Avant même l’envoi de la procédure de départ, quelques monocoques jouent à touche-touche mais sans gravité (La Solidarité Mutualiste puis Marcemigetmoi.com). A 14 heures, au moment de s’élancer vers l’Irlande, la température monte encore d’un cran. De nombreux bateaux volent le départ, reviennent sur la ligne pour réparer mais s’en suit une situation de confusion et ils sont plusieurs à réclamer. A ce moment-là aussi, le vent bascule à gauche et c’est sur un bord que les solitaires rejoignent la bouée Seamobile mouillée à 1,5 milles de la ligne, non loin de la pointe des Espagnols.
Deux concurrents ferraillent alors en tête : Thomas Rouxel (Crédit Mutuel de Bretagne) et François Gabart (Skipper Macif 2010), accessoirement les 2e et 3e du classement général provisoire. Ils ferraillent tant et si bien qu’au passage de la marque, les deux bateaux se touchent suite à un refus de tribord de Rouxel. L’aérien de Skipper Macif 2010 (instrument en tête de mât qui permet aux navigateurs d’obtenir toutes les informations concernant le vent et aux pilotes de fonctionner sur ce mode) est cassé. Thomas Rouxel effectue un tour de pénalité, suivi de quelques autres coureurs qui touchent la bouée. Puis, les spis sortent des sacs et la flottille glisse bientôt au portant vers la deuxième marque de parcours.
Mais pour François Gabart qui enroule en tête à la bouée Radio France devant Thomas Rouxel, Sébastien Josse (Vendée), Eric Peron (Skipper Macif 2009) et le bizuth Francisco Lobato (ROFF/Tempo-Team), les ennuis ne sont pas terminés. Au sud du goulet, il flirte d’un peu trop près avec les hauts fonds et s’échoue dans une crique entre la pointe de Kerviniou et celle des Capucins. Plus de peur que de mal car il parvient très rapidement à se désengager en sautant à pied sec et en poussant « tout simplement » son bateau ! Cet incident ne lui coûte qu’une bonne dose d’adrénaline, deux varangues abîmées et sa place de leader de début de course. Armel Tripon a eu moins de chance. Suite à une collision avec un autre voilier, la coque de son bateau a été endommagée sur un mètre au moins. Le skipper de Gedimat a annoncé qu’il faisait route vers l’Aber Wrac’h pour réparer et qu’il demandait l’assistance de son préparateur.
Pendant ce temps, la flotte, au près, est éclatée de part et d’autre du goulet pour se protéger des 4 nœuds de courant contraire qui déroulent au milieu du couloir. A virer au ras des cailloux, l’exercice est dangereux, mais le spectacle magnifique. Vers 16 heures, au phare du Minou, à la sortie du goulet, 200 spectateurs sont là pour applaudir les marins manœuvrant à quelques longueurs des falaises. Le groupe de bateaux ayant serré au nord a pris l’avantage, Thomas Rouxel en éclaireur. On y trouve dans le désordre Yann Eliès (Generali-Europ Assistance), Nicolas Lunven (Generali), Adrien Hardy (Agir Recouvrement), Armel Le Cléac’h (Brit Air), Erwan Tabarly (Nacarat) ou encore Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls).
En fin d’après-midi, les 44 navigateurs poussaient toujours vers la sortie. Ils devaient ensuite passer le chenal du Four et laisser la cardinale grande Basse Portsall à bâbord. Demain matin, après une traversée de Manche au reaching dans un vent d’ouest-sud-ouest fraîchissant jusqu’à 25 nœuds, ils devraient atteindre la pointe de la Cornouaille et le phare de Wolf Rock, premier grand carrefour de cette troisième étape.
Ils ont dit:
François Gabart (Skipper Macif 2010) : « J’ai pris un bon départ, en tête aux bouées et j’étais très content. Mais il y a du négatif. D’abord, à la bouée au vent il y a eu contact avec Thomas Rouxel – qui a réparé d’ailleurs – mais la conséquence est que je n’ai plus d’aérien (la "girouette" de tête de mât, ndr), ce qui veut dire que je n’ai plus de vitesse ni de direction de vent pour toute l’étape, plus de pilote automatique en mode vent non plus… Et puis, ensuite, j’ai talonné, tout près de la côte. C’était assez impressionnant, il y a quelques dégâts, deux varangues décollées mais pas de voie d’eau. Je peux naviguer en sécurité. J’étais vraiment tout près de la côte, j’ai tapé un caillou à 10, 15 mètres du rivage, du coup je n’ai pas pu virer et le bateau a dérivé à la côte et s’est posé sur le caillou. J’ai affalé toutes les voiles et je suis descendu sur le caillou, pour pousser et faire pivoter mon bateau, j’ai réussi à le dégager… ça c’est sûr que ça n’arrive pas à tous les jours ! »
Thomas Rouxel (Crédit Mutuel de Bretagne) : « Après le petit côtier, on est allé jouer dans les cailloux… et il y a des risques. Virer toutes les deux minutes, ça donne chaud ! On s’aperçoit que c’est la côte Nord qui a payé, c’était super sympa de longer les cailloux comme ça. Comme j’ai été le premier à sortir devant tout le monde, côté Nord, je n’ai pas été gêné du tout par mes adversaires. »
Armel Tripon (Gedimat) : « Sur la ligne, les bateaux étaient agglutinés et on a eu droit un peu à des carambolages dans tous les sens. Puis alors que je descendais sous spi, j’ai essayé de passer entre deux bateaux, j’avais estimé que ça passait, mais un bateau m’est rentré dedans, son étrave contre mon flanc arrière. J’ai une grande balafre dans la coque, sur mon arrière bâbord.»
Passage de la bouée Radio France
1 GABART François SKIPPER MACIF 2010
2 ROUXEL Thomas Crédit Mutuel de Bretagne
3 JOSSE Sébastien Vendée
4 PERON Eric SKIPPER MACIF 2009
5 LOBATO Francisco ROFF/Tempo-Team
6 LE CLEAC’H Armel BRIT AIR
7 NICOL Jean-Pierre BERNARD CONTROLS
8 DOUGUET Corentin E.LECLERC MOBILE
9 TANNYERES Louis Maurice STERICSSON
10 MOUREN Jean-Paul M@RSEILLENTREPRISES