Christian Gout : « C’est plein de vie tout ça !»

Michel Desjoyeaux (2è)
DR

A l’issue de cette édition, quelle est votre première impression ?Christian Gout : « Je suis vraiment impressionné par leur capacité à tous à mener le bateau. Et par leur sens marin aussi. Globalement, compte tenu des conditions qui étaient très difficiles pour un mois d’août, on a vu des gens extrêmement bien préparés. Trois ont renoncé en chemin. Mais leur décision de se retirer parce qu’ils avaient des problèmes techniques et ne pouvaient pas poursuivre, c’est une décision de marin. Ce repli est tout à leur honneur. Les autres ont affronté des conditions de vent et de mer tout aussi éprouvantes que délicates, ils ont su – comme on a pu le dire aux briefings de sécurité et des bizuths – mettre par moments, la course entre parenthèses. Tous ont prouvé qu’ils étaient capables de se dire que l’important c’est d’arriver… Et cela s’est fait sans stress, sans heurts. Même pour les derniers – pour lesquels c’était peut-être encore plus tendu – on a senti qu’ils savaient prendre du recul et se dire que le seul échappatoire, c’est d’aller au bout. Et ils sont tous passés. Ils ont montré leur humilité face aux éléments. Et ça, chapeau. » Quels premiers enseignements en tirez-vous ?C.G. : « D’avoir vécu cette édition dans ces conditions musclées, difficiles, cela reste une expérience très riche. On voit d’abord qu’on a un bateau qui tient très bien la route. Il n’y a pas eu de casse matérielle essentielle. Il n’y a pas eu de démâtage, hormis pour Marc Lepesqueux (Maisons Pierre), après sa collision avec un cargo. Mais là, c’est une autre histoire…Au-delà, il faut qu’on prenne le temps et la peine, avec les gens de Météo France, de ré-analyser les décisions qu’on a prises, notamment celle de donner le départ de la 4e étape. C’était évidemment une décision très difficile à prendre. La fenêtre météo nous indiquait qu’il fallait partir tout de suite. Il y a eu un très net consensus là-dessus, et tous les coureurs ont bien compris que c’était la météo qui décidait et non pas d’autres critères d’ordre logistique ou médiatique. Mais on a pris conscience qu’il pouvait aussi y avoir des facteurs complémentaires qu’il ne fallait pas perdre de vue : la visibilité à Ouessant, les portes de passage, et les courants etc…Tous ces facteurs, il faudra les lister pour enrichir le processus de décision en situation de crise face à une météo complexe. Cette 4e étape est pleine d’enseignements pour la course. » Quel regard sportif portez-vous sur l’édition ?C.G. : « Sur la dernière étape, j’ai évidemment mis cet aspect là côté. Je me suis plus tourné sur le plan marin de l’histoire et focalisé sur la première de mes priorités, à savoir accompagner la flotte pour que tout le monde arrive. Mais bien sûr, je trouve que cette édition se termine sur un très joli podium, même si je suis un peu déçu pour Laurent Pellecuer (Cliptol sport). C’est quelqu’un qui gravit les marches doucement et très progressivement depuis qu’il dispute La Solitaire. Et sur cette édition, sa lucidité m’a surpris. » Parlez-nous de votre première expérience en tant que directeur de course ?C.G. : « D’abord, c’est vraiment très, très riche en émotion. La nouveauté pour moi c’était d’être en mer, à bord d’un bateau accompagnateur. Si j’avais quelques appréhensions quant à cette situation, j’ai rapidement vu que suivre une flotte au large c’est comme suivre des bateaux en régate côtière. D’un point de vue technique en tout cas : c’est une évaluation permanente des risques, avec du vent, la mer et des bonhommes. En revanche, décider et vivre la course sur l’eau, c’est aussi stressant qu’émouvant. C’est plein de vie tout ça ! »source: La solitaire

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