Tout le monde s’attendait à un bon vent portant après l’Espagne et ce sont finalement des alizés portugais musclés qui étaient au coin du « bois » ! Vingt à trente nœuds de Nord Est sur un Mini avec plus de trois mètres de creux, ça fait glisser très vite… A plus de dix nœuds sans problème, à plus de douze en étant harnaché à la barre, une bouteille d’eau dans le cockpit et des barres énergétiques à portée de main. Car dans ces conditions, le pilote automatique a quelques difficultés à suivre le rythme des accélérations à plus de quinze nœuds sur le haut de la vague, et à dix nœuds dans le creux.
Et puis les réactions d’un bon barreur permettent de grappiller des mètres et quand le skipper sait que ses concurrents n’ont pas non plus l’intention de lâcher le morceau, ça motive pour garder les paupières ouvertes. Car là est bien le problème à gérer dans ces conditions météorologiques « rush » : il faut pouvoir continuer à s’alimenter normalement (voir même plus que d’habitude), boire énormément (même si la chaleur reste modérée) et surtout dormir au moins quatre heures par jour par tranches de vingt à quarante minutes pour récupérer. Et c’est toujours mieux de faire la pause quand il fait jour pour garder l’esprit vif, que la nuit où on ne voit pas grand-chose et où tous les sens doivent être en alerte.
Ca creuse et ça casse
Car avec la fatigue, viennent les mauvais réflexes, les fautes d’inattention, les écarts de barre, qui emmènent le Mini « au tas », travers à la lame, voiles battantes et safrans exposés. Les vracs peuvent coûter cher et il est probable que les deux démâtages de jeudi midi sont liés à un départ au lof ou à l’abattée. François Duguet (Crédit Agricole Skipper Challenge) et Laurent Bourgues (Adrénaline) ont ainsi indiqué par radio VHF qu’ils avaient démâté. Ils ont confirmé l’information au PC Course grâce aux messages codés des balises Argos : ils ne demandaient pas assistance mais le Directeur de Course a détourné deux bateaux accompagnateurs pour leur donner un coup de main s’ils en avaient besoin. A 17h15, le Mini de François Duguet était en remorque du voilier accompagnateur Gwalarn.
D’autre part, Xavier Haize (Carben Composites) a signalé qu’il avait un problème à bord et qu’il se détournait vers le Portugal sans demander assistance. Anthony Marchand (Hinano) a cassé un safran mais continue sa route vers les Açores. Enfin, Elaine Chua (Pearl Energy Feng) et Henrik Masekowitz (Merlin Soft) ont brisé leur tangon ce qui les ralentit mais ne les empêche pas de faire route vers l’archipel.
Côté mer, les deux skippers Marie Christine de Brugière (Lady Jim) et Pierre Brasseur (Peintures Ripolin), revenus aux Sables d’Olonne et repartis mercredi midi, sont désormais à 6,5 nœuds sur la route directe à environ 200 milles du cap Finisterre, au milieu du golfe de Gascogne. Ils ont en ligne de mire l’Espagnol Nacho Orti (Intrepid Project Valencia), reparti lui aussi mais ce jeudi à 9h00 du port de Gijon.
Côté prototypes, le duel entre Peter Laureyssens (Ecover) et Andraz Mihelin (Adria Mobil Too) perdure au bénéfice du Slovène, et les écarts sont insignifiants au regard de la route encore à faire puisque les deux solitaires vont arriver en milieu de la nuit de jeudi à vendredi… à la mi parcours. Surtout que derrière, la meute est compacte avec au moins une dizaine de Minis à l’affût : Adrien Hardy (Brossard) le plus au Sud, David Sineau (Bretagne Lapins), Fabien Despres (Soitec), Nicholas Brennan (Rafiki) et Isabelle Joschke (Degrémont) dans leurs tableaux arrière ; François Salabert (Aréas Assurances), Olivier Cusin( NégaWatt) et encore plus Yoann Vadeleau (Owl) dans le Nord. Le différentiel en latitude atteint tout de même 150 milles ! Mais pour l’instant, il n’y a pas d’option à prendre, juste à tenir le rythme sur la route directe. Les choix, il faudra plus les prendre ce week-end, quand la brise de Nord Est va progressivement mollir en passant à l’Est.
Côté voiliers de série, le leader Hervé Piveteau (Jules) est toujours nettement en tête en position centrale, par rapport à une flotte qui est aussi dispersée en latitude : 125 milles entre Romain Vidal (Bingo) le plus au Sud et Grégory Magne (20 minutes) le plus au Nord. Entre les deux, le peloton est encore groupé mais déjà le Portugais Francisco Lobato (BPI) devient de plus en plus pressant… A noter quand même que le premier voilier de série est quasiment dans le « top ten » au scratch… et que le leader des prototypes a parcouru 195 milles en 24 heures (13h mercredi à 13h jeudi) ! Wahoo…
Classement Prototype à 15h00 (heure française) :
1-Andraz Mihelin (Adria Mobil Too) à 714 milles de l’arrivée
2-Peter Laureyssens (Ecover) à 6,3 milles
3-David Sineau (Bretagne Lapins) à 21,4 milles
4-Adrien Hardy (Brossard) à 34,2 milles
5-François Salabert (Aréas Assurances) à 36,1 milles
Classement Prototype à 15h00 (heure française) :
1-Hervé Piveteau (Jules) à 768 milles
2-Francisco Lobato (BPI) à 21,6 milles
3-Sébastien Marsset (Raisonances) à 28,2 milles
4-Thibault Reinhart (Les blouses roses-Colas) à 34,8 milles
5-Vincent Barnaud (STGS.fr) à 35,8 milles
Excès de vitesse au large du Portugal !
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