Eric Drouglazet : « Une des clés de cette étape se passe au large de la Corse, dans la nuit de dimanche à lundi. On est tous dans la pétole dans le nord-ouest de l’île. Alors que la flotte descend tribord amure au près vers la Corse, je décide de partir en bâbord pour gagner dans l’ouest et chercher le reste de Mistral. Pour être exact, je n’y vais pas d’un coup, je me recentre sur quelques petits bords, mais petit à petit, je me décale. Et je suis parmi les premiers à récupérer le vent… » Après, c’est une autre histoire qui commence : on sait que dans les conditions musclées, Eric Drouglazet excelle. Et c’est ainsi, qu’à la régulière, le navigateur de Trégunc creuse des écarts impressionnants. Prendre plus de 10 milles d’avance sur des clients aussi tenaces que Christopher Pratt (DCNS 97) ou Nicolas Bérenger (Kone Elevators) témoigne a minima d’une détermination hors norme. Mais visiblement, le skipper de Luisina a voulu enfoncer le clou. « Du moment où j’ai hissé le spi jusqu’à la pointe sud-ouest de la Sardaigne, je n’ai pas lâché la barre. Impossible de manger, de dormir, d’aller faire pipi ! On tire sur les réserves. J’ai quand même fait des pointes à 21 – 22 noeuds…» Eric Drouglazet a annoncé la couleur : il a pris le pouvoir et entend bien faire ce qu’il faut pour le conserver.
Match dans le match
Il en est d’autres qui pouvaient avoir le sourire à l’arrivée de cette première étape. Ainsi Nicolas Bérenger, déjà vainqueur du Trophée Alpes Maritimes, le prologue de la course pouvait se satisfaire d’avoir réglé le compte de tous ses concurrents de la route directe à la régulière. De la hargne, de la vitesse, du talent, le navigateur de la Grande Motte se positionne toujours comme un vainqueur potentiel. Même s’il concède près d’une heure trente au vainqueur du jour, il sait qu’en Méditerranée, les écheveaux d’un jour peuvent se défaire facilement le lendemain. Marc Emig pouvait lui aussi être satisfait de compléter le podium, juste devant l’étonnant bizuth François Gabart.
Autre coureur qui peut être satisfait malgré une septième place à près de trois heures d’Eric Drouglazet, c’est Gildas Morvan (Cercle Vert). Le leader du classement provisoire du Championnat de France Solitaire consolide sa première place en s’assurant un matelas d’un peu moins de deux heures sur Fred Duthil et Erwan Tabarly ses deux dauphins. Grosse désillusion en revanche pour deux des ténors du circuit, à savoir Nicolas Troussel (Financo) et Thierry Chabagny (Suzuki Automobiles) relégués à des places peu conformes avec leur statut. Thierry, notamment était particulièrement déçu après avoir été bloqué dans une molle au sud de la Sardaigne et avoir vu une grande partie de la flotte lui repasser devant : « j’ai l’impression d’être passé sous un train… »
Une chose est sûre, c’est que tous ont puisé dans leur réserve. D’Isabelle Joschke (Synergie) qui reconnaissait n’avoir plus lâché la barre de la journée à Adrien Hardy (Agir recouvrement) à la recherche d’un bon lit pour se refaire une santé, tous étaient marqués. On dit que les grandes courses construisent leur réputation à partir d’étapes d’anthologie. La grande cavalcade le long des côtes de Corse et de Sardaigne devrait contribuer à l’édification du mythe de celle qui aspire à devenir le pendant méditerranéen de la Solitaire du Figaro. La « Capitale de la Culture Européenne – Cap Istanbul » est en train de démontrer qu’elle n’a rien à envier à ses homologues atlantiques.
Ils ont dit :
Jeanne Grégoire, Banque Populaire
« J’ai voulu jouer dans l’ouest tout de suite, mais ce n’était pas la bonne option. Résultat, je suis à la remorque en début de course. Vingt-neuvième au départ, je finis seizième. Et puis, c’est la Méditerranée… Cinq heures de retard c’est beaucoup, mais il peut encore se passer tellement de renversements de situations. »
Eric Péron, l’Esprit d’Equipe
« Je ne suis pas content de moi. Je n’ai pas bien navigué. Mon ordinateur est tombé en rade, du coup j’ai voulu assurer quand tout le reste de la flotte continuait d’attaquer. Le fait de ne pas avoir les positions des petits copains, c’est clairement un stimulant en moins, mais je n’ai pas d’excuses. Il faudra que je fasse mieux la prochaine étape. »
Mathieu Girolet, Entreprendre Laffont Presse
« Ce fut un bel apprentissage. La première journée était physique, mais j’étais plutôt dans le coup. La nuit dernière, j’ai déchiré mon spi, mais malgré tout je suis vraiment content : je venais pour découvrir et je m’aperçois que je ne suis pas dépassé. Même si c’est évident que j’ai plein de choses à apprendre : la conduite du bateau sous spi dans la brise, par exemple. Par rapport aux leaders, il n’y a pas photo. »
Le classement avant jury de l’étape 1
1 – Eric Drouglazet, Luisina Design en 1j 19h 41min 52s
2 – Nicolas Berenger, Kone Elevators à 1h 26min 51s
3 – Marc Emig, Capitol à 1h 38min 43s
4 – François Gabart, Espoir Région Bretagne à 1h 43min 28s
5 – Gérald Veniard, Macif à 2h 34min 57s
6 – Christopher Pratt DCNS à 2h 44min 58s
7 – Gildas Morvan, Cercle Vert à 2h 53min 45s
8 – Laurent Pellecuer Docteur Valnet Aromathérapie à 3h 30min 06s
9 – Robert Nagy Theolia à 3h 31min 58s
10-Gildas Mahe Le Comptoir Immobilier à 3h 40min 14s
11-Paul Meilhat TS Régate Créteil Val de Marne à 3h 44min 06s
12-Christophe Bouvet Sirma à 4h 15min 11s
13-Jean-Paul Mouren M@rseilleEntreprises à 4h 18min 28s
14-Thomas Rouxel Défi Mousquetaires à 4h 37min 18s
15-Fréderic Duthil Distinxion Automobile à 4h 37min 58s
16-Jeanne Grégoire Banque Populaire à 4h 40min 01s
17-Nicolas Troussel Financo à 4h 58min 26s
18-Thierry Chabagny Suzuki Automobiles à 5h 00min 34s
19-Romain Attanasio DCNS 62 à 5h 12min 05s
20-Erwan Tabarly Athema à 5h 12min 46s
21 – Antonio Pedro da Cruz Baïko à 5h 16min 39s
22 -Armel Tripon Gedimat à 5h 18min 23s
23 – Jean-Charles Monnet Degrémont Suez Environnement à 5h 23min 05s
24 – Adrien Hardy AGIR Recouvrement à 6h 58min 11s
25 -Isabelle Joschke Synergie à 7h 03min 23s
26 – Matthieu Girolet Entreprendre (Lafont Presse) à 7h 21min 58s
27- Eric Péron L’Esprit d’Équipe à 7h 24 min 23s