Des options radicalement différentes

Campagne de France Mabire Merron 2013
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Devant les étraves des Class40 se profile une zone de calme générée par un marais barométrique sur l’ensemble du golfe de Gascogne. Seule l’entrée de la Manche, sous l’influence de l’anticyclone centré maintenant sur l’Angleterre, conserve un régime de vents d’est modérés.

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En choisissant de repartir vers le nord, les hommes de GDF SUEZ font le pari de la sagesse : ce qui est pris ne sera plus à prendre et les prochaines heures devraient encore leur permettre de progresser à vitesse régulière vers la pointe de Bretagne. C’est cartésien et bien en phase avec la rigueur de pensée acquise sur le circuit Figaro par un navigateur comme Fabien Delahaye. Seul bémol : ils se retrouvent maintenant dans une position extrême qui, si jamais le vent venait à tourner, ne leur laisse plus d’échappatoire. Qu’il prenne une composante nord, cela signifie qu’ils auront fait de la route en trop, qu’à l’inverse il revienne au sud-est, et les équipages engagés sur cette route nord se retrouveront à nouveau face au vent pour pointer vers Les Sables d’Olonne.

 

Les hommes du sud, a priori, jouent gros. Devant eux, se dresse une masse sans vent qu’ils devraient être les premiers à atteindre. Ce qui peut signifier à plus ou moins court terme, des vents instables, des vitesses anémiques et le blanchissement prématuré des quelques cheveux qui auront survécu à l’arrachage. Mais Eole a parfois quelques petits caprices : dans ces conditions, les modèles peinent à fournir des données précises et le pifomètre est parfois un bien meilleur capteur que toutes les connexions satellites. Retrouver dans cette option des marins aussi expérimentés que Sébastien Audigane ou bien Halvard Mabire est déjà un indicateur que le jeu est peut-être plus ouvert qu’il n’y paraît. Et l’arrivée d’un petit front sur le proche Atlantique peut redistribuer les cartes. Peut-être même que certains des partisans de cette option se sont souvenus de la sentence définitive d’un Jean Le Cam qui n’oubliait jamais de dire que « dans le golfe de Gascogne, si tu ne sais pas ou aller, c’est de l’ouest que viendra la solution… »

Avec une centaine de milles de décalage en latitude entre nordistes et sudistes, cette guerre de sécession peut faire des ravages. Même les six à sept heures d’avance des deux leaders sur le quatrième peuvent fondre comme neige par ces temps de canicule. Du troisième Eärwen au cinquième Red en passant par le quatrième, Campagne de France, tous peuvent encore espérer s’emparer du classement général, tant l’arrivée risque d’être tordue. Graciosa avait distribué les bons et mauvais points lors de l’étape aller, les côtes vendéennes pourraient jouer le même rôle sur l’étape retour. Du sixième BET 1128 au onzième Marie-Galante, la flotte se tient en un peu plus d’une heure. Tous aimeraient bien aller titiller les copains de l’étage supérieur, mais ils savent aussi qu’ils peuvent tout gagner ou tout perdre à quelques milles près. D’autres enfin, n’ont pas ces états d’âme. A bord de Momentum Ocean Racing, Emma Creighton et Dan Dytch limitent les heures de moteur pour ne pas tomber à sec avant l’arrivée, quand sur La Belle Equipe comme Ecoelec, on ne pouvait que constater l’inconcevable : la bouteille de Porto achetée chez Peter Café Sport ne survivra pas aux dernières heures de course.

Classement de l’étape  à 18h samedi
1er Campagne de France (Halvard Mabire – Miranda Merron), à 289,9 milles 
2e Mare (Jörg Riechers – Sébastien Audigane), à 1,2 mille du premier
3e Red (Mathias Blumencron – Volker Riechers), à 2,7 milles

4e GDF SUEZ (Sébastien Rogues – Fabien Delahaye), à 14,6 milles

5e Eärwen ( Goulven Royer – Bertrand Buisson), à 17,5 milles