Faites vos jeux…

Isabelle Joschke
DR

Qui d’Isabelle Joschke, nouvelle meneuse de jeu, de David Sineau, de François Salabert, d’Andraz Mihelin, de Peter Laureyssens, d’Adrien Hardy ou de Gerard Marin va émerger le premier à l’horizon, au large du phare des Barges, vendredi ? Après-midi, soirée ou nuit de vendredi à samedi ? Difficile de l’annoncer aussi parce que sur l’eau, au milieu du golfe de Gascogne, les Minis avancent à plus de neuf nœuds, puis s’arrêtent à moins de trois nœuds, pour repartir à cinq nœuds… alors que ces sept solitaires sont groupés à moins de trente milles les uns des autres. Certains mêmes naviguent à vue, après plus de 1 000 milles de course ! Car la nuit n’a pas été de tout repos avec le passage d’un front froid : du vent devant, pas de vent derrière.
 
Un exemple : à 21h TU mercredi, Adrien Hardy (Brossard) progressait à plus de dix nœuds de moyenne ; à 9h TU jeudi, le jeune skipper avançait à 3 nœuds, à 13h TU à plus de 11 nœuds, et à 15h TU à 7 nœuds ! Et la situation est assez semblable pour ses concurrents plus au Sud. Calé depuis la sortie des Açores il y a huit jours, sur la route directe, la franco-allemande Isabelle Joschke (Degrémont) en a profité pour prendre le commandement d’une légion… étrangère : le Belge Peter Laureyssens (Ecover) est revenu très fort, le Solvène Andraz Mihelin (Adria Mobil Too) est dans ses basques, l’Espagnol Gerard Marin (Escar l’escala-CN Llanca) est toujours en embuscade, sans compter les trois Français David Sineau (Bretagne Lapins) longtemps leader, François Salabert (Aréas Assurances) et Adrien Hardy.
 
Arrivée pluvieuse, arrivée heureuse
 
Et tout peut être redistribué avec l’arrivée d’une perturbation prévue pour la nuit de jeudi à vendredi : elle va amener une bonne brise de Sud-Ouest et… de la pluie sous le front chaud. Mais cela ne va pas durer puisque le vent va de nouveau basculer à l’Ouest et au passage du front froid, au Nord Ouest. Bruine, puis averses, puis grains, rafales, molles, rotations du vent : le cocktail va être très sollicitant pour les solitaires après plus de huit jours de course !
Il faudra être très réactif cette nuit avec une visibilité réduite et pas de lune, ce qui ne facilite pas les manœuvres. Il ne faudra pas casser. Il ne faudra pas rater un nuage. Il faudra surveiller la route. Il faudra veiller les bateaux de pêche. Il faudra garder les yeux ouverts. Il ne faudra pas oublier de s’alimenter et de boire. Il faudra rester lucide. Bref, quand la  pression de six autres concurrents, dont la position sur l’échiquier est loin d’être certaine, monte à son paroxysme, pas aisé de rester quiet, zen, décontracté mais concentré !
 
Et si le rythme va brutalement s’emballer en tête de la flotte, les choses vont aussi changer pour le peloton : la nuit dernière, les retardataires se sont même fait secouer violemment par un brusque coup de vent au passage d’un front froid. Des rafales à plus de 40 nœuds, obligeant à prendre une route au Nord Est pour certains, en fuite… Et un peu de casse à réparer. Le Britannique Andrew Wood (domofosa.com) est toujours handicapé par une barre de flèche cassée et navigue sous génois et grand-voile arrisée. Bertrand Castelnérac (Alan France) a son bout dehors cassé : il a mis en place d’une solution de secours qui a de nouveau rompue… Fabien Sellier (Surfrider Foundation) a éclaté son spi de capelage, et endommagé son bout dehors. Stéphan Bonvin (Marcel for Ever) connaît des problèmes de transmission de barre et son étambrai est fragilisé. Jean-Marie Vidal (Jason) a cassé sa drisse de spi de capelage et ne peut donc plus envoyer de spi de brise, ni de gennaker. Karen Leibovici (Tam Tam) a cassé son bout dehors et Romain Vidal (Bingo) a déchiré son petit spinnaker. Dominique Barthel (Yamm) continue quant à lui sa route avec un seul safran, direction Les Sables d’Olonne. Et Sébastien Picault (Groupe Royer) progresse tant bien que mal sans pilote automatique… Bref, après les calmes redoutables, voici les vents violents !
 
Mais tout devrait rentrer dans l’ordre ce vendredi : un flux de Nord Ouest d’une vingtaine de nœuds va permettre de progresser rapidement vers les Sables d’Olonne et plus de la moitié de la flotte devrait être au port avant la « fièvre du samedi soir »… En tout cas, Gerard Marin, l’Espagnol qui a changé la face de la course avec son option radicale, courageuse et solitaire au Nord juste après les Açores, est quasiment assuré de la victoire dans la catégorie des voiliers de série, tant pour l’étape que pour le classement général. Pour les autres, la hiérarchie aux Sables d’Olonne aura de sérieuses répercussions sur le classement cumulé sur les deux étapes.
 

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