Des rafales à 30 noeuds en ouverture des Voiles

Vesper Moneypenny
DR

Point de round d’observation à Saint-Barth. Les 48 équipages engagés sont entrés d’emblée dans le vif du sujet, sur une mer très creusée, plus de 2 mètres aux abords du pain de sucre, et dans un alizé calé à l’Est pour 20 nœuds et plus tout au long de la journée, avec des rafales enregistrées à 32 noeuds. Les organisateurs ont proposé aux Maxi Yachts et aux véloces multicoques un long slalom entre les multiples îlots qui parsèment la façade Atlantique de l’archipel. Pour les 400 et quelques marins engagés, la course au sens moderne du terme a nécessité force adresse, concentration et habileté. Virements de bord face à la houle et empannages dans la brise ont durement sollicité les organismes, tandis que barreurs et tacticiens voyaient leur temps d’analyse et de réflexion réduit à sa plus simple expression tant la densité de la flotte exigeait de réagir avec spontanéité et instantanéité.

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Les ténors au rendez-vous
Les duels annoncés entre gros bras dans chaque classe n’ont pas failli. Dès le départ des Maxi Yachts, l’américain Ken Read plaçait en milieu de ligne l’impressionnant Rambler 100 aux avant postes. Lancé à pleine vitesse, sous génois et grand voile arrisée, Genuine Risk, le plan Dubois 97 tenait un moment la droite du plan d’eau au vent de Rambler et donnait l’impression de prendre le meilleur à la bouée de dégagement mouillée dans l’axe du port de Gustavia. Plus à l’aise en cap une fois bien ballasté, le géant américain signé Juan Kouyoumdjian, irrésistible de puissance sur mer formée, prenait pourtant l’avantage dès l’entame du premier long bord de portant au vent de l’île. Dégagés des effets de relief une fois passée la pointe de Colombier, les grands maxis faisaient parler la poudre.

Dans des rafales à 32 nœuds, Genuine Risk, propriété de l’Académie Américaine de la Marine Marchande (USMMA), s’envolait dans des surfs enregistrés à plus de 30 nœuds ! Handicapé dès le franchissement de la ligne par un problème de solent, Sojana voyait Highland Breeze et Icarius glisser sous son vent. En Classe « Racing » de 50 pieds et plus, le TP 52 Vesper de Jim Swartz a fait merveille, tant l’équipage mené de main de maître par Gavin Brady a fait preuve d’homogénéité et de cohérence pour tenir à distance, bord après bord, et malgré un problème de solent sur l’arrivée, le puissant Farr 60 Venemous de l’américain Tony Rey.

Dans le sillage des « bêtes de course », le spectacle proposé ce jour à Saint-Barthélémy était aussi riche d’une grande variété de voiliers, véritables régals pour les yeux. Ainsi l’engagement à chaque bouée entre les belles voiles futuristes des Swan et autres X Yachts, mêlées aux gréements plus traditionnels de Mariella (Mylne 1938) ou Kate et ses voiles auriques, a t’il contribué à donner, ainsi que le soulignait Bruno Troublé, aux Voiles de Saint-Barth, un petit air des plus belles années de la Nioulargue.

Ils ont dit :
Brian Thompson, Sojana
Le Britannique Brian Thompson, équipier à bord du maxi trimaran Banque Populaire V, et 6ème du dernier Vendée Globe a rejoint ses amis Peter Holmberg, Jacques Vincent et Lionel Péan à bord de Sojana. Dans l’attente de nouveaux défis autour du monde, Brian renoue avec les belles navigations alizéennes qu’il a découvert voici plus de … 25 ans, à l’époque de sa jeunesse aventureuse ; « C’est toujours très agréable de naviguer ici, particulièrement sur un gros et beau bateau comme Sojana. Comme pour un maxi trimaran, il faut en permanence être vigilant au matériel, à ne pas faire d’erreurs dans les manœuvres car ces gros voiliers lancés à pleine vitesse ne pardonnent pas. J’espère repartir avec Banque Populaire V pour un Trophée Jules Verne, et je ne cache pas qu’un autre Vendée Globe ou une tentative contre le record autour du monde de Francis Joyon me plairaient énormément… »

Bruno Troublé, SPIIP (CNB 76)
« J’ai un bon copain qui a fait l’acquisition d’un beau bateau, un CNB, et qui est en route vers Tahiti. Il a fait escale ici à Saint-Barthélémy et a souhaité participer à l’épreuve. Les Voiles de Saint-Barth me rappellent beaucoup la Nioulargue à ses débuts, avec des bateaux venus de tous les horizons. La flotte est hétérogène mais les choses vont s’organiser et cela ressemble vraiment beaucoup aux première « Nioulargue. »