Extraits de la vacation du jour :
Marc Guillemot (Safran) « La nuit a été très calme. J’ai l’impression d’accompagner le centre anticyclonique et j’ai du mal à passer de l’autre coté, ça fait de petites vitesses et une ETA de plus en plus difficile à prévoir. Il y a deux jours, j’avais entre 12 et 17 nœuds de vent au portant, et ça se gérait bien, mais cette nuit, je n’en avais pas beaucoup, 6 ou 7 nœuds et j’ai voulu vider mon ballast avant pour accélérer. Le vent est monté à 9 ou 10 nœuds et le bateau a commencé à gîter dans cette petite rafale. J’ai voulu choquer, je suis tombé de ma bannette, je me suis cassé la gueule. J’ai vraiment cru que j’y allais, mais heureusement j’ai pu réussir à attraper l’écoute. Tout ça pour dire que le petit temps, c’est un peu un piège car on a tendance à vouloir lever le curseur et laisser de coté la sécurité… J’ai tout re-rempli et c’est plus dur, mais c’est plus sécurisant. Faire du près ne va pas arranger pas mes affaires et je ne sais pas comment je vais gérer ça… Certainement pas avec le Code 0. Et puis, il y a un bord qui sera délicat pour moi : quand j’avais rencontré le cétacé, j’avais changé de dérive bâbord. Celle-là est plus petite, donc ce bord va être difficile, sans compter la grand voile réduite, le bateau ne sera pas vraiment équilibré. La troisième place, c’est définitivement terminé et les deux autres vont passer devant moi. Quand on repart, on à tendance à se dire qu’on est toujours en course, qu’on joue le classement, mais on a rapidement tendance à oublier que le principal, c’est de ramener le bateau. Il faut juste réussir à accepter tout ça, essayer de terminer et apprendre à faire marcher le bateau sans lest. Enfin, ça risque quand même d’être le radeau de la méduse à l’arrivée…»
Raphaël Dinelli (Fondation Ocean Vital) « Humide, mais ça va. J’étais au cœur d’une dépression la nuit dernière et j’ai eu une grosse rotation, j’approche des côtes du Brésil et ici, quand il pleut, il pleut… J’en profite pour faire ma lessive. Hier soir, c’était sérieux, 40 à 50 nœuds et là, je vais récupérer un flux le long du Brésil, mais j’en ai encore pour quelques jours à me dépatouiller là-dedans… Je suis content parce qu’en plus, la météo, qui est forcément à la base de ma course, est ma principale source d’énergie et je sais que ce soir, je vais remplir mes batteries. Heureusement que ça marche, sinon c’est la course qui s’arrête. Tout ce qui est mécanique a bien résisté aux tempêtes, à ma grande surprise. Il faut aussi que je gère les voiles qui cachent parfois le soleil. Dans la descente, j’étais plein tous les soirs et là, il faut que j’arrive à aller jusqu’aux Açores et ce sera gagné à 100%. Pour ce qui est des vivres, j’avais seize caisses de nourriture. J’avais fait des réserves et il y a quelques jours, j’ai tout refait, tout vérifié et il n’y a pas de problème, je reprends même un peu de poids. »
Arnaud Boissières (Akéna Veranda) « J’ai eu une nuit un peu particulière, mais ce matin c’est plus établi. Un coup de vent, un coup de pas de vent… Et j’ai mon éolienne qui m’a dit au revoir après un court-jus. Je pense avoir de nouveau un vent un peu plus stable demain en fin de journée. D’ici là, il faut être patient. Cette remonté de l’Atlantique, c’est bien galère, je n’ai pas beaucoup de plaisir avec une voile qui me manque devant. Pour faire du près, ce n’est pas facile. J’espère que dans 24h, ce sera un peu plus clair car c’est vrai que l’anticyclone qui me barre la route est assez impressionnant. J’espère aussi que d’ici demain, ça va adonner un peu plus pour moi, pour pouvoir faire une route nord/nord-est. L’arrivée, je n’y pense pas du tout car 150 milles par jour, ce n’est pas très glorieux ! Ça fait partie du jeu, mais c’est un peu frustrant car depuis l’Uruguay, je n’ai pas eu beaucoup de moments où je me suis dit que j’avais de bonnes conditions pour bien aller. Encore maintenant, le vent est en train de mollir… Je prends ça avec amusement. »
Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) « La nuit était l’une ou la plus dure de toute la course. Entre midi et 1 heure TU du matin, j’ai eu du vent extrêmement fort : il y avait des rafales de la force d’un ouragan. Je n’ai pas pu faire grand chose au début sans m’accrocher très fort ! C’était un creux barométrique qui a fait sauter le vent de l’Est au Nord-Ouest puis Sud-Ouest… C’était complètement fou… Une fois le vent s’arrêté brusquement pour commencer aussi subitement avec une force incroyable. Le bateau s’est couché 3 ou 4 fois à 90° alors le mât, la bôme et les voiles étaient dans l’eau… Maintenant il me reste que attendre qu’il fasse jour pour voir les dégâts et vérifier les choses cassées pour commencer à nouveau à réparer, nettoyer et ranger tout… En ce moment il y a encore de l’houle : des montagnes de l’eau…»













