée. Cette estimation dépendra non seulement de la capacité de Gitana 13 à remonter au vent sur les 110 milles nautiques qui séparent le Détroit de Lemaire du fameux rocher, mais également de l’état de la mer et de la force du vent que rencontreront réellement les dix marins. Bien que au portant, la remontée le long des côtes déchiquetées du Chili s’annonce également délicate pour l’équipage de Lionel Lemonchois.
« Nous sommes naturellement ravis que cette attente se termine. Compte tenu de la situation météo nous n’avions pas d’autre choix que de faire le dos rond, mais c’est assez dur lorsque l’on part pour une course contre la montre de se retrouver à patienter en zigzaguant le long des côtes. C’est assez drôle de vivre des situations proches de celles des récits historiques que l’on a pu lire sur le Cap Horn. Cela ajoute de la magie aux lieux et à notre aventure » raconte un des équipiers du bord, Olivier Wroczynski.

(Source Gitana Team)

Le carnet de bord par Nicolas Raynaud

"Cinq jours que l’on patiente à la porte du grand océan pacifique. Pas si pacifique que ça d’ailleurs, vu ce qu’ Eole nous a réservé cette fois-ci. Dépressions sur dépressions, le Horn ne voulait pas nous laisser passer. Sous ces latitudes, dame nature impose sa loi, de façon brutale, sans discussion possible et sans compromis : pas de place pour les inconscients, beaucoup y ont laissé la vie. A bord, seuls trois d’entre nous sont déjà venus se confronter aux rigueurs du grand Sud. En dehors de la performance du record de cette légendaire route maritime, chaque membre d’équipage de GITANA 13 a embarqué dans cette aventure pour la même raison : passer le cap Horn, contre vents et marées ! Peu importe le temps que cela prendra ou ce qu’il faudra endurer, personne à bord ne songe à se plaindre, on est venu pour ça et on y arrivera! Pour nous, coureurs au large ou plus simplement marins, c’est un peu notre Graal, il faut avoir fait ça au moins une fois dans sa vie : trophée inutile, décoration invisible, peu importe… Certains peut-être, transformeront ça par un anneau dans l’oreille, comme une distinction, une appartenance à un groupe. D’autres auront simplement la satisfaction de l’avoir fait. En tous cas, que ce soit la première fois ou pas, nous garderons tous des souvenirs exceptionnels gravés dans nos cœurs et dans nos têtes, et c’est, je crois, après cela que l’on court avant tout. Le Cap Horn, on a envie d’y aller… et quand on y est on a envie d’en partir au plus vite!"